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Démarré par Notaproblem, Avr 24, 2018, 05:07 am

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Notaproblem

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Résumé global : Survivre. Haïr. Comprendre.

Elle venait de réaliser une Phyro.

Elle venait de larguer une bombe de données spirituelles : La totalité de son expérience en tant qu'être vivant, souvenirs, sentiments et craintes inclues. Assez pour faire flancher, inévitablement, un terrien. Assez pour faire flancher une planète. La plus puissante des armes dont elle disposait.

Le poids du temps.

Son enfance.

Ayaap. C'était son nom.

Le nom avec lequel les siens l'appelaient.

Celui qu'elle avait elle-même prononcé à la naissance.

Son monde était simple. Dur, mais simple. C'était pas mieux ailleurs. Mais, au moins, c'était chez elle, et elle le comprenait.

Les journées trop chaudes, trop froides. Le soulagement lors de la semaine d'automne, et de celle de printemps. Deux semaines vivables en prévision des six mois d'enfer ardent ou gelé. De quoi reconstituer des stocks. Souffler un peu.

L'été. Ce moment passé à apprendre la patience, sous un abri improvisé de feuilles et d'écorce à attendre près d'un point d'eau que le repas du soir arrive. Le repas en question, qui ne venait que tout aussi discrètement tenter d'arnaquer le point d'eau.

Les deux comptaient survivre. L'un en mangeant l'autre, l'autre en échappant au premier.

Deux tactiques. Le javelot, ou le bond. Elle était trop jeune. Elle ne bondissait qu'a un mètre de distance.

Son premier succès au javelot. La tristesse d'avoir vu la lueur paniquée de la bestiole s'éteindre. Le rire de ses compagnons, quand ils lui expliquèrent qu'elle n'était probablement pas consciente du monde qui l'entourait.

Ils devaient forcément se tromper. Le monde pouvait être beau.

L'hiver. Ce moment à apprendre la vigilance. Aller chercher les herbes encore vivantes, le bois récupérable, ce qui poussait de mangeable en hiver. Les tanières des bêtes hibernant. Percer la nuit au moindre bruit d'un carnivore tentant sa chance.

Eux aussi voulaient survivre. C'était compréhensible. Pardonnable, et compréhensible.

L'entre-deux. Le moment d'apprendre le labeur. Des réserves d'eau, des plantes médicinales à stocker. Des constructions à préparer pour l'hiver ou l'été à endurer. Un camp à déplacer, quelquefois. Les voyages en carriole. Sur certains chemins, les secousses berçaient. Sur d'autres, elle préférait marcher à pied, le lait transporté au matin pouvait se changer en beurre battu le soir rien que dans ce fourgon.

L'attitude étrange de ses pairs, durant cette période. Tout le monde semblait affectionner tout le monde. Des festivals. Des concours. C'était beau.

Elle revenait de la source d'eau creusée, équipée du lourd baril à ramener. Personne n'avait pu venir, tout le monde se préparait : L'été n'était plus qu'a deux jours. Il faisait déjà chaud. L'eau était en retard. Il manquait beaucoup, mais le voyage avait été plus long que prévu.

Beaucoup de camps voisins avaient manqués à l'appel. Partis plus tôt ? Des problèmes d'organisation ? La rumeur voulait que des carnivores rôdaient de plus en plus. Des espèces de bipèdes grands, avec une carapace noire et des yeux brillants. Certains disaient même avoir vu des grands objets immobiles dans le ciel. Elle n'avait rien vu. La nuit, le regard devait plutôt se poser sur l'horizon, pas le ciel. Le danger, il venait d'une bête. Pas des étoiles.

Le camp. Le lourd baril commençait à rouler plus tranquillement, sur un terrain plat.

Elle annonça son arrivée.

Au lieu d'une foule enjouée, les queues battantes et avec beaucoup de clameur, il n'y avait que le silence.

Elle répéta son arrivée.

Toujours aucune réponse.

Elle rentra dans le camp, en prenant attention à ne pas alerter le probable carnivore qui rôdait. Le règlement en cas de rôdeur était simple : Rentrer chez soi, et attendre.

Non, ce n'était pas un rôdeur. Il y aurait eu des traces de combat, par terre. Elle voyait néanmoins des étranges traces de bipède. Elle rentra dans une hutte, pour vérifier. La dame vivant là était sympathique, et aimait apprendre la tannerie.

Personne. La hutte était en chaos. Les outils étaient éparpillés. Certains javelots manquaient.

"Nol ahre ! Cert'an ey haard adin 'f thass !"

C'était quoi, comme bête, ça ? Ca sentait le métal, mais pas celui trouvé au sol, formant les outils de couleur marron brillant, le... Le cuivre ? Non, ça sentait autre chose.

"Was ? Haard it t'sahm ! It's narh ther' ! Try thr'mahl !"

"Thr'mahl yar vant ? Da."

Soudain, le silence. L'odeur s'approchait. Impossible d'avoir pu faire le moindre bruit, pourtant !

Les deux entités lui sautèrent dessus à travers le cuir de la tente. Sous le fracas de la tente, elle tenta de s'échapper de sous les décombres avant qu'un solide objet n'arrive dans sa tête.

Ce fût le grand vide, après ça.

Elle se réveilla, pour voir devant elle un sanguinaar allongé, javelot en main.

Sauf que son regard trahissait quelque-chose d'important : Il était mort. Un trou de bonne taille traversait sa tête. Plus de langue bizarre.

Elle regarda. Les bipèdes en carapace noire aux yeux blancs. Elle ne comprenait pas du tout la langue. L'un d'entre eux, un peu plus petit et avec une armure grise et orange semblait énervé. Elle essaya de fil-

Une sorte d'étranglement l'en empêcha. Elle en vérifia la source : Un espèce de collier autour d'elle venait de l'en empêcher.

Il était fixé à... Rien. Elle essaya de comprendre : Pourquoi s'était-il déclenché ? En reprenant son souffle, elle vérifia les environs : Un autre de ces carapaces noirs était à côté d'elle, tenant un petit monolithe rectangulaire avec une plaque en verre dans sa main. Il sembla le manipuler : Elle pût respirer à nouveau.

C'était le moment !

Elle bondit et-

Se retrouva de nouveau étranglée. La carapace noire la prit par la gorge et la renvoya à sa position initiale d'une main, tel une carcasse mal rangée.

Elle re-regarda le gris et orange : Il semblait s'intéresser à elle, et hurlait quelque-chose en la pointant du doigt. Devant le scepticisme de ses pairs, alignés en rangs, il finit par braquer un espèce d'assemblage long et déclencha un mécanisme à l'arrière du truc en s'approchant, avant qu'un hurlement ne sorte de la file.

C'était sa mère.

"Galad th' haar taht !", fit-il en allant la chercher, ainsi que son père et que ses deux frères.

Il les éloigna du groupe, et gueula quelque-chose : La carapace noire qui l'avait projetée la ramena auprès d'eux.

Le gris et orange constata le tout, sembla réfléchir deux secondes. Claqua du doigt, comme victime d'une illumination. Chopa son collègue et sembla lui demander quelque-chose.

Celui-ci refusa.

Le premier insista avec véhémence, tout en tendant un espèce de tube cylindrique qui sentait fortement la foudre.

Le type finit par accepter en l'engueulant tout de même.

Le gris et orange s'approcha. Se mit sur ses talons, et lui tendit un espèce d'objet formant un angle droit.

Elle ne réagit pas.

Il roula des yeux, tendit l'objet sur le cadavre qu'elle avait vu.

L'instrument fit un bruit sec. Elle regarda le cadavre : Un deuxième trou venait de se former.

Mais quel était le foutu intérêt de buter quelqu'un si c'était pas pour le manger ? Ca n'avait aucun sens !

Le monstre gris et orange dit quelque-chose à son collègue, qui haussa les épaules. Actionna l'arme dans sa direction. Celui-ci produisit un petit flash bleu, et le projectile s'étala au sol, laissant la cible intacte, et riante quand il aperçut sa tête. Il re-tendit l'arme vers elle. Elle se décida à le prendre. Le gris et orange désigna sa famille.

Quel était l'intérêt ? Elle ne comprenait pas.

Il insista.

Sa mère comprit avant elle, et lui enjoignit :

"Je sais pas ce qu'il veut, mais fais-le !"

C'était la première fois depuis le début de ce calvaire qu'elle comprenait quelque-chose. Elle répondit :

"Mais pourquoi ils font ça ?"

Son père, pragmatique, répondit à sa place :

"J'en ai aucune idée, mais t'attire pas leurs foudres ! Tue-nous !"

C'était inconcevable ! Elle préférait endurer quoi que puissent faire les carapaces noires plutôt que de tuer les siens sans aucune raison valable !

Sa mère lui en donna une, de raison :

"Tu est la plus a même de t'en sortir de toute ta fratrie ! Tes frères ont déjà les yeux blancs !"

...les yeux blancs ?

Elle regarda autour d'elle. Elle vit ses deux frères : Ils la regardaient, avec un drôle de sourire. Leurs yeux étaient blancs comme la neige. Et ils commencèrent à parler comme les autres carapaces noires.

Sa vie sembla s'effondrer quand elle comprit. Un nouvelle injonction de sa mère la réveilla :

"AYAAP ! SURVIS ! JE T'ORDONNE DE SURVIVRE !"

Le gris et orange sembla perdre patience, et s'avança, visiblement furieux.

Il n'en fallut pas plus pour la décider. Elle ne voulait pas finir avec les yeux blancs.

Elle...

Elle ne se rappela plus très bien de la suite. Les souvenirs étaient confus, mais les flashs indiquaient : Une douleur dans l'épaule. L'arme devait être tenue à deux mains. Elle reculait quand on l'enclenchait. Sa mère s'effondrant. Son père, pris a parti par une autre carapace noire, fût le suivant, d'un tir réflexe de sa part pour lui éviter l'étrange maladie que filaient les monstres.

Sous le clameur d'applaudissement des monstres, elle enchaîna, les épaules commençant à être détruites par le recul de l'arme, sur ses deux frères.

L'un d'eux n'avait que quatre ans. L'autre en avait seize.

Le monde est injuste. Des monstres, tous autant qu'ils sont...

Le clameur s'interrompit instantanément. Seul rigolait le gris et orange. Il dit, joyeux, quelque-chose à son collègue au tube électrique, qui grogna de frustration.

Puis le collier l'étouffa, pendant que le chef des monstres hurlait sur le possesseur de la plaque noire qui lui hurlait dessus à son tour.

Son réveil sur le sol d'une salle grise et froide, avec des barreaux tout le long d'une partie de la salle, avec un couloir donnant sur un mur gris.

Elle ne comprenait pas.

Si : Elle comprenait que les siens ne seraient plus jamais là.

Le premier jour de ce qu'elle pensait être le reste de sa vie.
Quelque-chose ne va pas ? jvhap

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Nov 02, 2018, 03:13 pm #136 Dernière édition: Nov 02, 2018, 10:14 pm par Notaproblem
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Le peu de langue apprise à la va-vite. Des progrès flagrants, quand il fallait comprendre des aliens imprévisibles et violents.

Elle croisait les siens, se baladant dans le couloir. Les yeux blancs. Ce n'étaient plus les siens.

Son initiation aux moeurs des carapaces noirs, sous la forme de :

"Il est bientôt chaud, mais y'a pas... Une taille plus petite ? J'suis pas sûr que le marquage rentre en entier !"

Qu'est-ce qui était chaud ? Elle était posée sur un table, où ils l'avaient amenée sans rien lui dire. Qu'est-ce qu'il se passait ?

"Ca va se déformer en grandissant, si c'est plus petit. En moins de 15 ans ça deviendra illisible !"

"Tiens d'ailleurs en parlant de "grandir"... : 04-8 ? 04 ? 8 ?"

"Aye, y'a quoi qui te choque ?"

"A part le fait que si toi tu rentres, t'harponnes forcément l'intestin et qu'il y'a rien à se mettre sous la dent ? Je sais pas... Une inutilité flagrante ?"

Mais de quoi ils parlaient ? Elle ne comprenait rien du tout.

"Vois ça comme un pari sur l'avenir, au pire. Maintenant, viens poser ce putain de fer qu'on en finisse !"

ATTENDEZ COMMENT-CA UN FER ? COMME LES BOVINS DE SON MO-

Le gris et orange, Korvek, était rentré en hurlant :

"J'AI FAIT UNE FAUTE DE FRAPPE DANS LE FORMULAIRE ! VOUS AVEZ PAS ENCORE-"

Trop tard. Un pic de douleur dû à la brûlure lui arracha un hurlement, au grand rire des deux carapaces noires. Elle empestait le brûlé. Son dos continua à la lancer. L'un se contenta de dire :

"Insecte..."

Korvek s'était consterné :

"Mais bordel de merde, pourquoi aujourd'hui, précisément, vous bossez comme des bêtes ? Vous pouviez pas être aussi nuls que les autres jours ? C'était sensé être "54" ! PAS "04" ! C'était sensé être une bi-classée ! Foutez-pas mon projet en l'air, merde !"

Son dos lui faisait mal. Une soudaine sensation de froid et d'humidité acheva de la faire souffrir, tandis qu'une bassine d'eau s'était faite balancer pour précipiter le refroidissement. Sa peau la brûlait. Son pelage était trempé. Le bourreau lui ordonna :

"Allez, on retourne en cellule, propriété 52-04-8 !"

Ce n'était pas son nom. Ca ne serait jamais son nom...

Son nom, c'était Ayaap. Pourquoi s'en foutaient-ils ?

Des monstres. Réellement et entièrement des monstres...

Elle avait finie " A 52-154-8", dans le principe. Plus-ou-moins dans cet ordre, le 1 ayant été rajouté implicitement lors de...

"Nouvel essai : Ce coup-ci, on l'a mise dans un coma en l'électrisant avant de la noyer, et on a rajouté une bonne dose de psychosomatique ! Ca devrait passer ! Kizha, c'est ton moment ! Fais mieux que Hagrt et Julios !"

Une intrusion. Un sentiment de froid. Tant de chair de poule...

La panique quand elle s'était vue dire en se relevant sans le vouloir :

"Hé ! Ca a marché ! Je veux dire- Bien sûr que ça a marché !"

La joie du laboratoire ce jour-là. Les insectes devenaient enfin utiles. Enfin, une insecte était a peu près devenue utile !

Tant d'heures passées par Kizha a vérifier ce que ça faisait d'être de l'autre côté de la barrière. Pas habitué pour le fantôme. Humiliant pour elle.

Comment, quand il avait décidé de s'endormir, elle avait repris le contrôle de son propre corps étonnament facilement. Apparemment, ça n'avait pas si bien marché que ça. La rage du fantôme blanc quand il avait compris qu'il était désormais pris en otage dans une location 60-40 de son hôte, et le duel constant pour savoir qui agirait à chaque instant.

Sa vie en tant qu'expérience des fantômes sur le parasitage féminin, en tant que A 52-04-8. Ses exactions en tant que Centurion, en "job alternatif", quand elle s'arrangeait avec Kizha, pour avoir le droit de sortir en prétextant qu'il avait le contrôle. Le nombre d'aliens tués par elle, et ses escouades, pendant 18 ans.

C'était rarement elle qui osait faire les rapports :

"Seigneur Ozgär, on a fini de razzier la planète ! On vous a rapporté votre part !"

"Ah bah génial ! Vous servez enfin à quelque-chose ! Y'a quoi de beau ?"

"Meh, ce sont des plantoïdes, mais j'suis sûr qu'on va pouvoir en faire quelque-chose. Ca doit gigoter quand on agite un tisonnier devant..."

"...c'est pas tant votre faute, mais je suis quand-même pas content. Vous avez intérêt a avoir trouvé des bricoles qui valent le coup, en prime, Marine ! Bon, un sujet différent : Kizha, il s'en sort comment dans la sanguinaar ?"

"Ca vous allez pas aimer, Korvek a l'avantage pour le moment. Actuellement, vous voyez le Painmaster qui gère les files d'insectes ?"

"Ah, empereur... C'est elle, c'est ça ?"

"Non ! Non, évidemment non ! Par contre, quand il est arrivé avec trois heures de retard, il n'avait rien eu a faire ! La grande majorité des insectes étaient déjà attachés et parés à l'envoi."

"Et ça, c'était elle ?"

"Ouais, ça, c'était elle."

"...mmh, elle fait des efforts, c'est rageant ! Je peux même pas trouver de prétexte pour rabaisser ce connard de scientos de merde !"

Elle observait, entourée par des plantes dont le regard exprimait la question la plus fréquemment posée envers elle : "Mais pourquoi vous collaborez ?". La réponse était simple : Survivre. Et dans cette manoeuvre, elle allait peut-être éviter un possible châtiment à leurs dépends...

Ozgär continua :

"NON ! J'AI UNE IDÉE ! Amenez-là moi, j'ai mon prétexte ! Si c'est elle qui à fait le boulot du Painmaster, alors c'est qu'elle s'est pliée aux demandes implicites de ce con ! Je vais lui apprendre à remettre les autres à leur place au lieu de céder bêtement ! J'suis sûr de pouvoir sortir un neuf queues pour ça ! Ca va me faire du bien, pour commencer. Je trouverai le reste en chemin, quand y'aura assez de sang au sol... Mais du sang ! Mais quelle bonne idée ! Apporte-moi une chaîne, une bassine, du savon, le putain de neuf queues et des bougies ! On va vérifier si ça cautérise bien, la cire !"

Sa tête s'était décomposée pendant que les plantoïdes agitaient leurs pétales en signe de satisfaction malsaine. C'était injuste ! C'était tellement injuste ! A l'idée de ce qu'il était capable d'inventer ENSUITE, ses jambes commençaient déjà à trembler, son coeur à battre, sa tête à tourner et sa mâchoire à claquer. Et Kizha n'aidait pas !

"Stupide insecte ! Je vais prendre avec toi, à cause de toi ! Je t'assure que quand j'aurai le contrôle, tu vas tellement le regrett- Ah merde, il a compris qui tu étais dans la foule. Rends-moi un service et va le voir directement au lieu qu'il ne doive se déplacer ou nous faire l'humiliation de nous faire traîner par des Marines..."

Pas le choix. Le résultat était décidé d'avance. Un peu contre sa volonté, elle sentit un instinct de préservation qui... La fit s'avancer, tremblante, vers le Conspirator. Et elle sentit quelque-chose couler le long de ses jambes et se stocker au fond de sa propre carapace noire, au grand dam de Kizha.

Ce n'était, apparemment, pas la chose à faire. A peine arrivée devant lui qu'il la sanctionna d'un coup de genou dans la droite du ventre, méthodiquement placé entre deux jointures de l'armure.

Le coup lui avait fait lâcher un étrange cri étouffé, et elle s'était instantanément retrouvée au sol, sans réussir à récupérer l'usage de sa respiration, qui se bloquait quand elle tentait désormais d'inspirer.  Le restant de sa crise de terreur ne coulait plus vraiment le long de sa jambe, désormais. D'ailleurs, le liquide
déjà contenu commençait lui aussi à s'égaliser à cause de la gravité, et était désormais visible pour tous à travers sa visière, a l'hilarité générale des Marines. Semblant indifférent, Ozgär continuait :

"C'est ce que je disais, si t'avais écouté ! Pourquoi tu fais toi-même le travail des autres ! T'aides les incompétents, tu leur évites des leçons pratiques... Merde ! Tu viens toi-même te livrer quand on veut te frapper ! Ce n'est même plus "Tendre la perche" !"

Elle était trempée. Son armure empestait la pisse. Le coup lui avait bloqué la respiration, filé un tournis hors-normes, et elle menaçait de vomir à cause de ça. Elle avait regardé ses prises, quand elle était encore sur sa planète, et ne comprenait pas à quoi les organes servaient. Et elle regrettait cette ignorance. Mais tout c'est qu'elle savait, là, c'était que ça, Kizha, c'était pas ta faute, peut-être ?

"Ta gueule, vermine..."
Quelque-chose ne va pas ? jvhap

Notaproblem

Nov 02, 2018, 03:14 pm #137 Dernière édition: Nov 03, 2018, 04:27 pm par Notaproblem
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Ozgar avait insisté :

"Bon, maintenant. Si par contre je te dis "Tu te lèves et tu me suis", là, qu'est-ce qu'il faudra faire ?"

Se lever et le suivre. Il avait peut-être raison, au fond. C'était peut-être de sa faute...

Elle s'était retrouvée elle-même dans une salle disciplinaire, ou d'opération, ou de loisir, ou de visionnage, ou de torture, le nom changeait presque quotidiennement.

"Bien, retire ton armure."

Elle s'était exécutée, tandis que le Conspirator était de dos, en train de fouiller dans une immense bassine apportée par un Marine qui était resté dans un coin de la salle, et le Painmaster qui, oisif, était venu admirer la scène de la branlée de celle qui lui tirait son travail. Ozgär déballait tout les objets consciencieusement. Elle, elle était consciencieusement en train d'obéir.

Elle aurait pu lui sauter de dos et le tuer rapidement. Elle avait encore ses armes. L'idée lui traversa l'esprit l'espace d'une miliseconde.

Avant d'être remplacée par une réaction instinctive : La terreur.

Tous les scénarios en cas d'échec lui étaient passés devant les yeux, et ce durant cette même micro-seconde. Elle avait dû émettre quelque-bruit, car il avait dit de l'autre côté de la pièce :

"Tu fais bien de ne pas y penser ! Bon, allez..."

Il arrivait déjà avec le putain de neuf queues, et elle n'avait pas finie de retirer la totalité de son armure ! Il lui restait encore les genouillères et les bottes à-

Elle recula quand elle comprit qu'il n'en avait entre rien et rien à foutre et que ça avait l'air suffisant pour lui. Soudainement, elle venait de réaliser qu'elle était dans cette salle pour plus d'une heure, voire deux, voire bien, bien plus. Une bonne nouvelle était que sa vessie était toujours vide. Tout était bon à prendre, et elle joua son baroud en implorant :

"Je- Je peux tout expliquer ! J'suis désolée, seigneur ! Je ferai strictement ce qu'on me demande JE-"

En levant les yeux au ciel, il venait d'envoyer son neuf queues donner un deuxième round au foie, pour une nouvelle chute au sol. Apparemment, c'était refusé... Elle sentait quelque-chose de chaud se répandre sur ses mains, tandis qu'elle essayait de protéger la zone blessée. Le Conspirator soupira avant de reprendre sa leçon :

"J'ai dit quoi sur les initiatives ? Tu me jures que tu vas faire je cite "Strictement ce qu'on te demande" et t'es là à l'ouvrir alors que personne t'a rien demandé ! Kizha, Kizha, Kizha... Je savais bien que t'allais pas réussir. Mais t'inquiète, rien que pour le degré de récréation dont tu me fais profiter, je dirai rien à Korvek !"

Kizha était en train de fulminer intérieurement, tandis qu'elle était une nouvelle fois au sol, ce coup-ci constellée de blessures saignantes à l'abdomen :

"...ta faute, c'est ta faute, c'est ta faute..."

Elle ne bougeait pas d'un poil. Elle ne ferait pas le moindre mouvement, ni le moindre son sans son accord. La leçon était rentrée. Elle aurait juré qu'elle était rentrée, et c'était seulement le premier coup porté.

"Bon, vous deux, rendez-vous utile ! Relevez-là et tenez-là bien fermement debout le temps que je mette assez de traces dans son dos ! Une aubaine que la planète eût été un nid tropical caniculaire ! Ca aurait été compliqué, pour la suite..."

Elle ne bougerait pas. Elle ne dirait rien. Elle n'avait absolument aucun droit de dire ni de faire quoi que ce soit. Les deux carapaces noires s'exécutaient. Elle sentit deux pressions de gants sur ses bras, levant son champ de vision sur le mur, à l'autre bout de la salle. L'instrument de mort devait être dans son dos, et il allait frapper sans prévenir. Elle regarda le sol : Du sang. Pas beaucoup, mais du sang tombait par gouttes, formant un motif de-

Un hurlement arraché de nulle part. Elle avait complètement réussi à oublier où elle était, l'espace de la seconde de trop.

"J'AI DIT DE NE PAS FAIRE DE BRUIT !"

Mais il était arrivé sans prévenir, celui-là ! C'était pas juste !

Un autre. Le coup braqua ses nerfs, qui mirent un moment à s'arrêter. Elle se contracta en avant, avant de se raviser et d'essayer de rester droite.

Ne faire aucun son. Ne pas respirer. Ses yeux vrillaient, sous l'effort.

Un autre. Celui-ci mit plus de temps à se calmer. Elle eût un nouveau réflexe, très vite réprimé.

Ne pas tressauter. Ne pas se contracter. Laisser le dos libre. Elle sentit ses paupières cligner anarchiquement des yeux, en tentant de les maintenir devant elle.

Un suivant. Sa gorge maintint un son à mi-distance de la sortie, ne produisant un hoquet insignifiant. La douleur commençait à ne pas vouloir partir. Combien de temps elle allait rester là ?

Être aussi immobile qu'un objet devrait l'être. Ses yeux regardaient en tout sens, cherchant quelque-chose auquel se raccrocher. Ses épaules étaient douloureuses. Les Marines la tenaient trop haut. Sa tête, sous l'effet du regard en toutes directions, commençait à lui faire mal.

Un au- CELUI-LA AVAIT ÉTÉ ARMÉ SUR SON MARQUAGE ! C'ÉTAIT EXTRÊMEMENT DOULOUREUX ! ELLE VENAIT DE HURLER ! ELLE ALLAIT SE FAIRE-

Le Conspirator disait, dans son dos :

"Ouais bon, je vais le reconnaître, le marquage c'était pas le meilleur endroit. Je suis beau joueur, je te laisse ce cri. De toutes façons, je me serais fait lyncher si j'avais été un Marine, pour avoir frappé là..."

C'était un miracle ! Il n'allait pas s'acharner pour une bête faute de comportement !

"MERCI SEIGNEUR ! MERC-AAAAAHHHHHH !!!"

Un nouveau coup porté au même endroit précis, entraînant un nouvel et second hurlement. Était-elle conne... Ozgär répétait :

"Deuxième essai. J'ai dit : Je suis beau joueur, je te laisse ce cri."

...pas le droit de parole. Surtout pas le droit de parole. Elle était stupide. Elle aurait dû le savoir, pourtant. C'était littéralement la seule chose qui importait ! Ozgär en profitait pour faire un cours à destination des deux autres yeux blancs :

"Je sais pas pourquoi, avec les sanguinaar c'est systématiquement un enfer pour qu'elles comprennent... Je commence à me demander si ces insectes ne sont pas véritablement attardés, en réalité... Voyez comment elle galère avec UNE-"

Nouvelle vague de douleur. Ses nerfs avaient abandonné les indications localisés et se contentaient de balancer leurs alertes dans toutes les directions, y compris dans les côtes vers l'avant. La douleur n'était pas insupportable, le manque d'informations, lui, si. Elle ferma les yeux pour essayer d'échapper à tout ça. En les fermant, sa concentration baissa, et elle sentit un flot de larmes qui commençaient à perler. Elle sentit sa tête tourner. Ca faisait un moment qu'elle bloquait sa respiration.

"-PUTAIN-"

Encore une autre. Elle sentait son dos être inondé de sang, désormais. Il commençait à couler librement jusqu'aux genouillères, en réalité une extension de l'armure trois pièces. Cette partie comprenait le bas des jambes, commençant a partir de semelles qui faisaient vraiment trop de bruit en marchant, jusqu'aux genoux. Le sang commençait à s'accumuler dans les deux pièces de l'armure. Il y en avait trop, pensait-elle. Elle allait y passer pour un "Merci", c'était obligé !

"-DE DIRECTIVE-"

Ou que celui-là avait frappé, il avait forcément relancé d'autres blessures. Son dos devait en être constellé. Le simple fait qu'elle ne puisse pas le voir la terrorisait encore plus. Elle ouvrit les yeux et regarda vite le sol : Sa vision était brouillée par et la douleur, et les larmes, mais une flaque rouge commençait très distinctement à se former, tandis que ses bottes commençaient à se remplir jusqu'aux chevilles. Elle n'arrivait plus à respirer. Elle allait y passer, elle allait passer, elle allait y passer...

Kizha fermait consciencieusement sa grande gueule, pour une fois.

"-TOUTE CONNE !"

C'était fini ? C'était forcément fi-

Un dernier coup lui arracha un nouvel hurlement, bloqué à mi-chemin, provoquant une asphyxie. Un choc violent contre le sol. Les deux carapaces noires l'avaient lâchée sur un probable ordre tacite du Conspirator. En heurtant le sol froid, elle se sentit soulagée de savoir que c'était enfin fini. Ses bottes se vidèrent, coulant en direction inverse le long de ses genoux. Elle en profita pour faire un rapide état de la situation : Son dos ne réagissait plus, ses bras étaient paralysés. A cause des sanglots et de son essai pour laisser sortir le moins de sons possibles, elle avait du mal à respirer, et un immense tournis virait au voile noir. Elle commençait à se sentir soulevée et traînée... Remise en cellule ? Dans son quartier de Centurion ?

Non. Une immense douleur au niveau de la tête et un choc à la poitrine la rappela à l'ordre. Le choc lui fit ouvrir les yeux, avant de les refermer aussi tôt. Elle comprit : Pour la réveiller, il lui avait plongée la tête dans la bassine d'eau brûlante, désormais remplie de savon. La douleur soudaine et clairement imprévue lui arracha un nouvel hurlement, permettant à un flot de pur supplice liquide d'envahir sa gorge tandis qu'elle essayait de reprendre sa respiration par réflexe. Ce qui la fit boire une sale tasse. L'eau était insupportable. Avait un goût horrible. Semblait mousser. Elle allait se noyer ! Il allait la noyer !

Elle essayait de retirer sa tête de l'eau, trop chaude, trop horrible. Quelque-chose la maintenait dedans. Elle se sentit basculer. Elle allait tomber entière dans cette bass- NON ! ELLE PARTAIT ! ELLE SE NOYAIT POUR DE BON !

Luttant pour rester consciente, elle ouvra une nouvelle fois les yeux, avant de subir les conséquences de l'horrible erreur. C'était long ! Ca durait depuis trop longtemps ! Elle sentit sa tête se faire retirer d'un coup sec, avant de se sentir projetée quelque-part.

Ozgär, semblant satisfait, déclara aux deux acolytes :

"Rendez-vous utiles et allumez le spot, qu'on y voit quelque-chose !"

La sensation de brûlure et de noyade combinée était horrible. Elle faisait de son maximum pour faire le moins de bruit possible en toussant. Le choc contre une surface dure la fit recracher le restant d'eau qu'elle avait avalée de travers. Ses bottes, qui recommençaient à se remplir, se re-vidèrent une nouvelle fois. Ca ressemblait à son lit. Ca avait la forme de son lit. Un spot lumineux passant à travers ses paupières fermées lui rappela que c'était une table d'opération. C'était pas fini... Elle allait réellement y passer. Son dos la lançait. Son coeur explosait. Sa tête tournait. Sa respiration commençait à devenir difficile. Une nouvelle fois, quelque-chose coulait le long de ses jambes. Elle allait y passer. Pitié, ça devait finir...

Le Conspirator n'était pas de cet avis, et entamait déjà :

"Bon, maintenant que t'es sanglotante, ce qui prouve que t'es réveillée, on va passer a la phase 1. Vous me ferez gaffe à ce qu'elle ne meure pas de noyade sèche, quand je partirai."

Quoi, la phase d'avant c'était uniquement préparatoire ? Si elle n'avait pas autant désobéi, ça aurait déjà été fini ? Et maintenant qu'elle avait fait une connerie, elle allait rester ici pour encore des heures ! Tout était de sa faute ! Elle était inutile !

"Alors ça va être un peu compliqué pour moi, je préviens : je suis pas un authentique médecin, et encore moins un type doué dans les cautérisations à la cire, et t'en as quand-même pas mal. Alors comme j'ai entendu parler d'une tradition sur une planète dont les habitants cautérisaient leurs blessés avec ce matériau, j'me suis dit que j'allais tester moi-même. C'est toujours quelque-chose à apprendre pour briller en conversation mondaine..."

Un passage avec une serviette médicinale. Elle sentait le gros du sang s'en aller, remplacée par de l'eau. La serviette était brûlante. L'eau fût remplacé par un séchage. L'action d'une autre serviette frottant ses blessures était toujours autant douloureuse. C'était bientôt fini... C'était bientôt fini... C'était bientôt fini...

En sombrant dans l'inconscience qu'elle désirait tant, elle entendit un rappel à la réalité :

"...alors comment ça marche, cette merde ? 'faut prendre la barre et la réchauffer juste au dessus du patient, c'est ça ? Ah, ces insectes... Quand le gel réparateur Seeker existe..."

Un flot de cire s'engouffrant dans une blessure ouverte la réveilla subitement. Rester calme. Surtout, rester calme. Ne pas bouger. Ne pas ciller. Le tout semblait s'introduire tel quelque parasite, brûlant toujours plus loin. Elle entendit le médecin en devenir sortir :

"Ok, alors vu la réaction, je dirais qu'il faudrait refermer d'abord la plaie avant de sceller le tout. On en apprend tous les jours..."

Un gant qui appuyait sur son dos, refermant une blessure. En ouvrant trois autres. Le deuxième essai brûlait toujours autant. Elle se demanda soudainement : Son pelage en était où ? Ca faisait quatre semaines qu'elle traînait sur cette planète, ça devait être suffisant ? Elle ouvra les yeux pour regarder sa main.

Elle avait oublié que ses yeux étaient encore en train d'accuser le coup de la bassine. Avec une vision plus que troublée par le savon qui lui piquait toujours autant les yeux et la brûlure rétinienne, elle n'arrivait pas à savoir... Le bruit que fit Ozgär en parlant les lui fit refermer. Elle n'avait pas à bouger. Elle n'osait plus ouvrir les yeux.

"Je vois bien ce que tu tentes de faire, mais je te laisse la surprise de savoir. Maintenant cesse de gigoter !"

Oui bien sûr ! Ne pas bouger UN SEUL poil ! C'était évident ! Pourquoi essayait-elle encore de bouger ?

"Bon alors, j'en suis où... Ah oui, appuyer trop fort ouvre d'autres crevasses. Ca va demander de la technique, en fait..."

Il ne savait pas ce qu'il faisait ! Elle allait y passer, elle allait se vider de son sang et mourir ici !

Le troisième passage décrivit une douleur en forme de croix. C'était bientôt fini... C'était pas fini... Ca ne finirait jamais...

"Ah bah voila, on progresse ! Je pressens tenir quelque-chose, là ! Ca commence à saigner vraiment au niveau du torse, ça menace de salir le sol autour de la table ! Quelqu'un peut amener une serviette ?"

Elle avait encore du sang en elle, après tout ça ? Elle n'avait plus de sang ! C'était obligé ! Elle allait mourir de manque de sang ! Ca allait arriver ! Ca allait forcément arriver !

Quatrième passage. Il avait serpenté le long du dos, en refermant les blessures les unes après les autres.

C'était moins douloureux, ce coup-ci. C'était fini. C'était enfin fini. Elle sentit sa-

"Mais je rêve ou elle prend son pied ? Je te préviens une dernière fois : Si ta queue m'envoie une nouvelle tarte, c'est une amputation, que je vais réaliser !"

L'appendice mentionné se replia instinctivement entre les jambes. C'était pas fini ! Ne pas trouver ça agréable ! Ne pas trouver ça agréable ! Penser au début de session ! Penser à la bassine !

Finalement, le Conspirator déclara :

"Bon allez c'est terminé ! Tu peux te retourner, on passe au ventre !"

Elle tenta de se mettre sur ses coudes pour se retourner. Un craquement de cire et une violente douleur au dos la remit dans sa position initiale. Ozgär commenta :

"Ah ouais merde, suis-je fatigué. Il fallait RETIRER la cire en trop pour éviter une nouvelle ouverture des blessures ! POURQUOI VOUS DEUX LES CONS ME L'AVEZ PAS DIT !"

Les deux avaient vite pris le pli, et ne répondèrent absolument pas. Grave erreur. Ozgär...

Sembla s'en foutre et reprit son opération.

Mais pourquoi eux ils avaient rien subi pour ne pas avoir obéi à un ordre ? Il venait de leur demander de répondre ! Pourquoi ils ne prenaient rien ? C'était tellement injuste !

"J'ai entendu ce couinement d'indignation ! Je peux répondre !"

Oh merde. Il allait répondre physiquement, c'était sûr ! Mais elle était désormais trop faible pour réagir. Ses bras ne lui obéissaient plus. Ses jambes fonctionnaient à peine. Elle sentait son coeur commencer à battre trop vite. Il allait l'entendre. Sa respiration, elle aussi, semblait beaucoup trop forte. Il allait s'en rendre compte !

"Eux, ils me servent d'assistants. Je peux donc pas m'en passer. Toi..."

Sa tête, seule partie encore intacte, venait subitement de lancer elle-aussi les signaux d'alarme. C'était brûlant. Ca collait, et ça dégoulinait dangereusement proche de ses yeux, qu'elle serra encore plus fort. Ils étaient déjà en assez mauvais état. Ca continuait. Encore. Toujours. Il était sans-doute en train d'utiliser un lingot entier. Il allait la noyer sous de la cire ! Elle allait vraiment y passer !

"...toi, tu me sers à rien."

C'ÉTAIT UN AVEU ! IL ALLAIT VRAIMENT LA TRUCIDER ICI !

"Même ton marquage est un échec ! Bon, on finit ? Retourne-toi !"

ELLE N'ALLAIT JAMAIS QUITTER CETTE- Obéir ! Obéir !

Les yeux toujours fermés, trop tremblante pour pouvoir utiliser ses bras sans s'effondrer, elle se retourna avec beaucoup plus d'appréhension, utilisant ses épaules. C'était long. Trop long. Beaucoup trop long. La lumière du spot au dessus d'elle, dérangeante avant, était désormais devenue insupportable.

Son ventre allait être bien plus sensible. Elle avait au moins appris un truc : Frapper le ventre. En cas d'agression, frapper le ventre.

Autre-chose : Ne jamais penser. Ne jamais être consciente. Remplir sa fonction. Rien que sa fonction.

Elle avait eue raison. Quand la cire s'étala sur les lésions de son ventre. Celui-ci se rentra instinctivement. C'était bien plus sensible que le dos. Le poids de la cire semblait l'écraser. A bout de forces, pendant que son corps tout entier essayait de s'accorder avec lui-même, elle ne trouvait même plus la force de supporter le poids de la cire. Ozgär commenta :

"Ah bah en fait y'a même pas besoin de tenir ! Ca va aller vite..."

C'était douloureux. Elle faisait de son mieux pour ne pas grimacer sans son accord, maintenant qu'il avait la vision sur elle. Il remarquait quelque-chose ? Elle avait les yeux fermés. Il allait remarquer quelque-chose. Elle sentait déjà un coup partir. Il allait forcément remarquer quelque-chose. Elle attendait la sanction. Il allait trouver un prétexte pour la garder là, encore, et encore, et encore... L'excuse allait arriver. Bientôt... Bientôt...

Le Conspirator commenta :

"T'es encore terrifiée ? Après tout ce temps ?"

C'était l'excuse ! C'en était fini, elle allait passer le restant de sa vie dans cette salle ! Elle sentit, une nouvelle fois, son coeur battre et sa vessie se décontracter une enième fois à cette idée. Un excédent de larmes non utilisées pour combattre le savon s'alarmait également lorsqu'elle sentit un gant la prendre par le menton pour l'examiner, et-

"T'as une jolie tête, quand t'es terrifiée. J'essaierai de voir tes autres expressions. Je suis sûr que Korvek appréciera de voir un album photo entier rempli..."

UN ALBUM ENTIER ? IL ALLAIT LA RETENIR ICI COMBIEN DE TEMPS ?

Elle ouvrit les yeux instantanément, uniquement pour les refermer quand l'agression lumineuse du spot d'opération prit, lui aussi, le prétexte pour passer ses paupières ouvertes. Elle l'entendit dire :

"Merde, ces yeux ! Je retrouverai un arrêt sur image ! C'était la plus belle tête que t'aies tiré jusqu'à présent, insecte !"

Un moment de flottement. Il se contentait de tourner sa tête a gauche. A droite. De nouveau a gauche. La cire craquelait. Qu'est-ce qu'il regardait, au juste ? Il n'y avait rien a voir ! Elle était aussi immobile et aussi insignifiante qu'un objet !

Elle sentit de nouveau ses doigts se re-poser sur son ventre. C'était ça ! Il avait vraiment mal pris le coup de queue ! Elle essaya de faire encore moins de bruit qu'avant. Sa respiration commençait vraiment à s'emballer. Elle essaya de la calmer. Impossible. Elle tenta une apnée : Impossible. Trop de sanglots, trop de stress. Son coeur était parti à toute allure. Elle entendait les battements résonner dans tout son corps, et sa respiration qui sortait vraiment trop fort, vraiment trop souvent ! C'en était fini ! Il allait perdre patience, et elle allait mourir ici, et elle n'irait manquer à personne ! Elle allait décevoir sa mère ! Elle allait-

"T'est vraiment à bout de nerfs... On t'a jamais appris la patience ?"

Elle avait eu le réflexe de serrer les jambes. Elle regretta instantanément ce geste. Il allait réaliser. Il allait forcément réaliser.

"Je t'ai appris quoi à propos de "Tendre la perche" ? Bah, je peux même pas te frapper plus ! T'es déjà à l'article de la mort ! De toutes façons je pourrais même pas te prendre sans avoir a sortir une montagnes de faveurs pour éviter un aller au conseil de discipline pour leur expliquer en quoi Kizha n'a rien à dire ! Et puis..."

Il avait lâché sa tête, et tapotait au dessus de ses genouillères. Il allait le faire ! Il allait forcément le faire ! Elle allait rester ici pendant des heures, des jours !

"...si jamais ça arrivait, je devrais expliquer pourquoi l'expérience de Korvek est un échec, ils iraient sortir ce sombre con de Kizha de force et je pourrai plus jamais faire bisquer cet incapable de médicos !"

Il allait trouver un moyen détourné. C'était obligé ! Il allait demander aux deux autres de sortir ! Elle le sentait venir ! Elle allait y passer ! Elle allait lâcher prise !

"Et puis, même lavée, tu empestes encore le sang, la pisse et le vomi. Si je m'y mettais sérieusement, je te casserais en deux sans faire exprès et j'aurais a peine ressenti quelque-chose, dans ton état. Quelle frustration..."

Elle serra ses yeux de toutes ses forces. Pas a cause de la cire, ni a cause du spot. Elle était complètement, entièrement, totalement terrifiée. Ses yeux redoublèrent dans l'envoi de pleurs. Sa respiration était devenue beaucoup trop rapide. Elle essayait de ne plus faire le moindre bruit.

Elle n'y arrivait pas. Elle respirait trop fort. Trop vite. Beaucoup trop vite. Beaucoup, beaucoup trop vite.

La perte de sang, les brûlures de la bassine, la cautérisation, le spot, l'odeur horrible, l'appréhension, le temps passé...

Et maintenant ça.

Il allait forcément pousser toujours plus loin.

Elle n'allait pas sortir d'ici vivante.

Finalement, le bruit d'une flamme qui s'allume. De nouveau la brûlure de la cire. Elle appréhendait le coup en traître. Il allait forcément tenter quelque-chose. Il finit par déclarer, au bout d'une éternité :

"Ah bah voila, c'est fini, vermine ! J'en ai appris un paquet, et ça nous aura pris que 12 minutes de la journée ! Une dernière question avant de partir..."

C'était le moment ! Il allait VRAIMENT commencer ! Il venait de finir l'entrée et allait VRAIMENT devenir horrible !

"...ton nom, déjà ?"

Tremblante, paniquée, a la frontière ultime de lâcher enfin prise avec la réalité, elle avait hurlé de toutes ses forces :

"A 52-04-8 ! JE M'APPELLE A 52-04-8 !"

Elle sentit, en plus de son coeur, quelque-chose qui sembla exploser tandis qu'elle eût l'impression que son souffle se faisait arracher. Habitué au manque de parole volontaire et trop occupé à respirer anarchiquement, son souffle n'avait clairement pas apprécié la blague de se faire vider de son air aussi violemment après avoir été malmené aussi longtemps, tandis que sa voix, désormais demandée pour émettre des sons compliqués, menaçait de partir pour de bon. Sa gorge la brûlait. La sensation d'étouffement la reprit. Elle avait l'impression d'être vide.

Totalement, entièrement vide.

Une nouvelle vague de sanglots se solda par une violente quinte de toux, sa respiration labourant pour récupérer un minimum d'air possible, tandis qu'elle commençait, a cause de sa position allongée, à s'étouffer avec ses larmes. Elle inspira de nouveau sans faire exprès.

Trop d'air. Trop de larmes, trop de mucosités avalées. Il se fit expulser d'une nouvelle toux.

Pas assez d'air. Une nouvelle inspiration.

Trop forte. Encore une fois, la toux.

Il avait éclaté de rire. Elle venait de comprendre trop tard son erreur monumentale. Il allait en profiter. Il allait forcément sauter sur l'occasion !

"Vous voyez que Kizha est une grosse merde ! Rappelez-moi de le défoncer, si jamais il se fait sortir de la... D'ailleurs rappelez moi de vous défoncer très, TRÈS proprement si vous caftez, vous deux !"

Kizha sortit de son mutisme pour souligner :

"C'est fini ? L'empereur soit loué, c'est fini ! Plus jamais tu me fais subir ça, vermine !"

Elle luttait pour tenir une respiration stable. Elle se sentait convulser sur la table. Son coeur ne tenait plus du tout le choc. Son esprit ne tenait plus non plus. Son corps entier lui indiquait qu'elle ne survivrait pas. Cette pensée la terrorisait encore plus. Sa terreur emballait son souffle. Pas assez d'air. Trop d'air. Pas assez d'air. Trop d'air. Trop mal. Mal au dos. Pas assez de stabilité pour pleurer. Manque d'air. Ne doit pas parler. Trop d'air. Coeur trop rapide. Doit pleurer. Pas de respiration pour ça. Ne doit pas bouger. Mal au ventre. Doit enclencher les nerfs. Terrifiée. Ne pas faire de bruit. Doit survivre. Doit répondre à Kizha. Doit sortir de ce cauchemar. C'était un cauchemar ! UN PUR CAUCHEMAR !

Ta gueule, insecte. Ta gueule, insecte. Ta gueule, insecte...

"De quoi ? J'te rappelle quelle race est debout et laquelle est sur la table ?"

Qui contrôle... Qui contrôle... Qui contrôle...

L'effort pour penser, son coeur qui commençait à exploser, et sa lutte avec le surplus d'air inspiré commença, enfin, a la faire s'évanouir. C'était bientôt fini... Le spot de lumière semblait être celle au bout du tunnel... La phrase finale acheva de relancer son coeur une dernière fois. Et de la faire s'évanouir :

"Bon les gars, merci de votre aide. Vous touchez à rien- Si, éventuellement le torse et la gorge sont encore en bon état. Amusez-vous bien."

Elle n'avait rien su de ce qu'il s'était passé après. Elle s'était juste réveillé dans sa chambre de Marine, une pauvre pièce avec une banquette en acier et une couverture réglementaire.

C'était fini... C'était fini... C'était pas fini... Ca ne finirait jamais...

Elle n'avait pas dormi de la nuit. Elle repensait déjà à ce qu'il s'était passé. A ce qui arriverait prochainement...

Les nombreux châtiments en cas d'échec, et de victoire non parfaite. Toujours plus de créativité, toujours plus de salles froides, toujours plus de délires... Tant de "Pourquoi ?", de sa part, et de celle des captifs qu'elle ramenait pour ne pas avoir à y passer elle-même. Encore, et encore, et encore. Une montagne de ses souvenirs, suffisants pour remplir une bibliothèque. Suffisant pour faire craquer n'importe qui aurait eu le malheur d'être à sa place...

C'était plus possible. C'était plus vivable...

C'était quoi l'intérêt de suivre la volonté de sa mère ? Ca servait à quoi, de survivre ?


Petite mention spéciale : Courage, si vous avez tenu celui-ci, vous avez fait le plus dur.
Quelque-chose ne va pas ? jvhap

Notaproblem

Nov 02, 2018, 03:16 pm #138 Dernière édition: Nov 26, 2018, 01:45 am par Notaproblem
Changelog: MontrerCacher
Son arrivée sur Terre. 24 ans ? Ou toujours 8. Peut-être 14. Elle ne comptait plus...

Non, elle faisait désormais la même taille qu'une carapace noire. Elle devait avoir l'âge adulte, probablement.

Planète stupide. Jours trop rapides, saisons trop courtes, insectes trop agités. Trop insouciants. Monde trop vivable. Ils avaient de la chance. Mais ça allait changer...

Et les humains... Ressemblant aux corps d'urgence des carapaces noires sans leurs armures, avec deux-trois différences minimes. Une planète entière remplie de corps de rechange en cuves.

C'te blague ! Ils n'étaient vraiment pas gagnants !

La discussion avec un digne représentant de l'espèce locale, dans de sombres toilettes de ville. Son objectif : Un insecte un peu trop au courant de l'infiltration locale, ayant arraché les Seekers du contrôle d'Ozgär et provoqué le courroux de Korvek quand celui-ci avait compris que ses premiers partenaires scientifiques venaient de disparaître dans la nature. La peine qu'un idéaliste déçu de la vie comme lui avait rappelée, à elle, quelque-chose de son passé. Il ne comprenait rien. Pourquoi espérait-il encore quelque-chose, ce con ? Kizha en train de vomir un : "On va se faire ENCORE niquer si on se dépêche pas ! Pourquoi tu me fais chier avec ces insectes ?"

Après tout, celui-ci avait des bonnes infos quant à l'endroit ou sa cible se cachait, mais il n'était pas intéressant. Il n'avait jamais dû quitter sa planète, pour commencer. Ensuite...

Hah. Le terme trouvé était "Blanc-bec".

Si elle n'était pas pressée, elle l'aurait broyé sur place pour lui apprendre ce qu'étaient des VRAIS misères...

Sa capture, après avoir sauté les deux pieds dans un piège. Apparemment, son informateur des chiottes lui avait tendu un traquenard. Mais c'était impossible, elle l'avait tout juste rencontré par hasard ! Et l'horrible... "Gardien", qui, tout comme les carapaces noires, maîtrisait les traumatismes. Un festival cauchemardesque, une tempête cérébrale, et puis le vide. Ca avait été rapide, au moins... Ils n'avaient même pas pu se défendre. Des monstres, tous autant qu'ils sont. Fantômes, aliens, "Humains".

Quand il était revenu la voir, et qu'elle avait compris : Le "Blanc-Bec" et lui, c'était la même putain de voix. Il n'avait pas l'air d'avoir peur d'elle. Il n'avait pas même l'air de la détester ou de la trouver insignifiante. Il la regardait peiné quand elle s'identifiait par son numéro, et dire son nom réel lui rappelait son enfance. Il avait voulu en savoir plus, sur elle. Elle avait, par scepticisme, raconté en priorité les histoires pas intéressantes qui touchaient à tout ce qui n'était pas utile aux Gardiens. Son enfance. Et... C'était a peu près le seul sujet. Quand elle racontait ses histoires, il écoutait. Il essayait de comprendre. Non pas méthodiquement. Elle le sentait : Il essayait de deviner ce qu'elle avait ressenti. Il ne comprenait pas lui-même. Non- pas un monstre. Quelqu'un. Quelqu'un d'aussi paumé qu'elle, au fond.

"Un arrangement dont il était sûr qu'il valait le coup". Elle ne comprenait pas bien comment il avait pu en arriver à cette conclusion. Il savait qu'elle était née sur une planète technologiquement inférieure avec une habitabilité horrible, et qu'elle savait manier une arme, et qu'elle était alien, et c'était a peu près tout. C'était quoi, son idée ?

Plan que, plus pour quitter sa cellule que réellement par sympathie, elle avait accepté. Moisir ici n'était pas ce qu'elle voulait. Le jour ou les carapaces noires allaient inévitablement ruiner la planète, elle ne voulait pas réellement être trouvé à attendre sagement dans une cellule déjà préparée, elle-même déjà prête à l'emploi.

Après tout, s'occuper d'un terrien ne pouvait pas être si compliqué, ja ?

Ses débuts sur Terre. Charmante planète peuplée en majorité d'Humains. Les premiers problèmes que sa différence notable lui posaient, les premiers jours. Des commerçants la refusant, des types lui intimant de partir des établissements n'acceptant pas les animaux de compagnie, des gars qui marmonnaient sur son passage, et beaucoup, beaucoup trop de blagues et sur sa pilosité, et sur sa queue, et sur son accent.

Alors.

Sa pilosité était très, très bien, et ces insectes s'en rendaient très vite compte quand venait l'hiver et leurs vêtements saugrenus pour passer ce qui était, chez elle, une légère brise d'automne.

Sa queue était très, très utile, et ces grosses merdes s'en rendaient très vite compte quand elle les rattrapait dans les tournants ! Moins quand elle devait s'asseoir dans leurs foutus sièges...

Et c'était pas sa voix qui changeait trop de ton et partait trop dans les aigus ! C'était celle des terriens qui restait désespérément fixé dans un unique ton ! Pourquoi n'apprenaient-ils pas une langue à plusieurs tons, comme la sienne ! Une langue avec des mots monocordes, et puis quoi, encore !

Et c'était quoi, ce terme, là, "Furry" ? Z'avez jamais envisagé la possibilité que l'évolution puisse faire bien son travail ? Elle était supérieure, c'était un fait !

Et elle ne METTAIT PAS DE POILS PA-

"Ta ta ta ! On va quitter l'agence de logement et on va aller se calmer autour d'un tacos, hein ?"

Après de nombreux déboires dans ses premiers pas dans la vie en tant qu'individu autonome, elle avait décidé de s'installer à proximité des Gardiens, dans un appartement en petite ville. Elle comptait déménager dans un lieu-dit, quand elle aurait l'argent pour.

"Ah, ouais, con de moi. J'ai jamais pensé à te le dire, mais... 'faut payer, ici. C'est compliqué, j'veux bien concevoir. Tenez, monsieur. Veuillez l'excuser. Et cessez tout-de-suite d'appeler le 17 ! Morg', prends tes courses, elles sont désormais à toi, magie du capitalisme. Merveilleuse invention, en réalité. Ca permet de voir ceux qui survivent avec, et ceux qui survivent... Avec, mais en détournant les règles. Moi par exemple, j'ai des bonnes arnaques, j'vais t'expliquer..."

L'argent. Une hérésie, pour elle. La preuve ultime que l'humanité avait dépassé le stade de la survie, et l'avait consciencieusement oublié. Les siens n'en avaient pas. Trop inutile, quand partager était un gage de survie. Les carapaces noires avaient des crédits énergétiques, utilisés pour certaines transactions importantes, mais pas plus que ça. Eux aussi étaient très prompts a se partager leurs armes. Mais jamais avec elle.

Les humains, eux, en avaient pour tout et n'importe quoi. Les premières transactions furent compliqués. Apparemment, les gens ne négociaient pas, en prime.

Dans les bons points, ils avaient eux aussi des festivals. Les carnavals, des fêtes religieuses, culturelles.

Dont...
Quelque-chose ne va pas ? jvhap

Notaproblem

Nov 02, 2018, 03:17 pm #139 Dernière édition: Nov 26, 2018, 02:01 am par Notaproblem
Changelog: MontrerCacher
"JOYEUX ANNIVERSAH MON DIEU !"
"JOYEUX ANNIVERSAIREeet ça a mal tourné !"
"JOYEUX ANNIVERSA- hu ?"
"JOYEUX ANNIV-OH DU CALME !"
"JOYEUX ANNIVERSA-WOW WOW WOW !"

Elle avait fait un bon gigantesque en voyant le traquenard se refermer, et avait tiré trois balles dans le mess avec son arme de poing. Phyro lui avait dit "Ouais, j'suis au mess, j'ai un truc à te dire en urgence ! C'est vachement important, pour la suite des événements !"

Elle s'était inquiétée. Si c'était urgent, alors c'est que c'était une opération. Si c'était une opération, elle n'était pas prévenue !

Elle avait senti un début de traquenard en remarquant un silence de mort et la lumière éteinte.

Le mouvement partait d'une bonne intention, mais la réalisation, beaucoup moins. Elle était nerveuse ! Elle sursautait déjà au moindre bruit brusque, c'était totalement stupide de leur part !

"Oh, tu vas bien ? On s'est pas doutés, on pensait que-"

Elle avait hurlé :

"Arrêtez de penser, bordel !"

Elle revoyait déjà des coups partir. Des embuscades se déclencher. Son coeur était lancé à pleine vitesse. Elle avait le vertige.

Il avait insisté, en gardant le restant du groupe du coin de l'oeil :

"Calme-toi, c'est passé. Regarde-moi. Fixe mes yeux."

Un de ses yeux n'était qu'un oeil mécanique standard d'augmentation des carapaces noires, même pas à sa taille. L'autre trahissait quelque-chose : Il était inquiet. Mais il n'était pas agressif. Calmée, elle fit de son mieux pour obéir.

"Biiien. Maintenant, regarde derrière moi, sur la table..."

C'était stupide. La vision derrière elle lui avait fait ressentir à quel point elle était stupide. Elle sursautait, bondissait, braquait au moindre bruit ou geste brusque. Et pourtant... Ils n'étaient pas méchants.

Elle avait l'impression d'être une bête.

Il lui avaient offert une cape avec doublure en cuir, blanche avec le symbole des Gardiens dessus. Le symbole, en forme d'écu, représentait la Terre, prenant le bas de l'écu, agressée par une gigantesque flèche rouge bloquée par une bande blanche avec inscrit dedans "Gardiens". La cape était longue, permettait de s'enrouler entièrement dedans, laissait une place conséquente pour sa queue, et disposait d'une capuche.

Phyro avait justifié :

"On a vu que t'avais des emmerdes au quotidien, alors on s'est dit qu'on allait faire d'une pierre deux coups. Déjà, je pense qu'on te fera moins chier, avec ça sur les épaules..."

Et un type du service civil, spécialisé dans la communication, "Shade", avait embrayé :

"...et comme t'es notre mascotte, on a décidé de nous faire un peu de publicité !"

Phyro avait continué dans sa justification :

"Et puis, si jamais t'es trop à cran, enroule-toi dedans, et peut-être que ça te calmera, de penser à nous comme ça. Alors comme on sait pas ta date de naissance, et que de toutes façons c'est pas le même cycle planétaire, on a décidé de voir la date de ton jour d'incorporation. Et nous y voila : Un an déjà ! Le temps passe vite..."

Elle avait inspecté la cape sous toutes les coutures. C'était loin d'être l'artisanat de son monde natal, mais ça avait dû, comme disait Phyro, "Coûter une putain de blinde !". Elle ne savait pas quoi dire, alors "Longbow", un spécialiste du tir de précision et chasseur amateur (A l'arc, en plus !), avait mis fin au malaise :

"C'est moi qu'ai fait le gâteau ! En ton honneur, on a réalisé une tourte au sanglier que j'ai moi-même démonté la veille ! Tu m'en diras des nouvelles !"

Elle n'osait pas. C'était trop bien, pour elle ! Longbow avait insisté :

"Allez, une petite part ! Pour me faire plaisir !"

Elle allait se faire pulvériser si les carapaces noirs revenaient et remarquaient que- Nan, mais ils n'étaient pas là. Un jour, elle allait finir par l'assumer. Et elle s'était vue dire :

"Allez, balance une part. Je vais m'étaler sur place, sinon. J'ai rien mangé de la journée !"

"King", un chef d'escouade, avait engueulé... Phyro. Dont le rôle était "Le type qu'on prend quand il faut un Joker" :

"Un tel langage... T'aurais pu mieux l'éduquer, gamin !"

Celui-ci avait répondu, à moitié gêné, en haussant les épaules et avec un rictus :

"Ouaiiiis... Ta mère !"

King, lui, s'esclaffait :

"C'est la tienne qu'a raté son travail, ouais !"

Elle s'était approchée de la tourte. Y'avait une bougie dessus, en forme de "1". Le truc fondait sous la chaleur. Un flot de cire s'engouffrant dans une blessure ouverte la réveilla subitement. Rester calme. Surtout, rester calme. Ne pas bouger. Ne pas ciller. Le tout semblait s'introduire tel quelque parasite, brûlant toujours plus loin. Elle entendit le médecin en devenir sortir :

"Morgana ? Gamine ? Vous allez bien ? Gamine ? Hippocrate, fais quelque-chose !"

Un gant qui appuyait sur son dos, refermant une blessure. En ouvrant trois autres. Le deuxième essai brûlait toujours autant. Elle se demanda soudainement : Son pelage en était où ? Ca faisait quatre semaines qu'elle traînait sur cette planète, ça devait être suffisant ? Elle ouvra les yeux pour regarder sa main.

"Elle a l'air en état de choc. Doit y'avoir un élément qui l'a renvoyée dans le passé. Regardez ses pupilles, elle est à peine consciente. Heureusement, elle n'a pas mal chuté. J'suis médecin de terrain, pas psychiatre. Phyro, c'est ton domaine ! Il lui arrive quoi ?"

Elle avait oublié que ses yeux étaient encore en train d'accuser le coup de la bassine. Avec une vision plus que troublée par le savon qui lui piquait toujours autant les yeux et la brûlure rétinienne, elle n'arrivait pas à savoir... Le bruit que fit Ozgär en parlant les lui fit refermer. Elle n'avait pas à bouger. Elle n'osait plus ouvrir les yeux.

"Bah... En vrai... J'ai jamais voulu fouiller sa mémoire. J'me doute qu'elle l'aurait mal pris alors... Merde, regarde ! Elle semble convulser !"

Oui bien sûr ! Ne pas bouger UN SEUL poil ! C'était évident ! Pourquoi essayait-elle encore de bouger ?

"Nan, regarde, elle s'est arrêté ! Bon, trêve de plaisanteries ! Deep Blue ! Elle a quoi ?"

Il ne savait pas ce qu'il faisait ! Elle allait y passer, elle allait se vider de son sang et mourir ici !

"Hm. C'est pas dangereux. Troublant pour les non-initiés, mais pas dangereux. Vous avez déjà vu le syndrome de stress post-traumatique, à la télé, où X fixe le mur, ou fait un sursaut, et ça dure qu'une seconde ? Bah là, c'est pas la télé. Et la pauvre chose en boule devant vous en est un cas d'école. Vulgairement, quelque-chose en elle s'est déclenché en réflexe de défense quand elle a aperçue la tourte. Vu que l'odeur n'a provoqué aucun stimuli, je miserais sur la cire. Phyro, tu as des informations, à nous donner."

"Ben... Elle sursaute beaucoup, reste sur ses gardes, se braque facilement, se balançait dans sa cellule, à l'époque... J'me suis dit que la recruter aurait été un grand pas, pour elle. C'est grave, gros ?"

Le troisième passage décrivit une douleur en forme de croix. C'était bientôt fini... C'était pas fini... Ca ne finirait jamais...

"T'as dû sonder des cas similaires, et t'as pas dû comprendre. Attends, je vais t'expliquer. Actuellement, elle est en plein flashback traumatique. Sa perception de nous n'est, au mieux, que sensorielle. Une grande partie de son cerveau se contente, stupidement, de rejouer son traumatisme. Une partie plus... Limitée, dira-t'on... Est encore réceptive aux stimulis ambiants. Pour sortir de sa crise, il lui faut une assez bonne raison. Comme elle est partie, elle va continuer de hurler, gémir et se recroqueviller pendant encore une bonne heure, je dirais, le temps que son cerveau fatigué ne la fasse tomber dans les pommes. Il lui faut quelqu'un en qui elle a confiance, pour briser la boucle. T'es celui qui interagis le plus avec elle, et tu l'as prouvé en la calmant instinctivement quand on l'a faite sursauter. Bravo, tu viens de découvrir les joies de mes longues d'années d'études. Je te préviens : Dans 20 ans, tu y seras encore, à essayer de la soigner. Tu penses avoir les épaules pour ça ?"

Elle avait encore du sang en elle, après tout ça ? Elle n'avait plus de sang ! C'était obligé ! Elle allait mourir de manque de sang ! Ca allait arriver ! Ca allait forcément arriver !

"Tu me connais, Deep Blue. Je suis peut-être un sale con réfractaire et totalement braqué, mais au fond... En la voyant comme ça, repliée sur elle-même... Je serais prêt à tout, pour elle."

"C'est bien, mon gars. Les traumatisés ont besoin d'une balise. Je ne peux pas m'occuper de tout le monde. Ce sont les proches qui doivent le faire. Et t'es son seul proche. Continue comme ça, tu me rends fier, gamin !"

"Tu nous rends tous fiers, Phyro !"

"Tu y'arriveras pas tout seul, Phyro. Mais tu feras une immense majorité du travail. Si je peux me permettre un conseil, et je parle d'expérience... Accompagnez-la. Ne la surprotégez pas. Il n'y a rien a tirer d'un affrontement qui n'a pas lieu. Elle DOIT affronter ses peurs. Pas les éviter."

Quatrième passage. Il avait serpenté le long du dos, en refermant les blessures les unes après les autres.

C'était moins douloureux, ce coup-ci. C'était fini. C'était enfin fini. Elle sentit sa-

"Morg' ? Morg' ? Tu m'entends ? Tu m'entends ! Regarde-moi. Je suis là. Tu es dans le mess des Gardiens, pas où tu penses te situer. Tu es sur Terre, pas ailleurs. Je suis Phyro. Regarde-moi. "Continue gamin, y'a des résultats !" Essaie de bouger ta main. Essaie de prendre la mienne."

L'appendice mentionné se tendit instinctivement vers la main qu'elle sentit entre ses doigts.. C'était pas fini ! C'était-

Si. C'était fini. Les images cessèrent. Le souvenir partit. Elle sentait juste une main dans la sienne.

"Hippocrate... Elle me broie la main..." "Ta gueule et continue ! T'es un Gardien, pas un enfant !" "Ahem. Morg'. Tout va bien. Concentre-toi sur ma main. Concentre-toi sur ma voix. C'est ton anniversaire, aujourd'hui. Tout va bien. T'es en sécurité..."

En ouvrant les yeux, elle avait vu Deep Blue, fasciné par la scène, qui avait déclaré, sereinement :

"C'est fascinant ! Vous semblez le considérer comme un parent, pour vous ! Vous avez de la chance, qu'il soit là, Morgana. Prenez bien soin de lui. Il va prendre grand soin de vous."

Ils avaient remplacée la bougie par un marquage à la crème pâtissière. Ils n'avaient jamais plus osés remettre une bougie. Phyro avait demandé, quand il avait vu un flottement et qu'elle était partie ruminer dans son coin :

"Tu veux peut-être en parler ?"

"Non."

"Tu peux pas tout garder pour toi toute seule. Un jour, tu vas devoir en parler, ou ces crises finiront par parler pour toi. J'ai vraiment eu peur. J'ai pas envie d'avoir uniquement des moments comme ça, pour comprendre ce qui te hante."

"Non. Un jour, peut-être. Mais pour le moment, non."

"T'as tout ton temps."

Ca avait été une merveilleuse fête, ensuite.

Pâques.

"Alors dans cette fête, on chasse..."

"COOL ! Je vais chercher mon matériel !"

"...des oeufs en chocolats dans le jardin."

"Bôôôh... C'est tout moisi, je les sens sur toute la zone !"

"...ouais mais la vraie chasse, c'est de Septembre à Février !"

Mardi gras.

"On mange des crêpes."

"Et sinon ?"

"Y'a un carnaval. Les gens se déguisent."

"COOL !"

La Saint-Valentin.

"Les gens me filent la nausée, et je me rappelle que je n'ose même plus me servir de ma main droite à cause de notre boulot."

"...je comprends pas ?"

"Tu fais bien. Tu fais bien."

Halloween.

"On fête nos peurs."

"C'est totalement con, comme fête !"

"...ouais, c'est mon avis. J'ai pas besoin de m'inventer des peurs, moi."

"Fête de victimes, ce truc !"

La Saint-Morgane.

"Bonne fête !"

"...hein ? Et ?"

"Tout ceux qui se font royalement chier vont venir te le dire. Bonne chance !"

Noël.

"On fête la naissance d'une figure religieuse et on s'aime les un les autres."

"Comme la Saint-Valentin ?"

"Nan, là on offre quelque-chose aux gens qu'on aime vraiment."

Elle n'avait jamais vraiment compris le concept, mais ça consistait à offrir un cadeau aux gens qu'on aimait.

Ce Noël, elle avait décidé d'essayer la tradition. Ils étaient partis fêter Noël chez elle. Il avait préparé, à défaut d'un plat de la fête, un pörkölt gigantesque. Apparemment, Noël se fêtait en famille. Lui n'était pas avec la sienne. Il en parlait assez rarement, et n'avait pas l'air de les garder dans son coeur. Les autres Gardiens, eux, étaient ailleurs. Elle avait essayé de décorer l'endroit pour l'occasion.

Stupide sapin...

"Il est très réussi !"

Il avait absorbé tout les poils, avait relâché une marée d'aiguilles par terre et la moitié des décorations avaient été un calvaire à placer. Mais passons...

Après-tout, il avait peut-être raison. Il était peut-être réussi.

Elle n'avait pas grand-chose. Il fallait quelque-chose de personnel, pour son cadeau. Finalement...

"Dis, Phyro ?"

"Mh ? Je t'ai déjà raconté ce que je pensais de Noël ?"

"Nan, plus tard. C'est bien la tradition d'offrir quelque-chose ici, ja ?"

"...ouais. J'me rappelle plus la dernière fois qu'on m'a off-"

Il s'était arrêté instantanément en voyant un truc emballé dans de la paille tressée se faire offrir par une amie souriante. Ses yeux s'étaient posés sur son visage, le cadeau, son visage, sa queue, de nouveau son visage, et sa bouche était resté figé sur l'expression qu'il avait lors de sa phrase. Elle se rappelait très bien ce moment. Elle l'avait vu authentiquement sourire pour la première fois de sa vie.

Sourire aux larmes.

Son sourire était toujours ridicule. Il avait une tête franchement drôle quand il souriait.

Elle explosa de rire. Il avait confessé, pendant qu'elle rigolait :

"C'est- C'est le premier cadeau qu'on m'offre depuis plus de 10 ans ! Je m'étais trompé ! Noël est une merveilleuse fête !"

Il avait examiné le couteau avec lame en bronze et manche en cuir renforcé. Il l'avait examiné dans tous les sens, avant de re-demander, semblant certain qu'elle lui jouait un tour :

"C'est- C'est à toi ? C'est vraiment à toi, j'veux dire ? Pourquoi tu me le donnes ?"

La réponse était évidente, enfin ! Elle dût le préciser quand-même :

"Ah, tu m'en as fait un aussi beau, quand tu m'a offert un nom ! J'ai plus besoin de ce couteau, maintenant ! J'ai autre chose pour m'identifier, désormais ! Autre-chose que mon marquage !"

La scène qui suivit n'était pas extraordinaire, mais témoignait de ce que les humains appelaient "La magie de Noël".

"Je... Je sais pas quoi dire... Je suis touché... Vraiment..."

"Dis rien, alors. Profite du moment !"

Au loin, le feu d'artifice, lancé depuis le parc d'en face, reflétait ses lumières dans la pièce. Sa tête souriante virait de toutes les couleurs. Il semblait encore plus distrait que d'habitude, mais essayait désespérément de se rappeler à l'ordre pour profiter de ce moment. Comme si il essayait d'arrêter le temps.

Désormais, à chaque Noël, ici, ou ailleurs, Phyro essayait de revivre ce moment. Parfois, avec succès. Parfois, sans succès, mais il avait essayé.

Il était toujours incroyablement joyeux à Noël.

Sauf quand quelqu'un essayait activement, consciemment ou non, de ruiner son Noël. Généralement lors d'une attaque ou d'une tentative d'assassinat, ou, bêtement, une bombe.

Il passait d'état de choc surpuissant à sanglots pour enfin finir sur une effroyable surcharge de colère et un tout aussi abominable massacre, désormais transformé en monstruosité titanesque avoisinant les trois mètres de haut. Il ne faisait pas bon ruiner son Noël.

Sur l'exemple actuel, vous pourrez observer un Phyro soulevant une clio pour l'envoyer dans la gueule du type ayant tenté d'encastrer la dite-clio dans l'appartement devant chez lui.

Figure 1 : Phyro, armant d'une main le jet de la clio sur le gars ayant oublié toute tentative d'héroïsme et de martyr, courant désormais pour la vie qu'il était prêt à sacrifier 30 secondes plus tôt.

"JE DEMANDE UNE SEMAINE PAR AN QUE VOUS N'ÊTES PAS CAPABLE DE RESPECTER POUR VOTRE BIEN ! VENEZ-LA, ORDURES ! JE VOUS SOULÈVE, MOI ! ELLES SONT PASSÉS OU, TES COUILLES ?"

Figure 2 : Morgana tentant de tirer la jambe du bordel tout en essayant de trouver un argument pour le calmer. De toutes façons, le gars était déjà fiché. Elle allait le démonter dans une allée sombre après l'y avoir amené dans un sac de transport. Plus tard.

"UN NULL ! PRENDS UN NULL ! PENSE AU HOMARD QUI T'ATTEND, A LA MAISON ! PENSE AU RADIATEUR DE L'APPART' ! PENSE A... AOUUF ! Ma tête, putain de stupide tas de testostérone..."

Figure 3 : Son obsession actuelle, le propriétaire de la clio, esquivant son véhicule venant d'apprendre à voler.

...qui n'avait pas grand-chose à dire.

Figure 4 : Phyro, calmé, finissant par reprendre ses esprits quand quelque-chose d'autre finissait par capter son attention, aussi soudainement qu'il avait embrayé.

"Oh merde. Merde ! Morg' ! J'suis désolé ! J'suis désolé ! C'était pas le Noël que je voulais !"

"Ta gueule et répare-moi le nez, ducon..."

Elle était systématiquement paniquée, quand il surchargeait rouge. C'était sa surcharge la moins hallucinatoire, mais la plus physique. Des fois, souvent, même, les gens proches embrayaient avec lui, quand il restait trop longtemps dans cet état. Elle qui pouvait soulever n'importe quelle peau-rose ou yeux-blancs d'une main galérait à pacifier le Gardien qui pouvait désormais la dégager d'une micro-pichenette sans même s'en rendre compte tandis qu'il pourchassait désormais sa nouvelle obsession.

Des fois, elle y arrivait. Des fois, elle se retrouvait au sol.

Et, éternellement, il finissait par s'excuser de tout son coeur et de toutes ses forces pendant trois heures quand il finissait par revenir à lui. C'était épuisant...

Noël était, heureusement, un cas a part...

Il était déjà assez dur à gérer comme ça, elle n'avait vraiment pas besoin que son Noël soit ruiné...
Quelque-chose ne va pas ? jvhap

Notaproblem

Nov 02, 2018, 03:19 pm #140 Dernière édition: Nov 26, 2018, 02:53 am par Notaproblem
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Des aventures. Des histoires. La crainte de tout perdre du jour au lendemain. Un jour, les fantômes allaient perdre patience et arriver pour de vrai. En attendant, elle devait les rendre aveugles. Qu'aucun ne communique la situation sur Terre. La lutte incessante. L'inconscience de Phyro. Un empire contre 60 humains, elle, et des Seekers. Et, par dessus tout, le fait de devoir s'occuper de Phyro presque constamment. Son déficit d'attention constant. Son âge mental qui montait et baissait selon sa condition latente et les gens autour de lui. Ses surcharges. Ces moments effrayants ou il devenait hors de tout contrôle, relâchant toujours plus de phénomènes irrationnels. Des cauchemars vivants, des musiques venues de nulle-part, des crises de joie collectives, des émeutes gigantesques, des changements d'apparence impossibles, des suicides spontanés. Son illogisme imprévisible qui frappait presque deux fois par jour, qu'elle devait déchiffrer et contrer. Un pur travail de cryptographe. Impossible. Mais elle avait l'aide d'un allié qu'elle n'aurait jamais pu deviner :

"Dénomination : A 1-15-128. Nom fréquemment utilisé : A-1. Utilité actuelle : Survie de la planète. Anecdotes sociales : Amitié envers les Gardiens. Posture quant à A 52-04-8 : Amicale. Raison : Dicton organique : Les ennemis de mes ennemis sont mes amis."

Les Seekers ! Le stoïcisme avéré. Leur contact avait été perdu, il y a longtemps, sur cette planète même ! Elle n'avait jamais réalisé !

C'était une bonne nouvelle. Des réels insectes maîtres en biologie, mais s'étant supprimés les chromosomes Y pour survivre face aux Pariah. Désormais passionnés de biologie. Se reproduisaient grâce à de l'eugénisme avéré. Contrepartie : Une personnalité totalement absente. Leur séjour sur Terre semblait leur en avoir donné un fond, cependant !

La vie suivait son cours. Les deux tenaient Phyro plus ou moins dans la bonne direction. L'aide du semi-cloporte surdimensionné était la bienvenue...

"Tu sais, je me disais un truc, là, tout à coup. J'étais en train de jouer à Freelancer et- Enfin, j'ai calculé quelque-chose, en réalité, et j'pense que- En plus ça va vexer Ozgär ! Enfin bref voila : Pariah !"

Elle avait répondu :

"S'teuplé Phyro, j'ai déjà du mal à te suivre, t'excite pas autant !"

"Ah ! Oui ! Oui ! Ouiouiouiouioui ! ...ils sont sans alliés, probablement ?"

Quoi ? Les fantômes blancs, sans doute.

"Ja, je te suis ?"

"Ils ont besoin d'un corps pour vivre convenablement, comme une addiction, et ils sont affiliés aux réseaux criminels qu'on tabasse, comme des marionnettistes, hein ?"

"...ouais ?"

"Et ils veulent niquer la galaxie parce-qu'ils ont un truc à compenser ?"

"Carrément, ouais !"

"Pariah ! Avec un "H", parce que leur langue de merde semble aimer les "H" et les "A" inutiles !"

Pariah ? Oh. Paria. Pariah. C'était compliqué. Elle comprenait pas bien Freelancer, mais elle avait compris le principal. Phyro voulait juste être un gamin. Et les faire chier grâce à tout ce qui lui tombait sous la main, tel un gamin.

L'idée était séduisante. Ca la faisait rire. Sa tête, souriant comme si il avait trouvé un compromis entre la meilleur farce de l'univers et le meilleur dessert du buffet la faisait rire aussi. Il était ridicule quand il souriait. Son sourire, chose peu souvent appliquée chez lui, prenait ses yeux de court et les repliaient a moitié, lui donnait une tête de hamster.

"Va pour "Pariah" alors ! J'aime ce nom, on va leur en faire bouffer !"

Ozgär allait péter un câble, grâce au poids des mots ! C'était la meilleure journée de toute sa vie !

Et ça, c'était les efforts du Gardien. Pas grand-chose. Juste "Se rappeler du jour de son arrivée sur Terre pour le fêter, tel un anniversaire.", ou "Essayer de la regarder dans les yeux plus de cinq secondes". Ou "Suivre sa discussion". Ou dire "Ca me fait plaisir d'être là !". Ce genre de choses triviales pour elle, impossibles pour lui. Qu'il arrivait à peu près à tenir. Ces déceptions quand, par exemple, il ratait son anniversaire. Ce sentiment de gratitude quand il se pliait en huit pour réussir à rattraper le tout avec toute l'imagination débordante dont "L'ambassadeur de l'Outremonde" pouvait faire preuve.

Et ses efforts à elle pour ne jamais perdre patience quand il tournait en rond stupidement, et ses stratagèmes pour l'empêcher d'aller blesser des innocents sans faire exprès. Pourquoi s'en occupait-elle, des innocents, d'ailleurs ? Une part en elle semblait toujours vouloir croire à quelque-chose de radieux, dans ce monde.

"Dis, Morg' ? Tu vois ce marmot, au fond, dans sa poussette ?"

"La cible, Phyro. La cible..."

"Nan mais je viens de me rappeler d'un truc intéressant, sur les moeurs contemporains."

"...ok, vas-y. Je surveille le moineau. Il quittera probablement pas sa table avant un moment."

"Ben tu vois, à une époque, l'humanité venait de découvrir la pasteurisation. Les gens étaient fous, et tentaient de systématiquement tout pasteuriser. Les instruments médicaux, les assiettes, les couverts, la vaisselle, les poignées de portes, et, le sujet est là..."

Elle avait ressenti quelque-chose, à l'idée de voir des instruments médicaux se faire plonger dans de l'eau chaude. Le pire était encore à venir, car, inconsciemment, lancé dans sa rêverie, Phyro avait cité :

"...les biberons. A une époque les gens voulaient tellement tout pasteuriser qu'ils pasteurisaient également le lait. Yup, le truc composé d'une flore bactérienne super importante et qui fait son principal avantage. Alors le concept était de je cite "Chauffer le lait à température de l'eau du bain". Et des milliers de familles faisaient cette connerie. T'imagines, toi ?"

L'eau.

Chauffée à température de 37 degrés au mieux. Plus si on voulait de l'eau chaude. Ca devait brûler. Ca devait avoir un goût savonneux. Ca-

Une immense douleur au niveau de la tête et un choc à la poitrine la rappela à l'ordre. Le choc lui fit ouvrir les yeux, avant de les refermer aussi tôt. Elle comprit : Pour la réveiller, il lui avait plongée la tête dans la bassine d'eau brûlante, désormais remplie de savon. La douleur soudaine et clairement imprévue lui arracha un nouvel hurlement, permettant à un flot de pur supplice liquide d'envahir sa gorge tandis qu'elle essayait de reprendre sa respiration par réflexe. Ce qui la fit boire une sale tasse. L'eau était insupportable. Avait un goût horrible. Semblait mousser. Elle allait se noyer ! Il allait la noyer !

C'était long. Ca durait depuis trop longtemps. Elle sentit sa tête se faire retirer d'un coup sec, avant de se sentir projetée quelque-part.

Ozgär, semblant satisfait, déclara aux deux acolytes :

"Hé ? Morg' ? Ca va ? Morg' ? Merde ! Merdemerdemerde ! J'suis désolé ! Réveille-toi ! Qu'est-ce qui se passe ?"

La sensation de brûlure et de noyade combinée était horrible. Elle faisait de son maximum pour faire le moins de bruit possible en toussant. Le choc contre une surface dure la fit recracher le restant d'eau qu'elle avait avalée de travers. Ses bottes, qui recommençaient à se remplir, se re-vidèrent une nouvelle fois. Ca ressemblait à son lit. Ca avait la forme de son lit. Un spot lumineux passant à travers ses paupières fermées lui rappela que c'était une table d'opération. C'était pas fini... Elle allait réellement y passer. Son dos la lançait. Son coeur explosait. Sa tête tournait. Sa respiration commençait à devenir difficile. Une nouvelle fois, quelque-chose coulait le long de ses jambes. Elle allait y passer. Pitié, ça devait finir...

Le Conspirator n'était pas de cet avis, et entamait déjà :

"Morg' ? Réveille toi ! T'es en train de partir ! Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Putain qu'est-ce que j'ai fait ? J'suis désolé ! Regarde-moi ! T'es sur un toit, sur Terre ! Pas dans une chambre Pariah ! Reviens-moi ! Tu me fais peur !"

La serviette- Non, c'était une paire de mains qui venait d'entourer la sienne. Ce n'était pas une serviette. Elle ouvrit les yeux. Ils ne piquaient pas. Ils ne brûlaient pas. Ils montraient juste la tête d'un humain vert de panique et de regrets, en train de la dévisager. Puis il avait remarqué quelque-chose au niveau de ses jambes. Puis, essayant d'additionner 2 plus 2, il la regardait de nouveau. Elle regarda sa main. Elle était en train de plier le bras cybernétique du Gardien, qui semblait ne rien en avoir a foutre. Sa tête était décomposé. Il était réellement dépassé par les événements. Elle avait dit :

"...je comprends pas comment des parents peuvent faire ça a leur enfant. Je ne le souhaite même pas à moi-même..."

Il avait juste répondu, tremblant comme elle :

"Je suis désolé, je ne pouvais pas me douter que t'allais aussi mal le prendre, tu m'as jamais rien dit, je pouvais pas savoir..."

Il n'avait réellement pas fait le rapprochement... Si seulement il le faisait exprès... Il n'avait pas non plus cherché à fouiller sa mémoire. Il faisait tout son possible, au quotidien, pour ne SURTOUT pas fouiller sa mémoire. Elle lui en était reconnaissante. Certains n'aiment pas voir leur âme sondée. C'est plutôt troublant.

Plutôt invasif.

Il avait passé le reste de l'opération à s'excuser et essayer de se faire pardonner, ce qu'elle n'avait pas osé faire. C'était gentil de sa part, mais maladroit et envahissant. Il s'en voulait terriblement. Il allait devoir expliquer ça au QG. Elle s'en voulait, d'être aussi inutile.

Non, elle n'était pas inutile. Sans elle, il serait dans un bien plus piteux état que ça. C'était peut-être le moment de lui rendre la pareille.

"...Phyro ?"

Il regrettait vraiment son manque de chance :

"J'suis désolé, je te le jure !"

Elle était presque persuadée que c'était toujours une connerie, de lui dire. Presque. Mais, après-tout... Il subissait déjà tellement ses crises, elle lui devait bien ça :

"...voila ce qu'il s'est passé, ce jour-là..."

Il avait écouté. Il n'avait rien demandé. Il n'avait pas posé une seule question, à part "Comment t'as fait pour tenir jusque-là ?"

Elle n'en savait pas grand-chose. Et lui était encore plus inquiet. Mais, d'une certaine manière, ça lui avait fait du bien. Le temps que l'histoire avait duré. Elle avait due s'y reprendre à deux fois sur certains passages. En avait édulcoré certains, incapable de les décrire. Avait finie par fondre en larmes, pour la première fois de son arrivée sur Terre.

Mais elle avait l'impression qu'il la comprenait. Il DEVAIT la comprendre. Elle ne pouvait pas rester toute seule, comme ça...

Au loin, un type, assis à sa table de bar, attendant son contact pariah, buvait son café. Sans savoir ce qui allait arriver.

Il s'en voulait toujours terriblement quand il se rendait compte qu'il avait blessé un type qui n'avait rien demandé. Plus spécifiquement, il s'en voulait beaucoup plus quand c'était elle qui était blessée. C'était toujours une tâche ardue, de le calmer.

Quand les choses merdaient, en opération, elle l'entendait dire, en essayant de ressusciter ou de soigner maladroitement la victime, systématiquement paniquée et haineuse :

"Ca aurait pu être moi !"

Il faisait vraiment un maximum d'efforts pour essayer d'aider les gens. Une fois, même, elle s'était réveillée dans son appartement en panique.

Un cauchemar.

Toujours le même type de cauchemar. Les salles, les visages, les outils. Elle allait finir par mourir, dans ses rêves. Ca la tuerait en vrai.

Elle luttait pour tenir une respiration stable. Elle se sentait convulser sur la table. Son coeur ne tenait plus du tout le choc. Son esprit ne tenait plus non plus. Son corps entier lui indiquait qu'elle ne survivrait pas. Cette pensée la terrorisait encore plus. Sa terreur emballait son souffle. Pas assez d'air. Trop d'air. Pas assez d'air. Trop d'air. Trop mal. Mal au dos. Pas assez de stabilité pour pleurer. Manque d'air. Ne doit pas parler. Trop d'air. Coeur trop rapide. Doit pleurer. Pas de respiration pour ça. Ne doit pas bouger. Mal au ventre. Doit enclencher les nerfs. Terrifiée. Ne pas faire de bruit. Doit survivre. Doit répondre à Kizha. Doit sortir de ce cauchemar. C'était un cauchemar ! UN PUR CAUCHEMAR !

"UN- UN... Un... Je... Merde..."

Même réveillée, elle était toujours victime des effets de son rêve. Son coeur implosait dans ses oreilles. Son lit était trempé. Sa respiration galérait. Moins longtemps. Elle était toujours sûre, quand elle ressortait d'un cauchemar, qu'il y avait quelqu'un dans l'appartement. Son arme était toujours sur sa table de nuit. Les murs avaient des oreilles. La porte ne grinçait pas par hasard. Quelqu'un était à la fenêtre. ILS étaient là, et s'étaient forcément cachés lors de son réveil. C'était évi-

Elle entendit frapper à la porte. C'était eux ? Ou, une partie plus rationnelle d'elle lui rappela, c'était les voisins ? Encore ? Ils n'en pouvaient plus, de ses crises.

Non, en s'approchant, arme au poing, elle comprit que c'était Phyro. Il avait fait le trajet de la base des Gardiens jusqu'ici. Il y avait bien les voisins, derrière. Il était en train de discuter avec eux.

"Je suis venu aussi vite que j'ai pu, les gars. Vous devez comprendre. Je vous suis redevable de m'avoir appelé plutôt que les flics ou d'avoir engagé une procédure. Ca compte beaucoup, pour moi."

La réaction des voisins étaient compréhensible :

"On voudrait dormir. Une nuit sur trois, y'a des hurlements ! On dirait que quelqu'un se fait assassiner ! On veut bien comprendre la situation et tout ça, mais pour notre vie à nous, c'est plus supportable, monsieur !"

"Ah, comme je vous comprends... Mais dites-vous que si ça ne l'est plus pour vous, qu'est-ce que ça doit être pour-"

Elle avait ouvert la porte pour couper court à toute manoeuvre pouvant induire de la pitié envers elle. Elle n'avait pas besoin de pitié.

"Phyro, je suis contente que tu sois venue. Je suis désolée, messieurs. Je vous promets de faire des efforts."

"...commencez déjà par vous habiller, avant d'ouvrir ! Et lâchez votre flingue, tarée !"

Merde, elle était encore à moitié dans son rêve, ça paraissant tellement normal de ne pas avoir mis de vêtements... L'épouse du type qui l'avait invectivée, une petite vielle qui avait pour hobby de noter les allées et venues des gens, l'avait rattrapée d'un :

"Sois courtois, quand-mêêême ! Regarde comment elle est rouuuge ! C'est graaave, ce qu'elle a !"

Non, c'était pas si grave. Elle avait vécue avec tout ce temps. La petite vielle avait insisté :

"Il est toujours comme çaaa, quand il est fatiguééé. Excusez-le..."

Phyro avait continué, impassible :

"Écoutez donc votre femme, vous. Le ravagé du binôme, c'est clairement moi au quotidien. Pas elle dans ses crises d'angoisse. Morg', viens, on va discuter. Je vais te faire un truc à manger. C'est fini. T'es réveillée. Tout est terminé."

C'est vrai. Il le savait beaucoup trop, désormais. Tout autant "Loose cannon" qu'il était, même lui avait réussi à s'en rendre compte.

Elle oubliait souvent de manger. Il arrivait à Phyro qu'il devienne atterré rien qu'en la voyant, au début. Désormais, deux repas sur trois qu'elle prenait étaient cuisiné par lui.

Ses voisins essayaient d'être agréable avec elle, en réalité. Vu l'immeuble où elle se trouvait, la grande majorité des adultes étaient compréhensifs du monde réel. Ils semblaient aussi, plus ou moins, comprendre à peu près ses crises d'angoisse. Ils évitaient les gestes brusques. Pas les enfants. Eux ne comprenaient pas. Ou à leur manière. Elle aimait bien les voir tourner en dérision ses terreurs nocturnes, en vérité. Ca lui rappelait quand elle tournait en dérision la mort de ses proies.

Phyro avait aidé. Il avait beaucoup discuté avec son voisinage. Il les avait prévenus de ce qui risquait d'arriver, quand elle emménagerait. Il avait tout installé, tout prévu, tout planifié pour que ça se passe au mieux. Et pourtant, la Terre entière savait qu'il n'était pas à l'aise, avec les administrations...

Et, pour le remercier, elle était toujours partante pour aider son bloc d'appartement. Et eux, réciproquement, la remerciait en ne la malmenant pas trop, lors de ses nuits agitées. Et pour l'aider dans ses papiers. Y'avait vraiment trop de papiers, sur Terre. Et autant elle que lui étaient deux incapables dans ce domaine.

Et, cette soirée, encore, il était venu sur les coups de deux heures du matin pour discuter en détail de son rêve avec elle. Elle avait besoin de dire son rêve. C'était important, pour s'en débarrasser. Ca se finissait généralement avec une table à nettoyer, quand elle finissait par fondre en larmes à l'idée que ses rêves ne s'en iraient jamais. Généralement, c'était quand il disait :

"Un jour, t'arriveras à surpasser ta peur. Je ne peux pas te protéger de quelque-chose en toi, mais tant que c'est uniquement un souvenir... Je peux t'aider à la vaincre. Ca se voit, dans tes yeux."

"...regarde pas trop près, alors..."

Il ne savait pas réellement comment réagir, en réalité. Mais il était là. C'était ce qui comptait. Juste une épaule sur laquelle pleurer. Quelqu'un qui comprenne un peu mieux que la moyenne.

Mais au fond, il essayait toujours de faire au mieux. Très maladroitement, et systématiquement de manière socialement inadaptée, mais il essayait toujours. Pour le comprendre, en réalité... Il fallait juste oublier la notion même de logique.

Comme cette fois, où il l'avait emmenée faire une projection astrale, et avait décidé de l'emmener vivre le temps d'une journée la vie dans le corps d'une buse. Ce sentiment en cherchant un lapin sur lequel fondre. C'était... Calme. Étrange, mais calme.

Ca lui rappelait le bon vieux temps chez elle.

Mais pas aussi étrange que la fois où il lui avait proposé "Ca te dit on change de corps pendant une journée ? J'me suis toujours demandé comment tu faisais au quotidien !"

...être à la place de Phyro, sans ses problèmes, c'était rigolo, mais à un point ! Parfois, ne plus être responsable de rien faisait du bien ! Mais, franchement...

"Comment vous faites pour courir sans vous planter ? J'commence à être admirative, moi, de vous voir réussir autant d'exploits physiques avec aussi peu de matériel ! J'arrive à peine à soulever quelque-chose sans me faire surprendre par combien il pèse !"

C'était bizarre, de changer de voix. Celle du Gardien n'était pas faite pour son accent, et sa gorge l'irritait lors des syllabes hautes. C'était encore plus étrange de se voir elle-même répondre :

"Tu parles ! Moi j'arrête pas de casser tout ce que j'essaie de prendre, et j'arrête pas de me coincer ta putain de queue dans tout ce qui traîne ! A chaque fois que je pense quelque-chose, elle casse un truc !"

Oh merde, il était tellement pataud avec son corps... Le seul truc qui passait pour décent était ses yeux. Elle avait vraiment des yeux comme ça ? Mais pour le reste... Il se tenait avachi, comme brisé sous son propre poids, était encore plus mal à l'aise que d'habitude, gâchait sa voix claironnante dans le plus pur style cynique du Gardien et sa queue ne savait pas où se placer.

Oh, oui ! La queue. Y'avait un truc, chez les siens...

"...Phyro ?"

"Quo-HAAAAAA-A-A-A !"

Il venait de se contracter, dos en arrière, en crispant ses bras. Sa tête, serrant les dents et avec les yeux exorbités, accusait le coup. En se regardant de plus près, elle avait de magnifiques yeux...

Le rebroussement. Immonde jeu que les enfants et certains adultes chez les siens, pour faire chier, réalisaient. Le concept était simple : La queue des siens était utilisée pour capter le mouvement de l'air et s'orienter sur la direction de course à prendre, permettant de littéralement sentir la vitesse. La manoeuvre du rebroussement consistait à prendre la queue de sa victime et de remonter tout le long rapidement en passant tout juste sa paume sur la fin du pelage. Le résultat, si bien réalisé, était un immense frisson partant du bas du dos, et remontant tout le long de la colonne vertébrale jusqu'à la gorge et prenant jusque dans les épaules, ainsi qu'une impression de motion sickness.

Il avait sobrement réagi :

"On a un truc similaire, chez les humains..."

Qu'est-ce qui avait pu causer, dans l'évolution des humains, autant d'erreurs ? Ces connards étaient sensibles aux jointures. Et, de ce fait, des passages rapides et très fréquents provoquaient d'abord un retrait réflexe, puis ensuite une crise de rire. C'était horrible.

Tentant de se dégager, elle comprit à quel point, dans la peau du Gardien, elle lui semblait surpuissante. En plus de la prise a broyer les os qu'il exerçait sans trop s'en rendre compte, et de sa difficulté à bouger a cause des "chatouilles", il lui semblait beaucoup trop lourd. Beaucoup trop dense. Elle avait l'impression d'être avec un prédateur qui l'aurait broyée d'une seconde à l'autre.

Elle réfléchissait à un plan pour se tirer de là. Alors qu'elle s'attendait à galérer pour devoir trouver une idée, le cerveau de l'humain parvint, avant même qu'elle ait commencé à y penser, à trouver un plan en un temps qu'elle n'avait jamais atteint jusqu'à présent. Surprise elle-même de sa toute nouvelle et temporaire capacité de réflexion, elle entreprit de glisser sa main dans le dos du "prédateur" et entreprit de gratouiller son marquage. Le résultat fût instantané, et, pendant qu'il accusait le coup dans un nouvelle protestation tout en mettant la main dans son dos pour chasser la sensation qui irradiait dans tout le haut de son dos, elle en profita pour se dégager, en raillant :

"Ca fait 2 à 1 ! Je suis toujours devant !"

...mais se fit vite rattraper au score quand il appuya sur la jointure entre son épaule et son bras mécanique, faisant tomber la prothèse, et la déséquilibrant à cause du poids perdu. Pendant qu'elle essayait de composer avec la sensation persistante du membre fantôme, il en profita pour ramasser la partie en métal et continuer le petit jeu :

"2 à 2, gros ! Je comprends pas, j'ai mis dix ans à y penser..."

"Hé, c'est pas du jeu ! Rends-la moi !"

"Bah, dans le principe, elle est à moi, hein ? Viens la chercher !"

Il avait un grand sourire, mais il oubliait un détail important :

"Phyro, sans rigoler, j'ai aucune chance de l'attraper ! T'est bien trop rapide, dans ce corps !"

Pendant que son regard distrait partait à la recherche de souvenirs sur ce fait, il tentait de la rassurer :

"Oh, pas tant que ça... J'suis sûr que-"

La distraction avait marché. Elle avait sauté (enfin, sauter...) sur le Gardien et l'avait pris de vitesse, quand-bien même il avait l'avantage du physique, et avait réussi à s'accrocher à la pièce, uniquement pour constater qu'elle n'avait aucune chance de libérer la prothèse de sa poigne. Celui-ci remarqua le tout, et se résigna, sympathiquement :

"Bon, j'vais te la laisser ! De toutes façons, je vais probablement pas gagner, à la longue. T'es déjà un challenge à surpasser mentalement, mais là j'ai vraiment l'impression que je peux juste rien y faire !"

"J'me disais la même chose. T'es bien trop robuste là-dedans pour que j'aies la moindre chance, au final !"

Elle avait jamais compris à quel point elle était capable d'être brute, quand elle déconnait avec lui. Elle avait des efforts à faire, sur ce point. Mais tout n'était pas noir : au moins, les deux avaient désormais un moyen de pression sur l'autre.

Puis ils avaient été testés tout un tas de trucs ensemble pour continuer à comparer.

Ah ouais. Ouais ouais ouais. Elle comprenait beaucoup mieux pourquoi les humains étaient suradaptatifs. La nature les avait vraiment pas gâtés. Ils ne couraient pas vite, ne sautaient pas loin, n'étaient pas maniables, n'entendaient pas si bien qu'elle ne l'aurait crue, en réalité. Elle entendait juste un peu moins bien qu'eux, qui entendaient plus nettement. Et, grave erreur, ils ne sentaient pas loin, et étaient incapable de sentir moins subtil que le gaz. Les maladies, par exemple. Les montées chimiques. C'était peut-être pour ça que leurs cerveaux compensaient le manque d'informations.

Ils avaient juste une vision respectable, et différente. Une perception des couleurs moins brusque et plus homogène, causant une vision moins fatigante, mais beaucoup moins efficace, un toucher incroyablement fade, mais un cerveau hyperactif. Elle se surprenait à se rappeler de moments dont elle n'avait prêté attention qu'une seconde, et se rappelait de détails dont elle n'avait pas prêté attention sans forcer.

Ouais, tout était en oeuvre pour faire d'eux des rois de l'improvisation. C'était peut-être ce qui allait les sauver, d'ailleurs.

Il a mis un an à régler tous les problèmes et les dépôts de plainte contre lui, mais jamais il n'a émis de regrets sur cette idée. En conséquence, elle s'était réveillée avec une gueule de bois mémorable, car lui en avait profité pour voir ce que ça faisait d'être bourré dans un corps normal. Peu importe l'état dans lequel il était, il se démerdait toujours pour surpasser son état et tenter de la remonter, quand elle commençait a désespérer. Sans lui, elle serait devenue mélancolique au bout de deux mois, sur Terre. Avec lui, elle était juste stressée.
Quelque-chose ne va pas ? jvhap

Notaproblem

Nov 02, 2018, 03:20 pm #141 Dernière édition: Nov 26, 2018, 03:43 am par Notaproblem
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Les raids et attaques de planques pariah. Elle était habituée à voir des cellules et actes de torture et viol collectifs, voire carrément interrompre des Marines dans l'exercice de leur créativité dans la plus grande des indifférences, et ce depuis bien plus longtemps que son arrivée sur Terre. Phyro, par contre, enrageait systématiquement à ce genre de vision. Ce qui n'était pas forcément mieux pour les malheureuses doubles-victimes. Une des pariahs, l'autre du massacre sans retenue de Phyro lui-même. Des deux, c'est lui qui se chargeait de mettre fin au gros de l'opposition, et elle se chargeait de finir les hostiles isolés et calmer les victimes.

Des salles froides qu'elle vidait de ses occupants. Un nombre incalculable de rapports à remplir dans les moindres détails. L'état général des lieux, la vidéo de la caméra embarquée, les blessures subies, les blessures subies par les prisonniers ou prisonnières, leur état mental. Leurs réactions. Quand ils les remerciaient, quand ils les engueulaient, quand ils étaient hagards, quand ils n'étaient plus mentalement là, quand ils agonisaient, quand ils étaient déjà morts. les observations objectives, le matériel confisqué, les matricules des pariahs, le temps de l'opération, les observations des projets associés, les informations récupérées sur les bases de données ou déduites des circonstances. Un matricule correspondant. Une feuille avec un nom. Une phrase de trop. Tout noter. Revérifier les scènes. Les entrées. Les préparations. Les bruits d'arrière-fond. Revivre les moments horrifiants, via vidéo. Justifier les réactions du moment. Encore. Et encore. Et encore.

Les briefings.

C'était long, c'était chiant, c'était formel tout ça pour expliquer "Vous avez carte blanche, on sait pas ce qu'il y a la bas, démerdez-vous !" ou "Ce sont les Seekers qui ont remonté la trace en analysant les souvenirs d'un mort."

Y'avait deux écoles, sur les propositions d'intervention.

L'école classique...

"On pourrait y aller en se posant sur le toit d'en face, voir les horaires d'entrée et de sortie, poster des micros et des caméras pendant les temps morts et finir par les cueillir quand on sait ce qui nous attend ! Avec un peu de chance, on aura encore plus de travail en ressortant !"

"On encercle le bâtiment et on leur demande de se rendre, puis on fait rentrer un binôme par une fenêtre tandis qu'on enfume le bâtiment ?"

"On flashe et on les défonce ! Nos boucliers tiendront, de toutes manières !"

...et l'école Phyro.

"On pourrait choper un type, lui caler une marionnette, lui faire faire un tour, et à la fin le surcharger d'une bombe psychique pour qu'il puisse faire imploser les consciences des mecs dans un bon demi-kilomètre ! Le temps qu'ils se réveillent, on aura eu le temps de tout retourner !"

"...et si on se faisait passer pour des témoins ? Avec la bonne résonance, je pourrai nous rendre insignifiants. Vous avez déjà vu le Masque de Pierre dans Majora ? Puis une fois à l'intérieur j'inverse la polarité et on devient des putains d'objets d'adoration, on se fait passer pour des dieux et pendant qu'ils sont submergés par notre présence on en profite pour leur demander des infos !"

"J'suis presque sûr que je peux "enchanter" toute la zone d'opération ! Allez, on pourra mieux progresser si la zone est en gravité zéro avec une perspective inversée ! Et une fois qu'on aura tout mis en place, je changerai la perspective de vision de la porte comme ça elle deviendra trop petite pour qu'ils puissent fuir !"

...c'était rarement son plan qui était pris. Quelque-fois, quand rien d'autre ne semblait possible ou assez efficace.

Dans tous les cas ça marchait. Plus ou moins.

Des mecs avaient réussi à fuir avant de revenir en ayant tout oublié, le bâtiment finissait avec la taille d'une maison de poupée, après quatre heures à errer, personne ne retrouvait la sortie dans un T2, la fenêtre finissait par donner sur la route, le plancher se relevait pour éclater une table qui lui avait mal parlé, les couleurs ne collaient pas, les sons ne rimaient à rien, le mur ressemblait au sol, le sol ne voulait pas se faire marcher dessus et menaçait d'appeler la police...

"Non, mais en vrai..."

Alors ça, c'était l'une des phrases qui attiraient l'attention. Le fameux bullshit post-shitstorm du Phyro.

Existait en plusieurs variantes :

"Comment j'aurai pu savoir que-"
"COMMENT j'aurai pu deviner que-"
"Y'avait QUOI pour me prévenir que-"
"Pourtant, le plan il était bien ! On avait oublié que-"
"Comment. J'aurai pu me DOUTER. Que-"
"C'était QUOI ? Les putains de chances, que-"
"Vous non-plus vous l'auriez pas deviné que-"
"Ca aurait pu probablement bien se passer, sauf que-"
"Alors c'était probablement parfaitement normal ! Mais alors que-"
"Alors comme on s'en doutait, c'était conforme au plan. Sauf que-"

S'ensuivait un baratin hors-normes. Que les interlocuteurs pensaient. Le groupe, lui, se contentait d'osciller et de faire "Oui" de la tête, en sachant qu'il disait strictement la vérité.

...chez les pariahs, il n'aurait même pas eu le temps de dire plus de 8 mots...

"...et alors qu'on se demandait si oui ou non le lapin était un otage ou pas..."
"...alors retenez l'emplacement du camion-benne, et allez chercher un tableau noir parce que pour le moment de la cuisine il va être important..."
"...sauf que le plafond il voulait pas nous laisser passer ! Alors on à dû..."
"...là "Migraine" en a vraiment eu marre, et pendant que Morg' et "Hush" essayaient de l'empêcher de me démonter, un détail sur le ventilateur de la table..."
"...il nous manquait une bouteille de scotch pour crocheter le tapis qui avait pris la place de la porte..."
"...alors en fait la porte était devenue un son, et on arrivait pas à avoir le silence pour l'ouvrir, donc c'est là que le fameux camion-benne..."
"...puis on avait pas de feuille pour noter l'ordre des températures, alors..."
"...et c'est là qu'on a compris qu'en fait on était jamais rentrés..."
"...j'allais réussir, mais ce coup-ci c'est Morg' qui avait décidé que me secouer dans tous les sens était productif. Ca a marché, d'ailleurs, même si..."
"...alors l'otage il allait bien, lui. Enfin on croyait, jusqu'à ce qu'on se rende compte qu'en fait on venait de sauver un cachalot miniature..."
"...j'crois qu'il était 6 heures du soir quand on est arrivés, et 4 heures du matin quand on est repartis. On est quel jour, déjà ? Enfin bref..."
"...on a tiré dans tous les sens, puis je crois qu'on a fini par l'avoir. Et c'est là que j'ai compris qu'en fait ma carabine tirait désormais du..."
"...et à la fin on est sortis par la cheminée, et on a eu faim et on est partis bouffer avant de revenir !"

...le scepticisme était de mise.

"Et vous avez réalisé tout ça juste en devant vider un bunker qui ne comportait ni fenêtres, ni cuisine, en pleine forêt sans service de traitement des déchets domestiques ?"

"Ouais !"
"Ja !"
"...oui monsieur !"
"J'crois, ouais. J'étais un lapin durant tout ce temps !"
"Puisqu'on vous dit qu'on a la caméra !"

"Et c'était quoi, votre plan, à la base ?"

"Alors en fait on devait rentrer par la porte d'entrée et tout vider en tirant comme des connards. Sauf qu'un des hostiles a balancé une EMP alors pour éviter le grillage de mes implants j'ai voulu allonger le couloir derrière lui pour qu'elle mette trente ans à arriver, et là ça a commencé à partir en..."

Sur le coup, quand on y avait été, ça semblait totalement légitime.

Heureusement pour elle, même si ce genre d'expérience donnait horriblement mal au crâne, elle avait fini par s'y habituer...

Et son travail, c'était ça. Sur une opération. Et une autre. Et une autre. Et une autre. 365 jours par an.

Tabasser des insectes technologiquement inférieurs et sans défense, c'était une chose.

Tabasser des adversaires de son niveau, c'en était une autre. Une chose qu'elle avait due apprendre sur le tas.

Tabasser des adversaires de son niveau avec les règles universelles qui changeaient, c'était particulièrement ardu à réaliser.

Heureusement, elle n'était pas entièrement autodidacte.

Il avait pris le temps, comme les Gardiens, de lui enseigner deux-trois matières à savoir. Le français (langue horriblement compliquée et fade), l'anglais (qui ressemblait vraiment au pariah), lire, la mécanique. Meilleure. Matière. De l'univers. Surtout quand elle pouvait admirer les réactions :

"Dis Morg', ça sert à quoi, ce truc ? On dirait un collier, et j'en vois plein en opé', donc..."

"Oh ça ? C'est un collier étrangleur. T'appuies sur la commande et la cible bouge plus. Existe en variante électrique, dont la batterie lâchera toujours au pire moment; droguant, donc à usage unique et t'as intérêt de savoir les doses que tu mets dedans parce-que sinon t'es bon pour finir en jugement expéditif; brûlant, qui produit de très beaux hurlements et laisse une vilaine trace au malheureux qui l'aura senti se déclencher; à lames quand tu veux juste tuer le sujet ou lui faire assez peur pour qu'il essaie jamais de jouer au con : Même non-déclenché, tu sens une sale pression sur ta gorge; ou juste en explosif quand tu veux faire un exemple. Les deux derniers sont assez rarement utilisés, en vérité. C'était surtout sur les affranchis hors d'utilité qu'on les mettait. Eux, ils sont pas du tout concernés par le concept de respect des biens d'autrui."

Il avait mis un silence, durant lequel elle en avait profité pour tenter de sortir, une nouvelle fois, la puce d'accès de celui qu'elle avait dans la main. Son projet se révélait être un libérateur universel. Un jour, elle allait y arriver. Il avait fini par trouver quelque-chose à dire :

"C'est révoltant et... Et cliché. Mais surtout révoltant..."

"Que ce soit cliché ou pas, c'est pas la question que tu te poses quand t'en as un sur toi ! J'ai carburé à l'étrangleur pendant longtemps, tu sais ?"

Le blanc lui avait rappelé un dernier type existant. Un fait spécialement pour imposer le silence, d'ailleurs :

"Mais... Y'a aussi un collier tout particulier qui existe, pour ceux dans ton cas !"

Elle s'était retournée en sortant l'appareil : Il n'était pas réellement rassuré. En réalité, il était livide comme un linge. Elle avait oublié, dans ses explications, qu'il avait pu éventuellement poser la question sans y penser ni même réfléchir à quel sujet elle allait forcément faire allusion. Dans tous les cas, celui-ci serait intéressant pour lui :

"Le collier Zéro ! C'est fait pour contenir les Psi ! Je suis sûre que ça pourra t'aider, avec ton problème d'incontinence ! Essaie toujours !"

Bonne nouvelle pour lui : Il y avait d'autres Psi dans l'univers. Mauvaise nouvelle : Il y avait d'autre Psi dans l'univers.

Il avait mis un moment avant d'essayer de le mettre, puis avait craqué lors d'une conférence. Il avait poussé le soupir de soulagement le plus long du monde. Puis avait vomi en oubliant l'effet réel du collier en cas d'action volontaire.

Depuis le temps, il le portait tellement souvent qu'il avait acquis une résistance aux effets néfastes. Ca bloquait tout juste les pensées rentrantes. Tout juste. A 50 mètres, il commençait à plus sentir les autres. Sans ce collier, il pouvait faire deux pâtés de maisons complets.

En sortie, il visait désormais juste un peu mal quand il lâchait du Psi. La nausée n'avait plus grand effet, sur lui. En réalité, il ne quittait que rarement son collier.

Mais assez parlé de ce collier. Il avait continué sur le rapide cours improvisé :

"...oh, et tant que j'y pense, on contre ça comment ?"

"Simple. Lance pas une EMP, ça va déclencher le mécanisme en guise d'urgence. Ce qui peut avoir des conséquences plutôt sales dans un enclos. Tu préféreras plutôt imiter une autorisation de Painmaster, à la place. Si t'en as pas, fouille juste le propriétaire."

Il avait tenté un trait d'humour, visiblement mal à l'aise :

"...ils pouvaient pas rester aux vielles chaînes ? C'était plus simple, ça, à casser !"

"Phyro, sans rire. Doit y'avoir un insecte par Marine, au minimum. T'imagines si chacun des gars d'un vaisseau se trimbalait avec un constant bruit de chaînes derrière lui ? T'imagines si sa possession venait à s'énerver et tentait de l'étrangler avec ses propres chaînes ?"

"Ca sent le vécu, je me trompe ? Dis-moi que je me trompe !"

"Tu te trompes, en effet. Quand je suis arrivé, y'avait déjà plus de chaînes. Enfin, si. Y'en a encore dans les enclos, et c'est à peu près tout. Et même là, c'est de plus en plus remplacé par des câbles en néo-acier. Moins bruyant, quand on doit dormir à côté."

Il était mal a l'aise, éternellement, devant ce genre de sujet. Voir sa tête se décomposer devant des sujets aussi basiques était systématiquement hilarant.

"...mais bon, c'est moins marrant que d'attacher les nouveaux avec du barbelé ! T'imagines même pas leur tête quand ils commencent à comprendre dans quoi ils ont mis les pieds et la superbe marée de sang qu'on-"

Il était devenu livide et elle n'avait même pas poussé la blague jusqu'au bout qu'elle devait déjà l'avorter ! Après une crise de rire, elle avait repris :

"Nan, je rigole ! C'est jamais arrivé, ça ! De toutes façons, y'aurait eu trop de risques d'infections ou de perte de sang sur la longue durée, et un insecte avec des cicatrices ou une mauvaise santé est un insecte qui vaut que dalle à la revente ! C'était des conneries !"

"...ah ? Ravi de, euh... De l'entendre ?"

"Ah par contre les câbles électrifiés ça c'était courant !"

Il venait de re-devenir livide. Elle aurait pu faire ça toute la journée.

...sauf que ce coup-ci, les câbles électrifiés c'était pas des histoires. Le point positif de ce genre de moments, c'était que se concentrer sur lui et sur sa tâche de démontage arrivait à lui permettre de ne pas re-sombrer dans ses propres souvenirs. Rien que le fait de le voir lui l'encrait dans son propre présent, désormais.

Elle était dure, avec lui.

"...bon, j'en ai fini pour aujourd'hui !" (Ce qui était faux.) "Tu viens ? Les derniers restau' vont fermer si on traîne trop ! C'est moi qui paie !"

Les sports terriens (attendez, celui-là c'est juste de renvoyer une balle et de faire des tours de pistes ?), généralement effectués dans des arènes de gladiateurs, mais où personne ne voulait tuer personne. Tous les quatre ans, les Jeux Olympiques la passionnaient. Elle voyait tout ces insectes tenter de se surpasser les uns les autres, et, en connaissance de cause, savait à quel point ils en avait chié pour en arriver là. L'alcool, mais ça lui faisait de la peine quand elle était déchirée toute seule chez elle, et pas uniquement parce-qu'il n'avait absolument aucune tolérance lui-même. Le concept de l'Outremonde. Ce qui était un enfer à comprendre. Le concept même était : Il n'y a pas de concept. Imaginer quelque-concept, c'était le réaliser. Les jeux-vidéos. Elle ne comprenait pas bien le concept de devoir aller se réfugier dans toujours plus de mondes virtuels, mais Phyro semblait apprécier de devoir se concentrer uniquement sur un écran. Sa distraction constante le rendait bon, à ça. Y'avait jamais aucun détail qui ne lui échappait.

En mission non plus, d'ailleurs. Il posait tellement ses yeux partout qu'il n'était jamais surpris par quoi que ce soit. Pas comme si ça changeait grand-chose, car il avait, par contre, tendance à rater l'évident. Un type en combinaison optique ? Il allait le moucher. Même sans le sentir mentalement, il le repérait à un kilomètre. Un marcheur lourd en face d'eux ? Peut-être qu'après s'être fait écraser par, il se rendrait compte de quelque-chose.

En réalité, pour un mec nommé "Phyro", elle s'attendait à le voir braquer des grenades au phosphore, des cartouches incendiaires, des molotov et des lance-flammes, mais que nenni. En réalité, il avait même peur du feu. Il se démerdait bien avec tout ce qui touchait au coup par coup, et tirait balle par balle. Et, paradoxalement, tout le bordel qui pouvait semer une quantité monstrueuse de réparations à mettre dans le rapport. Un minigun ? Un lance-roquettes ? Une arme alien impossible à utiliser ? Son immense flingue qui tirait une seule et unique balle de calibre surpuissant avec une détonation surboostée via concentration Outremonde qui achevait les oreilles internes de toute la zone d'opération ? Forcément il allait essayer... Et son bras mécanique aidait grandement à l'installation des engins de mort.

De toutes façons, même si il tirait à côté, son affinité Outremonde lui permettait de distordre la réalité pour quand-même le faire toucher. Il pourrait tirer dans le ciel que la cible s'effondrait quand-même.

Il était également un grand fan, en cas de contact rapproché, d'armes lourdes et de destruction massives, malgré son physique trompeur de phasme. Les marteaux antichars, les épées antichars, les foreuses à main, les gants énergétiques, des anciennes armes médiévales qu'elle devait remettre aux technologies du jour, voire juste une simple batte de base-ball sur-imprégnée, qu'il avait customisé lui-même. La batte avait un motif qui représentait les souvenirs des gens autour de lui, et leurs pensées proches. Les effets à l'impact changeaient en fonction de leurs émotions. C'était tellement surpuissant qu'il ne l'utilisait que rarement.

Selon lui, c'était plus humain de trucider quelqu'un avec sa scie circulaire. Enfin, tant qu'une arme faisait forte impression posée dans son dos, il était sûr de la prendre.

Elle préférait les méthodes brutales, mais ergonomiques. Les fusils à pompe, les armes qui sortaient un gros débit en peu de temps. La Vector, par exemple ! C'est bien ça ! Tu maintiens le chargeur une seconde, la cible est éparpillée dans toute la salle, et ses potes sont horrifiés ! Le fusil de chasse à double canons antisanglier ! Le sien, par exemple : Une belle bête customisée et capable de sortir un calibre de malade capable de passer des tanks, avec cartouches customisées à l'acide ou à l'explosif lourd ! Le même effet, avec une détonation en prime et un rapport simple : "Cible réduite en charpie. Aucun élément identifiable".

Oh, et, courtoisie de la nostalgie, les javelots énergétiques, les arcs et une belle bête qu'elle aurait aimé voir inventée dans son monde natal : Un truc qui ressemblait à un arc qui aurait baisé avec une carabine. Ca s'appelait une arbalète. C'était marrant !

Au niveau des armes blanches, elle préférait le soft. Y'avait pas de plaisir à observer le regard de quelqu'un s'éteindre quand sa tête explosait. Une lame énergétique, un Bowie, une hachette, ou même les étranges trucs inbranlables que les asiatiques avaient inventés... Si ça pouvait se dissimuler, alors c'était la bonne taille.

Il lui avait également appris la valse. Elle n'était pas chaude à la base, mais, en réalité, cette danse était MAGIQUE. La cuisine terrienne. Le soin aux animaux de compagnie. Les bases de la manipulation mentale. La musique.

Elle aimait deux sortes de musiques : Le classique, et le métal. Le classique dans la vie civile, et le métal chez les Gardiens.

Lui aimait... Tout ce qui lui passait sous la main, pour peu que ce soit plus fort que les pensées des autres.

Et le hacking. Autant les jeux-vidéos ne l'intéressaient pas, autant le concept de pouvoir commettre un cambriolage comme elle en avait commis des milliers en tant que Centurion, mais cette fois-ci sans avoir à bouger d'une chaise l'intriguait.

C'était horriblement dur et compliqué, à apprendre. Comme tout apprentissage chez elle, les débuts étaient apocalyptiques, mais le résultat valait, finalement, la chandelle... C'était un pur bonheur, rien n'était jamais protégé, et la grande majorité de ses adversaires n'avaient aucune idée de comment la sécurité fonctionnait. Son réseau à elle était autant entretenu que ses armements et ses véhicules. Elle entamait toujours ses assauts par "Vous ne sentirez rien... Juré..." et finissait sur un "Ce qui fût a vous est désormais à moi !" avant d'indiquer son temps total passé.

Phyro, lui, se contentait d'attaquer mentalement le système informatique et de ravager la totalité des circuits jusqu'à tomber sur l'information qu'il désirait ou la commande externe qu'il voulait. Selon lui :

"Un réseau informatique, c'est comme un début de cerveau. Mais genre un début qui aurait été avorté. C'est des impulsions grossières, ça réfléchit pas et ça se défend pas instinctivement. Crever un antivirus qui comprend pas ce que je suis est bien plus simple que de sécher la conscience de quelqu'un."

Elle lui avait aussi appris des trucs. Le Bond décisif. Les terriens étaient nuls à ce sport. Quelle idée de naître sans queue. Enfin, ils s'adaptaient vite. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils fassent des techniques dérivées. L'art de la chasse. La patience. L'art de la discrétion. Sa langue à elle.

"Nan, tu y étais presque, chaton ! Là, t'as demandé si ton interlocuteur était blessé ! "Comment vas-tu", c'est plus un son d'appel qu'un cri de position (sauf si tu entames la conversation), puis un grognement concerné, et enfin un jappement de confirmation. Pas un couinement d'alerte."

"Attends, j'vais y arriver. Ca donne un truc du genre... Ahem, excuse-mon accent..."

"Y'a pas de problèmes ! Je vous trouve mignons, les terriens, quand vous tentez de parler ma langue !"

"Raaal'mrrrr'ja ?"

"Ouais, c'est ça ! Un peu plus d'emphase sur le "MRRR", et un peu moins long. En mineur, il signale juste que t'en as rien à foutre, donc, techniquement... Tu viens de dire que tu t'en branlais de mon état. Pire : Avec "ja", tu me demandais carrément confirmation ! L'équivalent français serait "Salut, je m'en branle de toi, tu confirmes ?" ou "Hey, j'en ai rien a faire de ton état, tu ne trouves pas ?", alors que "Raaal'MRRR'ja" signifie "Salut, je me sens concernée par toi, tu confirmes ?"

"C'est approximatif, un peu ? Ca veut pas DU TOUT dire "Comment vas-tu ?", si ?"

"Non, mais ça veut dire que tu t'intéresses au type, et ça sous-entend qu'il te sera plus utile vivant et en bonne santé que mort, et la confirmation inclue que son opinion t'importe, et que tu vas pas l'utiliser comme le dernier des larbins dans l'interaction qui va suivre : "Raaal" tout seul, c'est un ordre, un peu comme hurler "Silence !" ou "Regardez-moi !", et "Raaal'MRRR" signifie grosso-modo "Tu m'intéresses !", dans le sens où nous, là, on l'utilise avant de fouiller un type. C'est une langue très, très approximative. On doit dire en peu de mots des phrases entières de peur de ne pas avoir le temps de la finir a cause de X ou Y danger, tu sais ?"

Il galérait, mais ça semblait rentrer.

"Je jure que je vais y arriver !"

"A t'en branler de mon état ?"

Le titiller était toujours aussi drôle. Des fois, il arrivait à esquiver le piège.

"Alors ça, jamais."

Et là il avait sauté les deux pieds dedans, sauf qu'elle n'avait pas envie de couper court à la leçon pour enchaîner sur un faux numéro indigné.

"...bon, y'a un détail qui change, aussi. T'as pas réellement de queue, donc tu peux pas porter d'emphase sur tes phrases. Essaie de parler avec les mains, au lieu de rester droit comme un piquet !"

"Ah, comme un italien ?"

"...je connais pas l'Italie."

Enfin, c'était l'une des rares choses qu'elle savait qui ne consistait pas à tuer des gens. C'était frustrant, de se rendre compte que son domaine de compétence était strictement militaire, en réalité...

Une machine à tuer. C'était ce qu'elle avait été programmée à être. Ca, et une vulgaire distraction. Ca mettait un sérieux coup au moral quand elle y pensait. Son seul loisir hors-métier était l'Airsoft, et minoritairement la lecture. Ca en disait long, sur son train de vie.

Quoi que c'était faux, en vérité. Une part d'elle persévérait à aimer soigner les gens et les animaux. Ca l'amusait, au fond, d'aller aider les Seekers et de faire de la médecine de terrain. Après tout, c'était comme de la torture ou du démontage de pièce, mais en sens inverse. Au lieu de faire souffrir quelqu'un, on lui enlevait sa douleur. C'était beaucoup plus compliqué de reconstruire que de casser, cela-dit, mais elle était patiente.

Oh, et elle avait essayé de lui apprendre la torture. Elle trouvait important qu'il en sache les ficelles avant qu'il n'explique, totalement détruit mentalement, qu'il n'aimait pas ressentir ce que souffrait le sujet.

Il lui avait supplié d'arrêter, et c'était même pas le sujet lui-même. Elle le comprenait, en vérité.

Elle s'était juré d'arrêter d'en faire. Mais c'était pas juste, au fond. Elle, elle n'avait rien demandé à personne.

Certains, par contre, étaient d'assez sinistres enculés pour que leur simple tête lui hurle "PASSE A L'ACTE !"

C'était difficile de se retenir... En particulier quand le type était surpris, lui-même, dans l'exercice de l'art. Auquel cas Phyro se précipitait pour l'imploser avant le restant de la salle. Il n'aimait pas ça. Que ce soit elle, que ce soit eux.

Y'a autre-chose qu'il n'aimait pas.

En plus de la mécanique, elle avait appris à conduire, moitié en autodidacte, moitié via l'aide des Gardiens. Sa fascination pour les machines, qu'elle trouvaient incroyablement miraculeuses compte tenu d'où elle était née, lui avait été d'une grande aide.

Une chariotte. Non-pas tirée par une bête de somme, mais par un tas d'acier et de liquide combinés dans une forme particulière, destiné à un usage particulier.

Ses armes. Non-plus des javelots archaïques, mais des assemblages ayant demandé des années de recherche et d'ingénierie pour pouvoir liquider ses proies en un temps record.

Les vaisseaux spatiaux. Quelque-chose d'impensable, qu'elle croyait impossible quand elle était petite. Une merveille, un miracle absolu...

...utilisé pour ruiner des mondes.

Et qu'elle allait apprendre à utiliser elle-même.

"Comment on fait, déjà ?"

C'était une phrase qu'elle détestait dire, mais... Elle allait le répéter de très, très, très nombreuses fois.

Les premiers essais furent catastrophiques, comme tout ses premiers accidents, d'ailleurs. Les siens apprenaient lentement. A-1 avait décrit ce phénomène : En réalité, les informations importantes à la survie s'encodaient réellement mal, mais restaient mieux conservées que dans un cerveau humain. Si la mémoire à long terme d'un des siens était réticente à travailler, quand ça rentrait enfin, c'était du béton. Les joies de l'évolution. Quelque-chose qui doit se répéter souvent mérite d'être retenu. Une question de vie ou de mort.

Et la conduite n'y coupait pas. A force d'accidents, de catastrophes, de matériel ruiné et d'encouragement constants, elle allait finir par la retenir.

Les progrès furent soudains. L'embrayage, toujours oublié, devenait mécanique. Les règles de l'inertie, jamais comprises, devenaient instinctives. Le rapport vitesse-distance, un casse-tête sans nom, devenait enfantin à réaliser. Une conduite hasardeuse et effrayante pour tous les instructeurs militaires devenait une cause de jalousie de la part des humains qui avaient vu du jour au lendemain d'incroyables progrès se faire de la part d'un cas désespéré perçue.

Elle conduisait extrêmement bien. Que ce soit des quads, des motos, des voitures, des chars, des chasseurs, des marcheurs légers et lourds, des corvettes, une planche à roulettes archaïque (les pariahs avaient des sections entières d'éclaireurs montés sur le même modèle, mais flottant et pouvant voler) ou des chaussures montées sur roues, et, à l'immense surprise de Phyro, des chevaux.

Mais pas les bateaux. Elle n'avait vraiment pas le pied marin. Lequel des siens aurait eu le pied marin dans une planète dépourvue d'océan ? Son oreille interne lui disait juste d'aller se faire mettre. Et violemment, en plus.

Elle conduisait extrêmement vite et agressivement, également. Phyro, ayant le mal des transports, détestait quand c'était elle qui prenait le volant. Même si en plus d'une centaine d'années, ses seuls accidents furent véritablement causés par des actions offensives, jamais par les problèmes de terrain. C'était une sorte de chasse, au fond. Un véhicule entretenu par elle, contre un véhicule entretenu par eux. Qui allait avoir le meilleur matériel, et la meilleure connaissance de ce matériel ?

Y'avait qu'un seul moyen de le savoir, et elle avait avec elle un binôme très bon tireur. Ou utilisateur de quoi que ce soit d'ésotérique pouvant causer des dégâts. Dont l'orbe rouge qui provoquait des défaillances techniques. Ou juste une tentative d'abordage de sa part, quand il se décidait à prendre un bon shoot d'adrénaline pour supplanter son mal des transports.

Mais, même avec un mal des transports avéré, il arrivait à faire un bon artilleur quand elle ralentissait la cadence, à sa grande frustration. Des fois, quand il tirait vraiment trop sur la corde en conversation, elle commençait un derby sans prévenir. Jamais eue d'accidents : Beaucoup de vomi à nettoyer.

Y'avait qu'un seul moyen de transport qu'il supportait : Le cheval.

Il détestait le cheval. "Animaux stupides et perfides", disait-il. Il détestait sa conduite.

Mais les deux combinés avaient l'effet inverse...

...principalement parce-qu'il pouvait se serrer à elle en fermant les yeux dans l'attente que le trajet finisse, et que, contrairement à la moto, un cheval ne tapait pas un drift juste pour rire.
Quelque-chose ne va pas ? jvhap

Notaproblem

Nov 02, 2018, 03:24 pm #142 Dernière édition: Nov 26, 2018, 04:20 am par Notaproblem
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Sa trentaine. Et avec elle, le même déclenchement biologique qui frappait toutes les siennes passés cet âge...

...jusqu'à la fin de leur vie.

Première semaine.

"T'es distraite ?"

"Nan, je crois pas ?"

"Je sais pas, tu regardes au loin tout le temps ! Je t'ai jamais vu comme ça, d'habitude c'est moi qui rêvasse H24 !"

"Nan, ça va ! Je... Je sais pas, je suis juste fatiguée..."

"T'arrives à dormir ?"

"Ouais, ouais, je dors et je mange bien. Mais... J'suis quand-même... Je sais pas, je transpire, j'ai un espèce de fourmillement dans le ventre, et j'arrive pas à me concentrer..."

"J'peux te filer un truc. J'ai pas envie que l'opé' foire et que je finisse chez les Seekers parce-que t'as une gastro'."

"C'est gentil, merci."

Deuxième semaine.

"Ca passe toujours pas, tes démangeaisons au ventre ?"

"...nan. C'est pire qu'avant. Maintenant j'ai des fourmis quand je me déplace, et quand je bouge trop vite, ça devient insupportable et je menace de m'étaler."

"Tu veux aller voir un médecin ?"

"...nan !"

"Les Seekers ?"

"Ca va passer, file-moi juste un shoot et ça devrait aller !"

"...c'est pas une gastro, hein ?"

"...nan. J'ai pas "juste" des crampes dans le ventre, maintenant. Du moins, je suis plus sûre d'avoir encore un estomac vu comment je douille..."

"C'est quoi, à ton avis ?"

"J'sais pas. Honnêtement, j'sais pas, un mauvais coup reçu, peut-être..."

Troisième semaine.

"Ca va vraiment pas. J'ai dû prendre une initiative."

"...je suis où ?"

"Dans une ruche. Je t'ai entendue t'étouffer, et quand je suis arrivée t'étais HS."

"Ah, oui. Les fourmillements. Ils se sont... dédoublés dans ma gorge... Quand je... quand j'inspire ça... C'est- j'ai l'impression d'avaler une caisse de poil à gratter, et ça... Ca part jusque-dans les poumons, et quand... quand j'expire, c'est juste horrible..."

"Tu vas pas y couper, a la consultation."

"Grmbl..."

Quatrième semaine.

"Inquiétude : Grandissante. Possibilité de dérèglement : Élevée. Possibilité : Réflexe biologique. Symptôme de l'évolution. Survie : Reposant sur grande procréation lors de périodes creuses. Raison : Mortalité élevée. Espérance de vie : 120 ans. Espérance de vie réelle : 40 ans. Raison : Danger omniprésent. Raison de déclenchement tardif : Assurance de bonne constitution à l'entretien de progéniture dans monde hostile. Progrès affichés ?"

"Bah comme tu peux le voir, toute la ruche la sent galérer, elle n'arrive presque plus à parler, ni même à tenir debout, et juste respirer la fait trembler de tous ses membres. T'es sûr que des phéromones peuvent envoyer autant ? On dirait..."

"Nouveaux produits pariah : Dérivés. Preuve actuelle : Échantillons rapportés d'opérations. Position envers les captifs : Compatissance."

"Ah, c'est de ça qu'ils ont synthétisés ces nouvelles merdes que je vois toutes les sem- Attends, un être humain peut supporter un truc pareil ? Nan parce-que moi j'ai toujours du mal à réveiller les otages à récupérer maintenant alors-"

"Non. Différence anatomique : Élevée. Tolérance humaine : Surprenemment grande. Tolérance pratique : Non suffisante. Produit pariah : Dilution majeure. Effets si brut : Infarctus certain."

"Putain mais comment elle fait ?"

"...je fais pas, Phyro ! Mais ça... Ca va aller..."

Ca n'allait clairement pas, mais l'idée même de l'inquiéter la rendait encore plus malade. Ce truc était un enfer, mais sûrement il allait passer, ja ? En plus... Pour être honnête, y'avait rien d'aphrodisiaque. C'était juste succession de démangeaisons sur successions de démangeaisons, avec une immense crampe dans le bas du ventre, et un vertige constant. Heureusement, les Seekers rendaient le tout supportable.

Non, ce qui était insupportable, c'était le concept d'être coincée dans une poche de guérison. La sensation du "sac de couchage" était agréable, mais le fait de savoir Phyro tout seul l'était beaucoup moins. Qui sait dans quoi il s'était fourré en son absence ?

...pour une raison qu'elle n'arrivait pas à expliquer... Elle était juste...

Jalouse. C'était dur à expliquer mais...

Phyro, c'était clairement son territoire à elle, en vérité. Elle détestait l'idée de rester plantée là à le laisser vadrouiller tout seul trop loin.

"Administration de produits constants. Objectif : Lutte. Production de phéromones démultipliés. Possibilité d'arrêt prochain : Peu probable. Phyro : Action recommandée."

"Alors c'est à dire que moi à force de tomber sur des salles de personnel pariah j'ai comme une aversion envers tout ce qui touche au..."

Frustration. Il était bien gentil, de s'inquiéter.

Si encore il s'inquiétait dans le bon sens.

Mais elle ne voulait pas le gêner plus que ça. Elle savait à quel point il n'était pas à l'aise sur ces sujets.

Cinquième semaine.

Elle n'avait pas dormi depuis près d'une semaine.

Trop envahissant. Son corps entier la démangeait violemment, désormais. Manger, boire, respirer étaient devenu un calvaire. Marcher était désormais impossible. Dormir... Hah.

Au moins, elle arrivait encore à penser correctement.

A-1 était hors de lui. Une rareté, pour lui :

"Phyro. Menace : Expulsion de la ruche. Ordre actuel : Action personnelle. État du sujet : Insupportable. Contamination mentale : Grave. Baisse de performance globale : Inadmissible. Éthique personnelle : Oubliée. Projet d'observation : Abandonné. Raison : Éthique. Cruauté avérée. Répétition : Action ordonnée."

Phyro était déchiré entre sa compassion envers elle et son appréhension à lui :

"Nan mais vraiment je voudrais vraiment aider hein c'est juste que c'est pas pour faire mon gros casse-couilles mais je-"

Engourdie dans sa poche, elle avait assisté impuissante à une scène qui l'avait affolée : Le placide Seeker avait sauté sur Phyro devant ses yeux pour commencer à le braquer avec un injecteur du même produit non dilué. Il était mortellement sérieux :

"Action des phéromones sur Phyro : Non-létale. Raison : Stabilisation Seeker. Pensée personnelle : Arrivée imminente de Karma. Traumatismes du sujet : Non-tolérés. Responsabilités : A prendre. Dernière chance."

Cet abruti d'humain va refuser, et il va finir par se faire planter par le cloporte ! Et moi, je suis bloquée là à attendre que-

La simple pensée de Phyro se faisant blesser avait provoqué en elle une réaction réflexe et une montée d'adrénaline jamais observée jusqu'alors.

Sans même réaliser, elle venait, alors qu'elle ne pouvait plus marcher, de bondir sur Phyro, projeté A-1, Seeker de 90 kilos, en travers de la pièce, sous les hurlements insectoïdes de celui-ci et son incompréhension totale. Juchée sur SON territoire à elle, elle essayait de comprendre ce qu'elle venait d'entreprendre tandis que sa gorge la faisait tousser violemment, pour un résultat encore plus désagréable :

J'ai... J'ai réussi ! J'ai réellement réussi à...

C'est plus supportable... Comment j'ai pu sauter aussi loin...

"Morg' ? Tu vas bien ? Tu m'a fait peur ! On aurait dit..."

Elle écoutait à peine. La totalité de son système nerveux s'était syndiqué pour finir de la pulvériser ici, et maintenant, et commençait à entamer une grève agressive. Elle allait retomber, et A-1 allait encore plus enrager en constatant la scène. Elle l'entendait déjà s'agiter, au fond...

Elle regardait le Gardien, qui commençait à sentir venir la carotte arriver. Mais non, il n'avait rien à craindre d'elle. Après tout, il était quasiment de sa portée ! C'était quelque-chose de grave, chez les siens et les humains, de toucher à quelqu'un de sa portée !

...quoique JUSTEMENT, il était de sa portée ! Mais pas de sa portée maternelle, en réalité ! Nan, c'était plus... Son territoire. Oui, voila. Et, le fixant droit dans les yeux, avait demandé confirmation :

"Il serait stupide de confondre "Fraterie" et "Territoire", ja ?"

Le fier "Gardien Lunatique" que la presse arrachait tant n'avait RIEN à voir avec ce que les gens s'en faisaient, comme idée. Actuellement, il était tétanisé, ivre mort de peur, et arrivait à peine à se contenir pour ne pas claquer des dents. Parler rationnellement ? Meh :

"Heu... C'est pas pour être euh... Mais là au fond en fait je... Et puis après tout je... En fait... J'aime pas tes yeux, là..."

Mauvaise réponse. Il était... Mignon, actuellement. Un peu comme un papillon tentant d'échapper a un filet. Eh, heh heh heh... Deuxième essai :

"...ja ?"

Il avait dégluti bruyamment avant de tenter un :

"Non, mais en vrai..."

Alors ça, c'était mort ! Son corps la relançait déjà, et elle sentit une nouvelle poussée des nerfs qui tentaient le tout pour le tout, si proche du but. Ou elle obéissait, ou elle s'évanouissait dans les 10 prochaines secondes...

"La fin de cet enfer, c'est d'obéir à moi-même, ja ?"

"ALORS JE SUIS SÛR QU'ON PEUT DISCUTER ET- ATTENDS UNE SECONDE JE-"

Fini de jouer. Entre A-1 qui avait forcément appelé des renforts, elle qui allait caler et Phyro qui, si il avait été authentiquement contre l'idée et réellement terrifié aurait déjà surchargé, c'était plus du tout le moment. Sûre, en le fixant, sa tête était vraiment attendrissante, vulnérable comme il l'était (il le faisait peut-être inconsciemment exprès, d'ailleurs. En plus, si il avait réellement voulu partir, il se serait juste transposé. Ils étaient dans une ruche Seeker. En un clin d'oeil, il aurait pu se fondre dans le sol et ressortir ailleurs), mais désormais était venu le moment d'entamer un Phyro effarouché, incommodé et réellement malaisé pour le bien de tous les êtres vivants dans cette pièce ici présents à la douce et incontrôlée injonction de :

"SI TU BOUGES, SI TU RÉSISTES, JE T'OBLITÈRE, INSECTE ! C'EST POUR TON BIEN, PUTAIN DE-"

Elle ne se rappelait plus vraiment de la suite de la phrase, pour être honnête. Sur l'initiative brutale qu'elle avait prise à sa place ce jour-là sous les yeux surpris d'A-1 et ceux qui ne savaient plus où se mettre de Phyro, elle se rappelle de trois choses en particulier :

Un : C'était incontestablement sa première fois, et dire qu'il n'était pas à l'aise était VRAIMENT euphémiser la chose. Cela-dit, le contexte ne devait pas aider spécialement. Pour sa part, c'était bien sa première fois volontaire, mais elle avait, assez douloureusement et toujours autant dans la longue lignée des traumatismes pariah, compris à peu près comment ça pouvait marcher. Pas forcément pour une méthode adaptée, mais ça avait l'air d'être... Différent, ce coup-ci. Elle avait dû rater l'évident, quelque-part...

Deux : Il fallait définitivement tout faire soi-même. Il était horriblement lent. Ou alors elle était horriblement shootée. Les Seekers ont validé la seconde option. Elle avait émis près du double de l'adrénaline d'un sportif de haut niveau. Pour confirmer le fait : Ah, putain ce que ça faisait du bien ! La totalité des fourmillements s'étaient instantanément changés en quelque-chose de tout autant brutal, mais teeellement plus agréable a supporter... C'était comme passer d'une caisse entière de poil a gratter à une espèce de séance de micro-massages sur la totalité du corps. A-1 avait dit que c'était en réalité l'action de la gigantesque dose de phéromones accumulés qui parasitaient les muscles et surchargeaient les nerfs au moindre mouvements qui, lors de l'arrivée d'adrénaline, ont relâchés des quantités monstrueuses d'endorphine et se seraient dégradés en un processus similaire à celui qui avait donné les fameux fourmillements. Mais en beaucoup, beaucoup moins agressif et beaucoup, beaucoup plus agréables.

"Tu m'étonnes qu'il y ait autant de festivals. C'était pas si terrible, ja ?"

Un manque de réaction eût tôt fait de la mettre au courant d'un troisième point évident :

"Hé ? Phyro ? Phyro ? MERDE, PHYRO !"

Trois : Un humain n'est pas fait pour supporter la pression qu'une sanguinaar pouvait infliger, c'était avéré. Le tout s'était conclu sur A-1, replié à moitié en croissant de lune, la tête en bas, qui n'avait pas bougé du mur ou il s'était fait propulser, s'interposant en expliquant que maintenant, c'était à grands coups de défibrillateur qu'il allait devoir le réanimer. Et que venir le remettre droit était une action nécessaire. Les deux brindilles qui servaient de bras au Seeker étaient trop petits pour bouger sa solide stature de cloporte XXL et ses pattes, même dépliées, ne lui permettaient pas de se retourner.

L'effort pour le remettre droit, la baisse des infectes phéromones en elle et sa fatigue accumulée avaient eu raison d'elle, et elle s'était effondrée tandis que l'entrée de la salle vomissait ce que Phyro, actuellement HS, appelait en rigolant des Gaunts. Des petits Seekers à quatre pattes capables de se déplacer sur les murs et utilisant une lame osseuse et un canon à salive léger.

Et elle n'avait même pas encore véritablement commencé. C'était frustrant...

Frustrant, mais suffisant. Pour l'instant. Même si elle n'était pas totalement libérée des désagréments, au moins elle arrivait désormais à marcher sans trop de problèmes.

Ou alors c'était probablement à cause du retard. Elle l'avait déduite toute seule après coup : 5 semaines, sans même le demander à l'un des siens, c'était sûrement trop long. Elle était, bizarrement, certaine que des symptômes n'étaient pas sensés aller aussi loin.

Il avait passé un peu moins d'une journée dans un coma sous assistance respiratoire, le temps que son organisme réussisse à récupérer de la soudaine demande. Elle était restée à son chevet tout du long en se répétant "C'est ma faute c'est ma faute c'est ma faute"...

Il s'était réveillé au signal de "Si on peut éviter un round 2 tout de suite, ça m'arrangerait beaucoup !"

"J'suis désolée, je sais pas ce qui m'a prise, je voulais juste que ça cesse !"

"Quand je pète la gueule d'un type trop bruyant, après avoir résisté pendant trois heures, moi aussi je veux juste que ça cesse. Sauf que j'peux pas empêcher les gens de penser, toi je pouvais t'empêcher de douiller, ce que j'ai pas fait. Je sais pas, trop de mauvais souvenirs... Ca m'apprendra à... A quoi, au juste ? Je l'ai sur le bout de la langue..."

A être un putain de bégueule effarouché ? C'est triste, dit comme ça, mais si lui il tient pas alors que c'est un augmenté, y'aura personne qui tiendra !

"Ouais, je vois ce que tu veux dire. T'as une sorte de répulsion instinctive, à force d'en avoir de mauvaises expériences ? Ouaiiis, j'connais. Écoute, les expériences des autres ne sont pas les tiennes. Fais-toi ta propre opinion ! Tu vas pas me rester fleur bleue toute ta vie !"

"...ouais, bah la propre opinion elle part pas sur des bonnes bases..."

"Ouais bah t'as décidé de me prendre dans ta portée, et chez nous dans ce genre de cas je t'appartiens peut-être, mais tu m'appartiens aussi ! Et dans une possession, y'a le soin ! Tu vas les prendre, tes responsabilités !"

"Waaah, te braque pas autant, ça fait vachement objectifié tout ça ! Et en plus, là, j'rappelle que tu viens de casser le matériel de soin, hein ?"

"Ouais alors "Casser". Parlons-en."

Il attendait, avec appréhension, la fameuse suite à "Parlons-en".

"...t'as pas détesté ?"

Son rapide battement de paupières indiquait que c'était clairement la question numéro une de ce qu'il avait redouté d'entendre, et il hasarda :

"Heu... En fait..."

Oh, no you don't !

"Attention, si tu me dis pas dans 5 secondes que t'as détesté ce moment, je prendrai ça comme un "Non, j'ai apprécié" !"

Il cherchait véritablement à faire sortir quelque phrase, qui refusait de se faire moduler par ses cordes vocales.

"Un..."

Il leva un index, tentant de se donner le courage de dire quelque-chose.

"Deux..."

Il était toujours bloqué à l'étape une.

"Trois..."

Il serra les paupières, toujours le doigt levé, et ouvrit la bouche. Toujours aucun son.

"Quaaaatre..."

Il tentait réellement le tout pour le tout. Sa bouche s'activait en articulant une phrase silencieuse. Elle ne savait pas lire sur les lèvres, malheureusement, et il échoua donc, pour elle, à dire quelque-chose.

"...et cinq ! Ravie de t'avoir éclairée sur ce sujet et de voir que tu est du même avis que moi ! On remet ça avant la fin de la journée ! Merci de t'inquiéter !"

Un soupçon de culpabilité. Elle savait qu'il faisait pas exprès de jouer le passif-agressif et qu'il savait qu'elle savait qu'elle était une brute. C'était gênant. Il avait soudainement sorti un :

"Ah. Bah merci gros."

Vu l'interlocuteur, il essayait de trouver un bon côté en termes de statistiques. Elle avait demandé, poliment :

"Bon, verdict d'A-1 ?"

"Mmh. J'suis bon pour sortir."

"Me prends pas déjà pour une idiote..."

Un grand soupir de sa part, pendant qu'il s'était retourné et blotti dans sa poche de repos. Et il avait fini par avouer :

"Apparemment, j'ai fini par m'évanouir a partir de 8 minutes à peine... Dans la bonne nouvelle, c'est qu'apparemment c'étaient dans les standards humains les 8 minutes les plus producti- Bref ! Dans l'autre bonne nouvelle... A-1 est formel : C'est bien trop tard pour qu'il y ait des retombées sur le long-terme. Heureusement. Je lui ai pas demandé, mais je suis même pas sûr que nos gamètes soient compatibles..."

Elle l'apprit plus tard : Elle avait eue une chance monstrueuse. Leurs gamètes étaient tout juste compatibles. Les siennes n'avaient pas ce concept de terrienne d'ovulation finie, et avaient en réalité un système de cavité qui fixait le nombre d'une portée, pas les tentatives. Les gamètes d'un sien savaient trouver le chemin. A-1 était formel : Ceux d'un humain allaient galérer, faute de programmation compatible, mais, avec une chance d'un sur vingt, ça pouvait passer.

Pour Phyro, ses pensées étaient formelles : Il avait trouvé que ça faisait bien, bien plus de 8 minutes, lui. Il l'avait bien trop senti passer, et avait bien cru que c'était définitivement sa dernière heure. Il était encore en train de revivre le peu que son cerveau lui avait enregistré. Elle se sentait mal pour lui, mais...

Elle, elle trouvait que ça faisait tout juste 2 minutes. Par contre, elle était soulagée de savoir qu'il n'y aurait aucune "Retombée" ! Elle n'avait, bien évidemment, pas pris le temps d'y penser dans le rush...

Elle voulut le titiller sur son endurance pitoyable et faire un parallèle avec la perception du temps lors des actes de torture, mais il était déjà assez gêné comme ça. Assez penaude et soucieuse du fait d'avoir probablement provoqué la même réaction qu'elle avait eue quand elle passait sur des tables pariah, elle changea de sujet :

"Bon, on fait comment ?"

"Alors moi je pensais déjà à aller prendre l'air, puis à réessayer plus tard quand j'aurai trouvé quelque parade pour tenir le coup. C'est étrange, mais je considère ça comme un puzzle. Quand j'aurai assemblé les pièces, je suis sûr que le résultat sera satisfaisant. Mais pour le moment j'ai juste l'impression de pas avoir réussi à ouvrir la boîte..."

"Ce serait plutôt la boîte qui t'a ouverte, puis t'as glissé sur les pièces et tu t'es assommé en tombant..."

"Ye o'little faith ! Te tracasse pas, je trouverai un moyen."

"Heh ! Bon garçon ! Tu vois quand tu veux ! T'apprends vite, et tu vas en avoir besoin !"

Elle se rappelait encore le teint livide qu'il avait produit en entendant ce qu'il avait dû prendre comme étant "Sur ce point t'es mon esclave et tu la fermes !". Soucieuse de conserver les apparences, elle avait très vite embrayé sur un sujet qui lui plaisait plus :

"Bon, on va manger ? J'ai la dalle, moi ! Ca fatigue, de devoir tout porter soi-même ! On reprendra ça plus tard !"

Il avait tiré une sale tête, à cette idée, et avait essayé de tourner ça en dérision :

"Ouaiiis, on va manger un truc qui met longtemps à digérer. Ou juste manger. Genre des artichauts, ou une fondue, enfin un truc qui va me filer un répit !"

"...ok pour la fondue ! J'pourrai te regarder dans les yeux, comme ça, pendant que tu essaieras de trouver un moyen d'éviter la fin de mon traitement !"

"Alors. Tes yeux, ils sont très beaux, hein. Y'a un beau marron/beige, tout ça... Tu devrais les entretenir, je pense. Je suis pas spécialiste mais je dirais qu'un fard a paupières mau- Je m'égare ! Je m'égare !"

Tiens, il avait compris tout seul ? Quoi que l'idée était tentante... Elle aimait bien le mauve.

"Enfin là ou je veux en venir, Morg', c'est qu'ils sont tout de suite beaucoup plus terrifiants quand ils sont braqués sur toi avec la pupille rétractée tel un viseur !"

"Aha, t'inquiète, j'embellirai le tout, la prochaine fois ! Il serait stupide de réellement te traumatiser, ja ?"

Ca devait être le seul maquillage qu'elle avait jamais mis dans toute sa vie. Juste ses yeux.

Ca marchait, d'ailleurs. Rien que lorsqu'elle devait interroger des gens, peu importe la conversation ou la question, quiconque mettait un contact avec ses yeux était sûr d'y rester pendant une bonne dizaine de secondes. Ca lui permettait de prendre les gens de court.

L'ambiance avait été ruinée quand Phyro, éternelle balance, avait proposé, sorti de nulle part :

"Bon, maintenant il faut qu'on aille choper le gars posé à la supervision parce-que mon oeil était toujours en mode "émission" ! J'crois que c'est Anthony !"

"Attends, Anthony... "Beholder" ? Le mec aux communications en permanence ?"

"Ouais !"

"Il fait quoi, là ?"

"Il se taille."

"Oh le fils de pute !"

"Bah là pour le coup, il l'a plutôt mal vécu... Sois douce avec lui, il a encore une nausée..."

Bah, il allait se rattraper, elle le connaissait. Il allait y'aller toujours autant à reculons, mais il y irait efficacement, désormais.

Après tout, c'est pas parce qu'on fait exceptionnellement bien quelque-chose qu'on aime forcément le faire. Quoi que plus le temps passait, et plus elle ne comprenait pas pourquoi il ne disait pas JUSTE qu'il avait aimé coucher avec elle.

C'était stupide. C'était le plus gros secret de polichinelle du monde. Mais comment lui en vouloir ? Après tout, quand ils devaient récupérer des otages en salles de personnels, elle, elle n'avait juste qu'a supporter la vision des pauvres types que les Gardiens récupéraient. Lui, il supportait également leur ressenti.

Ces futurs marqués étaient des distractions, c'était évident. Ils n'étaient pas consentants, c'était évident.

Elle, c'était le putain d'opposé polaire de ces pauvres hères ! Elle était consentante ! Pourquoi ça gênait tout de même Phyro autant que ça ?

Incompréhensible...

Ou alors...

Les siens étaient naturellement fiers. Son père était quelqu'un de fier, sa mère tout autant qu'elle, et, en réalité, tout son entourage était composé de gens fiers. Fiers d'avoir survécu aussi longtemps, dans un environnement où la mort naturelle n'était qu'une légende.

Bien que très communautaires et grégaires, les siens avaient quand-même cette notion de territoire personnel, et se refusaient à faire valoir quelque aveu de faiblesse quel qu'il soit.

Phyro, avec tout son caractère désespérément coupable, n'était pas si différent. Il se confondait souvent en excuse, c'était vrai. Elle ne comptait plus les fois où il était désolé de quelque-chose. Qu'il avait réalisé, ou pas. Mais là où elle comprit que c'était subtil, c'était qu'il disait être désolé.

Il n'avait jamais dit que c'était pleinement et entièrement de sa faute. Où, quand il le disait, il trouvait systématiquement une justification pour le dédouaner, derrière.

"C'est ma faute" venait avec "Comment j'aurai pu savoir que..." ou "J'aurai pas dû compter sur...", et, ce, généralement accompagné d'un braquage de sa part.

Donc, dans la pratique...

Ce con-là, sous ses airs de pur coupable, était tout autant une tête de mule qu'un authentique sien.

Et un des siens ne se serait jamais abaissé à être réellement affectif. Même sa mère lui avait hurlé dessus et ordonné quelque-chose, lors de sa mort, lors de ce qui devait être, pour elle, la fin du monde.

La nature était bien faite, heh, heh, heh...

Elle n'était pas forcément mieux, en réalité. Elle ne supportait pas les demandes de reddition, elle n'aimait pas concéder du terrain, devait franchement prendre sur elle-même pour ne serait-ce que dire "Ouais, t'as raison." et grinçait des dents quand elle devait être conciliante. Même là, l'évolution de son espèce l'avait traînée presque de force. Sans ça, elle n'aurait jamais osé faire un quelconque pas dans cette direction, et rien que penser au fait d'avoir eu besoin d'un naturel coup de main la frustrait. Admettre l'aimer ? Redevenir un insecte, tant qu'a faire ?

La fierté, donc...

Elle se rappela ce que la petite vielle lui avait dit, un jour qu'elle l'aidait à monter une étagère : "Sans blaaague ? Vous ne l'avez toujours pas proposééé ? Rôôôh, il ne le fera pas tout seul, vous saveeez ? Il est timiiide, quand-même !"

...non, elle n'allait pas faire comme les siens, ce coup-ci. Elle valait bien mieux qu'être comme eux, après-tout.

"Hey, avant qu'on parte choper "Beholder"..."

Il joua l'auto-dérision :

"Avant que je trouve comment me lever, surtout..."

C'était déjà assez dur de ravaler sa fierté et de faire le premier pas, si en plus il n'aidait pas...

Si seulement il le faisait exprès. Il n'avait aucune idée de ce qui l'attendait...

"Ta gueule, bord- Bref. Avant qu'on y aille..."

Il était en train de se faire craquer les vertèbres du dos, et essayait de vérifier si il avait encore l'usage de ses bras. Sa vérification fût coupée quand il remarqua quelque-chose en la regardant du coin de l'oeil. Instinctivement, il sentit la deuxième carotte arriver :

"Ah ouais alors on avait convenu que..."

Heh, il l'avait fermé tout seul, comme un grand, en se rendant compte qu'elle était resté religieusement immobile. Remarquant qu'il essayait de se faire oublier, elle avait réussi à glisser sa question :

"...t'es de ma portée, ja ?"

Silence. Il bougeait autant qu'un daim devant des phares. Il n'allait pas oser répondre. Il n'allait pas dire "Non", car c'était faux et complètement stupide. Il n'allait pas répondre "Oui", car il était trop fier pour le dire. Comment faisaient les humains, déjà, dans ce genre de cas ? Le procédé avait l'air tellement non-hygiénique... Mais dans le principe, ça allait débloquer toute la situation. C'était parti :

"Je vais faire UNE action. Si tu m'en empêches, je prendrai ça pour un "Non". Si tu te laisses faire..."

Il fermait les yeux, en appréhendant quelque action stupide. Qu'est-ce qu'il avait en tête, encore... Faire preuve de tact. Il était toujours en train de se remettre de son implosion, et elle devait être sûre qu'il était bien au courant.

"Phyro, regarde-moi. C'est important. Ouvre tes yeux, sombre con..."

Le "Sombre con" obtempéra, semblant se perdre dans ses yeux à elle. Il battait des paupières. C'était amusant, a regarder. C'était le moment ou jamais : Ca faisait bientôt 15 ans qu'ils se connaissaient. Peut-être même 20, qu'il gérait ses crises. Qu'elle le canalisait. Alors...

Oui, ou non ?

Lentement, pour ne pas encore plus l'effrayer, elle tendit sa main. Puis passa sa paume sous son menton. Il était tétanisé.

"Point de non-retour, chaton- Enfin, je..."

C'était pas le moment de jouer avec lui. Même lui n'essayait plus de trouver un moyen de s'échapper.

Elle rapprocha la tête du Gardien de la sienne. Posa son front contre le sien. Il était chaud. Le Gardien était rouge. Même de si près, elle le voyait très nettement, et elle remarqua qu'il ne quittait pas son regard des yeux. Elle lui offrit une dernière chance :

"Tu ne regretteras pas, ja ?"

"Quoi, il faudrait ?"

"Heh, maintenant, c'est trop tard..."


Deux dernières secondes pour lui laisser le temps d'avoir une dernier réflexe.

La dernière seconde. C'était comme vouloir manger quelque-chose, en réalité.

Non-retour. Elle sentait son coeur battre la chamade. Le sien aussi ? Elle n'entendait rien, pour sa part. Trop concentrée sur lui. Quelque-chose, dans ses yeux, semblaient entrevoir un objet, au loin, profondément encré derrière ses yeux à elle, mesmérisé. En fin de compte, ce n'était pas aussi non-hygiénique que ça. C'était même... Agréable. Chaud. Un sentiment de fierté l'envahit à nouveau. Et, avec lui, un sentiment de soulagement.

Ca avait le meilleur goût du monde. Ca avait le goût de la victoire.

Il ne partirait pas. Il ne s'en irait plus jamais. Mieux : Il n'allait pas la vendre comme elle l'aurait vendue dès son arrivée sur Terre pour sauver sa peau.

Elle avait dompté l'indomptable. Le type le plus incompréhensible du monde. Mr. Chaotique, ici présent, était actuellement sous son contrôle, et ce, en plus, de sa propre volonté !

...elle aussi, avait l'impression de s'être fait apprivoiser. Elle aurait tué n'importe qui et vendu n'importe quoi sans aucun remords, à l'époque, pourvu que ça lui donne la vie sauve. Elle n'aurait jamais écouté personne de son plein gré, avant. Et maintenant...

Elle aussi lui obéissait au doigt et à l'oeil, sans résister, tout autant qu'elle était capable de le plier à sa volonté. Elle changeait pour lui, autant qu'il changeait, pour elle. Mieux : Elle apprenait de lui, autant qu'il apprenait d'elle.

C'était quoi, cette citation ? Nous façonnons nos outils...

"Et, en retour, nos outils nous façonnent. J'aurais jamais cru que ça puisse être autant agréable, de ressentir quelqu'un... Comme ils disent : "'till death do us parts !", ja ?"

...ja.

Et quelle grande joie d'être dans un monde où la mort ne séparera plus jamais les gens...

"Y'a pas que la mort, qui en est capable. Mais pour rien au monde je lâcherai ce que tu m'as offert aujourd'hui. Pourvu que ça dure... Il y a une raison, pour laquelle je n'aime pas la Saint-Valentin. Trop de ruptures."


...non, je ne regrette pas du tout ce passage jvhap
Quelque-chose ne va pas ? jvhap

Notaproblem

Nov 02, 2018, 03:26 pm #143 Dernière édition: Nov 26, 2018, 03:23 am par Notaproblem
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C'était lui qui lui tenait les bras, maintenant.

"J'irai au bout de l'univers, pour ce qu'il y a au fond de tes yeux. Et je ferais n'importe quoi, pour ça..."

Un rajout des collaborateurs pariahs sur Terre. Y'avait déjà des sectes prônant le Vide et la fin du monde, désormais des connards ayant cru aux beaux discours des infiltrés. Même des femmes étaient dans le tas. Elle ne comprenait pas comment elles pouvaient tant connes qu'elles allaient se battre pour la pire des causes possible au monde.  Ca se remarquait, pourtant, que cette idée puait le traquenard ne serait-ce qu'en posant les yeux cinq secondes dans un enclos !

Plus d'opérations. Des non-impregnés voulaient jouer au grands. Elle les détestait encore plus que les pariahs. Toujours plus de salles. Toujours plus de rapports. Un rajout : Les familles des Aspirants tués, venant quotidiennement clamer que leurs proches n'avaient rien fait de mal pour mériter un dépeçage ou une décapitation. Sûr que l'état des réelles victimes était mieux, après tout, ja ?

Hah, c'était toujours tordant de voir leurs faces se décomposer, au tribunal, quand l'arbitrage vidéo sonnait leur glas, et que Phyro montait une mise en scène pour dramatiser le tout en insistant particulièrement sur les détails. La dure réalité frappait. Et elle frappait dur, quand leur proche sans reproche se révélait, à la caméra, en train d'enfoncer un crochet à viande dans la gorge d'un pauvre type avant de se retrouver avec ses pouces à elle dans leurs yeux.

"...et vous confirmez, Phyro, votre position quant au meurtre de Benjamin Dubois ?"

"Oui, votre honneur !"

"...vous avez probablement un commentaire quant à l'accusation de la famille du plaignant ?"

"Oui, votre honneur !"

L'avocat de l'accusation avait bondi. La famille des victimes ayant tenue à être spécialement présente pour ce cas, soit-disant pour que "Ce monstre ressente notre peine", et, donc, exceptionnellement, ce n'était pas un auxiliaire de justice de l'État qui tenait le stand de l'accusation.

De toutes façons, tout le monde pensait à tort que l'État se pliait aux Gardiens...

"Objection, votre honneur ! Mes clients ne veulent pas avoir à subir les vidéomontages du meurtre de leur fils ! Leur présence est déjà assez courageuse comme ça ! Phyro, vous allez pas passer les images ? Il y a des familles entières avec leurs enfants, ici ! Mesdames, messieurs, osez me dire que vous êtes prêts à montrer ça à vos enfants ! Osez me dire que vous serez prêts à les regarder dans les yeux et leur dire "Oui, j'ai accepté que tu voies l'horreur pure !". N'infligez pas ça à ceux qui n'ont pas a la subir ! Vous, et même vous, Gardien !"

"Retenue. Phyro ?"

Phyro était une grosse merde dans les tribunaux et ne connaissait absolument rien aux textes de lois civiles. Cependant, ça ne l'emmerdait pas trop, vu que son statut d'ONG spéciale lui donnait pure carte blanche. La seule question à régler était uniquement basée sur l'éthique et l'opinion publique. Il le disait lui-même : Ce tribunal, c'est juste un test de popularité pour savoir quand on va pouvoir me foutre en taule à la fin de tout ce bordel. J'essaie de prévoir un plan B.

"Objection également, votre honneur. Comment pouvons-nous trier le vrai du faux si il nous est interdit de voir les faits en image, et dans la pure véracité de ce que j'ai filmé, et, j'insiste, sans montage ? Que cherche en réalité cet avocat ? La paix de ses clients, ou une confortation de leur déni ? Ils n'ont pas le droit de savoir : Ils en ont le devoir !"

"...pas d'objection, maître ?"

"Mais vous êtes décidément un monstre insensible ! Vous allez traumatiser mes clients ! La salle entière ! Ils ne sont pas dans le militaire, et n'ont pas a subir les élucubrations d'un sociopathe notoire ! La voila, mon objection ! Cet homme veut juste nous terrifier pour mieux régner !"

"Phyro ?"

"Ranafout' ! Vos client sont bien courageux, d'avoir frappé a ma porte a deux heures du matin armés d'un fusil pour me remettre eux-même leur injonction au tribunal. Je ne pense pas qu'un meurtre les traumatiseront davantage. La même s'en approche pour les témoins de cette salle, qui sont rentrés en leur propre âme et conscience, et dont il serait déplorable de-"

Le juge avait implosé son marteau dans l'espoir de récupérer un minimum de calme :

"Que les deux partis se calment immédiatement, ou j'appliquerai des sanctions ! Ma décision est prise : Greffier, amenez un vidéoprojecteur."

Celui-là avait été molesté par Phyro, aussi gros qu'un ours, et avait vu sa tête se faire éclater d'un coup sec. La salle avait, bien évidemment, eue un haut le coeur généralisé. Le banc de l'accusation était dans la plus pure représentation dramatique. La raison invoquée :

"Sachant que la gorge de la victime, donc je vais vous faire un superbe arrêt sur image maiiintenant..."

Ah ouais. Couverte de bleus, un tuyau a la pavlov qui lui arrivait dans la gorge grâce à un trou passé à la perceuse, les voies respiratoires bloquées, un oeil crevé, des traces de nécrose au niveau des chaînes, le thorax ayant deux cicatrices suturés... Soudainement, le box en face s'était calmé. La salle, elle, avait redoublé de choc.

"...était dotée d'un tuyau donnant sur une bonbonne de gaz sarin, j'ai jugé plus utile de ne pas prendre de risques sur le possible appui de votre "client" sur le déclencheur. En fait, pour expliquer le tout, ce déclencheur aurait retiré la respiration forcée pour la remplacer par un gavage au gaz, ce qui aurait transformé l'otage en bombe de gaz vivante qui aurait explosée en faisant voler, grâce à la pression, sa cage thoracique au niveau de ces deux cicatrices. Je pense que vous pouvez aisément me comprendre. Les images parlent d'elles-même !"

...il omettait de dire qu'il avait été, pendant tout ce temps, sous "Adenaline Surge" et qu'il avait vue la scène se dérouler sous sa propre perception du temps et qu'il avait sincèrement apprécié de conduire une revanche pour la victime de ce type, mais bon. Dans les faits, tué comme ça ou autrement, il aurait fini pareil.

"Il a vraiment fait ça, votre fils ? Pourquoi vous m'avez assuré que la vidéo allait être caduque ? J'ai vraiment que des cons en clients ! Le trusting, merde... Hm. Votre honneur, ce Gardien nous cache quelque-chose ! Je demande à savoir sa pensée à ce moment précis !"

"Vous pouvez nous éclairer, Phyro ?"

"Voyez-vous ça ! Il veut des modifications, en fin de compte ! Avec plaisir !"

"Veuillez vous retenir d'invectiver le parti opposé !"

Phyro prévoyait ça. Dans ses vidéos, des messages holographiques sur sa verrière indiquaient les mots-clés au dessus des pensées des gens. Après changement, les pensées de la victime affichaient "Gaz... Bombe... Monstre...", Phyro affichait "Protéger... Éliminer... Fureur...", et l'otage, bien en vue, affichait "Terreur... Mourir.. Cauchemar..."

L'avocat avait tenté un bluff sur les émotions :

"Vous voyez, votre honneur ! Cet homme est incapable de se contrôler en opération ! Je ne comprends pas comment il peut avoir réussi à intégrer les Gardiens !"

...littéralement parce qu'il restait de la place. Et parce-qu'ils n'avaient pas vraiment eu le choix, confronté à un type capable de lire dans les pensées des gens depuis 15 minutes environ.

"Un contre-argument de la défense ?"

"Ouais. Il est indiqué que, dans mon entreprise de sauver la victime- je veux dire l'otage, j'ai bien évidemment eue une montée de fureur (qui n'en aurait pas ?) pour être capable de rattraper et mettre un terme aux agissements de monsieur Dubois avant qu'il ne soit trop tard. Les images parlent toujours d'elles-mêmes : Il ALLAIT appuyer. A la seconde près, il y était parvenu. Je n'ai fait que mon devoir. Vous n'êtes quand-même pas en train de me reprocher d'avoir sauvé la vie d'un innocent ?"

Là, ça a été le père qui avait bondi et hurlé, hors de lui :

"VOUS AURIEZ AUSSI PU APPRÉHENDER MON FILS SANS LE TUER ET RESSUSCITER CET OTAGE ! A QUOI VOUS SERVENT LES SEEKERS ? VOUS ÊTES UN MALADE, JE PERSISTE ET SIGNE ! SI VOUS POUVEZ VRAIMENT TORDRE LA RÉALITÉ, VOUS AURIEZ MIS FIN A TOUT CE MANÈGE AU DÉBUT DE CETTE VIDÉO !"

"Alors déjà les Seekers sont indépendants, espèce d'esclavagiste, ensuite je tiens a vous rappeler que malheureusement quand je fais des miracles c'est pas vous qui nettoyez la réalité derrière, et enfin je tiens à vous demander de vous renseigner sur René Descartes quant au fait que je ne puisse pas "tordre" les gens autrement qu'a grands renforts d'illusion qui RESTENT des putains d'illusions, et pour finir je vous rappelle que le type au fusil, c'était-"

Un coup de coude pour le remettre en place. Ca commençait a chauffer très vite par ici !

Le tribunal avait failli virer à l'émeute. Dans les tribunes, la famille de l'otage et plusieurs de leurs amis étaient en train d'insulter l'accusation de "Monstres", "Fumiers" et "Fils de putes". Le juge avait dû faire appel a la sécurité (et, ironiquement, aux deux Gardiens) pour ramener le calme.

Les médias allaient encore se régaler. "Phyro provoque de nouveau une émeute ! Où est-ce que les frasques du Gardien sociopathe s'arrêteront-ils ?"...

Elle n'était pas non plus épargnée... Stupides journaux. Les seuls à les mettre sous un bon jour ou leur foutre la paix étaient uniquement ceux qui s'étaient fait sauver leur peau par eux-mêmes...

Le jury tranchait toujours, horrifié plus par les plaignants que par les Gardiens.

Et les familles faisaient mine de ne pas comprendre.

Les idiotes... Les connes.

Les insectes.

"Ah, mais elles savent pas, tout ça ! Même si on doit les tuer, tu peux pas leur en vouloir de ne jamais avoir connu pire !"

C'était vrai... Et faux. Voir des connards en robe tenter de jouer aux grands était frustrant. Le no-match qu'elle leur infligeait, tout aussi frustrant. Leur fanatisme était enrageant. Véritablement enrageant.


Arh. Y'a eu fausse manip' et j'ai PERDU les formats URL et toutes les MUSIQUES associées... Je retrouverai le tout, heureusement. J'ai noté.
Quelque-chose ne va pas ? jvhap

Notaproblem

Nov 02, 2018, 03:27 pm #144 Dernière édition: Nov 26, 2018, 02:29 am par Notaproblem
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Les sectes n'étaient pas mieux. Avec l'arrivée des pariah, les premiers regroupements d'apprenti-sorciers pour la grande majorité, réelles menaces pour d'autres.

Leurs bases. Majoritairement souterraines. Des outremondiens asservis, difformes et écumant de rage. Celui-ci avait une immense gueule en lieu et place de son ventre. Celui-la ne se déplaçait que dans les murs. Celle-là n'était visible que dans le noir, et invisible de jour. Lui n'avait qu'un corps composé d'yeux.

Les chefs de cultes. Celui-là tirait son pouvoir de glyphes au sol qui provoquaient des combustions spontanées. Celui-ci avait transformé sa base de sorte à ce que les couloirs donnent sur le début du couloir. Celui-là avait fait en sorte que sa base ne puisse être parcourue qu'en tournant à gauche, prendre à droite ramenant à l'entrée. La gauche n'était que rarement devinable, quand les tunnels prenaient un soudain 90 degrés vers le bas. Cette base là avait une distorsion spatiale : Toutes les salles prenaient en courbe vers le haut. Toutes les pentes étaient montantes.

Tous étaient dangereux, imprévisibles. Heureusement, presque tous étaient des branques incapables de mettre en oeuvre le meilleur du pire.

Phyro était pire, mais elle savait comment il fonctionnait. Eux, pas, et elle devait désormais lui faire faire des altérations pour rendre les endroits navigables en pliant une logique illogique.

"Si on inverse la gravité et qu'on regarde vers le sol, ça va nous rendre géants ou c'est le couloir qui retrouve sa taille normale ?"
"Tirez sur l'armoire ! Y'a un hostile dans le pull !"
"Pour la dernière fois : Oui, je sais ce que je fais ! Maintenant soulève-moi plus, j'ai presque la ligne de tir sur le gars qui nous attend a la sortie de la lampe !"
"Si on supprime toutes les teintes de couleur sauf le vert, la porte redeviendra un mur, ou alors c'est le mur qui se changera en porte géante ?"
"Putain mon crâne... A votre avis, on peut toujours survivre en marchant sur du coton ? J'crois que j'ai une idée..."
"Si je raye son nom dans un annuaire téléphonique, il se passera quo- Oh. Bon ben on a gagné !"
"LA VACHE MAIS TIREZ DANS LE BRAS ! LE BRAS !"
"Monsieur, veuillez me suivre (en me tenant la main si vous voulez...) et fermer les yeux si vous n'êtes pas rassuré. N'éternuez pas, par contre..."
"Si on court vers cette fenêtre en nous persuadant qu'elle est juste petite et non loin, on va rétrécir suffisamment pour pouvoir passer par la trappe dans le plafond, à la fin ?"
"Ah, j'y suis ! En fait il faut... Heu... Chanter un cantique ? Ouais, c'est ça ! Faites-moi un canon ! Et un, et deux, et trois..."
"Où est passé ce putain de mur ? Il était encore là quand on a éteint la lumière !"
"Quoi ? T'as peur ? Laisse-moi te raconter une histoire de quand j'étais Centurion..."
"Non ! On n'est pas passé par là ! Pour la dixième fois !"
"J'entends des hostiles, surveillez le sol ! Ils vont tenter de sortir des pots de fleurs dans 3... 2... 1..."
"Nan mais ça y'est, j'ai compris... Suis-je stupide, c'était tout simple. C'est la faute du ventilateur."

Y'en a qui ressortaient vraiment pas bien de ce genre de bails. Le nombre de Gardiens en opérations ésotériques avait diminué jusqu'à former une solide vingtaine de purs stoïques.

Comment ces mecs pouvaient avoir peur d'une putain d'armoire donnant sur la rue alors que les salles de torture étaient bien plus terrifiantes ? Gagnez des priorités, merde !

Et toujours plus de rapports, désormais de plus en plus incohérents, anarchiques et illisibles. Assez de rapports pour toute une vie. Assez de rapports pour transformer le cerveau de quiconque devrait les subir en temps réel, les uns après les autres, en épave mentale.

Ces rapports étaient en double, d'ailleurs. Les seuls capables de bien les expliquer aux commandants n'étaient clairement pas des universels. Une partie, qu'elle gérait, était pour les Gardiens.

Une partie, qui prenait feu spontanément quand un pigeon roucoulait, ou s'effaçait quand ils étaient écrits a 17h32, ou avec autre chose que de l'encre bleu-jaune, ou toute autre règle impossible que l'Outremonde hallucinait, était en direction du monde-miroir de la Terre.

Elle connaissait bien la superviseuse des arrivées. Elle l'avait rencontrée après s'être faite découper en deux par une espèce d'onde de choc sonore. Pendant que son torse s'était vidé de ses organes, elle s'était sentie tirer vers un point de fuite, et puis...

S'était retrouvée dans un bâtiment aux couleurs rouges et... Et c'était vraiment rouge ?

Une gamine de 12 ans en apparence, derrière un comptoir, lui avait fait signe de s'approcher.

"Ah bah une Gardienne. T'es nouvelle, toi, hein ? Nom ?"

La désillusion de l'après-vie était totale :

"Heu... Bonjour ?"

"Ah, ouais. Désolé, j'accuse de la fatigue. Bienvenue dans l'Outremonde, je suis Tiamat (c'est mon con de père qui avait choisi ce nom...), née en 1736 avant J.C., morte en 1748 avant J.C."

"...hu ? Qu'est-ce qui se passe ? J'étais avec mon torse encore en-"

"Oui alors je pensais que c'était assez clair en entendant ma date et le lieu, vu que de plus en plus de gens sont au courant... Bref, t'es morte, chérie ! Donc, ton nom ?"

Ok, alors elle l'avait admirée chez les Seekers : Ca n'allait pas durer. Autant se jouer au jeu. La préposée avait enchaîné :

"C'est pas parce-que je suis la boss que j'ai nécessairement du temps à perdre. Y'a une personne par seconde qui sort des attracteurs, bougez-vous ! Rien de personnel, hein."

"Je comprends. Morgana."

"...prénom ?"

"Aucun."

"Nouvelle mode terrienne ? Z'avez des précisions ?"

"Heu... Si je dis "Phyro", ça compte comme précision ?"

La gamine avait levé la tête, noté très distinctement "Phyro" sur son papier. L'écriture semblait se tordre sur la feuille. Remarquant le phénomène, elle avait pris un mug pour fracasser la feuille et embrayé :

"Phyro ? Ca m'étonne pas trop. Ca fait longtemps que j'ai pas été lui parler. Enfin, plus depuis que je l'ai rencontré quand un type a tenté d'avoir son invocation de compagnie. Le pauvre, a peine le lien relâché, je l'ai ouvert en deux..."

Puis, se retournant vers un de ses collègues, avait hurlé :

"OUAIS, JE PARLE DE TOI, DUGLAND ! OH, REGARDEZ-MOI, JE SUIS TROP PUISSANT ET JE MEURS D'UN COUP DE TENTACULE !"

Et, ignorant les véhémences de son collègue, reprit son attention sur Morgana, médusée, et continua :

"Enfin, suite des événements. Déjà distordue ? J'pense pas que votre forme de base comporte autant de poils. Une description de votre apparence ?"

"Nan mais je suis extra-terrestre et je... Et c'est mon binôme, en fait !"

La gamine avait ouvert des yeux ronds, et son ton monocorde s'était arrêté au profit d'un étonnement peu dissimulé :

"Putain de- ! J'devrais prendre des vacances plus souvent, moi ! Hé, toi ! Remplace-moi ! Je prends mes congés, y'a des nouvelles fascinantes sur Terre ! Phyro le coincé s'est maqué ! Avec une alien, en plus !"

Regardant de nouveau la récente décédée, elle avait continué :

"C'était obligé qu'il tente de faire son intéressant jusque-là ! Bon alors je suppose que vous allez vous faire ressusciter dans quelques instants, prenez une chaise, mes remerciements, moi j'me casse chercher mon stabilisateur et on se revoit quand vous aurez fini de mourir douloureusement ! Remarquez, vous devez être malchanceuse, je vois pas d'autres armures de Gardien dans les environs. Allez, bye !"

...malchanceuse, ja ? Oui, et non...

Une part d'elle lui intimait que sa vie était positivement de la merde.

Une autre part se raccrochait au fait qu'elle avait au moins quelqu'un à qui se raccrocher.

L'attente était longue. La salle semblait changer de taille, mais depuis le temps, elle s'était quelque peu habituée aux phénomènes du genre. Une horde de types se reflétaient tels des images dans une bobine en métal, puis en sortaient comme d'un miroir. La plupart, actuellement, étaient ceux qu'elle avait aperçus en face d'elle, dans ce couloir tordu.

"C'EST ELLE QUI NOUS A ENVOYÉ ICI ! FAITES-LUI BOUFFER SON PUTAIN DE PIÈGE A LOUPS !"

Ils n'étaient pas très chaleureux. Un cri de charge à son attention suivi d'une charge des nouveaux arrivants eût vite fait de la faire se lever de son siège, prête à l'action.

Ainsi qu'une rapide rafale de fusil automatique contre elle.

La blessure semblait bourgeonner. Les balles discutaient avec le foie. Celui-ci leur proposait une séance au cinéma. Le plomb pleurait sa séparation avec la douille. L'épiderme voulait toucher une assurance tout risques. Une poche de sang sortit de sa blessure, qui commençait a installer un poste-frontière fait de tendons, valises en main.

Le groupe regardait la scène avec semi-horreur, semi-fascination. Le tireur examina son fusil. Retira une balle.

La charge interne était composée de mines de crayons.

Un cri de la préposée incita une douzaine de gardes à intervenir.

Tandis que la sécurité tabassait les types en question venus prendre leur revanche, elle se sentit de nouveau tirée vers un point de fuite, tandis que le garde venu lui parler lui indiquait quelque-chose de plus ou moins rassurant :

"Et encore, quand les stabilisateurs existaient pas, c'était un miracle si on voyait pas le ciel se changer en son pur ou les solides se sublimer en sensations ! Là encore, c'est contrôlable (du moins, on est conscients de notre situation...). On aura récupéré votre groupe sanguin avant même que vous ayez fini de retourner dans votre vie. Bougez pas. Quoique vous risquez pas de bouger (regardez pas en bas)."

Le réveil fût douloureux. Son cerveau galérait à faire la connexion avec son nouveau mode de pensée. Certaines couleurs n'allaient pas. Elle essayait de bouger des membres qui n'existaient pas. Ses yeux refusaient de se transformer en pneus.

A-1 lui avait expliqué le concept. Ce qu'elle avait retenu d'utile c'est qu'elle en aurait pour trois heures, comme ça.

La gamine était revenue. En s'incrustant dans la plus grande des impolitesse chez elle, mais elle était revenue. Phyro semblait dépassé par les événements alors qu'elle n'était là que depuis 10 minutes. Elle savait qu'elle était déjà morte, et ne se privait pas de faire valoir son absence de conséquences. Entre deux conneries, Morgana avait réussi à lui demander comment elle était morte :

"Ah bah c'est tout simple : Mon père avait trouvé la merveilleuse idée d'aller kidnapper et envoyer la tête de la fille du collecteur d'impôts quand celui-ci l'a surpris à détourner ses convois pour éviter les postes frontières ! La loi de l'époque voulait que ce soit oeil pour oeil. Donc, vu que sa fille était morte et décapitée, on m'a envoyée au palais de justice et décapitée ! Remarquez, vous, les contemporains, vous voyez des problèmes là ou il n'y en a pas ! Vous savez pas ce qu'il arrivait à une face de craie du nord qui osait venir à Babylone ! Oh, en parlant de face : J'ai cru que c'était une altération quand vous étiez passé dans mon guichet, mais non. Vous avez vraiment un magnifique regard."

Elle disposait d'un stabilisateur, un effort conjoint de Phyro et du gouverneur planétaire de l'Outre-Terre. Y'avait les sceaux personnels, et les stabilisateurs à grande échelle. Une sorte de terraformation à l'échelle universelle. Un travail de titan, permettant aux morts de réussir à vivre une vie a peu près lucide. Pas forcément totalement rationnelle, mais lucide. Sans les stabilisateurs, les morts auraient erré sous différentes formes sur une planète changeant de forme, sans savoir qu'ils existaient ni même qui ils étaient. Le premier stabilisateur avait toujours été là, apparemment. Une espèce de, citation de Tiamat "Ruine d'une très, très ancienne et très, très dévastatrice guerre". Durant presque tout la durée sur Terre de Morgana, le gouverneur de l'Outre-Terre était un type ayant fondé une religion, elle ne savait plus trop lequel. Lui-même avait du mal à dire son nom. C'était peut-être Jésus, il était cool et pas difficile, lui. Il avait pris sacrément cher, durant sa vie. Sa mort avait été un calvaire sans nom, couronné par l'affaissement de ses organes sur lui-même.

Heh, les gens ne se renseignaient pas assez sur les vrais détails de la crucifixion...

La gamine, quand elle se décidait à retirer son sceau, se transformait en une espèce de pieuvre gigantesque, et absorbait les teintes de vert autour d'elle. Pas la plus dangereuse du lot, malheureusement. Le problème, c'est qu'elle devenait aussi extrêmement enfantine et très joueuse. Ce qui se révélait un problème quand on était un semi-Kraken capable de ruiner des bâtiments d'un faux mouvement.

Elle-même n'aimait pas vraiment franchir les portails, mais il y avait toujours un bon côté à traîner dans un monde sans règles. Se retourner trois fois et finir du bureau d'admission à un restaurant sans avoir fait un pas, c'était quelque-chose à vivre.

Mais dans ce cas-là, si faire des allers retours n'avaient qu'un défaut de "mal de mer" particulier, où était encore l'intérêt de tuer des gens, pour survivre ?

Phyro avait la réponse :

"Surveille particulièrement un type, et essaie de suivre son parcours, tu comprendras. Genre le blondin, là. Il semble tout nouveau tout beau !"

Il n'avait pas eu le temps de réagir, ce blondin. Il s'était retrouvé avec une hachette dans la jambe pendant que Phyro envoyait un sale coup de tronçonneuse non-nécessairement douloureux, lui accordant une courte mais très violente mort. Il était tellement nouveau que même dans les standards des conscrits, c'était honteux. Mais par contre, il avait le feu sacré !

Elle l'avait recroisé, frais comme un gardon, le mois suivant. Il l'avait chargé au cri de :

"VOUS M'AUREZ PAS DEUX FOIS, ENFOIRÉS !"

Il était mort d'un coup du Père François de sa part.

La semaine d'après, le voyant en compagnie d'une dizaine de ses potes :

"Cette fois, c'est la bonne !"

Il s'était pris une décharge de pompe dans la gueule.

Une nouvelle fois. Durant une mission d'assaut, en extérieur, devant des centaines de témoins, en plein milieu d'une ville. Ca commençait a devenir gênant :

"Encore vous ? Je perdrai pas, cette fois !"

Elle lui avait ouvert la cage thoracique en deux.

Au détour d'un nouveau couloir, alors qu'elle commençait à l'oublier, ce même visage familier :

"Ah merde, vous ?"

"Eeeeh ouais !", avait répondu un Phyro dont elle commençait a comprendre la logique pendant que celui-ci lui ravageait la gueule au minigun.

Pendant une mission de protection, tandis qu'il portait une bombe de déstabilisation, en se retournant tout en merdant avec ses branchements :

"PUTAIN, ENCORE VOUS ???"

"EH OUAIIIIS !", avait il-dit au gars sidéré pendant qu'il lui calait un contrôle mental pour le pousser au suicide.

Dans une salle de communication, loiiin des missions au sol, pendant qu'ils nettoyaient un bunker, elle l'avait vu tandis qu'elle finissait d'enfoncer la porte :

"PAR LE VIDE, PAS VOUS ! PAS VOUS !"

"Oh putain si, nous !", avait-elle triomphé en se prenant au jeu en le regardant de très près, une miséricorde passant par son menton direction son cerveau.

Dans une salle d'opération majeure et extrêmement bien planquée, en plein milieu d'une forêt dans les hautes-alpes, elle avait entendu hurler à travers la porte tandis qu'elle fixait une caméra l'ayant trahie :

"NON ! NON !!!"

Il n'avait même pas cherché à rester sur place qu'il s'était fait rattraper par une balle de fusil à verrou, ce coup-ci.

"...touché, gros. Allez, une nouvelle chance !"

Dans une base camouflée dans les Pyrénées, dont l'entrée était camouflée dans le flanc d'une caverne, elle l'avait croisé en entendant quelqu'un pleurer dans des chiottes :

"PITIÉ NON ! ME TUEZ PAS ! JE VOUS JURE QUE JE VAIS ARRÊTER DE-"

"Mais fais pas la gueule gros, t'arrêteras dans ta prochaine vie !"

Elle fût surprise de le recroiser, une nouvelle fois, dans une installation planquée à San-Pédro, en Côte d'Ivoire, pendant que lui hurlait hystériquement :

"NONONONONONONON PAS EUX ! PAS EUX ! PAS EUUUUX !"

"Putain mais t'es encore là ? On t'a dit quoi la dernière fois ?"

Elle ne savait pas ce qui était le plus marrant : Le tuer, encore et encore, ou le voir lentement s'effondrer dans le procédé...

Il était revenu à la charge, incroyablement. Enfin, il n'avait rien demandé, ce coup-ci.

Ils l'avaient recroisé en plein milieu d'un souterrain gothique, tandis qu'ils infiltraient un rituel d'ascendance.

"Je vous connais, non ?"

"Probablement. Je me rappelle de vous, mourant d'un tir de fusil à pompe. J'ai suivi d'un coup de dents du traître..."

"Ils sont terrifiants, même pour des non-initiés..."

"Non-initié ? Fils de pute, attends, attends'tends'tends une seconde... Morg', écoute très précisément, on aura qu'une seule chance de se faire une bonne réputation d'experts..."

"Phyro avait l'air vachement initié..."

"...mh. Je vais vous l'avouer, je préfère les rituels aux affrontements. Il y a beaucoup moins de-MAIS QU'EST-CE QUE VOUS VENEZ DE FAIRE ?"

Trois fois rien, elle venait, sur indication mentale de Phyro, d'effacer une rune de stabilité du coin du pied, changeant totalement sa signification de "Stabilisation" en "Liquéfaction", à la seconde où celle-là commençait à être activée, stabilisant les cultistes en forme liquide, tandis que Phyro hurlait :

"Bah alors fils de pute ? Il te fait vachement non-initié, Phyro, maintenant ? A genoux devant ma grosse culture ésotérique, païen !"

Enkuler de rire !

Tous les participants avaient finis en flaque au sol, excepté les deux infiltrés n'ayant pas le moins du monde canalisé le rituel.

La tête du type, avant de re-décéder, trahissait qu'il venait de comprendre qu'il était victime d'un acharnement avéré.

Elle l'avait recroisée, quelque-part en plein milieu de la mer méditerranée, dans une installation sous-marine. Elle était réellement surprise de sa résilience :

"Les lumières clignotent... Ils vont venir... Les lumières clignotent... Ils vont venir..."

Il se balançait, en position foetale, d'avant en arrière. Il avait compris les effets secondaires d'une téléportation longue-distance. Il avait aussi compris comment ça allait se terminer pour lui...

En rigolant, mais tout en lui enfonçant ses pouces dans ses orbites, Phyro n'en revenait pas :

"Gros, putain mais c'est un sketch ! Mais comment tu peux être aussi con ? Tu vas finir par avoir un cerveau, à un moment ?"

ENCORE une fois. Il était parti se réfugier quelque-part en plein milieu du Groenland. Quel dommage que des aurores boréales trop rouges pour être parfaitement légitimes aient poussés les Gardiens a jeter un coup d'oeil. Il était dans un couloir, et semblait ne même pas avoir la moindre envie de résister :

"-tile, je suis inutile, je suis inutile, je suis inutile, je-"

Ce coup-ci, c'était elle qui avait hurlé en lui arrachant la tête :

"RAAL'JARL'RARRLH ! SAH'FAR : RACK'PYAT'RAMN'HAAP ? RAAL'PYAT, JA ?"

La traduction aurait pu être à peu près : "TON OBSTINATION EST ENRAGEANTE ! JE COMMENCE A DOUTER : TU MANQUES DE L'INTELLIGENCE REQUISE POUR SAVOIR FUIR TA TÂCHE ? T'ES BIEN INTELLIGENT, HEIN ?"

Elle l'avait tué plus par pitié que par réel jeu. Comment il pouvait encore s'obstiner a porter une robe du Vide ? C'était quoi son problème ?

"...snarl... Dwamak..."

"Ouais, moi aussi j'suis surpris. Là, pour être honnête, je sais pas si c'est précisément parce-que c'est lui que j'ai désigné qu'il a décidé d'être aussi con."

Phyro, au détour d'une nouvelle opération, avait sorti un :

"NON ?!?"

Elle l'avait recroisé, étonnement facilement, dans un repaire en plein milieu de Paris, et l'avait appelé d'un enthousiaste :

"Toi encore ? T'est réellement un malchanceux de première, ja-"

Elle avait arrêté le speech qu'elle lui avait préparé. Catatonique. Les nombreuses résurrections avaient fini par l'achever. Il aurait pu voir la lune tomber sur lui qu'il aurait réagi tout pareil. Il n'était même pas au front, en réalité. Il était parqué sur un lit d'hôpital avec quelques-uns de ses compères. Il n'avait même pas cherché, durant tout ce temps, à laisser tomber l'affaire ? Arrêter les frais ?

"Tu vois, championne : C'est là où le point devient vital. Y'en a qui finissent par laisser tomber. Et y'en a d'autres qui refusent. Je sais jamais vraiment si je dois continuer a les tuer ou pas, à ce niveau. Sur cet univers ou le suivant, ils sont déjà morts..."

Elle ne savait pas non-plus comment elle devait réagir. Le tuer l'aurait envoyé dans l'Outremonde. Il aurait été la même carcasse inutile. Le laisser ici le condamnait à mourir de sa catatonie. Il s'en tartinait, et partirait sans même s'en rendre compte. Les deux revenaient au même.

Plus pour lui épargner une mort de déshydratation que par réelle envie de le tuer, elle lui avait injecté un sédatif pour le mettre dans un coma profond avant de l'étrangler. Phyro, assistant à la scène, avait juste continué :

"Un mec incapable de réfléchir au point de continuer à s'écraser sur une vitre encore et encore ne devait pas être bien vivant, de base... Mais lui, il battait réellement tous les records ! Il était pas blond pour rien, 'tain !"

L'arrivée des premiers pouvoirs Psi dans la population, en général. Apparemment, les cultes qui avaient fait leur émergence devenaient réellement influents, courtoisie de la connerie de Phyro à démocratiser la résurrection, malgré les efforts que les Gardiens et les forces de l'ordre locales déployaient. Les braquages devenaient des contrôle mentaux. Les démarchage à domicile devenaient des intrusions oniriques. La guerre devenait une affaire d'illogisme.

Le monde partait tellement en vrille... Phyro, qui se retenait de base pour passer le moins de temps possible à nettoyer ses éruptions se voyait désormais envoyé en mission pour nettoyer celles des autres. Elle-même était désormais totalement en accord et parfaitement sereine en cas d'intervention incluant du bordel inconcevable et ésotérique.
Quelque-chose ne va pas ? jvhap

Notaproblem

Nov 02, 2018, 03:28 pm #145 Dernière édition: Nov 26, 2018, 02:28 am par Notaproblem
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Le commandant aussi, lors de ses briefings :

"Ok, alors merci à tous d'être venus pour ce briefing sur les coups de deux heures du matin..."

"On avait le choix, commandant ? Non parce-que sinon je rentre dormir, hein ?" "Héhéhé..."

"King, la ferme. J'vais faire vite : Y'a une espèce de bombe de chair qui a explosé dans un centre d'accueil pour sans-abri, et, heu... Y'a des... Putain... Il va FORCÉMENT rebondir... Y'a des sortes de zombies qui en sont sortis..."

Phyro, tout souriant, avait forcément rebondi :

"Comme dans Zombie ?"

"...alors déjà c'est Dawn of the Dead, connard, et ensuite tu vas me faire le mess toute la semaine pour m'avoir donné raison. Et non, comme dans 28 jours plus tard. Alors voila les détails..."

Une zombification, causée par une explosion (ayant transformé un centre d'abri d'hiver en grosse masse informe de chair) d'une bio-arme cancérisant puissance sept les gens. Augmentant leur agressivité. Nécrosant leur système nerveux. Se reproduisant dans les moindres parties de la victime en cancérisant leur organisme, jusqu'à ce que le malheureux ne soit plus qu'un tas humanoïde nécrosé et privé d'organes, mais toujours vivant et dangereux.

"Alors les keufs font de leur mieux, hein, mais ils se font évidemment imploser, alors comme vous êtes les plus solides mentalement, et que les deux tourteraux savent se démerder mieux que la moyenne avec des armes blanches, c'est vous qu'on envoie. Les Seekers sont déjà partis boucler la ville. Vous vous chargez de vous démerder pour faire sortir un maximum de gens en vie, et bonne chance !"

Phyro avait tenté. Il avait vraiment tenté de sauver le plus de gens. Et avait sauté prendre l'attention d'un groupe pour sauver quelqu'un coincé sur un toit. Le groupe s'était changé en foule, et, malgré une grande performance avec une tronçonneuse ayant pris la place de son bras mécanique, il avait réussi à se prendre les pieds dans un plot de circulation piétiné.

Idiot. Elle allait le récupérer chez les Seekers, dans un Vat-Cloning.

Quoique. Il allait d'abord resté coincé dans son cadavre infecté. Elle allait devoir le chercher pendant des jours. Voire plus. Il allait errer, coincé dans son propre corps. Il aurait l'impression que ça ne finirait jamais... Peut-être même qu'ils n'arriveraient pas à le tuer, et qu'il resterait bloqué dans une parcelle de lui, microscopique, jusqu'à la fin des temps.

C'était mort. Jamais il n'avait à subir ça. C'était elle, celle qui était habituée à ce genre de traitements !

Pas lui ! Les connards qui ont répandu ce truc n'ont pas le droit !

Un profond sentiment d'injustice l'avait envahi. Une pure haine du monde l'avait habité, à ce moment précis. L'existence, c'était, pour tous, une bonne grosse dose de tourments. De la bonne grosse merde en barre !

Comprenant très bien ce qui l'attendait, et qu'elle ne sortirait pas vivante cette fois-ci, elle avait sauté sans hésiter dans le tas, déchaînant tout ce qu'elle avait pour réussir à le sortir d'une horde de bêtes enragées, frappant, déchirant, brisant autour d'elle, tout comme ils l'avaient frappée, déchirée et brisée. Et, à la fin, elle avait émergé d'un cratère, après qu'une force étrange eût broyé ses adversaires, le sol, les bâtiments comme si l'air lui-même s'était éboulé autour d'elle.

Apparemment, la plus grande bête enragée, ce n'étaient pas les zombies. C'était elle.

Miraculeusement, elle était en vie. Lui aussi. Elle comptait le tuer, et le récupérer plus tard, mais...

Elle n'avait pas réussi. Quelque-chose, au fond d'elle, l'empêchait d'enfoncer sa miséricorde dans le Gardien, qui réussissait encore, miraculeusement, à se relever, en répétant inlassablement :

"J'ai rien, j'ai rien, j'ai rien, j'ai rien, j'ai rien..."

Ses yeux trahissait absolument tout. Il était en état de choc, blanc comme un linge. Lui qui n'était jamais mort, le voila qu'il menaçait de connaître pire. Son choc lui inspirait de la peine.

A l'époque, chez les Marines, elle aurait juste haussé les épaules, noté le tout en tant que "Dégâts collatéraux" et laissé ce type à son sort. Désormais, elle s'inquiétait authentiquement pour chacun d'eux. Spécialement pour lui. Et elle n'avait pas hésité à tenter une action suicidaire pour lui. La peur de perdre son seul ami, sans doute. Un ami envahissant, lunatique, chronophage et très stressant, mais un ami quand-même.

Cet éboulement... Il était au sol, et déjà en train de lutter contre le virus. Durant toute la scène, il était en train de marmonner. Il était clairement pas en état d'imaginer un miracle du genre. C'était sa faute à elle ? Non, elle ne voulait pas être aussi désaxée que Phyro. Qui allait s'occuper d'eux deux, si elle n'était plus capable de réfléchir ? Elle ne DEVAIT PAS avoir de pouvoirs Psi.

Le regard incompréhensif de ceux qu'elle devait protéger quand elle avait ramené le Gardien agonisant. "Il faut le buter", qu'ils disaient. "Vous nous mettez tous en danger", qu'ils prétendaient.

Les "Circulez, on sait ce qu'on fait ! Laissez-nous passer et allez vous mettre à l'abri !" de ses collègues.

Les Seekers ne prétendaient pas ce genre de choses.

"Souche : Virulente. Possibilité de désinfection complète : Nulle. Cause : Réplication hors de contrôle. Schéma mental envoyé."

La merde se baladait frénétiquement dans le corps entier. Nécrosant des parties, en cancérisant d'autres, revivifiant des parties nécrosées, tels plusieurs amas de bolides lancés a pleine vitesse. Le cerveau semblait tenir le choc. Les masses cancéreuses semblaient s'arrêter avant de l'atteindre, et disparaître, comme ça.

"Possibilité d'action... Oui. Possibilité. Perspectives, bénéfices possibles. Adaptation."

Qui allait être le plus fort ? Un virus d'une implacable réalité, ou le déni très poussé du Gardien ?

Ni l'un, ni l'autre. Les Seekers ont coupé la poire en deux.

"J'suis vivaaant ?"

Un grand moment de joie, pour elle. Elle avait assisté à toute l'opération, bien que n'y comprenant pas grand-chose, a part que ce n'était pas aussi facile que ce que A-1 essayait de faire croire.

Soulagée, elle s'était jeté sur lui en hurlant, soulagée :

"Oui, t'es vivant !"

Puis avait repris un minimum de composition et s'était contenté de reprendre, faussement sérieuse :

"Bien sûr que t'es vivant ! Tout est fini, rendors-toi !"

"Contamination en cas de contact : Nulle. Vecteurs : Éliminés. Possibilité de guérison totale, impossible. Effets secondaires en cas de répression : Nombreux. Possibilité annexe : Moins dangereuse. Symbiose. Augmentation."

Il avait mis un moment avant de se décider, et, finalement, après avoir pesé "Au talent" le pour et le contre, avait pris la seconde option d'un simple mais précis :

"You only die once... Allez, bourre les changements."

"Difficulté : Insignifiante..."

La merde était stabilisée. Son génome, trop encré dans le corps du Gardien, avait été altéré pour symbioser et limiter sa cancérisation. La nécrose avait été remplacée par un système de défense en cas de décès. Les parties nécrosées se réactivaient en urgence pour tenir une fonction de relais en cas de mort. Le phénomène de nécrose cérébrale avait été réglé par par un déplacement des cellules cérébrales à travers le corps entier. Sa boîte crânienne, désormais vide, avait été réhabilitée en tant qu'espace de stockage d'un foie désormais surboosté et surmodifié pour être capable de mixer bien plus que de la bile.

Elle n'avait pas bien compris le passage sur les terminaisons auditives et oculaires, mais apparemment c'était devenu du sans-fil. La cancérisation constante avait remplacé ses nerfs par du sans-fil.

Puis tant qu'a faire il avait rajouté un harpon au niveau de sa gorge et une seconde mâchoire logée à la même enseigne que son nouvel entrepôt de produits chimiques.

Il était désormais capable de vivre sans sa tête, dans le principe. Il était aussi capable de vivre tout court en étant mort.

Et toujours tant qu'a faire, il avait commencé à expérimenter sur sa capacité à cancériser de manière fulgurante tout en utilisant sa capacité de déni flagrant.

Un bras qui se change en lame osseuse ou en canon à bile. Un cou qui s'allonge au delà de toutes mesure. Un torse qui se change en gueule béante. Une queue osseuse, pour pouvoir tenir avec elle au Bond Décisif. Un bras mécanique dépassé par les événements.

Ou, bêtement, l'abandon de sa forme humaine au profit d'une immense masse de chair et d'os informe pouvant prendre toutes les formes imaginables.

Mais il préférait toujours garder sa forme de base.

Toujours plus d'ennuis. En plus de ses problèmes constants : Sa faim latente. Il devenait dangereux, quand il refusait de manger. Réellement dangereux. Il voulait manger constamment. Toujours plus.

L'inquiétude. Devoir se demander "Je suis comme ça, également, pendant le printemps ?" quand elle le voyait la regarder bizarrement avec des crampes d'estomac. L'effort monumental qu'il faisait pour ne bouffer personne. Le doute qui s'installait. Pourquoi prenait-il autant sur lui ?

Même elle ne prenait plus autant sur elle dans ce genre de cas.

Merci la parabole, il n'avait pas attendu que ça empire au point d'entreprendre de lui arracher la tête pour chercher une solution.

Trop de réplication. Pas assez de temps pour synthétiser des nouvelles cellules. Il devait désormais en emprunter aux autres. Étant soucieux de la vie d'autrui, l'aide des Seekers avait été requise : L'invention des melons pulmonaires. En plus des Null, il devait désormais prendre de la viande humaine poussée en ruche ressemblant à des poumons. Toujours plus d'ennuis.

Les années passaient et se ressemblaient. Avec les ennuis, les bons moments. Ceux qui valaient le coup d'endurer les problèmes. Ses anniversaires. Les tête à tête. La saison de la chasse. Elle avait appris à adorer cette saison. Elle y allait... Et se démerdait pour se faire flairer par les chiens de chasse, et ne s'arrêtait que quand elle finissait en haut d'un arbre, riant comme une démente tandis que les chasseurs comprenaient enfin quel sorte de monstre invisible ils venaient de ferrer, ou que quand elle finissait debout et les chasseurs eux-mêmes au sol, sous liens. Dans les deux cas, l'adrénaline étant retombée, elle déclarait systématiquement "Il est bon d'inverser les rôles, de temps en temps, ja ?". C'était devenu, peu a peu, un jeu, dans sa région. Certains venaient avec du matériel lambda. D'autres venaient avec plus d'équipement qu'une armée entière, partis chasser la bête du Gévaudan. Longbow, lui, venait avec son arc, sa patience, et des potes à lui. C'était pas du jeu, lui il la connaissait. Mais bon, ça n'aurait pas été de la chasse, si la proie avait eue une chance, ja ? Les tournois d'Airsoft, quand elle pouvait y participer. Le même concept, mais en plus assumé. Les passages au restaurant, le temps de profiter d'un moment de calme pour faire le bilan du mois avec Phyro et planifier le suivant.

"Oh, championne ! Tu devineras jamais ce que ce vaisseau scientifique avait comme coordonnées ! C'est un jour merveilleux ! Putain, c'est le plus beau jour de notre vie !"

L'aller "simple" sur sa planète natale. Sa joie d'y retourner. Une grande histoire...

Sa déception quand les siens avaient tenté de mettre Phyro en arène. Elle les comprenait. Eux aussi avaient changés. Eux aussi ne supportaient pas les peaux-roses. Leur monde avait changé. Les tribus fuyaient désormais les nouveaux prédateurs. Ils avaient appris le camouflage militaire. L'art de la guérilla. Les attaques furtives.

Les pariahs, eux, n'avaient rien appris, a part "chasser le sanguinaar pour le trophée et le sport".

Phyro comptait mettre un terme à tout ça. La planète étant petite, ça n'allait pas prendre si longtemps. Les siens savaient se battre, et étaient plus unis et volontaires que les humains.

Ca avait marché. Trop bien. Voyant la planète compromise et commençant à devenir dangereuse, ils ont accompli un ultime acte de gaminerie. Ils l'ont propulsée dans son soleil.

Sa désillusion de la quitter. De le voir disparaître comme un insignifiant souvenir. C'était... La faute de personne. En réalité. Phyro avait été le plus rapide possible. Il avait éteint le réacteur au bout de 5 secondes d'activité. C'était pas la faute des siens, les pariahs devaient être virés de chez elle.

Une nouvelle fois, une cellule pour son départ. Pour de faux, cette fois.

Elle espérait, en tout cas... Au fond d'elle, le fantôme de cette cellule ne s'était jamais vraiment effacé. Les cauchemars continuaient. Ses crises de paniques, juste remplacés par des crises d'angoisse, d'où elle restait encore un peu lucide. Phyro avait du mal à expliquer ça aux siens. Ils ne comprenaient pas.

Pourquoi ils ne comprenaient pas ?

Ils n'aimaient pas la voir se battre. Ils la trouvaient trop... Violente. Agressive. Destructrice.

Un voyage galactique. Toujours plus de découvertes, toujours plus de pariahs. Toujours plus de violence. Toujours plus d'ennuis.

Les siens commençant à l'éviter. A la traiter de bête enragée. A lui dire qu'elle ne valait peut-être pas mieux qu'une carapace noire.

"Mais... Pourquoi ?"

Le maître de l'école du Bond Décisif avait toujours la même réponse, qu'elle ne comprenait pas :

"Ca ne servirait à rien, de vous l'expliquer. Un jour, vous comprendrez l'évidence même. Mais, pour l'instant... Vous n'avez vraiment pas eue le temps de comprendre d'où vous venez. Réflechissez. La survie n'est pas qu'une question de destruction."

Quoi d'autre, alors ? L'empire n'allait pas se détruire tout seul, et elle était là pour ça ! Elle savait très bien, d'où elle venait ! D'une cellule froide, et elle refusait d'y retourner !

Et pourtant, sans qu'elle comprenne pourquoi, sa réputation avait pris un sévère tournant chez les siens, mois après mois, durant les cinq années dans ce vaisseau horriblement lent, en route vers la Terre.

Lorsqu'ils étaient arrivés, ils s'étaient tous rassemblés en la voyant partir.

...pour la mettre en garde :

"Si nous vous recroisons, sachez que nous serons prêts à nous battre jusqu'à la mort pour la survie et celles des nôtres. Ne l'oubliez pas."

Ca avait ressemblé à une menace, plus qu'un conseil. Puis, la laissant sidérée et Phyro exaspéré, ils étaient partis, eux, et tout l'équipage de futurs Rebelles avec eux.

Ils ne lui avaient même pas proposé de rester. Ils l'avaient tout simplement rejetée. Elle était retournée chez elle, pour voir son monde détruit, et les siens la rejeter.

Elle ne comprenait pas. Si. Elle comprenait qu'elle était désormais trop "Parienne" pour eux. C'était forcément de leur faute...

Son retour au point zéro, sur Terre. Son rêve changé en obsession. "Retourner dans son monde", changé en "Sonner la fin de leur monde".

Les efforts de Phyro pour la raisonner. Même pour lui, son obsession et sa violence commençait à aller bien trop loin.

"Morg', on va commencer à se calmer, ou j'vais finir par devoir appeler A-1, moi ! Torturer quelqu'un en lui arrachant les bras et en les cautérisant sous ses yeux avant de commencer à lui graver le visage de son binôme sur son tibia après lui avoir ébouillanté la gueule n'est PAS quelque-chose que je peux laisser passer !"

"C'est un PUTAIN d'Aspirant, gros con ! Qu'est-ce qu'on s'en fout, si cet abruti souffre un peu, avant de finir dans l'Outremonde ? Ca va durer 5 heures, pour lui, le temps que je finisse de calibrer mon système électrique ! Ensuite, il aura toute l'éternité devant lui, pour s'en remettre !"

Le Gardien n'était pas résolu à la laisser tranquille. Cet insecte était frustrant au possible :

"Hmpf. Je peux pas te laisser faire ça. Je peux pas non plus t'empêcher de faire ça. Par contre... Je vais rester, cette fois. Je veux voir jusqu'où tu peux aller !"

Elle était enragée. Même LUI ne la comprenait pas ! Elle avait grogné :

"Tu me mets au défi, insecte ?"

Il semblait particulièrement remonté. Surtout lorsqu'il déclara :

"Oh, tu vas comprendre où je veux en venir plus vite que prévu..."

Elle n'en avait rien a foutre. Si il n'avait pas l'intention de l'en empêcher autrement qu'en tentant de la dissuader, alors soit ! Elle allait retourner à son travail ! Utilisant la paume de sa main, elle broya une côte au type. Celui-ci hurla.

"Celle-là, c'est pour m'avoir réveillée à une heure du matin..."

Une deuxième. Il hurlait de plus belle.

"Celle-là, c'est pour avoir enfumé un immeuble entier a la neurotoxine..."

Tout en chantonnant, elle ramassa un couteau. Et, tandis qu'elle s'approchait de l'oeil du type, elle vit qu'il ne regardait pas dans sa direction.

"Et ça c'est pour- Mais qu'est-ce qu'il branle..."

Elle reposa son couteau, et, sans prévenir, en profita pour perforer son autre jambe avec un javelot, histoire de re-capter son attention. Le type commença à paniquer. C'était bon signe...

"Et ça c'est pour ne pas me regarder..."

Elle revint à l'idée de lui supprimer son oeil.

"Et ça c'est pour graver cette image de moi dans ta mémoire !"

IL REGARDAIT TOUJOURS DERRIÈRE ELLE !

"PUTAIN, MAIS C'EST QUOI, TON PROBLÈME ?"

Peut-être que lui péter bruyamment la jambe était la réponse à son problème !

Ce fût en entendant une fracture de trop qu'elle comprit que quelque-chose n'allait pas.

C'est en se retournant vers l'origine du bruit, tisonnier en main, qu'elle comprit ce que Phyro avait voulu dire par "Voir jusqu'où elle pouvait aller".

Ce connard avait à côté de lui une poupée, tombée et en rigidité au sol, que l'aspirant portait sur lui, au moment où elle l'avait maîtrisée. Elle avait cramé une partie de l'objet devant lui, à sa plus grande lamentation.

L'objet était a moitié brûlé au niveau du visage. Ses deux bras manquaient à l'appel. Deux trous s'étaient formés au niveau des côtes, et un au niveau de la jambe droite, qui était arrachée, sauf pour un morceau de tissu qui le raccordait encore au reste. La jambe gauche était ouverte en entier.

Ainsi que Phyro lui-même.

Elle vérifia le tout. Prit son couteau et ouvrit la joue de l'Aspirant.

La poupée eût une balafre. Phyro également. Elle hurla :

"CA NE CHANGERA RIEN, CHATON ! QUE TU LE VEUILLES OU NON, JE SAIS QUE TU NE MOURRAS PAS ! J'EN AI RIEN A FOUTRE !"

Crever son oeil. Enfin. Il ne restait donc plus que le mécanique au Gardien. Il devait détester avoir une vision mécanique. Ca devait être horriblement douloureux...

"IL IRA CREVER AVEC SES CAMARADES, QUAND JE L'AURAI DÉCIDÉ ! ET PAS TOI !"

Lui arracher le nez à la pince. Le sang partait dans toute la pièce. Phyro devait ressentir un horrible afflux d'air.

"PUTAIIIN ! POURQUOI TU ME FAIS CE COUP-LA ? POURQUOI TU ME FAIS CA A MOI ?"

Elle commençait à approcher une batterie de voiture. Le tout allait passer bien crème, et permettre de s'amuser encore un peu tandis qu'elle essayait de trouver comment continuer à découper le type tout en le laissant en vie. Ca allait prendre des heures ! Ca allait durer encore un long moment, pour lui ! C'était une pure, douce et juste vengeance ! Extatique, elle alluma le tout au doux son de :

"Allez, c'est qu'un dur moment à passer ! Y'en a pour huit heures de jus, là-dedans !"

Huit heures ! Ca allait être soulageant. En reculant pour admirer l'expression de sa victime, elle glissa sur une flaque de sang.

Elle en avait presque oublié le Gardien.

Et elle trébucha en se prenant les pieds dans le Gardien.

Et se redressa à quatre pattes, et, accourant vers lui, vérifia son état au cri de :

"Merde, t'es pas blessé ?"

Il tenta de répondre un truc. Son nez, manquant à l'appel, et sa joue ouverte rendaient difficile la sortie d'une phrase.

Elle le retourna pour mieux constater son état.

Sa vision lui fit l'effet d'une douche glacée. Elle venait de comprendre quelque-chose, soudainement.

Elle venait, en dépeçant ce type, de dépecer Phyro également.

Et elle n'en avait entre rien et rien à faire. Lui aurait venue l'idée de l'enjamber, continuer son travail, et ressortir en laissant les deux au sol, elle n'aurait pas eue une once de remords.

L'oeil mécanique du Gardien ne pouvait pas donner d'expression. Sa tête ravagée non plus. Elle se contentait d'imaginer tous les scénarios possibles. Tout ce qu'il avait pu penser, entre temps.

Et, ce qui revenait le plus souvent, c'était la conclusion suivante :

"Je suis devenue un monstre..."

La tête de l'ami avec qui elle avait passée autant d'années indiquait, pour l'enfoncer encore plus, qu'il n'était pas rassuré par sa conclusion personnelle pour autant. Il doutait encore de sa capacité à raisonner par elle-même, et ça elle pouvait très bien l'imaginer. Il ne savait toujours pas comment elle allait réagir...

Non.

Non, elle n'allait pas se faire avoir.

C'était dur de faire ce choix. Une partie d'elle lui hurlait qu'elle faisait une immense connerie.

Mais non.

Non.

Elle allait le ramasser. Et aller directement à la ruche.

Merde, comment éviter les Gardiens en faction ? Ils allaient vouloir la trucider, pour ça... Et elle l'aurait mérité...

Un pan du mur répondit à sa question, s'effondrant et dévoilant la gueule d'un immense lombric blindé. Apparemment, même dans ces conditions, Phyro refusait de lui faire une crasse.

Au lieu de se faire ouvrir par les Gardiens et les Seekers, elle allait uniquement se faire démonter par A-1.

Il allait être furieux. Elle n'allait probablement pas ressortir de là avant un moment.

Emportant les deux victimes et un sac de membres, elle s'engouffra dans le lombric.

Il ne lui avait pas parlé de la soirée. Il ne lui avait pas parlé le lendemain, ni le surlendemain, ni de toute la semaine.

Ni lui, ni A-1.

"Allez, tu vas pas me faire ce coup-là, ja ? Parle-moi, me fais pas la gueule ! Tu vas pas me faire ce coup là ?"

Quelque-chose clochait. Devant l'absence de réponse de son ami, elle avait juste senti le monde s'écrouler sous ses pieds et s'était vue sortir un autre timide :

"...ja ?"

...ça n'avait pas marché. Il était juste parti, pendant qu'elle était restée là, sidérée. Il ne lui avait jamais fait ce coup-là.

Ca faisait deux jours, qu'il ne lui avait pas adressée la parole. Ca commençait à l'énerver :

"Si tu veux pas me parler, on va être deux à ce jeu ! Et je te jure que je vais réellement m'énerver ! J'ai besoin de quelqu'un de bavard, moi !"

...ça n'avait pas non plus marché. Il s'était contenté de la fixer d'un air déçu.

Ca faisait bientôt une semaine. Elle n'arrivait pas à lui faire la gueule aussi longtemps qu'il en était capable. Elle tenta une concession :

"Allez s'teuplé, parle-moi ! C'est plus drôle ! J'ai compris, je recommencerai plus, promis ! On peut faire comme si il ne s'était rien passé ! Je serai tranquille, je te jure ! PARLE-MOI JUSTE !"

Nada. Il affichait une tête peinée, mais se refusait toujours à parler. Elle le voyait, qu'il ne faisait pas ça par jeu. Mais il voulait lui dire quoi, au fond ?

Ca faisait une semaine. Toujours autant muet. Elle n'arrivait pas à comprendre. Elle détestait son espèce, incapable de vite comprendre les choses.

Il était venu, en posant une main sur son épaule, pendant qu'elle était en train de sangloter, la tête dans ses bras, sur une des tables du mess. Elle se retourna vers lui.

Il compatissait.

Mais il refusait toujours de parler. Elle retourna à son activité précédente, d'autant plus dévastée d'être incapable d'être intelligente. Un putain d'animal...

Une semaine et deux jours. Elle était sûre d'avoir perdu son seul ami pour de bon. Elle ne savait plus quoi faire... Elle se contentait de l'esquiver, dans les couloirs. Elle n'osait pas le regarder quand il passait. Elle avait l'impression d'être insignifiante.

Une semaine et demie.

"Phyro, écoute-moi une seconde..."

Il avait tourné la tête. Toujours silencieux.

"Je suis stupide. Tu vas écouter. Tu as toujours écouté. Moi, les autres, et même ce type... Je..."

C'était dur, pour elle, de ravaler sa fierté. Encore plus dur de comprendre ce qui n'allait pas. Mais bon, elle n'en était plus là, actuellement :

"Je suis désolée. J'ai agi comme le dernier des painmasters. Moi en première, j'aurais dû savoir ce que c'était, de tourmenter quelqu'un comme ça. Mais pire encore... J'aurais dû comprendre. Ou au moins essayer de comprendre. Je suis sincèrement désolée..."

Il ne parlait toujours pas, mais elle voyait quelque-chose, dans son oeil. Elle insista :

"Je te jure que je suis désolée ! Je comprends, maintenant, pourquoi tu n'as jamais voulu tabasser personne gratuitement ! Je comprends tellement ! J'arrive plus à dormir, la nuit, en repensant à ce que j'ai fait ! Je peux pas supporter l'idée d'avoir fait la même chose que j'ai subie quand j'étais gamine ! Regarde-toi ! T'es dans un état pire que moi ! POURQUOI TU T'INFLIGES CA ? PARLE-MOI ! PITIÉ ! PARLE-MOI ! J'EN PEUX PLUS, DE TOUT CA ! POURQUOI TU ME FAIS CA ? JE COMPRENDS PAS ! JE TE JURE QUE J'ESSAIE DE TOUTES MES FORCES DE COM-"

Elle n'avait pas réussi à finir sa phrase : Elle n'en pouvait plus, et le mot était faible ! Elle était en train de lutter pour ne pas fondre en larmes, et il ne parlait toujours pas ! Elle regrettait ! Elle regrettait sincèrement ! Il lui fallait quoi de plus ? Elle ne pouvait RIEN regretter de plus ! Elle allait finir par exploser si-

"...moi aussi, je suis éternellement désolé. Mais, là, t'as prouvé qu'au fond, tu valais toujours le coup. Je t'ai pas en amie parce-que... Parce-que... Je t'ai en amie parce-que t'as toujours su réfléchir pour deux. Mieux, t'as toujours su te mettre à la place des autres, et comprendre les gens autour de toi. Et c'est pour ça que t'as autant de succès à être taquine. Te retire pas ça stupidement. Si t'arrives plus à comprendre les gens, comment tu sauras où t'arrêter ?"

Il avait pausé, et avait lui aussi ravalé sa fierté pour confesser :

"Et... T'avais raison, une fois de plus. De nous deux, je crois que c'était moi, le plus tourmenté du lot. Ca fait depuis l'incident que j'ai pas dormi."

Elle venait de lever la tête, comme si elle assistait à un miracle : Il avait enfin parlé ! Il lui avait enfin adressé la parole, au bout des dix jours les plus longs du monde ! Et il continuait :

"Je veux bien que les gens changent. Mais, par pitié, ne change pas en pariah. Les Aspirants sont des connards, pas des insectes. Quand tu jouais avec mes nerfs ou ceux des autres, c'était par malice saine. Tu blessais pas vraiment les gens. En fait, tu comprenais les fautes de logique qui te permettait à toi de les taquiner. Tu les comprenais plus vite que n'importe quel humain. La... J'avais l'impression de me voir en surcharge. J'avais l'impression de me voir tout court, aveugle à toute émotion sans avoir à sonder. Je pouvais pas te regarder dans les yeux sans me voir moi-même. C'était pas ce que je voulais. Je voulais pas que tu me ressembles à ce point."

Il avait raison. Elle était surchargée. Et, quand bien même elle était incapable de relâcher des ondes rouges et de tripler de taille, elle en voulait au monde entier. A eux, à elle, et même à lui. Et elle n'avait même pas cherché à comprendre. Comprendre sa haine, comprendre ce type. Comprendre Phyro. Tout en le serrant, comme pour empêcher qu'un rêve ne s'en aille, elle l'avait entendu, accompagné de bruits de côtes gagnant une nouvelle couche de calcaire et de sanglots réprimés :

"Du calme, du calme. Tout est fini. Tu vas apprendre à comprendre les gens, au lieu de les détester. Ce type... Sa poupée... C'était celle de sa soeur. Il l'a perdue pendant un raid des flics, et sa mère a toujours refusée de la faire ressusciter. C'était pas pour les pariahs, qu'il a rejoint les aspirants. Il a fait comme toi : Il a rejoint les aspirants précisément CONTRE les flics. T'as pas rejoint les Gardiens pour les Gardiens, a la base, et moi non plus..."

C'était vrai. Elle avait rejoint les Gardiens pour avoir un semblant de liberté, une fois dans sa vie. Pendant qu'elle réfléchissait, Phyro, visiblement stressé, enchaînait déjà :

"...dis, j'peux dormir avec t- j'peux dormir chez toi ? Dix jours tout seul, c'est long..."

"Mais bien sûr, chaton ! Juste pour cette fois, alors. Je ne voudrais pas que ça devienne trop envahissant..."

Aha. "Juste pour cette fois". Et elle avait crue qu'elle tiendrait parole ! Au bout de presque 30 ans à se connaître, elle avait cru qu'elle allait le garder chez elle "Juste pour cette fois" !

La semaine suivante elle l'avait déjà "forcé" à emménager, et il avait déboulé avec ses affaires emballés le soir-même !

Elle soufflait du nez, en y repensant. "Juste pour cette fois !", qu'elle avait dit ! Sans même avoir fait quoi que ce soit durant la nuit, les deux avaient tacitement refusés de se lever !

"Mh. Il est 16 heures, il faudrait peut-être penser à se lever, ja..."

"...et quitter ma bourreau préférée ? Rack, la flemme..."

Prévisible. Elle devait lui rappeler le long-terme, tout en essayant elle-même de se convaincre de faire quelque-chose de plus productif que de fixer le plafond :

"Rack ? Far'grnl'haap ?"

Elle l'avait senti s'enfoncer sous la couette (surtout dans ses côtes, en réalité) en maugréant :

"Haap'gnhr'nnh..."

C'était tentant, de suivre son exemple, mais non. A un moment il fallait devenir sérieux et volontaires ! Y'avait pas qu'eux, dans la vie !

"...rack ! Haap'yarp ! MRRR'ayaap !"

Après un grognement d'exaspération, il avait fini par concéder en se levant :

"...haap'yarp, ja. Ayaap'raarg... Owrl'nnh'rack... Snarl..."
Quelque-chose ne va pas ? jvhap

Notaproblem

Nov 02, 2018, 03:29 pm #146 Dernière édition: Nov 27, 2018, 10:11 pm par Notaproblem
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La conversation voulait dire qu'il était très bien où il était, mais qu'elle lui avait rappelé qu'ils avaient encore un job et que les autres comptaient sur eux. La retraite, c'était pas tout de suite et ça le faisait chier !

Ca faisait combien de temps qu'ils avaient retardé l'inévitable, d'ailleurs ?

Les deux avaient un don pour ignorer l'évident pendant aussi longtemps quand ça concernait leur bien-être, c'était vraiment misérable !

Enfin, rien ne pouvait plus mal se dérouler, ja ?

Sauf une explosion et trois connards de faux infirmiers... Elle avait un problème à détecter les trahisons...

"...ravi de vous voir réveillée xéno, maintenant, faisons bref : On en a assez de vous demander gentiment vos plans d'armes, alors on va y aller franco : Où vous les lâchez, où on passe au Plan B."

Elle était belle, la mentalité terrienne ! Et maintenant, ces connards allaient la griller sur place a défaut de ne pas pouvoir obtenir les armes qu'ils désiraient ! Elle était plus persuadée que l'existence prolongée de la Venture Company, société écran des Seekers mise sous la qualification d'association humanitaire à but non-lucratif, distribuant nourriture à volonté et soins gratuits aux quatre coins du globe avait beaucoup aidé à mettre le feu aux poudres. Elle allait vérifier :

"Heh, vous voulez pas la composition de l'antidote universel ou celui de la viande en serre ? Ni la terraformation ? Vous savez, des choses utiles et productives. Vous êtes braqués sur les gros flingues, ja ?"

"Il se trouve que contrairement à vous, terroriste, nous sommes soucieux de ne pas démolir anarchiquement les lois du marché en mettant les agriculteurs et les médecins sur la paille ! Maintenant, on va faire simple : Si dans trois phrases vous n'avez pas craché le morceau, les phrases suivantes seront ponctuées de décharges, c'est bien clair ?"

Elle avait un plan, dans sa mâchoire. Une capsule contenue dans sa molaire, permettant de se surcharger en adrénaline et provoquant une surcroissance temporaire de sa densité musculaire. Dans trois phrases, elle allait se lever de sa chaise, peu importe les liens, et exploser proprement le connard en costume trois-pièces devant elle.

"3..."

"...pourquoi moi et pas... Disons... Un Gardien des labos de rétro-ingénierie ?"

"Parce-que vous, c'est beaucoup, beaucoup plus simple de vous faire passer pour une criminelle de guerre. On passe à 2..."

"Vous savez que Phyro va mal le prendre, ja ?"

"Aha, nan mais écoutez-moi cette princesse en péril, les gars ! Sérieusement, il n'osera jamais déclarer la guerre à l'OTAN pour si peu. Il ne peut pas être aussi con. 1..."

Maintenant, on allait rire...

"Les armes, donc. Écoutez, quitte à vous aider à préparer une invasion... Autant commencer par les armes chimiques, telles que- Hu ?"

"...qu'est-ce que c'était que ce bruit, xéno ?"

C'était quoi, encore, ce hurlement titanesque ? Un cachalot agonisant ?

"I
SEE THE WEIGHT OF HOLLOW DEATH
RESIDING IN YOU
TAKE NOW YOUR FINAL BREATH
EXPEL THE TRUUUTH..."


L'arrivée d'un Phyro, dément comme elle ne l'avais jamais vu. Il n'aimait pas qu'on essaie de la toucher de base, mais qu'on tente un coup pareil, il l'avait très, très mal pris, apparemment. TROP mal pris. Sa réalisation quand elle avait réellement, et parfaitement compris à quel point il aurait été loin pour elle. Bien, BIEN plus que ce qu'elle avait réalisé sur le Colony Ship.

"Oh putain. Oh putain ! Grillez-là sur pla- COMMENT ELLE S'AH NON ! NON !!!"

"Ohoho, toi et ta chaise de merde, on va discuter un petit moment, et là j'ai le droit..."

"I MOURN YOUR BLINDLESS
I DIE ALONG
AND SWALLOW DARKNESS
IN MISERY IS WHERE I BELOOONG !"


La suite appartient à l'histoire...

La guerre mondiale. L'article 5 du code de l'OTAN. Quand les USA étaient venus la "Réquisitionner" et que les Gardiens s'étaient vus décrétés "Organisation terroriste". Tout leur travail, appelé directement "du terrorisme". Terroriser qui ?

Le ballet de bombes nucléaires tentant désespérément d'endiguer un flot de Seekers qui se déversaient sur l'Amérique. Toujours plus de victimes, toujours plus de haine.

Les justifications médiatiques. "Stopper l'invasion planétaire des Seekers", "Mettre un terme au projet de nouvel ordre mondial" et toutes ces conneries, pendant que les vraies alertes des organismes d'astrologie se faisaient liquider la gueule. La réelle invasion arrivait, elle, et arrivait à grands pas. Et toute la planète s'en foutait. Faisait de son mieux pour s'en foutre.

L'arrivée des réelles troupes de combat Pariah en plein milieu de cette guerre. La première fois qu'elle entendit "JE SUIS INVICTUS ! CONQUÉRANT DE MILIERS DE MONDES !". Un abruti, un pantin au service d'Ozgär. Mais un abruti qui s'adaptait bien, d'un point de vue stratégique. Trop bien.

L'aveu d'échec des Gardiens : Unifier et sauver la planète ? Non, partons en guerre mondiale pour calmer une ONU dans le déni le plus total. Toujours plus de guerre. Sur trois fronts.

La bataille de la péninsule ibérique. Opposant en chacun pour soi : Les Gardiens, composés d'un groupe réduit mais hétéroclite d'outremondiens, Seekers et réels Gardiens humains, les USA, l'Europe, les Aspirants, les Cultistes du Vide, et des Aryani.

Les Aryani. Sombres ordures qu'ils étaient... Les plus grands loyalistes de l'empire. Leur loyauté ne leur vaudra que d'être tués en dernier, si ils venaient à conquérir la galaxie !

La capture de Phyro lors d'une sortie spatiale. Une bête erreur quand il a franchi par erreur une distorsion de fuite d'un cuirassé à bord d'un chasseur tout con. Elle savait qu'il était malavisé de le laisser conduire tout seul...

Son absence.

"Il savait ce qu'il faisait !" "Je suis désolé pour toi, mais on peut rien y faire !" "Il va s'en sortir. Il s'en sort toujours. T'inquiète pas." "Dieu a un plan pour chacun d'entre nous !" "Essaie de l'oublier. Tu tomberas sur quelqu'un comme lui, sûrement en moins instable." "Il te retenait, tu vas pouvoir vivre ta vie, maintenant !" "Veuillez faire preuve de discipline ! La mort fait partie de ce corps de métier ! Agissez comme une Gardienne ! C'est ce qu'il aurait voulu !"

Tant d'incompréhension. Des monstres, tous. Pariah, humains.

"C'est ce qu'il aurait voulu, ja ?"

Ses efforts pour le retrouver. Aucune piste. Malth, sans-doute. Elle ne s'en sentait pas capable...

Son retour, quand, s'étant décidée à partir à sa poursuite, elle l'avait retrouvé en plein territoire frontalier de l'empire, à gérer une pauvre corvette composé d'un équipage hétéroclite de résistants retrouvés sur la route. Il était revenu avec une jarre d'âme. Il voulait absolument la laisser aux mains des Seekers. Leur rentrée sur Terre se fit avec le départ des nouveaux membres des Rebelles.

D'autres marquées au fer, comme elle. Des blagues, des histoires, un moment pour ressasser le passé !

"...et quand je me suis réveillée, je me suis rendue compte qu'ils avaient oubliés de me détacher et que je chiais du sang à cause de ce qu'ils avaient décidés d'utiliser !"

"Hah ! Pas mal ! Moi j'me rappelle encore de leurs têtes quand une Aryani m'a lâchée une abomination composée d'un immense- Enfin ton charmant copain est arrivé sur ces entrefaits et a ouvert en deux la bestiole avant que mon volume ne double ! T'aurais vu la tête de la dame quand il lui à dit "Salut, on va parler de l'Asie, maintenant !"..."

"Je t'ai raconté quand ils m'ont forcée à travailler une autre 04 sous contrainte d'un collier à lames qu'il lui avaient installé ? Je me rappelle encore de son regard paniqué et de sa respiration inconsistante ! Elle devait être nouvelle !"

"T'étais sereine, toi ?"

"Mh, plus qu'elle. Au moins, je savais que je lui épargnais un déchaînement de frustration généralisé des spectateurs, peu importe l'état dans laquelle je la relâchais. J'ai même fait un geste : Je l'ai étranglée, pour qu'elle ne ressente plus trop la douleur..."

"...mh, c'est astucieux. Dis, le collier : pourquoi lui mettre sur elle et pas toi ?"

"Oh, simple ! Si moi je ne la faisais pas souffrir selon mes conditions, ils allaient s'y mettre selon les leurs, et j'aurais été forcée de regarder, voire même de participer également, mais pas du bon côté ! C'est un dilemme classique, je suis surprise que tu ne l'aies pas subi !"

Phyro prenait systématiquement le premier prétexte pour fuir, et détestait raconter ses anecdotes. Quand il y était obligé, il sautait un maximum de détails et se contentait d'édulcorer le tout à outrance, ou juste lâcher la vidéo de la scène, pour qu'elle parle pour lui.

En général, le Gardien avait très mal vécu Malth. Les Pariahs lui avaient imprimés au fer le symbole de l'empire en travers de la gueule, et, apparemment, retiré une majeure partie de sa peau, tout en implantant une grande quantité de ligatures nerveuses. Et avaient tentés de le posséder, seulement pour retrouver leurs candidats mentalement morts. Trop instable.

Il avait aussi fait la connaissance des méthodes d'Ozgär, et en avait discuté longtemps avec elle. Elle avait de la peine de savoir qu'il avait pris ce qu'elle avait pris, mais d'un côté, elle était contente de savoir qu'il avait quelque-chose de plus en commun avec elle. Comme elle avait été la première femelle à se faire parasiter, il avait été le premier mâle de tout l'empire pariah à se prendre un marquage. C'était désormais, à leurs yeux, A-187-05-62.

Ils avaient mis 62 parce qu'ils n'avaient aucune réelle idée de son véritable âge. Il refusait de le dire, et les terriens n'en avaient aucune putain d'idée. Lui aussi, son marquage était erroné.

Par contre, il était en mauvais état tout du long. Son système physique était tellement endommagé que sa goulification avait repris le dessus. Il toussait constamment, vomissait le surplus de virus environ toutes les heures, et mangeait environ trois Pariah entiers par jour. C'est ce qui lui avait permis de fuir l'arène du dernier regard, d'ailleurs.

"Ok, je suis peut-être pas totalement franc. Alors en fait..."

Il avait croisé une sanguinaar dans l'arène, s'était souvenu entre deux délires sous drogue de sa vie, décidé de s'enfuir, changé un type en son cadavre, et attendu patiemment que la chasse au fugitif se calme avant d'aller chercher son armure et se tailler en cargo, le tout en plein milieu de Malth.

"Je t'en aurai transmatièré un autre, putain d'inconscient ! T'as failli foutre toute ton évasion en l'air !"

Il avait baissé les yeux en réalisant enfin la connerie qu'il avait failli réaliser. Elle avait insisté pour savoir :

"Elle était où, ton armure ?"

"Heu... Chez l'empereur ?", avait-il ajouté, penaud.

Elle avait hésité entre le frapper ou le serrer dans ses bras, alors elle avait fait un compromis en lui faisant une étreinte a la limite de lui concasser le dos. Il avait infiltré le palais rien que pour récupérer son armure et son couteau ! En oubliant totalement que ce serait l'endroit le plus gardé de la galaxie ! Un coup de chance pour lui, les pariahs étaient tellement sûrs qu'il était en train de fuir qu'ils avaient battus la totalité de l'espace de l'empire, sauf le palais lui-même !

Il lui avait fait tellement peur...

Mais c'était fini. Il lui avait prouvé qu'il pouvait s'évader de Malth rien qu'en se rappelant d'elle. Du jamais vu.

Ca avait dû être une pure galère, pour lui. Les insectes avaient des pauses, pour être un minimum présentables quand un Marine un peu nerveux posait les yeux sur elles.

Lui par contre, il n'avait presque aucune utilité de ce point-là. Pire : Les rares qui ont dû essayer avaient dû le traumatiser encore plus !

Enfin bon, c'était du passé, maintenant !

Elle était contente !

Une nouvelle lueur de futur radieux.

La fin de la guerre ! Les premières lueurs d'espoir depuis plus de 120 ans de vie ! Un siècle à s'être battue pour ce résultat.

"Je vous le dis avec honnêteté, sans vous deux, nous n'aurions jamais pu arriver à ce résultat. Vous aurez les honneurs dans l'histoire..."

Elle allait enfin pouvoir vivre en paix ! Un miracle !

...pourquoi elle se sentait aussi mal, dans ce cas ?

"...ce qui m'attriste encore plus de devoir vous annoncer qu'en réalité, la trêve a été signée avec vous en guise d'otage. Sincèrement, je suis désolé pour le GHB dans votre café. Mais moi aussi, je veux survivre. Je suis sûr que vous le comprenez."

QUOI ? Oh le fils de pute ! Il avait réellement osé ? Comment avaient-ils pu oser ?

Elle aurait dû le voir venir. Dans un accès de colère, sans même chercher à comprendre, elle avait sauté sur lui et-

Non, en réalité elle s'était effondrée en tentant de se lever de sa chaise.

Les trahisons et elle, c'était vraiment quelque-chose. La prochaine fois, elle allait penser à se faire implanter un vomitif à la Phyro dans l'autre molaire...

Vaincue sans même se battre, humiliée au delà de toute mesure, elle l'avait instantanément compris : Sa loyauté lui avait valu de se faire tuer en dernière, ja ?

"Me regardez pas comme ça, ça m'emmerde de vous voir comme ça, sincèrement. Merde, rien que pour ce regard, je commencerais presque à avoir des remords si j'étais pas noyé sous les preuves que c'est la meilleure solution pour le plus grand nombre. Je vais bientôt vous laisser seule, je vois bien que je fais tâche, dans cette négociation. Les ambassadeurs viendront bientôt pour vous, et je vois que vous avez des appels à passer. Si seulement vous aviez pu le contacter une dernière fois... Dommage qu'il soit en train de s'expliquer quand à "sa" demande de nucléarisation de Dubaï. Qui aurait crû que le parangon de la tolérance fût, en réalité, un vigilante extrémiste ? Enfin, ça, il ne le sait pas encooore- Ah, bah maintenant il le sait !"

Rassemblant le peu de ce qu'elle avait pu offrir comme force, elle avait réussi à faire fonctionner son intercom. Et avait essayé de contacter les autres. Son groupe à elle. Ceux qu'elle connaissait dans, et en dehors de la caserne.

"Sincèrement, je trouvais aussi que tout ça allait trop loin. L'ancien Commandant-Prime aurait jamais voulu sacrifier autant, mais personnellement si je dois gagner cette guerre comme ça, alors j'aurai aucun regret. Donc, mes excuses et rien de personnel, mais avec vous en charter vers l'empire, Phyro déshonoré pour crimes de guerre et les Seekers en dernière menace très bientôt sous contrôle... Peut-être que la Terre pourra enfin retrouver la tranquillité et le bon sens dont elle disposait, auparavant. Mes condoléances. Ah, et, euh... Les Nations Unies vous remercient de votre sacrifice, et vous remettent, à vous et à Phyro, à titre posthume, la médaille de défense planétaire de l'ONU. Bon, bien, c'est pas tout ça, mais j'ai du ménage à faire dans le service."

Une fréquence. Une autre. Encore une autre. Mais personne n'était venu. Personne n'avait répondu, d'ailleurs...

Est-ce qu'ils l'avaient abandonnée ? Est-ce qu'ils allaient bien, au moins ? Pourquoi personne n'était venu ?

Un bruit de pas ! C'était des armures ! Ils avaient réalisé ! Ils allaient l'aider ! Elle ne pouvait pas-

Non. C'était bien des Marines. Des Gardes impériaux, pour être précis. Le genre qui avait assez taffé pour finir au palais et le quitter que quand... Disons... Un certain type s'évadait de l'arène ? Elle allait réellement quitter cette planète comme un fantôme, sans rien pouvoir dire à personne. Et même si Phyro réussissait à survivre, l'empire regorgeait de cachettes pour quelqu'un de déterminé à garder un secret.

Il l'avait vraiment fait ! Il l'avait réellement vendue, comme une esclave d'occasion ! Et le pire, c'est que l'ONU était d'accord !

Beholder, comment t'as pu devenir un sinistre enculé à ce point ? Comment t'as pu être Commandant-Prime, surtout ?

Elle avait vraiment passé autant d'années pour...

...finir comme ça ?

Qui allait s'occuper du capybara qui servait de mascotte aux Gardiens, désormais ? Qui allait monter les courses de la vielle en face de chez elle, maintenant ?

Mais pire : Qu'est-ce que chaton allait devenir, tout seul ?

Elle allait suivre son exemple. Un jour, elle allait s'évader, dans une marée de sang, et leur montrer, à tous...

Ils pensaient tout ça derrière eux. Les Pariahs, les humains.

Les uns comprendraient qu'elle avait changé, et qu'ils devaient la craindre bien plus qu'elle ne devrait être terrorisée. Les autres comprendraient que mettre des fantômes au placard n'efface pas magiquement ces fantômes.

Un jour, elle reviendra. Et ce jour-là, la Terre comprendra dans la douleur ce qu'était la fierté des siens.

Mais pour le moment, elle allait revenir au point de départ de sa vie. Elle allait devoir re-traverser tout ce qu'elle avait réussi à oublier.

Seule.

Elle n'avait pas le courage...

Des monstres. Humains, Pariahs. Mais surtout...

...ça allait être son anniversaire dans trois jours...

"T'as été une très, très, très mauvaise expérience, et une très, très, très vilaine esclave. Korvek est incroyablement déçu, et moi je suis incroyablement satisfait. Mais entre ta lubie sur Terre, ton copinage avec l'autre grosse merde et ton écorchage quotidien du putain de nom de ma glorieuse espèce (Sans rire, toute la galaxie nous appelle les Pariah, désormais...), je sais vraiment pas comment je vais pouvoir te faire rembourser. Peut-être que dans 300 ans, j'aurai un vague début d'idée. Mais pour l'instant, j'ai gardé un cahier entier rempli de notes et d'idées que j'ai posées au jour le jour. Alors on va effectuer vite fait un rapide rappel à l'ordre d'où t'es, désormais ! La première entrée (Personnellement j'attends avec impatience le moment où j'irai te couler dans une camisole en béton et te pomper un flot continu d'hallucinogènes pendant que JE- Nan, je vais garder la position pour le moment. Celui ou je t'enverrai prendre un bain de liquide hypersensoriel avant de te lâcher dans un bac de sable (J'ai pas encore décidé ce qui pouvait le plus titiller ta peau, en fait) avec l'inévitable- non, ça je garderai la très profonde surprise pour plus tard, mais je pense que t'as vu assez d'intestins pulvérisés pour comprendre toi-même ! Et le moment où-) Mais je m'égare !"

C'était rien, tout ça, comparé à ce qu'elle avait subie rien qu'a la pensée de voir son futur s'envoler. Elle aurait bien répondue, mais la première initiative des livreurs fût de s'assurer que ça resterait impossible.

"Enfin la première entrée, c'est juste une mise à disposition publique pour fêter la fausse paix blanche ! Si je peux me permettre un conseil : A bove ante, ab asino retro, a stulto undique caveto. Littéralement, pour le coup ! Bon, on commence ? Ces crétins de Marines vont commencer à s'impatienter, je leur ai pas dit que c'était toi la star de la soirée ! Pour le moment, ils sont juste contents de la règle exceptionnelle "Testez tout ce qui vous passe par la tête !". Je trouverai un moyen de te cloner plus tard si tu meurs. On va voir si tu me regardes encore comme ça quand ils auront fini !"

Il avait marqué une fausse pause, faisant mine d'essayer de se souvenir de quelque-chose, avant de déclarer presque trop enthousiaste :

"Ah, oui. J'y pense : T'as fait un bon numéro, sur Terre. Avec les hordes de Pariahs qui se sont retrouvés expédiés ici post-mortem, la demande en sanguinaars à explosé. T'as, à toi toute seule, littéralement faite exploser le marché ! Tant et si bien que... Ben... Y'en a plus une seule de disponible, en fait. A force de les tuer, cloner, ressusciter, malmener et caetera, on a épuisé le stock. Du coup, elles ont toutes fini affranchies, à force de toutes devenir soit démentes à lier, soit catatoniques. Bravo, t'es désormais la dernière sanguinaar marquée et encore apte au service ! Enfin, tiens ! Cadeau ! J'ai gardé un manteau fait par les soins de Glastonlade pour toi ! Après tout, c'est un peu ta faute, euh... Ja ?"

Elle avait du pâlir comme la mort quand il avait sorti l'horreur cauchemardesque qu'il lui avait probablement gardée depuis tout ce temps.

Une oeuvre d'art, un fin travail de tanneur qu'avait réalisé avec bien trop de passion le gros taré fulminant. Un cauchemar incarné, pour elle. Il avait continué, en forçant le "cadeau" sur elle :

"ENFIN BREF ! METS LE BEAU MANTEAU A CAPUUUCHE !"

Elle était tétanisée. Ce truc-là devait être la pire vision qu'elle n'aie jamais pu avoir, et ce de toute sa vie. Le laboratoire des exilés, les cérémonies du Vide, les cauchemars de l'Outremonde, les surcharges de Phyro, c'était rien à côté. RIEN. Tout était taillé, tel de la pâte Châtiment, pour la faire criser.

La vision était horrible. La capuche rajoutait à l'allure de fantôme matérialisé du tout. L'expression faciale de la peau était insupportable. Le regard vide de deux trous semblait l'accuser, quand la tête flottait au gré des secousses. Elle s'était rétractée autant qu'elle l'avait pu quand il avait entrepris de lui forcer l'habit. La texture était répugnante. La sensation de porter un cadavre sur elle lui fit faire une effort surhumain pour obtenir le moins de surface de contact possible. Le manteau semblait lourd. Bien trop lourd. Collant. Bien, bien trop collant.

L'odeur poussiéreuse de pelage séché et traité rajoutait une couche âcre et insupportable, qui lui prenait réellement trop aux narines. Elle avait l'impression d'absorber l'esprit de la victime au fur et a mesure qu'elle devait inspirer par le nez. Elle avait envie d'éternuer, ce qui était, actuellement, impossible. Les tentatives se soldèrent par un étouffement, a cause du bâillon coincé dans la seule sortie d'air possible.

Le pire moment du lot fut quand la "capuche" lui retomba dessus. Elle eût l'impression que c'était quelque piège, que l'âme résiduelle du "vêtement" tentait encore de lutter et de prendre le contrôle de ses actions quand elle sentit le tout s'étaler sur sa tête. En tentant de secouer la tête pour s'en défaire, elle acheva l'effet inverse : La capuche s'enfonça toujours plus profond, utilisant le mouvement pour mieux se caler sur son visage.

Et elle ne pouvait même pas bouger les bras pour s'en débarrasser.

Cet animal venait d'avouer en direct, preuve à l'appui, avoir génocidé l'intégralité de sa race, excepté, elle l'espérait, le Colony Ship. Et actuellement, il prenait un pur plaisir à admirer le résultat de sa revanche, tout sourire, tel un gamin devant son premier cadeau de Noël :

"Mais il te va comme un gant ! Tu vas être toute belle pour la suite des événements ! Allez, à demain !"

Il te va comme-

Un truc venait de se détruire, en elle. Au fond d'elle-même, une part qui luttait encore pour sortir la tête de l'eau venait, définitivement, de succomber sous la vague de stress et s'était noyée pour de bon.

Elle était un monstre...

Peut-être que c'était normal, tout ça, au fond. Peut-être que Beholder lui avait fait une faveur.

Peut-être que l'époque des monstres comme elle était révolue...

Encore épouvantée malgré des années de visions cauchemardesques, elle ne cilla même pas quand elle l'entendit ordonner en s'éloignant :

"Oh, et je suis ravi de voir que t'as préparé tes yeux pour moi. J'suis sûr que ton maquillage sera magnifique quand il aura coulé. Haxel ! (C'est un nouveau, mais il a du potentiel. Il est monté ici rien qu'en complotant comme un grand, je l'aime bien !) Sors une bonne taille- Nan, une vraie bonne taille- NAN ! UNE VRAIE BONNE TAILLE ! Ouais, voila ! Cette taille ! T'as pas avec des pointes, par hasard ? Et cautérisant, si possible !"

De retour sur Malth, devant Ozgär, Korvek, Glastonlade et compagnie. La mort incontestée de ses rêves. Tout ce pour quoi elle s'était battue : Réduit à néant. Enfin... En apparence. Explosée, toujours recouverte du manteau, désormais en lambeaux, restreinte de partout, courbaturée et lacérée de toutes parts, elle n'arrivait toujours pas a oser réaliser son retour à la case départ... Mais en pire.

Elle avait envie de hurler à pleins poumons. C'était tellement injuste. Même en prenant en compte le karma qu'elle méritait, c'était juste purement injuste.

En plus de toutes ses erreurs passées, elle pouvait désormais rajouter "Aider une planète qui l'avait renvoyée chez ce connard a la première occasion" !

Tout était foutu...

Et le pire c'est que, malheureusement, le seul hurlement pouvant sortir était toujours bloqué par une masse solide en travers du chemin...

Mais non. Évidemment, quelqu'un ne lâchait pas l'affaire. Et ce dès son retour en cellule, à peine la première "nuit" stellaire tombée :

"A votre avis, qu'est-ce qu'il aurait dit ?"

"...mmph..."

Quelque-chose du style "Tu vas pas le laisser s'en tirer comme ça, hein ? C'est quoi, ton plan ?"

...ouais, il aurait dit un truc du genre. Mais est-ce qu'il l'aurait fait ?

...ouais, il l'aurait fait. Il devait même probablement être en train de faire un truc du genre.

Mais elle n'avait pas de plan. Elle était au fond. Ozgär avait raison...

Et elle l'imaginait dire "Si tu ne crois pas en toi, crois en moi qui crois en toi ! Tu vaux mieux que lui !"

La pensée fit reprendre un sursaut d'espoir, au fond d'elle. La partie d'elle en train tirer sa révérence asphyxiée sembla reprendre conscience en elle, juste assez longtemps pour provoquer un moment d'absence chez elle.

...ouais, il aurait dit ça. Ca venait d'où, d'ailleurs ? C'était trop bien tourné pour venir de lui. Et en plus, il-Mais qui venait de parler ?

Après avoir quitté la salle de détente, dans un état bien plus que pitoyable, elle avait cru à une hallucination : Un humanoïde en imperméable était en train de fumer, dans sa cellule.

"Une clope ? Laisse-moi te détacher, avant. Et retirer ce truc, que tu puisses recracher... Ils ne vous ont pas ratée... Oh, attendez. Laissez-moi également retirer cette horreur, vous y verrez mieux sans ce..."

L'individu avait eu un mouvement de surprise en tombant nez-à-capuche avec le manteau.

"Mais qu'est-ce que c'est ? Ils ont vraiment-"

...puis l'avait balancé en essayant d'oublier sa vision.

"Enfin, vous me reconnaissez peut-être. On ne s'est vus que deux mois, après tout."

Lors du retrait du bâillon, elle avait recraché un amalgame de- Passons les détails, peu importe ce que vous imaginez. Avant de se rappeler ce type :

Le Directeur. Le type qui leur avait demandé, sur Terre, de rechercher un artefact qui, en réalité, était dans l'Outremonde. Une histoire pour un autre jour, ça...

"Ah, je vois que vous vous souvenez, gamine ! Honnêtement, quand j'ai proposé mon aide à Phyro pour un sujet, le conseil pensait qu'il allait vouloir changer les moeurs de la Terre, un truc bienveillant du genre. Quoi qu'il advienne, on avait tout prévu. Mais pas un voeu aussi personnel. Ca devait être à peu près autant incongru que ce nom qu'il m'a filé, d'ailleurs. "Le Directeur"... Il joue trop, je me dis. Mais au fond, j'aime bien ce nom ! Il me va bien !"

Elle avait rigolé en faisant son propre parallèle. Elle avait oublié ce type. Elle ne comprenait pas bien sa venue, ici. Était-il juste venu voir l'épilogue de ce qu'il appelait "L'histoire la plus intrigante qu'il ait jamais observé ?"

"Mais, quand il m'a appelé, sa requête, en direct, a surpris la totalité du conseil d'administration. On s'attendait à quelque-chose d'incroyable, devant changer la face de l'univers, et... Son voeu ultime fût juste : "Veille sur elle, ou je retrouve ton espèce et je vous casse en sept !". Je n'ai qu'une parole. Alors si il veut que vous vous portiez bien, vous vous porterez bien. Et comme personne n'avait de plan, j'y suis allé "Au talent" ! Cet épisode, c'est mon épisode, désormais."

"...je vois..."

"Non, tu ne vois pas."

Il avait marqué une pause, et avait repris, presque en confession :

"On est tous ensemble dans ce merdier, gamine. Moi et les miens y compris. Et, à la fin... Je sais pas comment ça va se finir. C'est pour ça que je vous trouve intrigants. Vous auriez juste pu être deux tourtereaux de romance lambda, mais il a fallu que les événements prennent le tournant le moins envisageable du monde. Semblerait-il, selon nos statistiques, que l'équilibre de la galaxie finira par être rétablie par rien de moins que... Deux individus. Et ceux qui graviteront autour d'eux. Ca semble trop cliché pour être vrai ! Même moi j'aurai jamais monté un scénario pareil ! Il doit y avoir une erreur quelque-part !"

Il avait marqué une nouvelle pause.

"...mais non, y'a pas d'erreur. La galaxie est véritablement dans la paume de ta main, gamine ! Tout ça parce-que le seul type capable de tordre la réalité de toute la galaxie à choisi que ça allait être avec toi qu'il allait passer la fin de ses jours. Quelles étaient les probabilités ? A l'heure où je vous parle, il est en train de frénétiquement chercher des contacts dans sa nouvelle planète et remonte les Seekers comme il ne l'avait jamais fait auparavant. Si vous vouliez une référence cinématographique, essayez d'imaginer "Taken" qui aurait mixé avec "Le dernier samouraï" et "Fight Club". Ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne se décide à lancer sa marée grise contre la galaxie ! J'espère qu'il aura pu être raisonné d'ici là... En tous cas, vous êtes sauve, désormais. Il compte sur moi, et si j'échoue, c'est la galaxie entière qui tombera avec moi !"

Combien avait-il eu raison, combien avait-il eu raison...

Mais même si il n'était là que métaphoriquement, Phyro aussi avait raison.

Cette raclure ne pouvait pas s'en tirer aussi facilement. Ni lui, ni les autres. Elle allait profiter de chaque occasion d'en trucider un en silence. Ce serait EUX qui auraient peur d'elle, pas l'inverse !
Quelque-chose ne va pas ? jvhap

Notaproblem

Nov 02, 2018, 03:31 pm #147 Dernière édition: Nov 28, 2018, 05:07 pm par Notaproblem
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Des Marines qui l'oubliaient. Des séances qui sautaient. Des comas qui survenaient. Des machines qui bloquaient. Le binome qui venait la chercher en rigolant s'était vu, au fil du temps,  remplacé par une escouade tremblante et à cran. Il faisait réellement de son mieux pour tenir sa promesse. Et elle... Elle profitait toujours d'une opportunité pour crever un type isolé, qui passait trop près de sa cellule lors d'une coupure de courant. Les pariahs la traitaient de démon, désormais. Dès qu'ils essayaient de la toucher, quelque Deus Ex survenait. Ozgär écumait de rage. Mais il était prévoyant. Il s'était mis à un jeu : Planifier du mieux possible des séances dont rien n'était laissé au hasard. Il y arrivait... Seulement dans un seul cas.

Phéromones de merde.

Son plan était constitué d'une seule et unique étape :

"Foutez-là dans la plus solide camisole jamais vue et laissez-là galérer toute seule. On va avoir la paix pendant un moment. Pensez quand-même à mettre un tuyau de gavage, quand vous aurez fini de l'harnacher. Ah, ouais, en parlant de tuyaux. Préparez-en deux autres, j'ai pas envie que la salle empeste la mort en rentrant."

Les méthodes les plus simples étaient les plus efficaces.

Phyro lui manquait. Il allait venir. C'était certain. Il l'avait déjà prouvé...

C'était lui, qui rentrait, là ? Il allait pouvoir mettre fin à ce calvaire ? C'était le meilleur jour de-

Non. C'était Ozgär, qui venait constater la progression au bout de 6 semaines.

6 semaines sur 12, à en croire les siennes. Mais généralement, le consensus voulait que si à 3 semaines t'avais trouvé personne, t'étais mieux partie de commencer à migrer avant de finir en hutte de guérison sous somnifères lourds...

"Rrrrrright, le sommeil. Ca va faire quand-même près d'une semaine et demie, pensez à lui caler deux-trois somnifères qu'elle tienne le coup."

Courtoisie du Directeur : Les somnifères avaient bien plus d'effets qu'il n'auraient dû. Ce qui n'aurait dû être que 12 heures de sommeil s'étaient transformés en une hibernation inarrêtable de quatre mois.

Tout n'était pas si noir, ja ?

Sauf pour les tentatives de parasitage. Les candidats se succédaient, aucun n'y arrivait. Aucun n'y arriverait jamais à vrai dire...

Elle avait finie en isolation totale. Plus aucun Pariah n'osait s'approcher d'elle. Ozgär n'en pouvait plus. Ses rêves de revanche à lui fondaient comme neige au soleil.

Elle commençait à le comprendre, et elle allait s'en servir...

Et, un beau jour, durant une tentative d'allumage, une fois de plus, caduque, de câbles électrifiés, il avait fini par perdre patience :

"Je sais ce que tu penses ! Je te connais comme si je t'avais faite ! D'ailleurs... Je T'AI faite ! "Il va venir", hein ? Y'a VRAIMENT que ça pour te faire plaisir ? Comment t'as pu tomber aussi bas ? Mais je te rassure, saloperie mielleuse ! JE VAIS le ramener ! Vous allez pouvoir vous réconforter pendant que je regarderai, ou... Peut-être juste que te forcerai à le tuer, au choix. Oh, je sais pas ce qui est le plus tentant. L'implosion sur le court terme, ou la longue durée ? Enfin. Il est tout seul, et je vais le défoncer ! Ton rictus a assez duré, insecte !"

Mais pourquoi il lui en voulait autant ? C'était même pas sa propriété ! C'était quoi, la raison qui le poussait autant à venir la martyriser sur tout les pauvres types de Malth ?

Ca aurait dû être le rôle de Korvek, ça !

Oh, à moins que...

Mais bien sûr ! C'est pour ça qu'il dédaignait autant Phyro ! C'était tellement évident !

"Tu vas perdre... T'es à peine capable de me faire lever un sourcil, maintenant... Qu'est-ce que tu peux bien lui faire ? Son déni constant te surpasse, avoue-le ! Mais vas-y donc, pars avec ma bénédiction. Je t'attendrai, prouve-moi que j'ai tort ! Mais pour le moment, et j'en suis persuadé : T'as to-"

Jackpot. Il lui avait lâché un monumental pain, n'arrêtant en aucun cas le rictus qu'elle arborait :

"RESTE A TA PUTAIN DE PLACE, A 52-04-8, SI TU TIENS ENCORE A TA PUTAIN DE QUEUE ! J'AI GAGNÉ, BORDEL !"

"Pour toi, c'est Morgana, grand-père ! Et puis... Tu toucheras jamais à ma queue, c'est la partie que tu préfères, chez moi. La seconde, en tout cas. Pour la première, regarde-moi bien dans les yeux :  T'as toooort ! Tu pourrais me buter la totalité des marqués devant moi les uns après les autres que je n'en aurai RIEN à foutre, t'auras toujours tort ! Tu pourrais me molester toute la soirée où me lâcher Glasty' le con là tout de suite, t'auras toujours autant tort ! Tu peux rien me faire, Glasty' peut rien me faire... Vous êtes insignifiants... T'es un putain d'aveugle..."

Il était mortellement serein, pour quelqu'un qui explosait intérieurement. Elle avait enchaîné, poussant la relance :

"...oh, t'aimes pas avoir tort, ja ? Dis, ça fait quoi, de perdre la main contre sa captive enchaînée ? C'était dans tes plans, ça ? Allez, papy ! Y'en a un, qui t'attend, là-bas. Et qui a toujours raison, lui aussi ! T'as pas le niveau pour avoir raison de lui, et tu le sais !"

Ca l'avait décidé pour de bon.

"Bouge pas. Je reviens avec Glasty', qu'on vérifie ! Je vais mettre deux pains à Korvek, je pars sur Cambria, et quand je reviendrai, on va discuter. Longtemps."

Et il s'en alla vers une mort certaine.

Le Directeur lui avait demandé :

"Gamine, vous l'avez fait exprès ?"

"...oui. Oooh que oui. Ahaha, il n'a aucune chance..."

"Et ça vous dérange pas de devoir me faire travailler comme un damné pour réparer la mise à mort artistique de l'autre animal ?"

"Vous inquiétez pas, je vais sortir dans pas longtemps..."

Elle le comprenait, désormais. Elle les comprenait tous...

Ozgär était un pariah pur souche, qui aimait deux choses : Avoir le dernier mot. Il voulait avoir raison, et par dessus le marché, voulait avoir raison de manière flamboyante ! C'était pour ça qu'il avait conçu les Doxs ! Le dernier mot ! Prouver que sa méthode marchait ! Que son monde marchait !

Haxel était un gamin, et venait à peine de sortir de scission. Son truc à lui, c'était d'imiter le meilleur du meilleur, et il souffrait d'un immense cas de "Notice me, sempaï". Ses seuls sujets de conversation étaient Ozgär, ses exploits, et son envie de faire mieux. Ce type n'avait AUCUNE vie.

Et Glastonlade... Était juste un zombie. Il était aussi con qu'un zombie. Aussi violent. Plus intelligent, car il savait à peu près attendre le bon moment,, utiliser des armes, être discret, et la laisser dans un état proche de la purée quand Ozgär réussissait à le faire venir. Capable uniquement de beugler, elle le soupçonnait d'autisme. Contrairement à ce que les gens pensaient, il avait un hobby que personne n'aurait jamais soupçonné, venant d'un dérangé sanguinaire : Il aimait disséquer les gens. Quand un affranchi disparaissait dans les rues, il finissait généralement par orner son manoir. Certains prétendaient même que les méthodes d'exécution les plus sanglantes étaient brevetées par lui. Ca ne l'étonnait pas.

Ozgär était parti pour avoir le dernier mot, Glasty' parti pour le challenge. Restait Korvek sur place. Lui essayait toujours son projet de parasitage compatible. A son plus grand désespoir, d'ailleurs. Ses interventions ne duraient pas des heures, mais que c'était brutal... Le but était quand-même de la sécher suffisamment pour tenter un nouvel essai. Mais il avait oublié l'essentiel, depuis le temps.

"Alors, ce test ? Ca a marché, de désactiver ses nerfs et lui passer des images de son monde natal en boucle ?"

"Vous êtes totalement perdu, Korvek ! Évidemment que la possession a pas tenu !"

"Injectez-lui de quoi réactiver ses nerfs, et chauffez-les a blanc, pour ainsi dire. J'ai un ligatureur, pour ça !"

"Ca marchera pas ! La douleur fait juste... Rien ! On à déjà essayé !"

"...putain, mais j'étais si près du but, à l'époque ! J'étais- Et merde ! Connasse, tu vas me répondre ! Qu'est-ce qui est capable de te détruire mentalement ? Y'a forcément un truc pour te briser en mille morceaux, là-dedans !"

"Elle vous entend pas, Conspirator. Elle est shootée, hein. Laissez-tomber pour aujourd'hui, on la possédera pas. On retentera quand on aura un meilleur plan d'action."

"Je finirai par trouver, un jour ! J'ai claqué trop de temps pour arrêter !"

Quelqu'un d'autre la possédait déjà, pour ainsi-dire...

Aussi, son laboratoire fonctionnait environ un jour sur trois. Et ce, peu importe où il la relocalisait.

C'était tout autant brutal quand les verrous de sa cellule sautaient sur une panne de courant et qu'elle tombait sur une vermine malchanceuse qui avait commise l'immense erreur d'être au mauvais endroit, au mauvais moment.

Son séjour était, pour une partie d'elle, presque agréable, en fin de compte ! Même ici, elle continuait d'exister ! Dans la douleur, mais elle avait toujours un but !

Et ce but était de savoir comment partir d'ici.

Et son hobby était de collectionner les regards terrifiés.

Y'avait pas que ceux des pariahs, malheureusement...

Elle avait cherché à se lier avec les autres insectes locales, sauf que...

"N'APPROCHE PAS, MONSTRUOSITÉ MÉTALLIQUE !"

"Mais pas du tout ! Je-"

...c'était mort. Paranoïaques, tous. Y'avait une taupe...

Finalement, après avoir emprunté une foreuse à main, lors d'une nouvelle panne du générateur, elle avait creusé un tunnel de fuite, après avoir vu sa fourrure pousser suffisamment pour pouvoir tenir l'hiver. Ca lui avait pris cinq mois de creuser un trou à travers sa cellule.

Deadlock. Le sinistre Dox qui rôdait sur Malth. Sa revanche sur Ozgär, d'avoir déjoué sa sécurité ultime, ce qu'elle n'apprit que récemment. Sa revanche sur Korvek, d'avoir prouvé sa théorie fausse par sa simple existence. Elle allait pouvoir fuir !

Sauuuf qu'une main la prenant par l'épaule, la projetant Mach 1 contre le mur avant de promptement la pulvériser et enchaîner sur un piétinement surhumain de la part d'un adversaire cinq fois plus rapide et violent que le Marine moyen lui avait implicitement indiqué que Glastonlade en avait profité pour se ramener de dos. Il était pas sensé être parti, lui ? Pourquoi il était là ?

Il arborait, lui qui n'avait jamais rencontré de résistance, une immense cicatrice ! Celle-ci fracassait son oeil droit et la moitié de son nez, imprimant un... Groin de phacochère ? Glastonlade aurait perdu ? Il se serait fait ouvrir ? Lui ?

"Qu'est-ce qui vous a mise dans cet état ? Vous êtes tombée dans un broyeur à déchets ?"

Pire. Un maniaque armé jusqu'aux dents qui ne parlait jamais et frappait tout le temps, tout ce qui lui passait sous la main...

Et mauvais perdant en plus !

Le piétinement avait duré 3 secondes. La célébration post-victoire, bien plus longtemps. Elle n'avait survécu à l'épreuve que grâce aux dons en chirurgie qu'avait dû développer le sociopathe en se rendant compte que ses "nouveaux amis" mourraient systématiquement quand il commençait à leur broyer le torse pour vérifier les teintes de couleurs qui en sortait.

La médecine de terrain était une merveilleuse chose, qu'ils disaient. Moins quand elle s'était retrouvée avec sa tête en train d'être secouée dans tous les sens tandis que son corps était plié pour prendre la forme d'une tête de phacochère.

Apparemment, entre deux hurlements, braillements et bruits divers, et des secousses beaucoup trop violentes pour une tête seule, il voulait réellement lui faire comprendre quelque-chose.

A part un mal de crâne et une joie toute renouvelée d'être en possession d'un corps physique, elle ne voyait pas...

Le tout avait été interrompu par une envie de dormir, ainsi que Korvek, rentrant avec un masque respiratoire, marmonnant :

"Immonde taré... Tu sais combien elle m'a coûté ? Fais dodo, pauvre connard, et laisse mes affaires en paix !"

Une discussion de Marines :

"Ca se passe mal, sur Cambria ! Trop de Psi, surtout LE connard en blanc ! On se fait ouvrir, et ils commencent à nous envahir nos frontières !"

"C'est qui, ce type ? Quand il m'a implosé, j'avais réellement l'impression que c'était personnel !"

"Personne sait ! Il s'est ramené un jour comme une fleur et depuis c'est un enfer permanent, là-bas !"

Ozgär l'avait réellement trouvé, en oubliant un détail : Phyro était tout seul. Dangereux. Fou dangereux. Elle savait qu'il allait remporter la victoire. Elle ne savait pas dans quel état elle allait le retrouver.

Elle avait un grande confiance, en lui. Moins en sa santé mentale. Quotidiennement, des doutes. Il gagnait, c'était aussi évident que les étoiles brillaient. Mais dans quel état ? La crainte commençait à virer en angoisse. Il n'allait jamais tenir, tout seul...

"En cela, je peux aider !", avait proposé Le Directeur.

"Vous en faites déjà tant, je comprends quand vous n'intervenez pas, certaines fois. Vous aussi avez besoin de sommeil."

"Ah, y'a pas que ça. Je suis, comme vous, un seul homme... Nan, je voulais vous proposer quelque-chose. Un cadeau, de ma part. Ca ne vous fera pas mal."

"...allez-y."

"Je ne peux pas vous faire évader. Par contre, maintenant qu'ils vous ont un peu lâchée, je peux vous apprendre à vous évader mentalement."

"...j'ai pas envie de pouvoirs Psi. Je dois rester lucide. Qui ira gérer chaton si je n'arrive plus à voir devant moi ?"

"Psi ? Non. C'est plus de la double vision. Elle vous permettra de voir à travers les yeux de quelqu'un d'autre. Si tant est que refuser d'en avoir vous permette réellement de rester lucide... Cette cellule finira par vous tuer, un jour. Et ne vous inquiétez pas, vous resterez lucide."

"...allez y toujours."

"Fermez les yeux. Concentrez vous. Vous sentez, ce titillement à l'arrière de votre crâne ? Essayez de le visualiser."

Elle avait l'impression de pouvoir le visualiser pour de vrai. C'était... Comme une petite tempête localisée. Un coeur d'éclairs. Des bordures inconstantes. C'était... Cyan.

Ca lui avait fait peur. Elle avait fui cette vision.

Il avait conclu, en la voyant se réveiller :

"Ce sont des bons progrès. Vous êtes douée, d'habitude, ça prend trois heures pour que quelqu'un comprenne ! Vous apprenez vite !"

Quoi ?

Il devait y avoir erreur.

Seconde séance :

"Bien, si vous arrivez à vous remémorer la veille..."

Elle avait tenté toute la nuit de sonder cet endroit. C'était une merveilleuse vision. Merveilleuse et terrifiante.

"...essayez de vous concentrer sur ce point."

C'était devenu facile. Elle savait où le localiser.

"...bien. Maintenant, essayez d'imaginer une fenêtre, à l'intérieur. Un trou. Un tunnel infini."

C'était beaucoup plus dur. Quand elle essayait, un haut-le-coeur, un espèce de vertige arrivait. L'espèce de vertige qu'elle avait, quand elle n'arrivait pas à s'endormir.

Vermine sans nom. C'était que dalle, à côté de ce qu'elle avait vécue ! Elle força cette barrière intime aussi violemment qu'on avait à de nombreuses reprises forcée la sienne !

Le Directeur était abasourdi :

"Eh ben c'était rapide ! Ca prend trois mois, d'habitude, pour réussir à forcer son âme ! La grande majorité des étudiants sont retrouvés en pleurs dans leurs dortoirs lors de leur premier essai, généralement !"

Insecte. Elle avait répondu, froidement :

"J'ai déjà effectuée cet étape, il y a longtemps. Dites-moi ce que je dois faire, maintenant que ce tunnel est ouvert."

"Je commence à comprendre ce qu'il voyait en vous ! Je... Bien. Essayez de le visualiser, de l'autre côté de ce tunnel."

Elle le voyait ! A travers un trou d'une tête d'épingle, elle pouvait le voir ! L'image était microscopique. Elle discernait... Trop petit.

"Bien, maintenant, essayez de passer à l'intérieur de ce tunnel."

Trop petit ! Elle tentait de forcer le trou, mais il était réellement microscopique !

Elle allait devoir employer les grands moyens. Agrandir cette déchirure. Le vertige s'intensifiait. La nausée augmentait. Son coeur semblait exploser. Cette masse cyan refusait.

"Bon, on va arrêter là pour ce soir. On reprendra plus tard."

Troisième séance :

Elle n'avait pas le choix.

Un hurlement. Elle avait l'impression d'avoir passé cette tempête d'éclairs dans une bassine d'eau brûlante. Les yeux fermés, elle ne savait pas si Le Directeur agissait, ni même parlait.

Le portail était ouvert. Elle s'engouffra dans cette tempête. Les souvenirs battaient. La rancoeur tonnait. La haine pleuvait, et était brûlante. Des cauchemars soufflaient, tel une tempête, toujours plus violemment. Le sol lui-même semblait s'effondrer sous son passage, tel autant de confiance en soi.

La fin du tunnel. Phyro. Trouver la balise. Trouver la balise...

Elle avait la vision d'une armure de Gardien. L'état physique indiquait des blessures conséquentes. En haut a droite, un symbole du chaos indiquait qu'il allait surcharger. Il était en train de confronter Ozgär. Celui-ci avait retrouvé sa trace, mais était bien planqué derrière un écran.

A côté de lui était une dignitaire blessée, probablement de haut rang. Les gens importants aimaient paraître importants. La pièce était sombre, presque entièrement noire. La dame se camouflait dans l'obscurité. Ozgär prononçait, à l'écran :

"Je n'ai AUCUNE idée de comment vous avez réussi votre cascade, vermine. Mais je vous assure un truc : La prochaine fois que je lui mettrai la main dessus, aucun escadron venu de l'Outremonde n'apparaîtra à l'écran pour foutre en l'air le plus gros broadcast de cette planète ! Et cette prochaine fois, je peux vous assurer que la totalité de la planète se soulèvera, finalement éclairée de votre inutilité flagrante, lunatique !"

Phyro n'était clairement pas serein. Quelque-chose en lui, soudainement, semblait écumer de haine. Une haine qu'il connaissait particulièrement bien. Alors qu'il allait expliquer les détails du trusting et pourquoi l'Outre-Terre l'aidait toujours autant, tout en siphonnant le fond d'une canette jurant avec le décor ambiant, Il se vit plier la canette et la balancer par dessus son épaule et sortir, comme si ça n'émanait pas de lui :

"...gros, tu te rappelles de ton protégé ?"

Ozgär regardait l'écran avec intérêt et scepticisme. Elle-même était également sceptique, et pour cause ! Chaton qui faisait des menaces implicites et qui savait se tenir ? L'empereur réfuta :

"Pathétique insecte. Je n'ai pas de protégé ! Pourquoi en aurai-je un ?"

Phyro, se balançant sur le côté, sous les yeux peu rassurés de la première autorité Nocta, continua, monocorde :

"...il y a 3 ans, j'ai mis la main sur un Conspirator dont les tactiques ressemblaient étrangement à celles d'Invictus."

Ozgär était sur la défensive :

"Je ne vois pas du tout de quoi vous voulez parler. Pourquoi j'aurai voulu d'un-"

Phyro, lui, voyait très bien de quoi il parlait. Et, tout en agrippant la table, déclarait, sous les yeux de la Nocta qui commençait à perdre son racial stoïcisme :

"...et, quand j'ai fouillé sa mémoire, j'ai compris. Et je l'ai DÉMONTÉ..."

Il venait d'imploser la table devant lui. Une chance que l'écran fût collé au mur. Phyro, frapper un type qui s'est rendu ? Impossible. Il les tuait sur place.

"...et SURCHARGÉ..."

Il venait d'imploser le restant de la table. Phyro, torturer un type ? Impossible ! Il ne tenait même pas 3 minutes à regarder quand elle s'y collait !

"...et je l'ai filé en pâture aux Scourges..."

Il venait de casser un pied de la table en deux. Phyro, réellement exécuter quelqu'un comme ça ? Mais il s'était passé quoi, en 20 ans ?

"...et je l'ai achevé comme la merde qu'il était, tandis qu'il semblait lutter contre toi, encore, et encore, et encore..."

Quelque-chose n'allait pas ! A part cas très particulier, jamais il n'avait fait ça ! Il allait toujours au plus rapide ! Il devait forcément bluffer ! Il devait tenter d'obtenir une réaction quelconque ! Jamais il ne se serait mis à ce genre de pratiques ! Il les haïssait !

L'empereur, vert, montrait, pour la première fois de sa vie des tics nerveux. Phyro continuait en rigolant nerveusement :

"Mais je l'ai pas tué ! Je l'ai mis en jarre. J'ai même personnalisé la jarre !"

Ozgär rigola, et finit par reprendre son calme, un rictus nerveux sur le coin des lèvres :

"Ahaha, tu m'as fait marcher- hein ? Il n'y a aucune raison qu'un balai dans le cul tel que toi puisse un jour considérer l'option même de sciemment blesser l'âme de quelqu'un- hein ? Perds tes moyens, je t'en prie. Ca rendra la suite des événements encore plus savoureuse. Mes Marines sont cons, certes, mais innombrables, et on sait tous deux ce qui va finir se passer quand ils finiront par te parquer dans la même cellule que ta pariah de compagnie personnelle..."

Une photo passa devant sa vision. Celle qu'il avait prise, à la fin de son premier anniversaire. Il inspira, contempla la photo. Sembla essayer de ralentir le temps. Inspira de nouveau, et regarda l'écran une nouvelle fois, avant d'expliquer :

"Ah, mais elle avait raison ! Je comprends mieux, maintenant... Quand l'univers te semble trop con et froid pour simplement te laisser avoir ne serait-ce qu'une once d'optimisme quant à ton avenir, t'as juste une seule envie : Celle de fixer un instant du présent et de le conserver, encore, et encore, et encore... Avant, j'avais "ma pariah de compagnie personnelle", pour ça. Une... Ancre. Une balise. Un quelconque but dans la vie. Important pour les autres ? Nooon, important pour moi. Et je la retrouverai, d'ailleurs. Tous les matins, depuis bien trop longtemps, je me lève avec une photo sur ma table de nuit, qui me dit encore, et encore, et encore "Réveille-toi, déchet. Tu comptes pour quelqu'un !". Et j'me lève, et je me rappelle de Noël, et je détruis pas les gens qui me croisent dans la rue. Et quand ma photo ne me suffit pas, je joue avec ce truc."

L'empereur venait de se lever de son siège, alors qu Phyro venait lui, de transmatièrer les restes de la table en une nouvelle toute propre pour y poser brusquement la tête empaillée de Haxel, dont les orbites vides indiquaient la présence d'une jarre d'âmes. Morgana, admirait le spectacle avec une certaine pointe de fierté. Et, semblant surcharger pour de bon, il continuait, profondément haineux, mais, étrangement, toujours aussi glacial :

"J'aime bien voir combien de couleurs je peux en obtenir en 5 secondes. Les secondes les plus longues du monde, dans mon cas... Enfin, 168 couleurs. Je pense vous en faire une démonstration en direct, attendez, je vais mettre le son, ça va être génial... Si j'ai plus rien, pathétique mortel, alors je me ferai un plaisir de jouer avec ton propre avenir méticuleusement calculé..."

Cette scène ne faisait aucun sens. Phyro, calme comme jamais, qui réussissait à mettre Ozgär, désormais l'empereur ultime, hors de lui ! Et, en plus, en avouant surpasser les pariahs dans leur propre terrain de jeu, terrain qu'il détestait de tout son être lors de leur dernière rencontre ! C'était même plus le monde à l'envers ! C'était forcément un rêve !

Elle était catégorique : Im-po-ssible ! Phyro ne pouvait jamais faire subir ça a quelqu'un. Ozgär ne pouvait jamais s'énerver à ce point. Et pourtant ! La scène était là !

Phyro avait changé. Pour le mieux ? Pas sûre. Mais il avait réellement changé. Il... Il commençait a prendre le même chemin qu'elle avait prise, des années auparavant. Qui était là, désormais, pour le guider ?

Elle venait de réaliser. Son monde sembla s'écrouler autour d'elle quand elle comprit ce que c'était, de craindre que quelqu'un ne meurt intérieurement. Elle allait perdre le seul type qui ait jamais véritablement compté pour elle, et elle aurait bêtement l'illusion, pendant des années, qu'il ne serait pas trop tard, tandis qu'il n'aurait plus que l'intelligence d'un sinistre animal enragé après avoir franchi son point de non retour !

Elle devait sortir de cette cellule. Il n'allait pas rester Phyro bien longtemps, si il commençait a faire comme elle ! Mais comment ? Le Directeur ne pouvait que provoquer des pannes de courant, pas faire miraculeusement disparaître une planète !

Non, ce qu'il fallait, pour qu'elle fuie, c'aurait été un chaos sans précédent. Pour ça, le moyen le plus rapide...

Ozgär devait mourir ici, et maintenant. Et elle allait l'alimenter, pour ça...

L'empereur était hors de lui, tandis que Phyro rigolait à gorge déployé dans un rire qui aurait pu semblé forcé, si il n'était pas authentiquement ce que les allemands appelaient une schadenfreude. Il était authentiquement en train de savourer les émanations qui sortaient de son interlocuteur, même à travers l'écran :

"TU NE VAS RIEN METTRE DU TOUT, FILS DE PUTE ! TU AS CESSÉ DE M'AMUSER ! TU TE CROIS BALÈZE, VICTIME ? JE VAIS TE MONTRER POURQUOI JE VOUS CONSIDÈRE TOUS COMME AUTANT DE JOUETS !"

Ozgär- Non, c'était pas Ozgär. Ou si, justement ! Enfin bref, il venait de changer de forme, exactement comme Phyro était capable de le faire.

Phyro était un humain modifié.

Ozgär, a la grande surprise de tout le monde, était, lui, un authentique Changeforme. Sa seule limite était celle de son imagination.

Et son imagination lui faisait prendre une salve de formes toutes plus informes les unes que les autres, dont chaque parcelle était désormais une arme placée là pour une seule putain de raison :

"J'ARRIVE, VERMINE ! PEU M'IMPORTE DE TE TUER DEVANT TA PUTAIN DE MAÎTRESSE ! JE FERAI EN SORTE DE ME RATTRAPER SUR ELLE PENDANT QUE TU REGARDERAS DEPUIS L'OUTREMONDE ! JE PASSERAI LE RESTANT DE MES JOURS SUR-"

"T'es dans mon église, maintenant, Ozgär. Et chez moi, les gens ont une distinction : Ils changent. Moi, par exemple. J'ai appris d'à peu près toute la population locale pour en arriver au merveilleux tueur en série que je suis. Viens, je t'attends. Et je suis sûr de te défoncer, parce-que toi, connard..."

Phyro venait de faire un geste ample avec ses deux bras, en ramenant ses doigts serrés vers ses paumes, deux fois, et continua :

"Toi t'as pas changé, et tu changeras probablement jamais. Alors je vais te la faire comme "au bon vieux temps" : J'te défonce, moi ! T'es dans ta rage, j'suis dans la mienne ! Et j'ai la plus grosse, microbiote !"

Il avait enchaîné, devant l'empereur écumant de rage, sur un geste qui l'avait mentalement achevé :

Un dab'.

"Gueule moins, grosse merde. De toutes façons, tes plans n'ont pas changé en plus d'un siècle. T'es bon pour la casse, papy ! T'es dépassé de partout ! Que ce soit dans tes plans, tes leçons, ou non ! Mieux ! Ton mentorat parfait..."

L'écran s'était éteint. IL arrivait, vitesse grand V, avec tout ce qu'il avait sous la main, y compris lui-même.

Son plan, pour une fois, n'était pas calculé. Il allait lui envoyer tout ce qu'il avait à la tronche. L'apocalypse stellaire était désormais partie.

Il allait envoyer TOUT. CE. QU'IL. AVAIT.

Le plan de Phyro n'était pas calculé, ce qui lui donnait, à son insu, un flagrant avantage. Animé d'une sensation qu'il n'avait jamais vue purifiée à ce point, lui aussi commençait lui-aussi à changer de forme et se préparait à y aller au pur talent.

Lui aussi allait envoyer absolument tout ce qu'il pouvait déchaîner. Et avait appelé A-1.

"Ozgär : Capacité de Changeforme : Hérésie. Action nécessaire : Effacement. Problèmes éthiques : Inexistants. Armement conseillé : Précision non nécessaire. Réquisition de Fyria. Demande : Lancement du Scourge Navigator. Probabilités de dénouement : Jamais vues. Citation organique : "Nos cauchemars ne sont que des rêves. En plus réalistes." !"

Qui de ceux qui ignorent la réalité ou de celui qui ignore les formes physiques allait gagner ?

Ca allait faire des gros dégâts collatéraux. Les deux allaient provoquer une tempête apocalyptique.

La Nocta parla, pour la première fois de l'action :

"Vous n'êtes toujours pas socialement présentable, Phyro-Maîtrisé, mais vous avez fait d'énormes progrès, dans votre discipline. Vous rendez les Noctas fier... Pour un diurne. Soit, si c'est le moment choisi, alors je réunis la totalité de nos loyalistes. La planète entière sera là pour vous."

Au loin, dans l'horizon, le hurlement de Fyria, alimentant le Scourge Navigator, la super-arme des Seekers. Une monstruosité cérébrale capable de pomper la totalité des cauchemars de tout un continent. La malheureuse avait, depuis le temps, été forcée de catalyser la puissance de l'assemblage biologique avec une seule bonne raison : Déchaîner une hordes de cauchemars vivants sur les adversaires des Seekers, comme elle avait déchaîné une horde de créatures cauchemardesques sur la Terre.

Et le plus impressionnant... C'est qu'elle était volontaire, pour ça. C'était comme une continuité de ses shows, pour elle. Elle adorait ça, en réalité. Les Seekers lui avaient tendu un piège pour vérifier ce détail : Lui permettre de s'échapper. Et, elle, avait machinalement dénoncé la faille microscopique a la seconde où elle l'avait remarquée.

Le syndrome de Stockholm le plus malaisant de l'histoire des Gardiens. L'événement qui avait placé Phyro de la barre des Loyal Bon a celle du Chaotique Bon.

Elle n'appréciait pas non-plus Ozgär. Il asservissait trop bien les mondes. Il lui volait son travail. Elle l'aurait laissé faire, il aurait fini par envahir la galaxie, et elle n'aurait plus eue qu'un seul endroit où travailler : A petite échelle, une bête par une bête, dans des fosses de distraction...

C'était inadmissible ! Elle était une Aryani ! Elle valait mieux que ça ! Cambria, voila une planète en guerre ! Voila un endroit pour démontrer son plein talent ! Être au sommet de sa divine performance ! Et quelle meilleure publicité que de pourrir en direct, devant les caméras de tout l'empire, l'empereur lui-même...

Ha, ha, ha... Elle n'aurait raté cette prouesse, ce final pour rien. Au. Monde...

Tout proche, dans les cellules de Malth, la planète se retourna en entendant le même hurlement. Le laboratoire entier fût pris d'une lumière cyan. Personne de non-obligé n'osait y mettre les pieds, et ce depuis longtemps. Désormais, même le staff sur place se refusait à y aller.


Deux balles que vous scrollez, effaré par la quantité de morcelage, et que vous venez a peine de tomber ici jvhap
Quelque-chose ne va pas ? jvhap

Notaproblem

Nov 02, 2018, 03:33 pm #148 Dernière édition: Nov 29, 2018, 04:05 pm par Notaproblem
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Dans la pièce de Phyro, le silence se rompit. Des cris d'alarme se firent entendre. La bête matraquait, lacérait, déchirait quiconque était assez con ou malchanceux pour l'empêcher d'aller chercher sa félicité.

Ses hurlement et ses menaces toutes plus fleuries les unes des autres l'indiquait, il allait clairement niquer des mères.

Le silence de Phyro, dont la forme rivalisait d'illogisme avec celle des pires outremondiens, indiquait que lui aussi était parti pour soulever du Changeforme.

La porte se fracassa. Instantanément, une espèce de pieuvre abominable sauta sur les occupants. La grande émissaire Nocta eût tout juste le temps de claquer un talent afin d'illuminer la cible, permettant de déterminer ses contours dans le noir, avant de se faire broyer par la masse informe.

Phyro qui chargeait, en hurlant, en même temps qu'une expérience ratée dans un tunnel de Malth :

"C'EEEST TA FAUUUUTE !"
"C'EEEST TA FAUUUUTE !"


C'était désormais, dans la salle, une tornade entre deux êtres totalement impossibles.

Tordre le mur, pour qu'il ne puisse pas passer. Reculer, pour le rendre plus petit. Faire un salto, pour qu'il s'écrase contre le mur du fond, désormais le sol. Mimer un faux rocher, l'écraser avec. Le planter avec un kriss Nocta traînant dans les airs, avant d'enchaîner sur la batte. Ce coup-ci était parti avec la force d'une rage soudaine. Celui-là, le poids de l'incertitude. Profiter de son hurlement pour transformer le son en nouvelle pièce. Les murs n'existaient plus. La réalité était désormais leur réalité. Ozgär était dépassé. Continuer. Tapisser la zone de bile. Insister sur le matraquage. Les Scourges vont venir. Les cambriens vont arriver. Il CRACHERA sa position. Il pourra tenir parole. Ca fait déjà trop longtemps qu'il n'attend QUE de pouvoir tenir parole.

Insister sur les incohérences. La porte de sortie donnait sur l'écran du mur. Le miroir donnait sur lui-même. Les variances de lumière étaient désormais des obstacles. Le feu était une lance. Un reflet dans le globe d'eau décoratif encaissait les décharges de minigun pour deux.

Du progrès ! Il commence à lâcher prise ! Embrayer sur les attaques mentales ! Passer par la flaque d'eau du sol ! Ressortir via le son du vase qui vient de se briser, profiter du mal de crâne qui envahit son adversaire, aux prises avec un flashback distordu de l'évasion de Malth, et de la vitesse du son pour-

Ohoho, ça, ça a tout l'air d'un organe qui ne peut pas changer de forme. Ni l'une, ni l'autre n'étaient calés en anatomie de changeforme. Aucun des deux ne soupçonnait leur existence, mais l'espèce de... D'estomac dégoulinant semblait être vital, vu comment Ozgär tentait de le récupérer.

Il était dans le mal. Il fallait en profiter. Un nouvel impact de batte, aussi massif qu'une volonté d'effort de dernière minute, surpassa l'écrasement de la jambe de Phyro via ce qui semblait être un marteau à pointes.

Le choc l'avait à peu près sonné. Deux espèces de crochets osseux s'enfoncèrent dans le gros de la masse du changeforme, et tirèrent, ouvrant le thorax de son adversaire. Les os se cassèrent et le restant pointu encore relié aux appendices s'enfoncèrent dans ce qui ressemblait à un système organique, bientôt suivi d'une ribambelle d'autres, venus de probablement quelque-part. Dans un dernier acte, le futur macchabée balança un coup de... Ca avait plusieurs lames en courbe, et c'était en rang, et ça avait l'air douloureux.

Et ça venait de faire sauter la tête de Phyro.

Sa vision passa sur du noir, et, soudainement, des formes blanches se détachèrent autour d'elle. Le restant du bordel dans le bâtiment, sans doute. Des pariahs, des résistants, mais le plus proche qui commençait à essayer de fuir était...

...promptement mis en jarre, en tout cas.

Encore en état de choc, il entreprit de mutiler le cadavre, à moitié conscient, quand une nouvelle forme blanche rentra, lui faisant essayer de trouver en catastrophe un substitut à sa tête, en hurlant :

"MADAME-AMBASSADRICE ! NOUS PERDONS DU TERRAIN ! IL NOUS FAUT ÉVACUER VE-"

Il avait l'air de s'être stoppé, probablement en remarquant l'état général d'une porte sur l'Outremonde qu'était devenu la pièce. Phyro, lui, totalement affolé, était en train de chercher quelque-chose des yeux, n'importe-quoi qui, à ses yeux, pouvait servir de justification. N'importe-quoi pour pouvoir arrêter le jugement que le nouveau venu était en train de lui porter.

"QU'EST-CE QUE-"

"Let the bodies hit the floor"

Il trouva enfin quelque-chose ! Un espèce de masque en porcelaine, dont les fentes pour les yeux étaient en croissant de lune vers le haut, et dont la bouche était en croissant de lune vers le bas, lui donnant une tête joyeuse et bienveillante. Il se dépêcha de l'installer sur la masse de chair tuméfiée et informe qui commençait à entreprendre la reconstitution d'une nouvelle tête.

L'arrivant n'était pas dupe, évidemment, et articulait lentement, en plissant des yeux, préparant quelque Psi :

"Qu'est-ce que vous êtes, horreur cauchemardesque ?"

Un sentiment d'angoisse la prit. Non ! Ce n'est pas une créature cauchemardesque ! Il est terrifié ! Foutez-lui la paix !

Il n'était pas rassuré, et ne savait pas si il devait sauter dans le couloir rempli de Marines, lancer son sort, rester sur place ou rentrer dans la salle...

"Let the bodies hit the floor"

"Où est là- Oh par..."

Il venait de comprendre que le restant de robe de la purée au sol n'était pas un leurre, ni la forme se tordant en forme humaine qui se reconstituait devant lui, faisant se balancer des morceaux de cadavre empalés sur lui.

Elle, dans sa cellule, était en train d'écumer : C'est pas ce que vous croyez ! C'est pas du tout ce que vous croyez ! Laissez-lui au moins le bénéfice du doute !

"Let the bodies hit the floor"

"Phyro-Abomination, qu'est-ce que vous venez de-"

Ce n'est pas une abomination ! Il vous a tous sauvé la vie ! C'est moi, l'abomination ! C'est moi qui ai déclenché tout ça ! Si j'avais jamais rien dit... Arrêtez de le juger !

"Let the bodies hit the..."

"Le restant de la planète sera mis au courant de ça ! Maintenant répondez, ou aidez-nous à évacuer, mais faites-quelque-"

Non ! NON ! IL EST GENTIL ! FOUTEZ-LUI LA PAIX ! POURQUOI PERSONNE NE LUI FOUT JAMAIS LA PAIX ? VOUS ALLEZ LE SURCHARGER ! IL EST DÉJÀ ASSEZ STRESSÉ COMME CA !

"FLOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOR !!!"

MAIS POURQUOIII ?

Il venait à peine de redevenir présentable qu'il ne l'était déjà plus. Voulant mettre un terme au jugement du type, venait de le dégager maladroitement de la porte et essayait de fuir dans le couloir, en recherchant, avec sa tête désormais reconstituée et son armure re-transmatièrée, le paquet de victimes le plus proche, batte en main, brillante comme un phare :

"Beaaaten, what fooor..."

Calme-toi ! Phyro ! Calme-toi ! C'est pas grave ! Tu peux te contrôler ! Tu viens de le prouver ! Je t'en supplie, calme-toi !

Le type avait décidé que se placer dans la salle du duel, perdant tout contact visuel avec le monstre qui venait de le virer du chemin comme un tas de poussière, était une excellente idée. De son côté, le Gardien aperçut un Marine venu du tournant, visiblement peu prêt pour la rencontre :

"Caaan't take much mooore..."

Non ! C'est pas vrai ! Tu peux tenir ! C'est pas le pire que t'aies vécu ! Reprends-toi ! S'il te plait, reprends-toi !

Le pliant sur place et lui agrippant la tête, il commençait la partie intéressante de son délire :

"Here we go, here we go, here we go !"

Tu vas te faire pulvériser ! Ils sont probablement des centaines, dehors ! T'es salement blessé ! T'es pas en état !

La tête du type, essayant de hurler a travers l'intercom de son casque, compressée par un bras semi-mécanique, commençait à céder.

"Nothing wrong with me..."

C'est vrai ! C'est pas ta faute ! Pense à toi ! T'as pas à les écouter ! Arrête !

Elle venait d'exploser sous la pression, dans un bruit de pastèque trop mûre.

"Nothing wrong with me..."

Regarde-toi dans une glace ! T'es pas un monstre ! T'es le gars le plus sympa de l'univers ! T'es le type le plus altruiste que j'ai jamais connue !

Il admira le cadavre au sol, et renvoya un nouveau coup de batte fulgurant comme un accès de colère dans la gueule du fantôme qui sortit.

"Nothing WRONG WITH ME !"

Arrête ça ! Tu n'est pas une bête ! Leur donne pas raison ! Tu vas te faire trahir une deuxième fois !

Le collègue du Marine arriva et constata très vite qu'il lui manquait désormais le bas de son corps au son de :

"NOTHING WRONG WITH ME !"

Tu comptes, pour moi ! Ne meurs pas stupidement en te mettant tes hôtes à dos ! Tu mérites pas ça !

Phyro entama le couloir, direction la salle de repos, en titubant à moitié :

"Something's got to give..."

Non... Non, pars pas par là... Il y a tellement de gens, derrière...

Il aperçut un groupe de quatre Marines, un Centurion et un Décurion, tous le fixant en comprenant très, TRÈS vite qu'ils n'avaient rien à foutre là, désormais :

"Something's got to give..."

Pitié, t'es pas une bête comme ça...

Le groupe désormais victime de quelques manoeuvres de base-ball et d'arrachages de membres, il s'apprêta à défoncer la porte de la salle centrale, où la majorité des masses blanches étaient réunies :

"SOMETHING'S GOT TO GIVE !"

T'as rien à leur prouver, c'est ma faute si t'es dans cet état... S'il vous plait, quelqu'un, faites qu'il m'entende...

Des masses blanches semblaient s'être mises à fuir en entendant les paroles qui montaient de plus en plus en intensité, de l'autre côté de la porte. Ca allait mal finir pour absolument tout le monde dans...

"NOOOOOOOOW !!!"

Ne pète pas cette porte... Tu vas te saborder pour rien... T'as pas à faire ça... C'est ma faute...

La frustrante porte, l'équivalent d'une coquille de noix, d'un emballage de pot de yaourt, du plastique entourant un paquet de mini-Lions, venait de sauter, révélant une salle remplie de pariahs et autres locaux, blessés, au sol ou encore en train de se battre, désormais tous braqués, tétanisés, sur ce qui devait être, en voyant l'unanimité des visages horrifiés, quelque-chose entre la fin de l'univers et la pire chose ayant jamais existé sur ce plan physique. La vision de Phyro commençait à se tordre. La salle en bois ornée de tapis et de mobilier constitués de courbes qui ressemblaient à du victorien commençait à changer. Il commençait à voir, à la place, la salle de briefing de la Terre. Les locaux étaient remplacés par des patients en robe d'hôpital, les Marines en Marines américains. Des murs commençaient à sortir des visages fantomatiques, un grouillement, derrière lui, commençait à arriver, laissant présager de l'arrivée de ce qui ressemblait à des scolopendres géants. Des humanoïdes constitués de jambes et de bras, où trônaient une tête mais sans torse faisaient leur apparition, semblant se matérialiser dans la pièce. D'autres cauchemars, des silhouettes blanches, avançaient vers les occupants, se téléportant sur une courte distance. Semblant bugger, tremblant comme si leur animation se répétait en boucle, avant de se re-téléporter, dans un espèce de lag. Des images d'elle, terrifiée, qui semblaient s'éloigner en avançant. Des masques, comme le sien, qui sortaient des murs et jugeaient la pièce. Des apparitions toutes plus monstrueuses de lui-même.

Oui certes, le Scourge Navigator y était pour quelque-chose. Les lueurs vertes et rouges émanant de Phyro ne laissaient, elles, aucune place au doute, ne le disculpant pas totalement :

Phyro surchargeait. Mais une double, ce coup-ci. Il surchargeait de rage, le transformant en mastodonte impossible à arrêter.

Mais il surchargeait également de peur. Et celle-là transformait les environs en royaume des cauchemars.

Et, parmi tous ces cauchemars, le seul qui attirait véritablement l'attention de quasi-toute la salle était le monstre qui hurlait sa musique, avec son masque en porcelaine blanc.

Et elle ne pouvait rien faire pour le rassurer.

Elle était effondrée : C'est ma faute... C'est ma faute... J'aurais jamais du lui envoyer Ozgär comme ça... Il allait forcément pas réussir à tenir... Il a besoin de quelqu'un, pas de se battre... Comment j'ai pu lui faire ça ?

L'ironie était macabre, au fond. Elle lâcha un petit rire nerveux, en constatant son impuissance face à la situation dans laquelle elle l'avait mis :

Ahaha, j'ai voulu qu'il m'aide à m'évader en supprimant le seul qui m'empêchait de faire quelque-chose, et maintenant c'est lui qui va en faire les frais ! Je viens de lui ruiner son nouvel essai ! Je suis sûre qu'il a fait autant d'efforts de contrôle pour moi ! Et moi j'ai tout foutu en l'air ! Je pourrai jamais me rattraper, pour ça ! Comment j'ai pu ? Qu'est-ce que je vais faire, maintenant ?

Pour elle, c'était sa première double-vision. Elle avait assisté à tout le carnage. Et celui qui avait suivi, quand Phyro, surchargé comme jamais, était sorti faire coucou aux pariahs arrivés en catastrophe qui étaient en train de repartir tout autant en catastrophe en entendant la chanson venir à grands pas vers eux.

Les paroles étaient assez explicites pour leur faire comprendre qu'ils n'avaient plus rien à foutre là.

Il faut que je me tire de là ! Je dois aller l'aider ! Je peux pas le laisser comme ça ! Comment je peux faire ? La planète grouille de Marines ! Si je veux aller au spatioport, je vais devoir quitter ce tunnel frontalier et rejoindre la ville, et elle sera pleine à craquer ! J'ai aucun plan !

J'ai un plan ! J'en ai un ! Il faut que je trouve Korvek ! Je vais l'éclater, et je me servirai de sa tête pour faire reculer les autres ! Je peux les effrayer ! Ils me laisseront passer, si je deviens assez cauchemardesque ! Je DOIS partir d'ici !

Ce plan est parfait ! IL DOIT ÊTRE PARFAIT !

C'était ce que Le Directeur avait appelé, dans la tradition des psychistes de nommer leurs tours mentaux, le "Director's cut".

Quittant sa vision, elle s'était précipitée, hurlante de rire, vers la porte de sa cellule. Le courant électrique la tuait. Peu. Importe. Morte, mais mettant totalement un magistral vent à la réalité quand à son état, elle avait hurlé quelque-chose qui avait fait faire évacuer instantanément la totalité des tunnels de la zone, craignant pour leur vie et le bon fonctionnement du générateur de courant, à commencer et SURTOUT le principal concerné :

"JE VIENS POUR TOI, KORVEK ! T'ES LE PROCHAIN SUR LA LISTE ! T'ES LE PROCHAIN SUR "MA" LISTE ! AHAHAHAHAHAAAAH !"

Le Directeur s'attendait, il l'avait dit lui-même, à tout. Mais certainement pas à ça.

Et elle l'entendit commenter d'un :

"Cette étincelle est dangereuse, gamine ! Diluez-là, ça finira mal pour vous, sinon..."

La nouvelle, qu'elle anticipait, mit fin à une monotonie insupportable :

"Ozgär est mort ! C'est chacun pour soi ! Que le débile qui veuille se mettre une cible dans le dos devienne empereur, pour ce que j'en ai a foutre !"

"Oui alors : Dans son testament, il désigne Korvek comme empereur."

"Le con..."

"Comment il est mort ? Y'avait qu'une seule planète !"

"Toutes les caméras embarquées et transmissions sont brouillées au delà de toutes mesures, mais y'en a qui distinguent une immense paire de dents, y'a eu un arrêt sur image d'un tas de chair informe, mais généralement on entend juste des hurlements et une musique terrienne."

"La Terre ? C'est où ça, déjà ?"

"'ché pas. J'm'en branle. La musique te rappellera un truc : Tu te rappelles du défi consistant à voir les souvenirs d'un type infiltré dessus ?"

"Ouais, j'ai tenu trois secondes. J'ai mis une semaine à m'en remettre."

"Ouais voila, c'est le même genre de musique."

"Oh. On va couper les ponts avec Ozgär et oublier toute histoire traitant de Cambria. C'est plus sûr. Effacez tout."

"Finissons les vestiges de son règne ! J'ai une rancune ! Marines, on bouge ! Ce soir, on chasse les Doxs de l'empereur !"

"Et... Euh... Et la sanguinaar, là ? La banshee sous protection de... Elle est sous protection de qui, déjà ?"

"SURTOUT elle, mais commençons pas le possible ! Les tuables AVANT !"

Le Directeur avait l'air plus grave que d'habitude :

"C'est le moment ou jamais, gamine. Je vois pas comment vous pourrez vous en sortir, mais le karma peut pas être aussi cruel. Je vais, une dernière fois, éteindre le générateur. Bonne chance... Oh, et une dernière chose : Je suis désolé. J'aurais peut-être... Non, non. Vous n'auriez jamais tenu, sinon. J'ai fait ce que je devais faire."

Il avait marqué une pause :

"...un jour, j'arriverai à m'en convaincre."

Hm. Autant commencer par le commencement. C'était le grand jour, après tout. Le tout ou rien.

"Directeur..."

Il avait sorti, du tac-au-tac :

"Le."

"Huh ?"

"LE Directeur."

Si y'avait que ça...

"...le Directeur... Merci pour tout."

Il avait tenté de réfléchir, et avait tranché, en lui-même :

"Hmph. De rien. Littéralement."

La porte de sa cellule ultra-renforcée qui s'ouvre. Les verrous magnétiques sans jus.

Elle s'engouffra à l'intérieur des tunnels vides.

Quelque-chose n'allait pas. Le personnel était déjà... Mort. Fracassés à grands coups d'épée antichar et de calibre ultra-lourd. Quelque-chose, ou quelqu'un, était en train de rôder dans le bâtiment en même temps qu'elle.

Pitié, pas Glastonlade. Tout sauf lui. Il allait l'achever, si il lui tombait dessus ! Il était inhumainement violent ! Même elle ne pouvait rien contre lui !

Elle ne voulait pas finir en manteau !

Plus de cadavres. La sortie n'était pas loin. L'obscurité était pesante. Son armure devait se trouver au palais, sans-doute. Elle n'allait même pas essayer. Elle aurait bien récupéré une armure de Marine, si le failsafe n'existait pas. Essayer de la mettre aurait forcé une compression de l'équipement, ça l'aurait broyée sur place !

Comment elle allait survivre au froid, dehors ? Elle n'avait même pas la fourrure pour tenir !

Un bruit !

Ca ressemblait à des automatons ! Elle n'avait qu'une vulgaire seringue vide pour se défendre ! Elle devait trouver une cachette !

Ce bureau ! Il était dos aux deux entrées, il était parfait ! Personne n'irait fouiller là !

Une armée d'automatons de purge et de contrôle, semblerait-il. Ils faisaient feu sur tout ce qui passait à portée et semblait vivant. Qu'est-ce qu'il se passait, ici ?

Pitié, par de vision thermique. Pitié, pas de vision thermique.

Quelque-chose de lourd rentra dans la pièce. Elle était grillée, c'était sûr. Tout ça n'avait servi à rien. Il était mort, le miracle tant attendu, et elle n'avait même pas atteint la sortie...

Elle entendit quelque-chose de lourd se poser brutalement sur son bureau, juste au dessous d'elle.

C'était forcément Glastonlade, avec sa chance...

C'était toujours les pires qui- AAAAH !

"Bien le bonsoir, insecte !"

Le choc de quelque-chose de solide sur son bureau l'avait faite sursauter, lui faisant percuter à son tour le meuble sous lequel elle se trouvait, la sonnant. Pire ! C'était pire que Glastonalde !

"AAAH ! INVI- INVICTUS !"

Un robot surdimensionné qu'elle ne connaissait que trop bien, avec un casque de chevalier en guise de mâchoire et une tête chauve métallique imitant vaguement celle d'un crâne d'humain fit son entrée, penchant sa tête par dessus le bureau, la fixant de deux caméras jaunes :

"Conquérant de milliers de mondes ! Range tout de suite ce grognement, je ne suis pas venu mourir stupidement ! En réalité, je sais que c'est toi qui à motivé Ozgär à aller vers sa mort, et sentant que ça allait merder pour moi quand il disparaîtrait, j'ai fui Cambria pour venir TE chercher précisément, afin de ME sauver la vie !"

Invictus, le souci majeur de sa vie sur Terre, le Dox ultra-adaptatif, lui, avait prévu la trahison qu'elle n'avait pas su prévoir.

Oh qu'elle le haïssait, pour ça, lui et sa nouvelle troupe d'automatons. Inconscient du fait, il continuait déjà :

"Je sais pas comment tu t'y est prise, démon, mais maintenant, on bosse ensemble ! J'ai fait l'aller de Cambria jusqu'ici, dans un transport de troupes rempli à ras-bord de Marines vindicatifs et ingrats, et j'ai bien l'intention que ça ait valu le coup ! Qu'ils aillent crever dans leurs machinations et leurs coups en traître, tous, je vais prendre la tangente vers des employeurs plus fiables, parce-que je mérite mieux que ça ! Trouve-moi le seul être de la galaxie qui ne trahit jamais ! Trouve-moi Phyro, insecte !"

C'était clairement culotté de sa part, ce genre de requête ! Il y a une semaine a peine il frappait sur les potes a Phyro, et aujourd'hui il se pointait comme une fleur pour demander ça ? Nan, c'était trop simple ! Plutôt crever que d'aller avec lui !

"En quoi je t'aiderais, précisément ? T'es rien d'autre qu'un vulgaire pariah, à mes yeux !"

Tapant sur le bureau, provoquant un sursaut et profitant du fait qu'elle s'attendait à une attaque à travers le faible support, il se défendit :

"Tant d'animalité ! Venant de votre part, je suis choqué ! Je vous ai connue plus sympathique ! Et puis bon, à mes yeux, vous n'êtes qu'une petite chose m'arrivant au torse et toute terrifiée derrière sa cachette !"

Terrifiée ? Elle ? Mais pas du tout !

"J'ai pas toute la journée, machine ! La raison, ou casse-toi de mon chemin !"

Il imita un rire réprimé, avant de venir au fait :

"Simple : Je sais précisément où se situe Cambria, et TU sais comment conduire un vaisseau pour nous mener jusqu'à là ! Il n'y a qu'un seul type capable de remédier à ma situation, et pour avoir la clé me permettant de changer de camp, j'avais qu'un seul choix possible ! Alors me voila, te demandant ton aide ! Mais t'inquiète, je ne suis pas dupe ! Je sais que tu m'en veux encore pour tous les massacres que j'ai causé et notre long et glorieux passé ! Donc je vais te faire une prédiction surnaturelle : Une fois ma part du marché remplie, tu seras forcée de remplir la tienne qui est de me garder dans le camp des gagnants, part qui m'est assurée car si tu as suivi..."

Grrr, il avait raison, le rascal ! C'était fort probable qu'il allait s'en sortir ! Son plan n'avait aucune faille ! Les deux n'avaient qu'une parole !

Enfin...

"Le Phyro ne trahit jamais, ja ? Mauvaise nouvelle : Moi, pas ! Et je peux t'assurer qu'à la seconde où j'aurai plus besoin de toi, je-"

"HAH ! J'admire ta franchise, insecte ! Mais tu n'iras rien faire, une fois à ses côtés ! Il t'en empêchera, et tu le sais bien plus que moi ! Je ne comprends rien à vos relations d'organiques, mais ça, c'est la seule chose que j'ai compris, et c'est la plus importante à mes yeux ! Toi, plus moi égal le Phyro retrouvé égal Invictus en vie !"

C'était enrageant. La fin de l'héritage d'Ozgär en face d'elle, qu'elle se devait d'escorter au dernier endroit où elle n'aurait jamais voulu le voir... Elle hésitait encore. Il finit promptement de lui faire comprendre qu'elle n'avait, en réalité, que l'illusion d'un choix :

"C'est moi qui ai le chemin pour aller à Cambria, et le temps presse, pour lui ! Et puis... Je saurai me rendre utile ! C'est précisément parce-que le Phyro ne trahit jamais que je ne compte moi-même pas poignarder une valeur aussi sûre ! Assez bavardé, en route !"

Et, se faisant, il avait sorti sa tête de son champ de vision et entreprenait déjà de sortir de la pièce.

Sautant par dessus le bureau, elle pointa l'évident :

"Je pourrai pas sortir dans le froid, comme ça ! Ces connards me tondent systématiquement depuis l'incident avec le Dox et Glastonlade !"

Il s'était arrêté.

"...quel Dox ?"

Elle avait peut-être dit une connerie...

"...c'était TOI..."

Il la fixait des yeux, visiblement soudainement remonté. Il clignota : Ses caméras passèrent du jaune au bleu :

"Deadlock était mon ami. C'était le seul type stable et peu stupide de tous les Doxs. C'était le seul qui acceptait d'entretenir une conversation généralisée avec moi, et toi t'as... T'as..."

Elle avait encore tout foutue en l'air, ja ? L'idée furtive de voir son seul plan de fuite menacer de s'envoler venait de la rendre quelque-peu moins difficile sur ses associés...

"Écoute, je... C'était lui ou moi, tu peux le comprendre ! T'aurais fait pareil ! Tu FAIS pareil, en ce moment ! Je-"

Le Dox demanda le silence de la main, éteignit ses caméras, avant de les rallumer et continuer, tandis que celles-ci passaient au blanc :

"...oh, et puis peu importe ! Je suis sûr que t'avais ta raison ! Tiens ! T'en auras besoin."

Il venait, d'une main, de transmatièrer son armure et de la lui lancer à la gueule. Le choc de l'équipement lancé brutalement la propulsa au sol. Le message était passé. Le cadeau également.

Ahh, oui... Le soulagement. Son armure, son fusil de chasse surcalibré... Son premier flingue...

Si seulement elle n'était pas désormais la propriété d'Invictus...

Une question lui brûlait les lèvres, avant de s'engager à la suite du Dox, heureux propriétaire d'elle-même :

"Attends ! Tu comptes faire quoi, pour Glastonlade ?"

"Ne t'inquiète pas, je lui ai mis sur le chemin une offre qu'il ne pourra pas refuser ! Si tu savais qui c'était, tu parlerais moins et tu adulerais bien plus mon génie !"

Parlons-en, de son génie !

"Ton génie tactique, ja ? Bah, j'aurais jamais mis quelqu'un en pâture comme ça pour ma liberté !"

Il l'avait mal pris, le court arrêt dans le couloir le rendait évident. Il avait juste répondu, pas convaincu :

"Maiiis oui ! J'y crois ! Je suis un pariah ! Tu est également une pariah ! Nous ne sommes pas si différents, toi et moi ! Je suis presque même sûr qu'à une époque, tu avais à peu près la même empathie que je suis fier de démontrer actuellement !"

Quoi ? C'était faux ! Elle avait bien plus d'empathie qu'une machine ! Il l'insultait gratuitement !

"Dis-moi, t'en as vendu combien, en tant que Centurion ? Mille ? Trois milles ? Plus ? Je suis certain que des espèces ont disparu, à cause de toi ! Et alors, qu'est-ce qui te différenciait de moi, à l'époque ? Qu'est-ce qui peut encore te faire penser que tu mérites de ne plus être appelée ce que vous autres insectes aimez qualifier de "Criminelle de guerre" ? Phyro ? Une bonne action à lui tout seul ? Calcule toi-même, froide organique !"

"C'est faux ! J'ai changé ! Je me suis rachetée, depuis ! C'est VOUS qui-"

"HAH ! ELLE EST BELLE, TA LOGIQUE ! Retour à la réalité, stupide tas de viande : J'ai été CRÉÉ dans ce but. T'as été CONDITIONNÉE dans ce but. Nous sommes tous les deux des meurtriers, raclures et Painmasters d'exception. Toi t'aurais le droit à ta rédemption, et moi j'irai me faire foutre parce que t'as décrété du haut de ton mètre 80 que c'était MA faute si TOI t'as vendu des organiques quand j'étais pas encore sur la planche à dessin ? Mais t'inquiète pas, je vais te donner tort, vermine ! Moi aussi je saurai, comme toi, m'adapter aux moeurs des insectes ! T'es pas la seule... Insecte !"

Il venait de la piler verbalement sur place. C'était enrageant.

En réalité, pas tant un pantin que ça. Il faisait, lui aussi, des efforts. Au moins, il s'intéressait aux conversations. Il savait s'adapter, c'était vu et reconnu.

Il en avait appris beaucoup, depuis le temps. Il avait cessé de l'appeler "Insecte", "Vermine" et "Pathétique tas de viande" pour le remplacer par "Turbulente créature", "Organique", "Predator (Je connais ma filmographie terrienne !)" puis "Boss", "Seigneuresse" et "Morgana".

Predator ? C'était pas faux. Elle chassait le pariah pour le sport, jouait avec eux des heures durant, et son plus grand allié était sa discrétion. Mh, Predator.

Invictus avait tenu sa part du marché. Une fois sur place, trouver Phyro ne fût pas bien compliqué. Malgré ses enseignements dans l'art de la subtilité, sans elle, il n'était pas l'être le plus discret de la galaxie.

L'arrivée sur Cambria. Le vaisseau se prenant un tir de vésicule d'acide Seeker, et des décharges Psi divers et variées. Son crash en plein milieu de la ruche principale d'A-1, éternellement au poste.

Elle était riante, elle savait qu'il allait être surpris. A quel point il allait être soulagé, en la voyant. A quel point il allait s'en vouloir d'avoir dégommé son vaisseau, également ! Elle se passait en revue toute les têtes possibles qu'il aurait pu tirer. Invictus, lui, en voyant le vaisseau se faire ouvrir, sentait la trahison plein senseurs, j'accuse !

"...gros, qu'est-ce que tu branlais avec ton vaisseau ? T'as jamais lu les nouvelles ! 'faut so -OH PUTAIN ! NON ! NON ! J'SUIS DÉ- Non. Je resterai calme. A-1, amène des médecins. Et, heu... Ca va être son anniversaire. Réunis les srabs. J'ai quelqu'un a leur présenter !"

Il était devenu silencieux. Elle l'entendait retirer les débris, un a un. Elle finit par réussi à l'entendre marmonner :

"...discipline, t'as pas été forcé de faire les entraînements des Nains pour rien... On taille la pierre avant, on s'émeut après..."

Merde, il avait fini par apprendre la discipline ?

Elle avait répondu, en rampant sous les décombres :

"...c'est moi, qui suis désolé. J'ai fait un pacte avec le diable, chaton, et on va devoir le respecter, maintenant..."

"Hein ?"

Il avait accusé un silence, tandis qu'il était en train de lui broyer les côtes a moitié à cause de la joie, a moitié a cause de la tension qu'il avait subitement gagnée en ressentant l'esprit d'...

"Invictus ? T'es pas sérieuse ? Nan, tu m'as pas fait ça ? Dis-moi que tu m'as pas fait ça !"

"J'ai pas eu le choix. Il m'amène ici, et on l'adopte. C'était son marché."
Quelque-chose ne va pas ? jvhap

Notaproblem

Nov 02, 2018, 03:34 pm #149 Dernière édition: Nov 27, 2018, 12:19 am par Notaproblem
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Elle avait espéré qu'il fasse un gros "Screw it". Au fond d'elle, elle avait aussi espéré qu'il n'avait pas changé. C'était, en quelque-sorte, rassurant, de savoir qu'elle pouvait toujours compter sur lui quel que soit les circonstances. Sa réponse fût sans appel :

"...avant, j'aurais piqué une crise, pour ça. Je suis devenu quelque-peu plus solide, depuis. En vrai... Je m'en branle..."

Il avait fondu en larmes et continué en sanglotant :

"Je t'ai cherché partout..."

Phyro, à la fin, restait Phyro. Elle se contentait de lui taper le dos, quand Invictus entama la première d'une longue série de plombages d'ambiance :

"HA ! JE LE SAVAIS, QUE CE SERAIT TOI QUI FERAIS PRESSION POUR RESPECTER TA PART ET PAS LUI !"

"Ta gueule, Invictus..."

C'était désormais elle qui lui broyait les côtes. Menée en laisse par le Dox, depuis le début. Jamais personne n'aurait osé parier sur un accès de gentillesse de sa part, et SURTOUT PAS après la scène du laboratoire. Elle avait décidé d'être franche :

"Tu me ressembles de plus en plus, chaton... C'est pas une bonne chose, et je... je..."

Elle avait juste profité du moment pour essayer de mettre les 20 dernières années derrière elle. C'était trop beau pour être vrai...

"...et tu m'as manqué aussi... T'as réussi à t'intégrer, ja ?"

Phyro avait répondu, en craignant à moitié une scène de jalousie :

"Euh... C'est compliqué, mais j'ai des gens... Je pouvais pas tout faire tout seul, hein. Du coup je comprends un peu Invictu- Oh putain j'ai tellement envie de me le faire..."

"Respecte mon contrat, ou je te casse en deux..."

Il y avait du travail à reprendre. Il était réellement tourmenté, depuis le temps. Mais, au moins, il était là, et il était vivant. Il avait changé, un peu. Déjà, il s'était mis a la méditation. En plus, il semblait bien moins anarchique dans ses plans. Ensuite...

Elle ne savait pas vraiment, elle avait juste l'impression qu'il avait grandi, lui aussi.

C'était le plus beau jour de sa vie.

Ozgär était mort et en jarre. Korvek se faisait oublier. Les pariahs avaient désormais peur d'un insecte. De deux insectes. Elle, lui, surnommés les démons de l'Outremonde. Les incontrôlables. Le Duo Infernal. La goule et le démon. Les Schrödingers. Le tangible informe et l'intangible formée.

Elle n'allait pas se faire avoir deux fois. Ce coup-ci, elle allait s'assurer que l'empire allait brûler. Elle allait s'assurer que plus personne, jamais, nulle part dans l'univers, ne puisse lui arracher le futur qu'elle méritait. Bien plus que n'importe qui d'autre.

Elle, lui, et l'immense armée d'amis que Phyro avait recueillis...

Et il s'en était fait, des potes.

"Ahoy, madame Morgana ! Vous vous portez sublimement bien, et la soirée ne fait que commencer !"

Ca, c'était un signe qui ne trompait pas... Adossée au comptoir, elle l'avait vu rentrer, balayer le bar du regard et fondre sur elle, en remplaçant sa tête de sceptique par un pur sourire de marketeux terrien, la voix assurée et les bras ouverts en signe de bienvenue. Elle avait déjà prévu la réponse pour jouer avec.

"Hah ! Charmeur. Y'avait bien qu'un seul con dans toute la salle pour tenter le coup, ja ?"

"Ah, qui ne tente rien n'a rien, madame ! Et qu'est-ce que j'aurais eu à perdre ?"

Il était fort, ce con. Elle n'allait pas s'embrouiller avec lui par jeu, et il le savait très bien. Concédant cette manche, elle avait remise la partie à plus tard d'un :

"Ahoy, Franzis !"

Franzis Digona, cambrien alcoolique, débrouillard, magouilleur comme pas deux, mais peu doué avec le long-terme ou les conventions sociales, qu'elle avait fini par surnommer "The Man with a Plan". Son talent était... Juste d'avoir une densité musculaire hors-normes. Il bossait en tant que corsaire et mécanicien, et avait a peu près autant de scrupules qu'elle en cas de conflit. De plus, dans le civil, son côté absolument anarchique et son attitude optimiste, bon vivant et particulièrement hédoniste faisait de lui la cible toute désignée pour un parfait compagnon de beuverie, de festivités et de défis stupides et insensés, qu'il entreprenait avec une éternelle confiance motivée par son instinct de baratineur de première, dont les soirées finissaient très généralement, quand elle finissait d'être achevée, par une systématique intervention de...

"Ahhhh, je vois que Franzis-Bons tuyaux est déjà en bonne compagnie ! Ne me le cassez pas trop, je tiens à le voir réveillé, demain..."

La Nocta était rentrée à la suite de Franzis, et avait plus méticuleusement choisi ses probables victimes potentielles. Finalement, suivant le flair de son compagnon, elle s'était avancée en faisant craquer ses phalanges avec un sourire de défi et avait dit la fin de la phrase sur un ton faussement désinvolte.

Morgana avait appelé le bluff :

"Allez, on sait toutes les deux que vous ne finirez pas votre soirée sur un paquet de cartes et un pull à tricoter ! Crachez le morceau, c'est qui, la victime de ce soir ?"

Dorna l'avait regardée bien trop longtemps, et avait enfin répondu, penchant la tête vers son épaule, enfoncée dans son timbre de voix, tout en tâtant la poitrine de son interlocutrice figée sur place, peu préparée à l'action :

"Connu plus grands mais moins fer- J'ai pas encore décidééé..."

Dorna Digona, Nocta dont le talent était de contrôler l'intensité des sensations, roublarde et nihiliste toute pareille. Elle avait fait des études religieuses a cause de ses deux cornes, mais, a force de se prendre des remarques et des injonctions constantes, avait fini par devenir une rebelle dans l'âme. Quel que soit l'ordre intimé, elle allait le réaliser... A sa manière. Les principales éthiques Noctas étant "Soyez stoïques, contemplatifs et ascétiques", elle était devenue extravertie, prompt aux actes et extrêmement dévergondée, au grand dam de la totalité de son espèce. Un de ses jeux favoris était "Ca rougit comment ?". La paire synergisait à sa manière, et ne s'engueulait que très rarement. Franzis, sans faire exprès, se mettait dans un bordel sans nom et préparait le terrain pour s'en sortir, tandis que Dorna se ramenait derrière et tentait de trouver comment profiter du résultat final.

Exemple simple, dans la continuité de la soirée :

Au milieu de la soirée, après une discussion sur sa physionomie "supérieure", Franzis fait un concours de boissons avec elle. Celle-ci, confiante dans ses capacités mais quelque-peu sceptique de rivaliser avec un champion de beuverie, décide de tordre les règles en transformant ça en partie de poker, merci la pique sur la "partie de cartes et de tricot". Une grande partie de l'assistance vient rejoindre le défi.

"Ca... Ca fait combien, là, déjà, madame ?"

Toute aussi déchirée, et luttant pour rester lucide, elle répondit, lasse :

"Fais... Pas genre tu sais plus compter ! C'est toi, le type avec un cerveau pour tout le bar, ja ?"

Quelques mains et shoots plus tard, les deux s'étaient retrouvés au même point, tandis que la table avait déclaré forfait. Le cambrien tentera alors un baratin quelconque sur l'art et la manière d'être beau joueur, ce qui lui permettra de s'en sortir sans se faire achever et comater sur la table, lui permettant de dégriser un minimum pour profiter de la fin de la nuit.

"Je, euh... Je vous ai déjà raconté la fois où j'ai gagné trois membres d'équipages en épargnant un gouvernemental lors d'un duel ? C'était lors d'une rencontre avec... J'sais plus, on l'a cambriolé de toutes façons ! Enfin bref..."

"Heh, t'es marrant quand tu fais ça... Tu t'en sortiras pas, cette fois !"

Baratin qu'elle aurait refusé de lui concéder si elle avait été sobre, ce qui n'était pas le cas. Sur son écoute éméchée du corsaire qui carburait pour gagner du temps et éviter de finir vaincu, ce qui l'aurait forcé à boire le verre de trop, donnant à Morgana la victoire, elle essayait de glaner une phrase qu'elle aurait pu lancer pour faire bonne figure quand le cambrien finirait par s'effondrer...

"Phyro-Migraineux ! Allez donc prendre l'air, on s'occupe de tout, par ici !"

"J'suis pas vraiment sûr de ton coup, sister. Tu cherches quoi, ce coup-ci ? Si c'est pour me réveiller de la même manière que Pristine Bay, je préviens que-"

"Mais non, Phyro-Parano ! Il n'est point question de finir emballé dans un filet de pêche, ce coup-ci ! En réalité, je vous parie que je peux la faire céder en moins de deux phrases et en calant trois mots que vous m'aurez choisi !"

"...mh. Trois mots... J'vais pas te filer le registre qui la foutrait en rogne... On va faire pile sur la limite. Essaie avec "Traître", "Prostitution" et... "Pamplemousse", tiens !"

"Mais avec plaisir ! ...qu'est-ce qu'un pamplemousse ?"

"Un gros fruit rouge et acide qu'elle aime pas."

"Parfait, vous n'avez donc aucune rancune sur le fait d'avoir perdu votre pari, Phyro-Bête de course ?"

"Putain de merde... Je le sais, pourtant... Bon. J'ai confiance en sa capacité à ruiner ton plan rien que pour le plaisir de jouer avec tes nerfs ! Je risque rien, j'te dis, sister !"

Sauf que voila : Dorna passait en scène. Après avoir passé faire une demande (ou, de préférence, un pari) à Phyro, et profitant de l'état des deux joueurs, elle se ramenait de dos, et, en entamant quelque technique et gestuelle subtile, pour le cas de cet exemple un massage des épaules...

"Morgana-Éreintée ! Laissez-donc ce briscard à sa prostitution de paroles dont je ne comprends moi-même pas un traître mot ! Regardez-le, rouge comme un pamplemousse ! Vous ne voudriez pas finir dans le même état que lui, et passer le restant de votre soirée à grelotter sur un comptoir par la froideur de la nuit, voulez vous ?"

Appuyée les coudes sur la table, elle avait juste levé une main et opposé pour toute résistance :

"Mh. Vous semblez étrangement enthousi... Enthou... Déterminée, sur cette approche... Je devrais vous tourmenter par jeu, mais j'ai un Phyro, pour ça..."

Elle sentit un doigt gratter légèrement à droite, en dessous de ses côtes, la forçant à se retourner, et Dorna déclarer avec un ton attendri :

"Awww, regardez-le ! Phyro-Effondré vient de perdre son pari ! Vous ne voudriez pas manquer le gage de ce pari, n'est-il pas ?"

La forte impression d'avoir été bernée par quelque-combine inventée en urgence par la Nocta était suffisante pour la pousser, par pure sadisme, à dire "Non" et ruiner tous ses efforts d'un seul mot. Mais, après un nombre de verres qu'elle avait arrêté de compter après 8 (elle apprit, plus tard, que sa solide constitution et son métabolisme lui avait permis d'engloutir 25 verres du tord-boyaux artisanal du corsaire, pour un résultat miraculeusement faible de 5 grammes dans le sang...), elle n'était pas vraiment d'humeur à rater l'occasion, toujours par ce même sadisme, de jouer le jeu et voir comment Phyro allait se démerder...

"Mh. Ok !"

Derrière elle, Phyro écumait d'un :

"Mais nique ta mère la reine des putes..."

Sur la table d'à côté, elle entendit un type gueulard dont elle n'arrivait pas réellement à mettre le doigt sur son identité qui braillait :

"Phyro ! Sinistre vermine ! Ton incapacité à prévoir le futur n'a d'égale que le taux de ravage de ton cerveau !"

Franzis, qui semblait soulagé de voir le pari se finir en voyant ce qu'il avait réalisé être son prédateur apex se lever et tituber dans un piège, tourna la tête vers la créature bruyante :

"Ahem, messire Invictus..."

"Quoi, insecte hypertrophié ?"

"J'ai un pari, pour vous... Je pense que moi, "Insecte hypertrophié", est capable de... De vous imploser au bras de fer !"

"QUE- PERSONNE NE DÉFIE INVICTUS, CONQUÉRANT DE MILLIERS DE MONDES COMME CA !"

...et voila comment la Nocta l'avait incitée à laisser ce charmant charmeur de cambrien à ses barouds d'honneur et de finir la soirée tant qu'elle-même était encore sobre et en état de ressentir quelque-chose, contre l'avis consciencieusement ignoré d'Invictus, récupéré à son tour par Franzis, soucieux de savoir si le Dox était capable de tenir un bras de fer, avec une bonne mise à la clé, enchaînant donc sur un nouveau cycle.

"...dites, Morgana-Expérimentée (enfin je crois, je ne suis pas sûre de mon coup, confidence pour confidence)... J'aurais une requête à vous faire, au risque de pousser ma chance un peu loin..."

"Mh ?"

"...vous avez bien gardé des reliquats amusants de votre période chez les pariahs, n'est-ce pas ?"

Sa tête avait due se décomposer en voyant ressortir des souvenirs qu'elle avait crue morts et enterrés. Elle avait complètement oublié- Bah, ça faisait longtemps. L'alcool aidant à ne pas être difficile sur ses souvenirs, elle secoua la tête et répondit juste :

"Mh. C'est pas dans mes habi... Haaabi... Habitudes de garder mes pointes de ball- de flèches dans un bocal, si vous voyez ce que je veux dire..."

La Nocta avait levé les épaules, déçue. Avait insisté un minimum :

"Je comprends que c'est "Non" pour ce soir, alors ? Je vous le concède, c'était peut-être pousser ma chance trop loin..."

Trop pétée pour être désagréable, et assez peu en état de réaliser le coup de pression que la Nocta méritait, elle avait juste ironisé :

"'faut bien connaître sa rési... Rénili... Réisili... Ugh... Ses limites..."

La Nocta avait répondue du tac au tac :

"Ne me tourmentez-pas en tendant la perche, Morgana-Persécutrice ! C'est de la torture, pour moi !"

Elle le faisait exprès, ou pas ? Plus de souvenirs refaisaient surface, remplacés par d'autres. Sa tête la lançait, mais... Pas tant que ça... La Nocta avait insisté, en s'approchant à voix basse :

"Ca ne vous dirait donc pas, de réécrire votre passé comme vous l'auriez voulu, le temps d'une nuit ?"

Mmh. Sobre, elle lui aurait allongée une monumentale droite, et cette dernière l'aurait compris, en se relevant avec un infime fragment des tourments qu'elle avait subies en travers de la face. Ce n'était pas en prétendant que les choses changeaient. Quoi que... Phyro passait sa vie à ignorer la réalité, après tout... Nan, même avec sa dose conséquente, elle réalisait encore que c'était une immense connerie. La Nocta insista :

"A chaque fois que je furète près de vos appartements, je ne peux m'empêcher de vous entendre... Je pense sincèrement que ça vous fera du bien, de rendre des comptes a votre passé..."

Ca changerait rien ! Elle aurait toujours son marquage en elle, c'est pour ça qu'elle n'a jamais demandé aux Seekers de l'effacer ! Tenter de modifier son passé était la pire connerie qu'elle puisse faire ! La Nocta, la main posée sur son épaule, ne démordait pas :

"Je ne parle pas de changer fondamentalement les choses. Je parle juste de les revivre une seconde fois. Une... Meilleure fois. Que vous soyez sûre ou non de savoir si vous avez grandi."

En voulant se dégager, elle tituba et dût s'asseoir calmement, accompagnée dans sa manoeuvre par la Nocta. C'était fucked-up, insensé, irrationnel et parfaitement grotesque ! Personne au monde n'aurait accepté ! Surtout pas elle ! Spécialement pas elle !

L'alcool aidait à être insensé, cependant... Pour une raison qu'elle ne pût pas retrouver en étant sobre, l'idée de revivre certains moments en plus... En plus... En moins cauchemardesque était tentante. Elle tenta un passif-agressif :

"Mh. Vous faites vraim- Vous tirez décidémentalement beaucoup sur cette corde... Vous savez ce qu'il... Ce que je... Ce qu'il arrive, quand on tire sur ma corde..."

Un silence. La Nocta attendait la réponse. Elle sentait une corne lui effleurer l'oreille. Du coin de l'oeil, elle voyait le sien qui tentait de distinguer l'expression sans avoir à bouger de son côté droit. Elle était resté debout, et s'était penchée en anticipation de la réponse, avec toujours le même sourire de confiance intérieure. Elle sentit quelque-chose qui jouait avec sa queue, enroulant des touffes de poils. Tenta de balayer le tout en la dégageant dans le sens opposé. Mh, trop de poils étaient accrochés aux doigts. C'était agréable. C'était, sans doute, la décision la plus stupide qu'elle avait eue de sa vie...

"Mh... T'as gagné. Je pense pouvoir retrouver du... Matériel... Assez simplement... Laissons juste Phyro en dehors de ça, il déteste... Tout ce bordel de toutes les... De tout son... De partout. Aaallez, on finit cette nuit, et on en discutera demain, quand j'aurai fini de comater..."

C'est fou tout ce qu'on peut accepter pour pouvoir décuver tranquillement... Elle avait tenté de tirer une réaction de la part de Dorna en répondant à sa question par une autre question. Mais finalement, c'était elle-même qui avait répondue par l'affirmative à sa question en défense d'une question. La Nocta avait triomphé :

"Parfait, Morgana-Raisonnable ! Ah, si seulement j'avais eu quelqu'un avec qui partager ce pari... Mais, hélas, certains exploits ne sont pas faits pour être racontés..."

La sale impression d'avoir pris 2-0 était déplaisante.

Le soupçon qu'elle ne le regretterait probablement pas l'était tout autant, d'une certaine manière... Là, soudainement, elle commençait à comprendre pourquoi Phyro était systématiquement gêné...

Elle avait déjà été éméchée, sur Terre, mais avait vite compris qu'elle commençait seulement là où les humains s'arrêtaient. A part les russes et les brésiliens. Heureusement pour elle, elle avait l'alcool insouciant et peu difficile, tandis que Phyro était éclaté au bout d'un verre, malgré tout son organisme optimisé, et devait soit instantanément vomir le tout, soit dériver son système gastrique pour tracer une ligne directe vers la vessie, soit se taper un alcool extrêmement mauvais.

Épilogue final : Messire Franzis, ayant passé sa soirée à faire un poker et mettre l'ambiance tout en écoutant des rumeurs intéressantes (et raqué les mises de ceux qui refusaient de boire) pouvait se remettre de son ingurgitation d'alcool grâce à sa capacité à dessoûler plus vite que la moyenne tout en se concentrant sur une nouvelle manière de ne pas perdre contre un Dox bien plus fort que lui, au final. Dorna, de son côté, venait de raquer Morgana et allait passer une excellente soirée avec l'autre seule personne de toute cette planète capable de tenir plus de deux minutes sans s'évanouir (et qui adoptait un style radicalement différent et autrement plus agressif que celui de Franzis), ainsi que, en side-pot remporté, Phyro (qui trichait merveilleusement bien) en négociant un pari qu'il avait stupidement accepté en étant inondé de pensées, tout en réfléchissant à comment elle allait pouvoir tirer parti du Dox en question plus tard.

Et, en guise de récompense d'audace, elle avait négocié un contrat à long-terme avec la sanguinaar, et elle planchait déjà sur le Dox...

Qui, jusqu'à ce jour, s'était vu le plus intelligent, et avait toujours réussi à tirer ses essais à son avantage.

La soirée se finissait donc bien pour tout le monde. Heureusement que le duo Dawn and Dusk n'était pas des businessmens ou des arrivistes. Ils auraient déjà rachetés la planète. Lui amorçait l'aube d'un plan, elle sublimait le crépuscule.

Le réveil des deux duos étaient généralement précipités par l'ouverture brusque des volets provoquée par...

Aryanaar Fenotempe, dont la première syllabe du prénom faisait systématiquement sursauter l'audience qui s'attendait à radicalement autre chose d'autrement plus dangereux, une autre Nocta dont le talent était de pouvoir gérer n'importe quel tissus, qui était le contraire polaire du groupe entier, et que Phyro avait un jour sortie d'une cellule pariah et qu'il avait mariée à la va-vite rien que pour faire chier son promis qui, stupidement, tenait absolument à la voir revenir dans la capitale Nocta occupée par les Pariah. Ils étaient rarement ensembles, et elle passait, en vérité, très peu le voir. La raison d'un tel réveil était qu'elle était, en réalité, dans la croisade de Phyro, la responsable du département sociologique de celui-ci, et, donc, en l'absence de Morgana, une aide de camp improvisée dans l'urgence grâce à une monnaie merveilleuse : L'échange de faveurs. Elle était douée en médical, très diplomate, comprenait absolument tout des moeurs de la totalité des civilisations de Cambria et servait de mentor aux Seekers pour les méthodes cambriennes. Autrement, elle servait de barre de normalité pour le restant du groupe, comme, dans le cas présent, en constatant, effarée, la scène que le volet avait révélée, explosant les yeux d'une Morgana sous gueule de bois avérée, d'une Dorna totalement claquée, d'un tas informe qui galérait à retrouver sa forme originale et semblait desséché et d'un tout nouveau tas de ferraille semblant à court de batterie, tout en lâchant, éternellement abasourdie, l'oreille d'un Franzis en gueule de bois traîné là de force et récupéré comatant sur un comptoir. Quand tout le groupe était d'accord sur un sujet mais qu'elle tirait la gueule, c'est que ça allait probablement mal passer dans les légendes. Elle avait changée, elle aussi. Elle tenait désormais une compagnie de mercenaires humanitaires, les Soeurs de Miséricorde. Le tout, généralement, sous les yeux amusés du lève-tôt, dur à la tâche et désormais amusés de...

Marks Dompte-La-Cervoise, le patron de l'Ange Pleureur, systématiquement pipe droite en bouche, dont le talent était d'avoir l'empathie organique, à savoir, vulgairement "le talent d'avoir toujours raison". En réalité, un empathique ressentait avant de la prononcer le résultat d'une phrase ou d'une expression faciale. C'était, lui, un Nain qui avait monté son business dans la planque des Seekers, puis de Phyro quand il avait transmatièré une forteresse outremondienne sans queue ni tête, la rendant quasiment impossible à envahir pour des non-initiés. Ce nain était une mine d'or... Il se rappelait d'absolument toutes les histoires de ses clients, de toutes leurs têtes, de leurs consommations alimentaires, et se démerdait toujours au mieux pour faire cohabiter son bar. Il était extrêmement compréhensif, mais également très strict. Quand elle avait une migraine, il la ramenait a l'arrière de la boutique pour qu'elle puisse squatter son lit. Quand elle commençait à être éméchée et tentait de forcer sur ou défoncer le client à côté d'elle, il la réveillait d'une pinte de flotte dans la gueule. Mais, pour ce genre de cas, en voyant Dorna se ramener, il se contentait de sourire et de claquer des doigts dans sa direction avant de rappeler la règle de "Saine, Sauve et Consentante" en filant les clés d'une chambre insonorisée, tout en lui assurant qu'il veillerait à ce que le cambrien ne fasse rien de stupide durant le restant de la nuit.

"Je vous avait dit... Qu'un canon sonique... Ne servait pas à ça... Dorna, tu me dois une caisse de terracier et j'ai la vidéo..."

"Ta gueule, Invictu- HURK !..."

Un haut-le-coeur l'avait prise en traître durant le "U". Après avoir vidé le restant non-digéré du tord-boyaux du corsaire qui manquait à l'appel, elle avait continué, en essayant de passer sous silence le deal de la veille qu'elle commençait déjà à regretter, redevenue plus ou moins sobre et sous monumentale gueule de bois :

"...réveille-moi quand je t'entendrai pas en triple..."

Le tas de chair informe tenta de prononcer une parole, avant de comprendre un détail important et se résoudre à transmettre le tout mentalement :

"Blooorb..." "Que quelqu'un retrouve mon collier..."

Pendant ce temps, Dorna accusait elle-même le coup de la veille, en beaucoup plus soft. Elle n'avait pas participé à un quelconque concours de boissons, elle :

"...apportez-moi juste un truc riche en... Un truc a bouffer... Et une bassine... Pas nécessairement dans cet ordre..."

...tandis que Franzis se faisait martyriser l'oreille par la responsable comm' qui essayait d'analyser la scène qu'elle allait devoir expliquer à la prochaine réunion planétaire :

"Pas si bas ! Aïe ! Aïïïe !"

Point pris en compte. Lâcher le Franzis elle fît, sous la grande protestation de celui-ci, tout autant affecté par la gueule de bois, mais ayant dormi dans la réserve, trop claqué pour continuer sa soirée sur les talons du groupe :

"Mon dos, merdeuuu ! ...'tain, prenez autre-chose que l'oreille sur laquelle j'ai dormi, la prochaine-fois..."

Et un rapport sérieux Aryanaar entama, tentant de ne pas paraître désemparée et de faire preuve du minimum de stoïcisme qu'une Nocta se devait d'avoir :

"Messieurs, mesdames (comportez-vous donc réellement comme telles)... Il est désormais 17 heures, j'ai mis à jour tous vos agendas, et nous sommes désormais en phase de rater la dernière chance diplomatique de nous allier avec les peaux-vertes ! Comme l'aurait si bien dit messire Phyro-Anydre dans ces circonstances... "Sortez-vous un peu les doigts !". Je vous souhaite à tous un charmant réveil, sous les lueurs couchantes du soleil."

Derrière son bar, déjà prêt à l'action et fidèle au poste, Marks s'était échauffé et venait de finir sa plonge. Il entama sa journée en direction d'une Aryanaar qui, venant de se lever, avait, elle, déjà bien besoin de repos d'un :

"J'vous offre un truc, mam'zelle ? Vous inquiétez pas, ils vont s'être remis dans un quart d'heure ! Profitez du calme, c'est pas tous les jours qu'ils se tiennent à carreaux, eh ? Je sens qu'une bière Solace vous fera du bien, à vous !"

Le deal s'était mieux soldé sur prévu, finalement.

Dorna lui avait semblé aussi effrayante qu'Ozgär, au début. Mais très vite, beaucoup plus rassurante. Les deux Marines la maintenant impitoyablement avaient été remplacés par la Nocta la soutenant calmement. En la prenant par la main, celle-ci avait pris le temps de la familiariser avec l'ancien instrument qui avait lancé en elle un cauchemar de plus d'un siècle.

"Venez. Laissez votre frayeur faire son caprice, ça ne demeurera pas. Promis. En voici la preuve..."

Le neuf queues était là, lui provoquant des sueurs froides. Elle commençait à regretter d'être venue. Dorna le lui avait mise, calemement, dans la main. Il semblait plus petit que dans ses souvenirs. Plus léger. Moins menaçant. Plus inerte. Lâché au sol, il avait l'air pathétique et insignifiant. Soumis a une tape du pied, il n'avait pas... Magiquement fondu sur elle, telle qu'elle s'y attendait. Il n'y avait rien à craindre de ce truc. Même utilisé, il chatouillait à peine. Quelque-chose avait changé...

Où alors c'était Dorna qui s'en servait mal.

...non, impossible. C'était... Elle ne savait pas quoi. Mais comparé à une charge d'outremondien, a l'écrasement d'une plaque de béton, a la sensation d'un tir de fusil à pompe stoppé net par un bouclier...

Il était pitoyable. Presque amusant. Chaque nouvelle tentative de l'outil pour se faire respecter ne réussissait qu'a lui arracher, au mieux, un rire nerveux et gêné pour lui. Pauvre créature arrivait à peine a passer la peau, désormais.

"Il y a plusieurs manières de guérir quelqu'un, quoi qu'en disent les Noctas..."

Le sang ne perlait plus. Sa tête était sereine, cette fois-ci. Ses jambes étaient restées sèches. La bassine, toujours aussi chaude et savonneuse, ne l'avait pas noyée. Elle avait plongée sa tête dedans, pour vérifier : C'était juste brûlant et... C'était tout. C'était juste une bête bassine d'eau chaude, avec un produit lavant. Rien de plus.

Quelque-chose attira son attention, quand elle sortit sa tête. Quelque-chose bougeait, au fond de la bassine.

Non, ce n'était pas quelque-chose.

C'était son reflet. Elle avait grandi, depuis le temps... La reflet que lui renvoyait l'eau de la bassine ne ressemblait plus au reflet qu'elle avait vue, quand elle n'était qu'un jouet terrifiée. Elle était plus grande. Son sourire d'enfance avait laissé place à de l'inquiétude. Sa stature était passée d'une gamine apeurée à celle d'une adulte éclairée. Son air général, son attitude était... Celui d'une survivante.

Sa mère aurait été fière d'elle.

Mais un autre détail attirait son attention.

Et ce quelque-chose qui avait attiré son attention, c'étaient ses yeux.

Eux aussi avaient changés. Ils avaient tué cette lueur paniquée, qui avait tant plu à Ozgär. Ils avaient réduit au silence cet air inquiet, qui s'était reflété pendant tant d'années sur Phyro. Ils avaient éteint cette flamme enragée, qui avait effrayé la Terre entière. Ils avaient réprimés cette étincelle de démence, qui l'avait fait craindre des pariahs.

Elle comprenait pourquoi les siens ne l'avaient pas reconnue, a l'époque. Où étaient-ils... Elle aurait voulu s'excuser d'avoir été... Elle-même. Non pas une survivante, mais une bête effrayée, et enragée.

Et maintenant, ses yeux étaient calmes. Ils reflétaient la bassine, et, a l'intérieur, profondément, ils respiraient les regrets.

Elle avait passé plus d'un centenaire à courir après un rêve. Elle avait essayé de détruire les insectes, mais ceux-ci l'avaient adoptée. Elle avait essayé de retrouver les siens, mais ceux-ci ne la reconnaissaient plus. Elle avait essayé de refaire sa vie sur Terre, mais la planète l'avait vendue. Elle avait essayé de tuer Ozgär, et elle allait enfin achever d'y arriver ce soir-même. Elle avait essayé de détruire l'empire, et...

Et après ? Qu'allait-elle faire ? Elle n'avait que l'empire, à détester.

Qu'était-elle réellement, sans haine ?


Je ne regrette pas. DU TOUT. Ce passage. jvhap
Quelque-chose ne va pas ? jvhap

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