AAR – Rimworld : Empereur déchu

Démarré par Kait, Sep 14, 2019, 03:48 pm

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Kait

Sep 14, 2019, 03:48 pm Dernière édition: Oct 14, 2019, 07:40 pm par Kait
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DISCLAIMER : Il y a pas mal de texte par rapport à un AAR normal dans celui là. Pas trop le choix, c'était essentiel pour introduire l'histoire et les personnages, et j'ai tenté de faire en sorte de rendre le tout digeste, mais si c'est pas votre tasse de thé je vous conseille de zapper le premier chapitre. Je ferais probablement un résumé au début du second, et il devrait y avoir plus de gameplay.


Alors c'est comme ça que je vais mourir ?

Flash rouge. Ma main, les ongles râclent le sol métallique. Éclair de douleur. Mon torse est en feu. Je lève les yeux. La porte. Atteindre la porte. Spasme. Mon bras gauche ne fonctionne plus. Je rampe tant bien que mal avec l'énergie du désespoir.
Nouvel éclair de douleur. Mon corps ne répond plus du tout. Je tombe sur le dos, crispé. Des images défilent devant mes yeux. J'essaye surtout de me rappeler comment j'en suis arrivé là.  Dernier spasme. Crachat de sang. Bah, c'est sans importance, maintenant.
La porte. Elle coulisse. Des bruits de pas se rapprochent. Il revient m'achever. Alors c'est comme ça que je vais mourir.
Son visage sera donc bien la dernière chose que je verrai avant de crever.

"Oh, allez, ce n'est qu'un trou dans le bidou, ça fait longtemps qu'on sait soigner ça, Capitaine."


...

...

...

...



Flash.
Je me réveille en sursaut et percute violemment du vide avec mon crâne. Il faut quelques secondes à mon cerveau pour comprendre que ce n'est qu'une fenêtre courbe de plexiglas qui me retient prisonnier. Je martèle les parois dans la panique. La vitre finit par se soulever avec un bruit de décompression. Je me redresse et pose instinctivement une main vers mon torse. La blessure a disparu. Où suis-je putain ?
...
J'observe nerveusement mes environs. Je suis visiblement assis sur une sorte de... de Caisson de Jouvence premier prix, on dirait. À côté, une table basse en acier sur laquelle trône paisiblement mon sabre. La pièce est assez petite, une sorte de cube en métal parsemé de câbles et fils qui s'entremêlent et parcourent la pièce de part en part. Je repère au fond une sorte de baie vitrée, donnant sur un ciel noir étoilé. Juste devant se trouve un grand siège de cuir. ...Qui pivote sur lui même. Mon cœur fait un bon lorsque je reconnais instantanément un visage familier.

"Ah, vous êtes réveillé, Capit... Wow wow wow posez ça ! Je ne suis pas lui !"

Je refuse de relâcher l'étreinte de ma main crispée sur la poignée de mon sabre, mais un relent d'estomac me force de toute façon à me courber en avant pour vomir. Lorsque je relève la tête, haletant, je lance un regard mauvais à mon interlocuteur. Finalement, je finis malgré moi par m'adoucir. Ce n'est pas lui en effet. Celui là est bien trop jeune. Je tente à tout hasard :

"Cody ?"

Son visage s'illumine soudain. Il a l'air sincèrement heureux que je le reconnaisse. Ça ne leur arrive pas souvent à vrai dire.

"Exactement, Capitaine. Bon, maintenant que vous êtes calmé, je vous conseille de ne pas trop bouger. Vous avez passé un long moment endormi."
Je sens l'embrouille venir. "J'ai passé un siècle ou deux en sommeil c'est ça ?
- Non, seulement quatre ans à vrai dire. Mais vous êtes passé si près de la mort que le retour à la vie réelle risque d'être difficile."

Trop de questions fusent dans ma tête. Comme s'il y en avait pas assez. J'ai à peine eu le temps d'assimiler les événements de ce qui était pour moi il y a quelques minutes que je me retrouve déjà plongé dans un bordel d'incompréhension monstre.
Bon au moins je suis encore vivant. Et ce n'est en face de moins qu'un simple patel, si ce mot a encore un sens...
Je crois que la meilleure façon de piger quoi que ce soit serait de jouer franc-jeu. Je demande sobrement :

"Il s'est passé qu-
- Non mais en fait on a pas le temps, me coupe-t-il en se levant.
- Que..."

Avant d'avoir le temps de réagir, je me retrouve soulevé par les aisselles, placé dans un autre siège à l'intérieur d'une sorte d'alcôve dans la pièce et sanglé fermement.

"Bordel mais est-ce que tu pourrais au moins..."

Cody me jette mon sabre sur les genoux, et, juste avant de refermer le SAS sur moi, lâche :

"Nous nous écrasons Capitaine."

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Kait

Sep 14, 2019, 03:48 pm #1 Dernière édition: Sep 14, 2019, 03:50 pm par Kait

J'en ai honnêtement marre. Je regarde l'atmosphère s'embraser à travers le hublot à mesure que je tombe à toute vitesse vers une destination inconnue. Qui a eu l'idée de foutre un hublot dans un foutu module d'évacuation d'urgence déjà ?
La carlingue bringuebale avec violence. J'attrape de justesse mon épée avant qu'elle ne finisse par m'assommer en virevoltant chaotiquement dans l'habitacle. Une soudaine secousse me fait comprendre que le module a entamé sa procédure d'atterrissage. Nous commençons à perdre de la vitesse, mais clairement pas assez à mon goût. Je ferme les yeux et recommande mon âme à Dieu, mais je pense que vu son état il y a peu de chance qu'il en veuille. Bah ! au pire tant pis je meurs. Je vis déjà à crédit de toute façon.


...



Je file un grand coup de pied dans le SAS du pod, qui saute avec fracas et va s'écraser quelques mètres plus loin, ce qui n'est pas franchement rassurant. Je fais quelques pas toussotant à travers un nuage de fumée avant de me pencher en avant pour vomir. L'atterrissage s'est effectué avec quelques tours de trop pour mon estomac. Je l'aurais probablement mieux vécu si je n'étais pas sorti d'un sommeil de plusieurs années il y a moins de cinq minutes.

Je vois Cody s'extirper à son tour de son module et s'approcher de moi à vive allure.

"Vous êtes vivant Capitaine ?"
Je m'époussette. "Faut croire. J'ai du mal à me faire à l'idée je l'avoue.
- La nuit va pas tarder à tomber. On devrait rassembler nos affaires et établir un campement.
- Attends attends attends. Une petite minute. On est où en fait ?
- Sur Elpis.
- Très bien.
- Ok donc je vais récupérer les rations et ens-
- Nan mais abruti de Pa... Dis m'en plus, bon sang.
- Honnêtement ça risque d'être un peu long à expliquer et vous risquez d'avoir plus de questions encore, Capitaine. Mieux vaut attendre ce soir, si vous le permettez."

Grn. Certes. Je grommelle et fais demi-tour pour voir ce que je peux tirer de mon pod.



Une rapide fouille nous permet de trouver tout ce qu'il nous fait pour survivre. De la nourriture conditionnée, des médicaments, quelques composants pour fabriquer des machines élémentaires, des outils de base. Cody semble avoir à peu près la même chose.
Enfin, pas tout à fait. Lorsque je reviens vers lui, je le vois avec quelque chose d'assez inhabituel dans les bras.

"Est-ce que c'est ce que je pense ?
- Ouais, on dirait bien. C'est un modèle antique. Un authentique fusil à verrou, si mes souvenirs de la base de donnée sont exactes.
- Ah ah oui c'était exactement à ça que je pensais.
- J'espère comprendre comment le faire marcher. Ça devait faire partie de la collection privée d'Usul.
- Qu'est ce qu'Usul vient faire là-dedans ?
- Euh, je vous expliquerai.
- Grn."

Après avoir tout rassemblé à l'ombre d'un arbre, il est temps pour nous d'aller explorer les environs.



Nous nous sommes visiblement crashé dans un endroit bien pratique. La zone est au cœur d'imposants reliefs montagneux, cependant tranchés par un petit cours d'eau qui se jette dans un lac somptueux s'étendant à perte de vue. Ce qui me frappe c'est la similitude des lieux avec la Terre. Enfin avec les souvenirs que j'ai des photos d'archive de la Terre. Les arbres semblent furieusement identiques et je repère même quelques... quelques... enfin pleins de bestioles poilues qui courent partout et que je suis sûr d'avoir déjà vu. Voilà qui fait qu'ajouter du chaos à toutes les questions qui s'entremêlent dans ma tête. Ça et la caverne qu'on a trouvé pour passer la nuit, qui semble complètement avoir été creusée par quelqu'un.
Je passe quelques minutes à réfléchir à tout ça, les yeux rivés sur le soleil s'écrasant majestueusement sur la ligne d'horizon, puis me remet au travail. Il faut transporter toutes nos réserves à notre abri de fortune.

...


Cody parvient enfin à allumer le feu. Cela ne nous aura pris que quarante-cinq minutes, alors que nous avons un briquet. Il faut dire que c'est une science qui s'est perdue. Nous nous asseyons de part et d'autre de la flamme et la contemplons en silence quelques instants.
Puis je finis par en avoir marre.

"Bon. Où qu'on est ?
- Sur Elpis, une- rengainez votre sabre Capitaine, j'y viens. Comment expliquer ça ? Disons que j'ai passé de longs moments à arpenter les bases de données secrètes du Président et...
- De Kayte.
- Les bases de données secrètes de Kayte. Toujours est-il que ça m'a permis de découvrir l'existence de cette planète. Vous connaissez l'expédition Unity, Capitaine ? La planète Chiron, tout cela ?
- Je suis né là-bas abruti, bien sûr que je connais tout ça.
- Oh. Et bien ça devrait faciliter les explications. En fait il s'avère qu'une autre expédition que celle vers Alpha du Centaure s'est effectuée à peu près en parallèle. Sauf qu'on a perdu le contact peu de temps après leur départ et qu'on a jamais eu de nouvelles.
- Et du coup c'est là qu'on est, ça va, je commence à piger.
- Oui, si cette planète a été choisie comme destination pour une opération de colonisation, je me suis dit que ça serait probablement le lieu idéal pour se cacher quelques temps.
- Parce qu'on est poursuivi ?
- Par une planète entière, à peu près.
- Ah !
- Mais ils mettront des années à nous atteindre.
- Aaaah... Attends, tu peux reprendre l'histoire depuis le début s'il te plait ?
- Très bien Capitaine. On est sur Elpis, une planète qui...
- Non mais le vrai début, putain.
- Oh. Je pense qu'il faudrait reprendre tout au moment où je me suis fait "trouer le bidou" par un Capitaine Usul en furie.
- C'est vrai que ça fait un bon début d'histoire.
- En fait le tir a détruit ma puce de contrôle ce jour là. En principe tous les Stormpatels ont aussi une puce de secours, mais faut croire que la mienne avait déjà sauté. En tout cas j'étais officiellement un Patel libre, Capitaine. Il m'a fallu du temps pour m'en rendre compte mais c'était bien le cas.
- Super.
- Tant que la guerre durait je n'avais pas trop le temps d'y penser, mais lorsque les choses se sont calmées j'ai aligné quelques neurones et je suis arrivé à la conclusion que quelque chose ne collait pas dans toute cette histoire. Et puis j'ai tout compris lorsque j'ai vu pour la première fois "Patel"-A000 rentrer dans votre bureau. Ça a fait comme un déclic.
- Tiens c'est marrant moi aussi il y a eu comme un déclic sauf que c'était celui de la gâchette de Kayte qui me tirait dans le caisson.
- Dès que la voie a été libre j'ai accouru et vous ai découvert dans un sale état. Alors je vous ai mis dans un sac de stase et j'ai décampé en vitesse.
- ...Merci je suppose.
- Ensuite ça a été un enfer. Pendant que je tentais tant bien que mal de vous planquer quelque part, le Président s'est mis en tête de purger les Patels. Faut dire qu'avoir une population composée à 80% de clone de lui-même devait pas être optimal sur le long terme. Il a commencé doucement. Il ne pouvait pas s'en prendre trop vite à ceux qui occupait des postes importants, ça aurait trop déstabilisé l'empire. Alors il s'en est pris aux patels de manutention, qu'il a éliminé par surcharge neuronale. Lorsque j'ai appris ça, j'ai immédiatement réagi. J'ai rassemblé et libéré le plus de Stormpatels que j'ai pu et on a formé une sorte de mouvement de libération des patels. On faisait des opérations de guérilla, on détruisait les puces d'un maximum des nôtres pour qu'ils rejoignent nos rangs. Ça a pris de l'ampleur, et ça a abouti en une guerre quasi-ouverte contre Kayte et ses forces.
- Et vous avez gagné.
- Non en fait on s'est fait défoncer, c'était catastrophique.
- Je m'en doutais un peu à vrai dire, sinon on serait probablement pas ici à l'heure actuelle.
- Mais avant d'être exterminé on a réussi à faire un dernier coup d'éclat. Alors que le gros de nos troupes se faisait tailler en pièce d'un côté, j'ai rassemblé les meilleurs patels que j'avais et on a pris d'assaut les laboratoires secrets d'Usul.
- Mais Usul est pas en pr... Ok non c'est bon j'y ai réfléchi deux secondes et ça fait sens. Vas-y je t'en pris continue.
- Figurez-vous que ce coup de poker a payé, parce qu'on a mis la main sur le projet le plus ambitieux sur lequel il travaillait. Un prototype de véhicule spatial transluminique. Les choses se sont enchaînées très vite alors. On a détruit le labo, je suis venu vous récupérer là où je vous avais caché, et on s'est fait la malle à la vitesse de la lumière.
- Hum. Je suppose que le mot "prototype" est la pièce finale de l'explication de "pourquoi on est là comme deux cons au milieu de nul part".
- Exactement, Capitaine. Je pensais que venir ici nous permettrait de souffler un peu et penser à un plan. Après tout il faudra des années à Usul avant d'en revenir au même point dans son travail, et des décennies s'ils veulent nous atteindre avec les moteurs actuels. Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu. Dès le moment où on a terminé notre saut, absolument tout a commencé à s'écrouler dans tous les sens. J'ai juste eu le temps de vous sortir de votre sommeil et de vous éjecter.
- ... Je. Bon."

Je pousse un long soupire et me lève.

"Donc si je résume notre situation. On est coincé sur une planète à la con, sans vaisseau, sans allié, avec pour mission de renverser un taré à la tête d'un début d'empire stellaire, qui ne tardera pas à se ramener pour nos culs avec toute une flotte, et on a pour seule arme un fusil à verrou ?
- C'est à peu près ça, Capitaine.
- Ok, bah passe-le moi. Autant se tirer dans la bouche tout de suite."

Mais Cody recule instinctivement quand je me penche vers lui pour attraper l'arme.

"Attendez Capitaine. Tout n'est peut-être pas perdu." Il pointe son bras dans la direction de notre abri. "Il y a eu des humains par ici il y a longtemps. Ils sont peut-être toujours là sur la planète.
- Plus qu'à espérer qu'ils savent construire des vaisseaux spatiaux alors."

Je me dirige vers l'intérieur, mais m'arrête juste devant l'entrée pour soupirer.

"Ou ad minima des batteries DCA."



Je m'endors difficilement cette nuit là. Il n'est pas évident de se dire qu'il y a moins de vingt-quatre heure ressenties j'étais seigneur incontesté d'une planète entière, et que désormais je suis coincé sur une planète déserte, embarqué dans une quête qui semble sans espoir avec comme seul compagnon un... Patel. ...Est-ce que ce nom signifie encore quelque chose ? Difficile à dire. Je ne sais même pas comment je devrais m'appeler moi-même. Je ne sais même pas si la dernière phrase que m'a dit cet enfoiré de Kayte était vraie, ou si ce n'était qu'une manière de m'humilier encore une fois.

... Putain on est pas dans la merde.


[...]




Le lendemain, nous entamons les travaux d'une petite cabane pour nous installer un peu mieux que dans la caverne. C'est assez facile, je fais ça sans trop de difficulté. Cody m'avoue être assez impressionné par mes capacités de construction. Je lui rappelle que j'étais quand même ingénieur sur Chiron spécialisé dans la marine et que tout ça ça me connait. Cody me rappelle qu'il a été conçu quasiment quatre cents ans après ça, qu'il n'y a pas si longtemps il ne savait même pas ce qu'était Chiron et qu'il n'avait donc aucun moyen de le savoir.
Je déteste quand ils font des traits d'esprits comme ça.



Il m'a aussi fait des compliments sur ma nouvelle coupe de cheveux.
Je n'arrivais pas à savoir s'il se payait ma tronche ou pas alors dans le doute je lui ai dit de fermer sa gueule.

[...]

"...explique moi, Cody.
- Ce sont des grains de riz, Capitaine.
- Je sais que ce sont des putains de grains de riz, Cody. Enfin je veux dire que je sais lire l'étiquette. La question est : qu'est-ce que tu veux que j'en foute de ce sac de grains de riz.
- Il faut les planter, Capitaine. On ne va pas pouvoir manger éternellement les plateaux repas conditionnés. Il faut nous trouver d'autres sources de nourriture.
- D'accord et comment je fais ça moi ? J'ai sérieusement une tête à faire pousser des légumes ?
- Techniquement ce sont des féculents. Et il faut les planter dans le sol à intervalles réguliers. ... D'après la base de données.
- ...Dis moi, est-ce que par hasard tu n'aurais pas passer un certain temps de ta cavale à bouffer de la base de données piratée en masse, et que maintenant tu essayes de ressortir tant bien que mal les quelques trucs que tu as retenu à moitié.
- Vous êtes décidément bien perspicace, Capitaine. En même temps ce n'est pas si dur je ne suis qu'un "abruti de Patel" après tout.
- Oh ça va. Et pourquoi c'est moi qui doit m'occuper de ça d'abord ?
- Parce que moi vous m'avez ordonné de creuser une nouvelle base dans la montagne tout seul à la pioche.
-... Touché."



Je passe donc le reste de la journée à planter des grains de riz dans le sol sans avoir la moindre idée de ce que je fais. Je commence à regretter que Kayte n'ait pas un peu mieux visé.

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Quand tu n'as que deux colons et qu'ils ont respectivement 0 et 2 en Plantation. jvhap




Je poursuis le travail au champ une bonne partie de la journée du lendemain, avant d'être interrompu par les rugissement d'un terrible raton-laveur (d'après la base de données). Cody me demande si j'ai besoin d'aide depuis son trou. Je lui réponds que ça devrait aller.



C'est allé.

[...]

Deux jours plus tard. Les travaux avancent tranquillement, même si je ne sais pas trop où tout ça va nous mener. Je profite de la fraîcheur de fin d'après-midi pour me caler une petite pause sur un surplomb rocheux. J'écoute paisiblement l'eau couler, et regrette de ne pas pouvoir m'allumer une petite cigarette en cet instant de tranquillité. Mais puisqu'on a jamais la paix même sur une planète paumée, je vois quelque chose au loin qui me tire aussitôt de ma rêverie.
Je dévale la pente à toute allure et accourt vers Cody qui finissait son repas assis sur un caillou et me lance un regard interrogateur.

"Cody viens voir ! je m'écris, essoufflé. Il y a un humain qui approche !"



"Qu'est qu'y fous ?
- Il fouille clairement les environs. Il a dû voir nos pods tomber, je sais pas."

Nous observons l'homme depuis un buisson à quelques centaines de mètre de là.

"Il a l'air d'un type tout à fait normal.
- Ouais, à part qu'il porte des tatouages tribaux bizarres et des breloques à la con.
- C'est plutôt rassurant tout de même, Capitaine. Cela signifie que des colons ont réussi à s'installer là. Si on arrive à renouer le contact avec eux...
- Oui enfin c'est pas ce type là qui va nous fabriquer un vaisseau spatial.
- Je propose qu'on aille lui parler Capitaine."

Nous sortons de notre cachette et approchons lentement vers lui. Lorsqu'il nous aperçoit, l'homme se met à pousser de grand cris presque bestiaux en agitant son espèce de couteau dans les airs.

"On... on veut seulement discuter ! je tente. Nous, euh... Nous gentils."

Il reste à distance raisonnable mais continue de nous brailler dessus à pleins poumons.

"Il n'a pas l'air de comprendre grand chose, Capitaine. Peut-être qu'on devrait essayer de..."

Un caillou tombe mollement entre nous deux. Nous l'observons quelques secondes, puis relevons les yeux vers le taré qui est penché par terre dans l'espoir de trouver d'autres projectiles.

"... Bon on le fume ? jvpf"
Cody lève le canon de son fusil. "À votre signal Capitaine.
- Non attends." Je mets mon bras devant lui. "Je vais lui apporter moi même une toute petite dose de civilisation."



Il est tout de suite beaucoup plus civilisé.



"Qu'est ce qu'on fait de lui Capitaine ?
- Beh... On a besoin de main-d'œuvre nan ? Il doit sûrement savoir tenir une pioche ce con.
- Bien Capitaine.
- Soigne-le et fous-le dans la grotte. On verra si on arrive à le rendre utile.



On n'est donc pas seul sur cette planète. C'est en réalité très rassurant. C'est ce que j'espérais. Si on arrive à trouver des gens à peu près normaux et intelligents, il y a moyen qu'on tire quelque chose de tout ça. J'essaye de me convaincre que j'ai vu pire mais ce n'est pas tout à fait vrai. La dernière fois il m'a fallu des années avant d'établir un début de base et d'armée, et j'avais un putain de pod de clonage. Ici, j'ai moins de temps et clairement moins de budget.

[...]



Ce jour-là, je passe la matinée à jouer au jeu du fer à cheval avec Cody, sous la pluie. J'ai rarement vu un jeu plus idiot que celui là. Par contre, je tuerais pour savoir pourquoi Usul a foutu des fers à cheval dans des modules d'évacuation d'urgence. Je suis sûr qu'il y a une explication rationnelle à ça plutôt que, je ne sais pas, des radios ou quelque comme ça.

Pendant que le prisonnier récupère de ses blessures, les jours coulent tranquillement vers ce qui semble être un été, et nos premiers plants de riz arrivent à maturité. Ça va être l'occasion de



De regarder Cody vomir pendant trois jours après avoir directement mangé du riz à même le sol. Faut dire qu'il a passé sa vie à bouffer des rations pré-emballées. On a beaucoup de choses à apprendre. J'ai de plus en plus l'impression qu'on est vraiment deux glandus.

En tout cas ça me permet d'apprendre une nouvelle chose sur Cody. Sa puce de contrôle de secours n'est en fait pas totalement détruite, elle est juste très endommagée. Ce qui fait qu'en condition de faiblesse et de stress comme là, ça peut complètement lui dérégler le cerveau. Résultat : à peine se remet-il de son intoxication alimentaire qu'il disjoncte et se met à errer sans but à travers le camp en bavant légèrement.
... Et dire que c'était - et c'est toujours - probablement le meilleur de mes hommes.



Du coup le prisonnier profite de notre vigilance amoindrie et de l'obscurité de la nuit pour tenter de se faire la malle. Mais j'ai un véritable flair pour les coups foireux comme ça.



Je réussis donc à le persuader de rester encore un petit peu parmi nous.



Il finit d'ailleurs par se montrer plutôt utile, une fois qu'on a trouvé les mots juste. Il n'a suffit que d'une pioche et quelques coups de pieds au cul en direction de la galerie pour qu'il comprenne ce qu'on attendait de lui malgré la barrière linguistique. Un brave gars.

[...]



Alors que je travaille lamentablement sur mon champ de riz, je vois passer une créature somptueuse.
Une sorte de... de truc tout blanc énorme avec une jolie corne. C'est la première bestiole que je vois qui ne semble pas tout droit importée de la Terre. Ça doit être une espèce originaire d'ici même.

... J'avoue songer l'espace d'une seconde à en faire un méga méchoui, mais je pense pas qu'on ait la puissance de feu pour abattre une telle bête, après réflexion.  



Pendant ce temps Cody fait connaissance avec le prisonnier alors qu'ils travaillent tous les deux dans les galeries. C'est pas bon. Apparemment il lui a même donné un nom (ou l'autre lui a dit je sais pas). Mais putain Cody, pas ça ! Sinon tu vas t'y attacher et ça sera plus dur après...

[...]



Les étés sont dangereux sur cette planète. Une vague de chaleur balaye notre zone, on se retrouve avec des températures qui frôlent les 50°C. On tient bon en passant du temps sous la montagne et en rafraîchissant la cabane avec des systèmes primitifs basés sur l'évaporation d'eau. Ça ne marche pas très bien mais vu notre niveau de compétence dans le domaine je suis déjà content que rien n'ait explosé.
La bonne nouvelle c'est que j'arrive à rentrer une bonne partie des récoltes avant que la chaleur ne tuent les plants. On a une réserve confortable devant nous.



Et ça tombe bien parce que quelques jours plus tard une tempête sèche fout le feu à notre champ. On réussit à contenir les flammes comme on peut mais une grande partie est très abîmée.

Kait

Sep 14, 2019, 03:48 pm #2 Dernière édition: Mai 12, 2020, 06:15 pm par Kait


Grnx. Les rayons du soleil passent à travers les trous des rideaux improvisés et me frappent en plein dans les yeux. Je me redresse et bâille à m'en décrocher la mâchoire. Puis je tourne la tête. Cligne quelques fois des yeux. Non. Non non je suis bien réveillé. Que fout le cadavre d'une femme à poil sur ma table de chevet déjà ?

Ah oui. Je crois me souvenir d'où vient cette fille.



C'était encore une tarée qui s'est pointée, probablement pour nous piquer des trucs. Je lui ai réglé son compte en quelques coups de sabre, mais vu qu'on est juste niveau bouffe, au lieu de la faire prisonnière je lui ai piqué ses fringues au cas où et je l'ai laissé crever là.

Et puis... Et puis je sais plus trop.
Ah si ! Et puis on s'est dit que vu qu'on avait pas mal de bouffe d'avance, on pouvait en profiter pour faire une petite expédition histoire de repérer un peu mieux nos environs.
... Et puis ensuite la puce de Cody s'est remise à disjoncter et il est parti errer sans but sur la plage.

... Ce qui n'explique toujours pas comment ce corps est arrivé sur ma table de chevet. Bah, je préfère encore ne pas y penser.
Spoiler: MontrerCacher
Sincèrement, je n'ai aucune idée de comment ce cadavre est arrivé là.


Je m'habille et quitte ma chambre. Cody n'est pas dans la sienne. J'espère qu'il est revenu à lui, on doit partir rapidement. Le jour s'est déjà levé. Je rassemble des provisions et du matériel de soin dans un grand sac à dos que je jette sur mon épaule, puis me dirige vers nos nouvelles galeries pour voir comment se porte notre pr...



Ah oui. Ah oui je crois que ça me revient maintenant. Oui c'est ça. Il a tenté de se tailler les veines après que qu'on ait malencontreusement oublié de lui donner à manger pendant plusieurs jours. Et maintenant il est visiblement inconscient, sûrement à cause de l'hémorragie. Ou de la malnutrition, je sais pas.
Bon, je vais pas le laisser comme ça.






MAIS CRÈVE PUTAIN !



Voilà problème réglé. Il nous aura bien aidé pour les travaux, mais malheureusement c'est toujours les meilleurs qui partent en premier.

...

Je retrouve Cody devant la cabane, en train de boire une bouteille d'eau à petite gorgée en se massant le crâne. Je lui jette le sac sur les genoux avant qu'il n'ait le temps de dire quoi que ce soit.

"Allez, mets ça sur ton dos. On décolle.
- Attendez Capitaine, qu'est-ce qu'on fait de Rowan ?
- Oh, le prisonnier ? Il est mort, désolé. Une maladie fulgurante sans doute. On l'enterrera au retour si tu veux.
- ... Je suppose que ça n'a rien à voir avec le fait que vous êtes couvert de sang ?
- En effet, aucun rapport, je me suis coupé en me rasant. Allez, arrête de parler on a du chemin à faire."

Il ne répond pas, mais je l'entends pousser un soupir de rage étouffée dans mon dos. Je suis pas sûr mais je crois qu'il ne m'a pas cru. Bah, ce n'est pas comme si je me préoccupais réellement de son avis.


[...]


Les deux premières journées du voyage sont assez pénibles. Nous sommes partis plein Ouest (enfin en direction du soleil couchant quoi) et ce n'est que montagnes à perte de vue. Tant pis pour la mission de reconnaissance. De plus la progression n'est pas aisée dans ces pierriers foireux. Et Cody qui me suit sans dire un mot. Je sais bien que je n'aurais pas dû massacrer son animal de compagnie à coup d'épée mais la bête était déjà à moitié morte de toute façon, et on allait pas l'emmener.
La seule bonne nouvelle, c'est que l'été touche à sa fin, et qu'on a donc pas à marcher toute la journée en plein cagnard.

Nous trouvons une sorte de tunnel naturel que nous décidons d'explorer, armes à la main.



En fait il n'y a rien d'autre de gros champignons et quelques bestioles à cornes qui y ont trouvé refuge. En suivant les galeries, nous finissons par retrouver la lumière du jour, et nous ressortons face à une gigantesque plaine s'étendant jusqu'à l'horizon.

"On a enfin trouver le moyen de sortir des montagne, Cody ! Je me demande quels secrets nous attendent par-delà cette plaine. Si ça se trouve, toute une civilisation se trouve quelque part là-bas, prête à nous couronner !
- Oui, Capitaine."
Je lui envoie une tape sur l'épaule. "Oh, allez, mets-y un peu d'enthousiasme. On va peut-être finir par tirer quelque chose de cette planète, quelque chose d'autre qu'un sursis avant une mort assurée.
- Tout à fait, Capitaine.
- Cela dit, je suis pas sûr que nos réserves de nourriture nous permettent d'aller beaucoup plus loin. On va camper là ce soir, et on reviendra sur nos pas demain mat... Oh, arrête de grogner, veux-tu ?
- Ce n'est pas moi Capitaine."

Nous nous échangeons un regard confus. Puis un autre grognement plaintif retentit. Je dégaine.

"Ça vient de quelque part dans ces rochers ! Fouille la zone."

Nous nous séparons et commençons à investiguer. Sabre à la main, j'avance prudemment entre les grands blocs de pierres. Soudain, j'entends Cody m'appeler :

"Capitaine, par ici !"



"Oh.
- Il est dans un sale état. Je crois qu'il a les jambes cassées."

Manquait plus que ça. Bon, celui-là a l'air à peu près normal pour le coup. En tout cas il n'est pas vêtu de peaux de bêtes et de babioles toute moches. C'est con parce que je pense que son compte est bon. Cody s'agenouille à ses côtés et prend son poignet.

"Il est bien vivant, Capitaine."

Je pense pas qu'on puisse tirer grand chose de lui. Dans le doute je lui décoche un petit coup de pied dans les côtes. L'homme se réveille en sursaut. Il nous voit et panique. Il tente d'attraper quelque chose à sa ceinture avant de réaliser que son holster est complètement vide. Il nous regarde alors dans les yeux et dit...

Oui non en fait c'est le même charabia que d'habitude.

"Bon bah tant pis." Je lève mon sabre. "Écarte toi Cody, je vais abréger ses souffrances.
- Non Capitaine ne-
- Vous parlez français ?"

Nous ouvrons tout deux de grands yeux et fixons l'étranger.

"Il parle le patlois ? lâche Cody, abasourdi.
- Le quoi ? s'étonne l'autre.
- Le... ah nan, faut que je te dise un truc Cody. La langue originale s'appelle le français. Je sais pas, à un moment donné j'ai décidé de renommer ça en "patlois". C'était un petit jeu de mot, "patel", "patois", tu sais parce que la langue avait un peu changé alors... NE ME REGARDE PAS COMME ÇA OK ! C'était la guerre, on a tous fait des choses horribles.
- Vous le parlez de manière si fluide, s'étonne le type. Vous devez être de très haute naissance.
- Pas vraiment, mon pote. On est plutôt des gros charlots si je devais être totalement honnête." Je marque un temps d'arrêt devant l'expression d'incompréhension sur son visage. "Laisse tomber. Parle nous plutôt. Dis moi comment tu connais cette langue.
- Mais toutes les messes sont en français enfin ! Si on veut comprendre quoi que ce soit on est bien obligé de l'apprendre, en tout cas pour une personne aussi noble que moi.
- Les messes ? Oh bordel vous êtes encore là-dessus ? 'tain c'est pas vous qui allez me construire un vaisseau.
- De ?
- Cherche pas trop à comprendre tu perds ton temps. On va avoir pas mal de questions à te poser, et on va pas en finir si tu essayes de piger quelque chose à notre situation.
- D'accord mais il va falloir soigner mes jambes, avant.
- Tiens c'est marrant, mais j'avais bien l'intention de les soigner après.
- Alors je crois que nous sommes dans une impasse.
- ...
-  jv:)
- ... Bon Cody soigne-le."


...



J'observe d'un œil mauvais le charlatan finir d'une traite la fin de la gourde d'eau, puis pousser un long soupir de soulagement.

"Aaah. Je me sens revivre. Vous êtes vraiment de bien étranges mais bien sympathiques personnes.
- Super. Maintenant tu vas répondre à nos questions.
- Une petite minute. Je veux avoir la garantie que vous n'allez pas me laisser mourir dans la nature après ça. Vous savez, je suis plutôt mal en point et les gens sont si méchants de nos jours.
- Ça tombe mal, tu es tombé sur les pires de tous. Alors tu vas répondre tout de suite, et arrêter de faire le malin.
- Vous savez, je suis déjà à demi-mort, alors je peux dire sans mentir que vos menaces ne m'atteignent qu'à moitié.
- Bon, voilà qui règle la question." Je dégaine encore une fois mon sabre. "De toute façon on a pas assez de bouffe pour te ramener avec nous, surtout vu l'état de tes jambes. Tu préfères que je vise la gorge ou directement le cœur ?
- Capitaine, attendez !" intervient Cody.

Il se place entre moi et l'idiot du village et me chuchote :

"On a besoin de cet homme, Capitaine. Je pense pas qu'un interprète de ce style court les rues ici. C'est peut-être notre unique chance de pouvoir communiquer avec les locaux. Et puis on a besoin d'homme de toute façon. Il faut tenter de le ramener."
Je grommelle. "Mouais, je sais." Ma lame glisse à l'intérieur de son fourreau. "C'est décidément ton jour de chance, le clown. On va te ramener chez nous."

L'inconnu affiche alors un sourire insupportablement satisfait, puis s'exclame :

"Au fait, quel idiot, je ne me suis pas présenté ! Mon nom est Archibald Huden."

Il hésite une petite seconde puis ajoute :

"Mais tout le monde m'appelle 'Arch' ".



[...]


"Cody je te préviens s'il l'ouvre encore une fois j'en ai rien à foutre je lâche tout.
- ...
- ET SI IL CONTINUE D'AFFICHER CE PETIT SOURIRE SATISFAIT C'EST TOUT PAREIL !
- Calmez-vous Capitaine."

Pourquoi, sur toute la population d'une planète, a-t-il fallu qu'on tombe sur le type le plus imbuvable possible ? C'est déjà suffisamment pénible de devoir transporter sa carcasse sur une civière improvisée, mais en plus l'ahuri ne la boucle tout simplement jamais. Sauf que vu qu'il refuse de nous donner la moindre information utile, il se contente de faire des commentaires à la chaîne sur le paysage ou sur nos tronches.

"Dîtes, vous savez que de là d'où je viens, ce genre de coupe de cheveux est réservé aux femmes ?
- Dis, tu savez que de là d'où je viens on t'aurait fait cracher tes informations importantes en quarante secondes chrono en main puis on aurait détruit ton corps chétif à coup de canon à plasma ?"

Le pire dans tout ça c'est que le fait de devoir le porter nous empêche de repasser par le même itinéraire. On est forcé de faire de larges détours pour emprunter des chemins moins accidentés, rallongeant considérablement notre temps de parcours.



On a presque plus de nourriture et il nous reste au bas mot deux jours de marche. Ça risque d'être tendu.

[...]



L'endroit où nous campons ce soir là nous offre une vue parfaite sur les environs, l'expédition n'aura pas été un échec complet au final. Par delà le lac, j'aperçois les début d'un désert qui se perd dans l'horizon. Je ne suis pas sûr d'avoir très envie de m'y aventurer. Ce qui est intéressant par contre, c'est que je repère non loin de nous...

"Une ville ! Cody, regarde, une ville entière ! Juste sous notre nez, en plus.
- Oui alors euh, intervint Huden.
- Qu'est-ce qu'il y a encore ?
- Si j'étais vous, j'éviterais de trop m'approcher de ce coin pendant quelques temps.
- Pourquoi, c'est des fous furieux ?
- C'est à dire que... eh eh vous allez rire. En fait j'ai essayé d'attaquer une de leur caravane. Si on les croise, ils risquent de tirer à vue.
- Qu'est-ce qui a mal tourné ?
- L'escorte était bien plus nombreuse que prévu. J'ai dû m'enfuir comme un lâche à travers les montagnes, et en courant pour ma vie je suis tombé d'une falaise et me suis cassé les deux jambes. Cocasse non ?
- ..."

Je ne sais même pas quoi répondre. On est tombé sur un champion toute catégorie.

"Au fait, monsieur. Vous ne m'avez toujours pas dit comment je devais vous appeler ?"

J'hésite quelques secondes. Je ne suis même pas sûr d'avoir la réponse à sa question.

"Appelle-moi Capitaine"

Je pars me coucher, éreinté, et m'endors les yeux vers les étoiles.

... J'ai faim putain.


[...]


Je n'arrive plus à aligner un pas. J'ai surestimé mes capacités. Je croyais m'être parfaitement remis de ma mésaventure sur Phobos, mais j'avais tort. Je m'écroule contre un rocher, terrassé par la faim. Une tempête sèche balaye la région, des éclairs fracassant le sol de toute part. Le temps est sombre, mais légèrement éclairé par les nombreux feux de forêt causé par l'orage.

Je reprends mon souffle comme je peux. Mes tempes battent à toute allure, fracassant mon crâne. J'ai une migraine si forte que je vois flou. Je me mets à rire nerveusement. Je vais crever pour Archibald Huden. Enfin non même pas. Le gars s'est remis à peu près sur pied, mais a trouvé le moyen de chopper une maladie infectueuse, si ça se trouve il va nous claquer entre les doigts avant la fin. Je vais juste crever pour rien.
Malgré ma vision trouble, je vois le visage de Cody se dessiner devant moi.

"Encore un effort, Capitaine !
- Nan, je crois que l'aventure s'arrête là pour moi. Désolé.
- Vous ne pouvez pas abandonner maintenant !
- Oh, ne joue pas à ça Cody. Pars sans moi, tout va bien.
- Je ne peux pas vous laisser tomber Capitaine.
- MAIS PUTAIN ! Arrête avec ta loyauté à la con ! Ça devient de la stupidité à ce stade ! Laisse moi crever, c'est mieux pour nous deux. Tu sais comment je suis. J'ai massacré ton pote de sang-froid ! Pour moi tu n'es qu'un Patel à la con que je sacrifierais à la moindre occasion si ça me permet d'avoir un peu d'or ou de gloire !" Je l'attrape par le col d'une main. "Laisse moi crever, ou sinon c'est moi qui te buterait pour te bouffer, juste histoire de survivre quelques heures de plus !"

Cody me lance un regard plein de pitié, puis prend ma main pour me faire lâcher prise.

"Vous n'avez strictement rien compris, Capitaine. Parce que vous croyiez que j'ai fait tout ça par loyauté ? Que je vous ai sauvé la vie pour vous remercier de la façon dont vous m'avez traité lorsque j'étais sous vos ordres ? Que j'allais éprouvé de la gratitude au fait d'être considéré comme un Patel 'juste un peu moins con que les autres' ? Votre égo vous aveugle, Capitaine. Je vous ai sauvé parce que j'ai besoin de vous pour mes propres intérêts. Parce que j'ai une responsabilité. Une vengeance à assouvir au nom du peuple Patel. Je veux tuer Kayte, Capitaine. Même plus que ça, je veux le remplacer. Je veux devenir Kayte. Et vous êtes une pièce indispensable à la réalisation de cette tâche. En fait, vous êtes le Patel que je n'hésiterais pas à sacrifier pour atteindre mes objectifs."

Je reste sans voix pendant qu'il me toise de toute sa hauteur.

"Alors arrêtez de chouiner comme un faible et relevez vous, Capitaine."

Je suis du regard Cody alors qu'il reprend sa route, stupéfait. "Vous êtes le Patel..." Il ne crois pas si bien dire. ..GRNH. REVIENS ICI.
La rage me procure un regain d'énergie. Je me relève, fulminant. Cody. Kayte. Usul. Tôt ou tard je vous aurais tous.

Je marche aussi vite que mon corps me le permet, au milieu du tonnerre, alors que la nuit tombe.

"REVIENS ICIIIIII !!..."




...




...




...







J'ouvre les yeux dans mon lit. Tout ça n'était donc qu'un mauvais rêve ?
Un regard par la fenêtre et la vision d'Arch' Huden vomissant sur mon champ de riz à moitié détruit par un incendie me fait comprendre que non.

Je tente de faire quelque pas en direction du garde-manger, mais tout mon corps me fait comprendre que je ne devrais pas trop bouger. Je force quand même un peu pour bouffer une petite ration de riz. J'en profite pour remarquer que nos stocks sont au plus bas. Que l'hiver approche. Que notre unique champ est en piteux état.
Et qu'on est tous plus ou moins à moitié mort.



Mais personne n'a dit que ce serait facile. Après tout mieux vaut ça que d'être canné pour de bon, tout bien réfléchi.
Et puis, il paraît que la plupart des fleurs ont besoin de passer au moins un hiver rigoureux pour s'épanouir pleinement. C'est probablement faux mais ce n'est pas très important.

...Prépare-toi, Kayte. J'ai la peau plus dure que tu ne le pensais.










Spoiler: MontrerCacher
Bordel, malnutrition à 98%, l'histoire qui a failli se terminer au chapitre 1.  jvpeur


Spoiler: MontrerCacher
YES ! Ça faisait super longtemps que j'avais cette histoire en tête. J'espère que j'arriverais à tenir sur la longueur et à pas que ça devienne redondant. jvnoel


Notaproblem

Yyyyes ! J'ai tout lu et je dois dire que j'attendais ta prochaine AAR avec grande impatience !

Quoi que par contre tu m'as masterbrain, j'ai toujours cru que la suite allait être Kayte mettant leur misère aux Usurpateurs.

Spoiler: MontrerCacher
D'ailleurs, tant que j'y pense : Je retcon quoi ? Passke donné comme ça Kayte aura jamais pu se tailler avec un sabre en modèle unique, et la population à jamais pu mourir de- Oh, non en fait c'est bon j'ai le plot twist de l'année, y'a rien a retcon. EZ  jvhap
Quelque-chose ne va pas ? jvhap

Kait

Spoiler: MontrerCacher
Sans rien spoiler, Nota :
tkt j'ai pensé à tout. Ne touche à rien.  jvhap

Cody

Toujours une bonne surprise de voir un nouvel AAR. J'ai d'abord cru que ça allait être du nouveau Alpha Centauri, en me demandant comment tu allais pouvoir rendre le tout différent des précédentes parties, puis j'ai compris que ça allait être du Rimworld. Bonne idée, même si c'est osé vu la probabilité que tu te fasses éclater par des bandits jour 5. jvhap

Citer"Cody ?"

Son visage s'illumine soudain. Il a l'air sincèrement heureux que je le reconnaisse. Ça ne leur arrive pas souvent à vrai dire.

Patel-Cody be like :
Spoiler: MontrerCacher


CiterEcrasage

Putain bien joué pour les colons custom ! Ils ressemblent vraiment !  jvrire

Citer- Sur Elpis.

Référence à la Codynastie ou pas ?  jvcute

CiterÇa et la caverne qu'on a trouvé pour passer la nuit, qui semble complètement avoir été creusée par quelqu'un.

Tiens ? Je n'ai jamais vu de caverne dans ce jeu.  jv:(

CiterJ'ai rassemblé et libéré le plus de Stormpatels que j'ai pu et on a formé une sorte de mouvement de libération des patels. On faisait des opérations de guérilla, on détruisait les puces d'un maximum des nôtres pour qu'ils rejoignent nos rangs. Ça a pris de l'ampleur, et ça a abouti en une guerre quasi-ouverte contre Kayte et ses forces.

The Clone Wars, quelqu'un ?  jvnoel
Sauf que cette fois c'est Cody qui mène le truc.  jvnoel

CiterIl m'a aussi fait des compliments sur ma nouvelle coupe de cheveux.
Je n'arrivais pas à savoir s'il se payait ma tronche ou pas alors dans le doute je lui ai dit de fermer sa gueule.

stkcutebold

Citer- ...Dis moi, est-ce que par hasard tu n'aurais pas passer un certain temps de ta cavale à bouffer de la base de données piratée en masse, et que maintenant tu essayes de ressortir tant bien que mal les quelques trucs que tu as retenu à moitié.

Tiens ? Les Patels ont aussi reçu quelques gènes d'Alex ?  jvhap

CiterCody me demande si j'ai besoin d'aide depuis son trou. Je lui réponds que ça devrait aller.

J'ai assez joué à Rimworld pour savoir comment ça va finir.  jvnoel

... ah non.  jvhap

CiterRecrutage du clodo

1) Ulrik est décidément bien compétent au sabre
2) Je sens venir le coup de pioche dans le dos de Cody  jvhap

CiterCe qui fait qu'en condition de faiblesse et de stress comme là, ça peut complètement lui dérégler le cerveau. Résultat : à peine se remet-il de son intoxication alimentaire qu'il disjoncte et se met à errer sans but à travers le camp en bavant légèrement.

Si tu commences à chercher des justifications RP dès qu'un colon pète un câble, tu vas vite tomber à court d'idées !  jvrire

CiterUne sorte de... de truc tout blanc énorme avec une jolie corne.

"Cody, remonte ton pantalon.
-Pardon Capitaine."

CiterQue fout le cadavre d'une femme à poil sur ma table de chevet déjà ?

:dawae:

Citermais vu qu'on est juste niveau bouffe, au lieu de la faire prisonnière je lui ai piqué ses fringues

Logique.  jvhap

CiterMort du prisonnier

J'ai cru que tu allais lui filer à bouffer, pas l'achever !  jvrire

CiterLe patlois

J'ai beaucoup de sympathie pour les Patels, surtout celui-là. Déjà qu'ils sont considérés comme des sous-merdes et qu'ils n'ont pas de famille, mais en plus celui-là découvre peu à peu que tout son monde est artificiel.

CiterArch'

Nice, il va être content le Arku.  jvnoel

CiterCody qui s'impose

Vraiment beaucoup, beaucoup de sympathie.  jvhap

CiterTout ça n'était donc qu'un mauvais rêve ?

Oh.  jv:-(

Joli dessin putain, tu fais des efforts pour cet AAR.  jvnoel

"De la peine ? Je n'ai pas de peine. Tu n'imagines pas le calvaire que je vis. C'est comme si on m'éventrait jour après jour et que je perdais mes tripes sur les rochers. Je ne comprends pas qu'aucun de vous n'ait vu tout ce sang..."

Kait

stkosjoie

CiterOh.  jv:-(

En relisant je me suis rendu compte que ce n'était pas clair.

Ce n'était pas juste un mauvais rêve hein. jvnoel

Cody

Oui j'avais compris, mais j'étais déçu que le passage où Cody s'impose soit un rêve.
"De la peine ? Je n'ai pas de peine. Tu n'imagines pas le calvaire que je vis. C'est comme si on m'éventrait jour après jour et que je perdais mes tripes sur les rochers. Je ne comprends pas qu'aucun de vous n'ait vu tout ce sang..."

Kait

Oui mais justement ça l'était pas non plus.  jvnoel

Cody

Ah. En effet ce n'était pas clair.
"De la peine ? Je n'ai pas de peine. Tu n'imagines pas le calvaire que je vis. C'est comme si on m'éventrait jour après jour et que je perdais mes tripes sur les rochers. Je ne comprends pas qu'aucun de vous n'ait vu tout ce sang..."

Notaproblem

Non, il a dû courir deux mètres, s'est évanoui comme une grosse merde et s'est fait tracter par Cody le vrai boss de l'histoire et Arkuden qui a miraculeusement décidé de pas se barrer entre temps.
Quelque-chose ne va pas ? jvhap

Arkuden

Citation de: Kait"Au fait, quel idiot, je ne me suis pas présenté ! Mon nom est Archibald Huden."

Il hésite une petite seconde puis ajoute :

"Mais tout le monde m'appelle 'Arch' ".


Et c'est ainsi que l'histoire de Sieur Huden commence  stkosjoie

Je suis très honoré de rentrer dans cette histoire Kait.

L'histoire est prenante, même si le début est plus compliqué pour moi qui ne connait pas bien "le lore".
Je ne sais pas vraiment quoi en dire. On a des personnages avec des caractères bien différents, des objectifs, des backstories. C'est drôle avec de l'intrigue principale comme secondaire. Je veux la suite.  jvnoel

(PS : une backstory cool et/ou un dessin pour accompagner pour Huden ?  jvhap )

Zeropolsnotdead

Oct 08, 2019, 08:14 pm #12 Dernière édition: Oct 10, 2019, 01:40 am par Zeropolsnotdead
OH, NICE ! Mais je sens que ca va mal finir  jvhap

Je n'ai lu que l'aar sur alpha centauri posté sur ce forum, j'ai cru comprendre qu'il y en avais un autre avant, je ne pourrai pas saisir toutes les references. ( je me souvient toutefois des Patels  jvrire )


CiterJe n'arrivais pas à savoir s'il se payait ma tronche ou pas alors dans le doute je lui ai dit de fermer sa gueule.
Quand on a un seul compagnon, autant ne pas se faire marcher sur les pieds  jvoui

Citer- Techniquement ce sont des féculents.
(ca marche pas, il continue !)


CiterQue fout le cadavre d'une femme à poil sur ma table de chevet déjà ?
jvdoute Je me le demande aussi.
CiterSincèrement, je n'ai aucune idée de comment ce cadavre est arrivé là.
Elle a rampé jusqu'a toi pour te tuer pendant ton sommeil, mais s'est vidée de son sang juste avant  jvsiffle
On va dire ca ...

Citer- Oh, le prisonnier ? Il est mort, désolé. Une maladie fulgurante sans doute. On l'enterrera au retour si tu veux.
- ... Je suppose que ça n'a rien à voir avec le fait que vous êtes couvert de sang ?
- En effet, aucun rapport, je me suis coupé en me rasant. Allez, arrête de parler on a du chemin à faire."

Capitaine, je suis de plus en plus rassuré.

Citer"Il parle le patlois ? lâche Cody, abasourdi.
[..]
C'était la guerre, on a tous fait des choses horribles.
jvrire  Pas mal !

CiterArchibald Huden
Arch Huden
Arkuden, ou c'est un hasard ?

CiterJe vous ai sauvé parce que j'ai besoin de vous pour mes propres intérêts. Parce que j'ai une responsabilité. Une vengeance à assouvir au nom du peuple Patel. Je veux tuer Kayte, Capitaine. Même plus que ça, je veux le remplacer. Je veux devenir Kayte. Et vous êtes une pièce indispensable à la réalisation de cette tâche. En fait, vous êtes le Patel que je n'hésiterais pas à sacrifier pour atteindre mes objectifs.
Putain je m'y attendais pas !

Citer"REVIENS ICIIIIII !!..."
J'ai trop l'image devant les yeux.


Heureusement que le Capitaine n'est pas mort sur le chemin du retour, car c'est très bien parti comme histoire ! Mon mauvais pressentiment quand au devenir des deux rescapés était il infondé ?

Les deux personnages ont vraiment un caractere, ca les rend très vivants.

Il est de toi le dessin final ??

( j'ai fini par l'acheter aussi ce jeu, et je suis tombé sur un PNJ nommé Cody dans la premiere partie :) )

Kait

Oct 14, 2019, 12:15 am #13 Dernière édition: Oct 14, 2019, 07:34 am par Kait
"... Et on a dû vous traîner toute la nuit jusqu'à votre lit.
- ...On ?
- Oui, Sieur Huden a fait sa part, contre toute attente.
- Il est bien serviable ce... ce monsieur Huden. C'est quand même assez étonnant. À vrai dire je pensais que... Attends, laisse-moi une seconde, il faut que j'aille vérifier quelque chose."

Je sors en trombe de la galerie que Cody était en train de creuser et fonce vers la cabane. Je dégaine mon sabre et ouvre la porte d'un grand coup de pied.

"Ah ha ! Je le savais !
- Ce... Ce n'est pas du tout ce que vous pensez !"

Il y a quelque chose de presque comique à la tentative de Huden de paraître normal et décontracté, deux sacs remplis à ras-bord de provisions et composants diverses sous le bras.

"Ces vivres étaient simplement affreusement mal placés, j'ai pris l'initiative de les déplacer dans un endroit plus sec.
- Je pense qu'ils sont parfaitement bien là où ils sont.
- Eh eh, oui en effet on pourrait croire ça mais bon ok j'essayais de vous voler, j'avoue. Un peu déplacé de ma part, certes."
Je rengaine mon sabre. "Bon, laisse-moi t'expliquer ce qui va se passer. D'abord, tu vas poser tout ça, t'asseoir tranquillement sur cette chaise, et répondre à toutes nos questions. Ensuite, je vais te laisser deux possibilités. Un : Tu restes avec nous, et nous sert d'interprète, ce pourquoi on a traîné ton cul à travers toute la montagne. Tant que tu travailleras bien et sera loyal, tu auras notre protection, je t'en donne ma parole. Deux : On te donne juste assez de bouffe pour survivre et tu te casses de là à tout jamais." J'entends Cody se rapprocher de la scène dans mon dos. "Moi à la base je voulais plutôt la solution trois : je te tranche la gorge tout de suite et jette ton cadavre malingre dans le lac mais j'ai peur que mon associé ici présent n'appose son veto. Alors, laquelle tu choisis ?"

Huden hésite au moins cinq secondes puis repose les sacs.

"Hum, la un. Oui la un ça a l'air bien."







"Bon, par où commencer ? C'est pas évident de vous résumer quatre mille ans d'histoire vous savez.
- Mille.
- Non non quatre mille. J'ai compté.
- La planète doit tourner plus vite, Capitaine.
- Oui, je me doutais que c'était quelque chose comme ça."

Nous sommes assis en ronde, réchauffés et éclairés par la flamme d'un feu de camp. Le ciel est sans doute somptueux au-dessus de nos têtes, mais à vrai dire je n'écarte pas les yeux d'Arch', tandis que j'aiguise lentement mon sabre. C'est un peu cliché, mais c'est toujours efficace.

"Le plus simple est sûrement de vous raconter ce qu'on m'a appris quand j'étais petit." Il s'éclaircit la gorge. "Nous autres humains sommes arrivés sur cette planète il y a des milliers d'années. À bord d'une grande Arche, contenant des centaines d'espèces d'animaux différentes pour... Je n'ai jamais trop compris pourquoi à vrai dire. Enfin bref on s'en fout. Ce qui importe c'est que notre petite communauté fonda une première cité autour de l'Arche. D'après la légende, tout y était parfait. La technologie importée de la Terre nous apportait tout le confort nécessaire, et la vie était paisible. Mais après quelques dizaines d'années, des tensions commencèrent à naître vis-à-vis de la marche à suivre, et de la façon de diriger. C'est la mort mystérieuse du légendaire Capitaine Cerveza qui mit définitivement le feu aux poudres. Les humains se clivèrent en factions et s'entre-déchirèrent. Bientôt, l'Arche fut abandonnée et sa position perdue à jamais. Lesdites factions s'éparpillèrent sur la planète, et passèrent les millénaires qui suivirent à se lancer des guerres sans merci.
- C'est marrant, ça me rappelle vaguement une histoire.
- Enfin voilà plus ou moins où on en est maintenant. Je... À la limite, je pourrais vous faire un rapide tour des différentes factions avec lesquelles vous allez devoir cohabiter. J'ai pas mieux.
- Cause toujours, on verra bien.
- Ouais alors. Déjà ce qu'il faut savoir, c'est que vous arrivez tard. Certaines communautés ont déjà été décimées par d'autres. Dans ces cas-là, les survivants se dispersaient dans la nature. Au fil des siècles, ça a donné un retour à l'état quasi-sauvage pour certains. Ils se sont alors rassemblés en tribus d'arriérés consanguins. J'en connais surtout deux dans les alentours. Il y a tout d'abord les Chômeurs des Prairies qui...
- C'est leur vrai nom ?
- À une erreur de traduction près, oui. Bon, ils sont arriérés et cons comme leurs pieds mais ils sont pas méchants. On faisait du troc avec eux parfois. Ils sont particulièrement nuls en affaire, un vrai plaisir. Les autres répondent au nom du Bustcam du Fourmilier Violet...
- Je ne comprends pas ce mot.
- Fourmilier ? C'est un animal qui mange des fourmis, plutôt facile à retenir.
- Non l'autre. Bustruc.
- Ah ça. C'est un mot de leur langue je crois. Ça doit vouloir dire "crétin congénital", ou quelque chose comme ça.
- Tu n'as pas l'air d'avoir beaucoup de respect pour eux, commente Cody.
- Ces idiots nous font la ''guerre'' depuis aussi longtemps que je m'en souvienne. Et franchement c'est pas brillant. Ils agitent beaucoup leur massues mais se carapatent au premier coup de fusil.
- Ouais, on a eu affaire à eux je crois, j'affirme. Effectivement ils ne valent pas grand-chose.
- Après il y a des confédérations un peu plus civilisées. Les braves gars d'Herinum par exemple. Ne me regardez pas comme ça. Je peux pas vous traduire, c'est une sorte de jeu de mot, c'est compliqué. Ce sont simplement des gens qui veulent survivre sans embêter personne. On croise souvent leurs convois armés jusqu'au cou. Ils doivent avoir l'habitude des mauvaises rencontres. Et puis il y a Binidithda. Ils sont un peu plus bourrus ceux-là. Mais ça a très probablement un lien avec le fait que j'ai tenté de voler des caravanes à eux. En tout cas il est très probable qu'ils veuillent notre peau à l'heure actuelle.
- ''Notre'' peau ? On a rien à voir là-dedans nous !
- Boh, vous savez, ils ont tendance à faire quelques conclusions légèrement hâtives. Quand ils verront deux inconnus poser leurs tentes à deux jours de chez eux, la xénophobie de base ferra le reste.
- ... tu peux toujours rechoisir l'option trois si tu veux, tu sais.
- Sans façon. Je peux avoir quelque chose à boire ?
- Non."

Archibald reste muet une dizaine de seconde. J'enchaîne :

"Plus rien d'autres à présenter ?
- À vrai dire si, lâche gravement Huden. Il y a l'Ordre de la Justice Trépidante. Là où j'ai grandi. Un vaste domaine, organisée en seigneurie fortement indépendantes.
- Un nom bien curieux encore une fois.
- Il est possible que nous eussions un certain entrain à expédier les affaires rapidement et efficacement oui. Mais c'était un Ordre noble, croyez-moi. Si j'ai reçu une bonne éducation, c'est que mon père était baron. Nous vivions dans un château et tout. On avait des terres, la vie était belle.
- Et ça a fini par mal tourner.
- ... Il y a quelque chose dont il faut que je vous parle. Enfin quelqu'un. Si vos projets sont de vous faire une place ici-bas, vous allez forcément avoir affaire à lui à un moment donné. Et ça risque de ne pas être beau à voir. Il s'agit du chef d'une bande de pirates qu'on appelle les Scies Rouges. Très peu de gens l'ont vu en personne à vrai dire. Il n'apparaît que rarement, et lorsqu'il le fait ne laisse presque jamais de survivants. J'aimerais vous en faire une description plus précise, mais à vrai dire il est difficile de départager la légende de la réalité tant les rumeurs courent autour de lui. Tout ce que je sais, c'est qu'on l'appelle le ''Nota''.
- Le Nota ?
- Cela signifie ''écrivain'' dans notre langue. Je n'ai aucune idée d'où ça vient, mais c'est sous ce nom qu'on le connaît.
- Tu trembles Huden, qu'est-ce qu'il t'arrive ?
- ... Les Scies Rouges nous sont tombées dessus, une nuit. Malgré nos armes, malgré notre château et nos canons, ils ne nous ont laissé aucune chance. J'ai tout juste pu m'enfuir à travers le chaos. Une balle perdue m'a touché au bras et je me suis effondré dans la boue. C'est alors que je l'ai vu à travers les flammes qui ravageait ma demeure. Moins homme qu'ombre décharnée. J'ai croisé son regard quelques secondes seulement, j'étais complètement figé. Puis j'ai réussi à surmonter la terreur et je me suis enfui à toute jambe à travers la nuit." Il reste silencieux quelques instants. "Voilà, vous savez tout ce qu'il y a à savoir maintenant."

Je le fixe droit dans les yeux pendant plusieurs secondes, puis finit par laisser échapper un rire nerveux.

"Non, je ne marche pas. Tu essayes de nous faire peur, mais ça marche pas très bien.
- Croyez-moi, je suis sincère sur ce coup-là."

... Je me lève, pousse un soupir et m'étire.

"Le Nota, hein ? je dis, le regard perdu dans les braises. Non, ce n'est pas un problème, qui qu'il soit. Écoute-moi, Archibald. On a des grands projets, et très peu de temps pour les réaliser. Ce n'est pas un connard de plus qui va nous faire obstacle.
- Je crois que vous ne comprenez pas vraiment de qui il s'agit...
- Non et j'en ai rien à foutre. J'ai passé les quatre derniers siècles à faire la guerre. J'ai mené des batailles dans des proportions gigantesques contre des ennemis bien plus nombreux et équipés. Crois-moi, quand je te dis que je peux gérer un dégénéré avec un penchant pour la mise en scène macabre, c'est que je sais ce que je fais."

Je contourne le brasier et toise Huden. Il me lance un regard qui semble signifier qu'il n'arrive pas à savoir s'il est fasciné par mon courage ou par mon manque total d'instinct de conservation. Je tends ma main vers lui.

"C'est une vengeance que tu veux ? Suis-moi et je te promets que le nom de ''Nota'' n'évoquera plus jamais pour toi la terreur."

Il m'observe une dernière fois. Sourit. Prend ma main.


[---]


Cette petite aventure étant terminée, il est grand temps de s'y remettre. On a pas de bouffe, on est malade et on a un cadavre en décomposition à l'intérieur de notre future salle à manger. Je prends les choses en mains moi-même à ce sujet.



J'enterre ce bon vieux prisonnier juste à côté de la cabane où l'on s'est installé initialement. Je décide de m'en charger discrètement, de bon matin, histoire d'éviter de relancer un conflit avec Cody.



Ce dernier se charge de regonfler nos stocks de provisions. Il y a ces espèces de gros machins poilus qui traînent dans les environs. Un seul de ces trucs nous donne de la viande pour au moins une semaine.



Quant à Huden, il se remet étonnamment bien de sa fièvre, malgré le fait qu'il ait passé la moitié de sa période d'incubation sous la pluie à me traîner sans nourritures pendant des jours. ... Aussi agaçant puisse-t-il être, il faut dire que ce type est plein de ressources. Et je dois avouer avoir été intéressé par son histoire. Tout ce qui concerne une vengeance à assouvir, ça me parle. Il a peut-être bien sa place parmi nous, après tout.


[---]



Sans surprise, l'hiver est rude sur cette planète. Une vague de froid balaye ce qu'il restait de nos plantations en dormance. Nous passons le plus de temps possible sous la montagne, où l'air reste frais et où il y a encore temps à faire.



Je passe un après-midi entier avec Huden à décoller le sang séché sur le sol. Ce tocard aurait quand même pu mourir plus proprement. Après ça, il faut encore déblayer les rocheux, polir les murs, creuser de nouvelles galeries. Creuser sa maison est si long, mais je pense que ça finira par payer sur le long terme.



Le gros de l'hiver ne dure heureusement pas longtemps. On l'a finalement plutôt bien vécu, en partie grâce à quelques radiateurs que j'ai installé, alimenté par un système d'éolienne rudimentaire.

[---]



Je contemple le lac, en grelottant plus que mon égo me laisse me l'avouer. Cet endroit a quelque chose de relaxant le matin, je ne sais pas pourquoi. Peut-être que ça me rappelle l'époque où je régnais sur les eaux. Enfin, je ne tiens pas très longtemps. Le froid finit par avoir raison de moi et je retourne d'un pas vif vers la chaleur de la montagne. Je me stoppe à quelques pas de l'entrée lorsque je surprends une conversation.

" Vous êtes un homme de style, Sieur Cody ! Il est dommage que vous soyez si souvent dans l'ombre du Capitaine, parce que je dois avouer que d'un point de vue purement esthétique, vous en jetez beaucoup plus !
- Merci, je suppose.
- Non mais regardez-vous ! Cette stature ! Ce regard droit et fier ! Ce corps imposant, enveloppé dans un manteau d'une si rare élégance !
- J'avoue ne pas trop comprendre où est-ce que vous voulez en venir.
- Simplement que d'où je viens, la beauté est toujours célébrée, et à juste titre. Il serait honteux de ne pas contempler un beau corps, lorsque l'on en voit un, voilà tout.
- Et bien contemplez en silence. Je n'ai le temps pour ça."

Je me plaque contre la paroi rocheuse sans vraiment savoir pourquoi et regarde Cody sortir de la mine pour se diriger rapidement vers l'intérieur de la cabane. Je pénètre alors à mon tour dans la galerie. Je marche alors sans un mot vers la pile de provision et me sers un bol de ragoût. Puis je dis à haute voix :

" Cody a été conditionné dès la naissance pour être un supersoldat et n'a fait rien d'autre que la guerre depuis. Je ne sais pas trop ce que tu recherches, mais si c'est une amourette à la sauvette, tu ferais mieux de trouver quelqu'un d'autre."

Je me rends soudain compte que la seule autre personne aux alentours est moi-même et m'empresse d'ajouter :

"N'y pense même pas."

Huden pousse un grognement dans mon dos. Il prend à son tour une portion de nourriture et vient s'asseoir en tailleur face à moi.

"Bah, c'est sans importance, je rigolais juste. Je peux avoir un peu de sauce ?
- Non, démerde toi.
- Merci Capitaine. ... Vous l'aimez bien ce Cody, non ?
- Pas vraiment. Mais... C'était le meilleur de mes hommes, indubitablement. Les Stormpatels ne vivaient rarement plus de quelques années. Lui a plus de cent ans. C'est un des rares à avoir eu le droit d'utiliser le Caisson de Jouvence, c'est pour dire.
- Vous parlez en shigounois.
- Je t'expliquerais tout ça, un jour. Là tout de suite, j'ai la flemme.  
- ...Quand vous parlez de chez vous, ça me donne toujours le vertige. C'est difficile à croire que tout ça existe.
- Et pourtant crois-moi... Au fait, tu n'as pas terminé ton histoire.
- Comment ça ?
- Ben la dernière fois. Tu n'as pas raconté ce qu'il s'est passé entre le moment où tu t'es retrouvé clodo du jour au lendemain et le moment où on t'a retrouvé les deux jambes pétées en bas d'une falaise.
- Oh. Eh bien j'ai erré quelques temps oui. Puis livré à moi-même, je me suis tourné vers une vie de banditisme de grand chemin. J'ai même fini par réunir une petite bande avec moi. On attaquait les convois pour survivre. Je commençais à remonter la pente.
- Décidément...
- Et puis les Scies Rouges. Encore une fois. On s'est retrouvé à attaquer tous les deux la même caravane. Une fusillade a commencé et j'ai été le seul du groupe à m'en tirer. Après ça j'ai tenté de continuer mes activités en solitaire, mais ça n'a pas été très concluant.
- Eh beh. Tu n'as pas une histoire très glorieuse mon cher Huden.
- Vous trouvez ?
- T'as de la chance d'être tombé sur nous tu sais. Je suis pas sûr que beaucoup d'autres gens offrent du travail pour des anciens criminels en reconversion.
- Détrompez-vous, on finit toujours par trouver ici-bas, quand on sait à qui s'adresser.
- Mais du coup j'ai du mal à suivre la chronologie de tout ça. Ça te fait quel âge ?
- J'ai 122 ans depuis peu."
Je fais un rapide calcul mental. "Seulement ? ... Comment ça se fait que tu ais aussi peu de cheveux alors ?
- ... Les temps ont été difficile, d'accord ?"

La porte s'ouvre dans un grand bruit. Nous tournons tous deux la tête vers Cody, fusil à la main.

"On a de la visite."

Je me lève aussitôt. Cody me jette mon sabre que j'attrape au vol et dégaine dans le même mouvement, Huden sur mes talons.
Nous prenons tous trois places derrière un rocher.



"Quel faction, Huden ?
- Difficile à dire. Il porte un revolver en tout cas, faites attention. Et il a l'air de marcher un peu trop prudemment pour ne pas être hostile.
- Bien, c'est tout ce qu'il me fallait !
- Non attendez Cap...!"

Je charge. J'entends Cody dans mon dos grommeler "Bon bah tant pis on y va".



"Bordel vous faîtes vraiment pas dans la dentelle vous.
- Vous auriez pu au moins donner un signal, Capitaine.
- Barf, ce n'est qu'un bouseux à la con, on allait pas camper là la journée."

Le pauvre n'a même pas eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Je me penche vers son corps, récupère son arme et la tends à Arch'.

"Tu sais te servir de ça ?"
Il l'attrape, l'inspecte, puis la fait tourner par la gâchette du bout de son index avant de la stopper net dans sa main. "Disons que j'ai les bases.
- Très bien. Tu vas en avoir besoin."


[---]





[---]


"Ye issa Cupitan Ulrik e... e... Comment on dit ''Parle en français où je te bute enculé'', déjà ?
- Oh, arrêtez. Vous devenez bon en plus."

Je suis calé dans la pièce commune, à l'abri du vent froid qui souffle à l'extérieur. Cody et moi tentons de bidouiller un système de communication avec les radios des pods, tandis qu'Huden nous donne notre quotidienne leçon de... de... de langue locale, quel que soit son nom. Je sais pas moi, l'Elpisien.

"C'est vraiment un langage à la con. On dirait du français, mais prononcé par un attardé mental qui revient d'un trip de 200 ans dans un coin perdu.
- Je me dois de vous dire que de mon point de vue, vous vous exprimez en permanence de la même manière que le curé du coin qui récite ses psaumes.
- Qu'est-ce qu'un curé ? demande Cody.
- Aucune putain d'idée à vrai dire, je rétorque. Passe-moi le tournevis plutôt."

Je donne quelques tours à un écrou, terminant une étape de plus dans la conception de l'armature.

" Et puis vous êtes rigolo, continue Huden. Moi je comprends rien à la moitié de vos expressions, je suis obligé d'y aller au bluff la moitié du temps pour deviner ce que ça veut dire.
- À vrai dire les trois quarts sont juste des façons différentes de traiter mon interlocuteur de gros con. Une fois que tu as compris ça c'est pas bien compliqué.
- Le Capitaine a sa façon bien à lui de s'exprimer, affirme Cody."
Huden ricane. "Au moins j'apprends du vocabulaire. Au fait, Capitaine, concrètement ça veut dire quoi : 'Il nous a pissé dessus sans même prendre la peine de nous faire croire qu'il pleut' ?
- Beh ça veut dire que... J'ai dit ça moi ?
- Dans votre sommeil.
- C'est une phrase vachement longue pour être grommelée dans un sommeil.
- Qu'est-ce que j'en sais moi. Vous vous étiez endormi sur la table et vous vous battiez contre un ennemi imaginaire à grands coups de mouvements de bras hasardeux et de phrases grandiloquentes du genre.
- ... N'en parlons tous simplement pas, d'accord ?
- Ah ah ! Je crois que j'ai touché un point sen--
- Attends, chut !"

J'appuie sur le bouton permettant d'allumer l'appareil et règle la fréquence avec mon pouce. La neige sonore finit par se caler sur un silence extrêmement satisfaisait. J'approche ma bouche du microphone et tente :

"Cody, tu me reçois ?
- Je suis juste en face de vous Capitaine."

Je balance mon poing dans les airs lorsque j'entends sa voix en écho dans ma radio.

"Ça marche ! Putain je suis heureux !
- ... Youpi ? hasarde Huden.
- Bravo Capitaine, lance Cody sans grande conviction.
- Oh, je vous emmerde tous les deux. Vous savez très bien que ça sera super utile, vous faîtes juste du mauvais esprit."

Cody se tape sur les cuisses et se lève de sa chaise, avant d'attraper son fusil.

"Ce que je sais, Capitaine, c'est qu'une maladie a ravagé ce qu'il restait de nos plantations, et que quelqu'un va devoir aller affronter le froid pour ramener quelque chose à manger si on veut tenir quelques jours de plus.
- Oui oui, n'oublie pas de refermer la porte en partant."

Il secoue la tête puis cale son arme sur son épaule et se dirige vers la sortie. Je pousse un soupir, puis fait tourner ma nouvelle radio entre mes mains.

"M'en fout, elle marche très bien d'abord. Pas vrai Huden ?
- Vous voulez que je vous dise quoi, là, concrètement ?
- Je sais pas, par exemple que- wow putain !"

Je lâche la radio par réflexe et la rattrape de justesse avant qu'elle ne se fracasse sur le sol. Elle a subitement émis un gros bruit. Un bruit... C'était clairement une voix, à peine intelligible. Je reprends rapidement mes moyens et modifie la fréquence jusqu'à ce que le son devienne clair à nouveau. Huden s'est rapproché et tend son oreille vers le microphone.
Je... je comprends ! Il s'agit d'une voix féminine. Elle appelle à l'aide. Je tente tant bien que mal de baragouiner quelque chose en Elpisien avant de me raviser et de tendre la radio à Arch', d'un air dégoûté.

"...besoin d'aide d'urgence, fait la femme dans sa langue. Complètement perdue. Si quelqu'un entend ce message...
- Je vous reçois madame, intervient Huden. Quelle est votre situation ?
- Ah dieu merci ! Je... Je... Je suis actuellement coincée dans la nature et le froid. J'ai dû fuir et je n'ai aucune idée d'où je suis. J'ai des réserves de vivre, mais aucune idée de pour combien de temps !
- Ça a l'air d'être une situation assez précaire tout ça. Vous n'avez vraiment nulle part où aller ?
- Si mais... Hors de question de retourner chez eux...
- Qui ça ?
- Les Scies Rouges, messire. J'ai réussi à leur échapper.
- Je..." Huden semble pris au dépourvu. "Avez-vous la moindre idée de votre position ?
- Oui ! J'ai réussi à me repérer. Je suis à 14.5°N, 2.6°W.
- ...Très bien, on vous envoie une équipe aussi vite que possible !"

Huden coupe la transmission, perdu dans ses pensées. Puis croise mon regard.

"Quoi ?
- ''On vous envoie une équipe aussi vite que possible'' ? Tu te prends pour quoi, putain ?
- Bah quoi, on allait pas la laisser mourir non ? Surtout que si elle vient des Scies Rouges, elle a sûrement des informations précieuses à nous apporter.
- Sauf que c'est moi qui prend ce genre de putain de décisions, bordel ! C'est moi le Capitaine. Et j'en ai rien à foutre d'informations sur ta bande de pillards Eco+.
- Mais Capit--
- Tut tut ! Tu vas rappeler cette dame et lui dire que finalement elle va devoir plutôt se tirer une balle dans la bouche. C'est tout simplement hors de question. On a juste pas assez de réserves de nourriture pour monter une telle expéd..."

Nous tournons tous deux la tête lorsque la porte s'ouvre avec fracas, laissant apparaître dans l'encadrure un Cody, une énorme carcasse de paresseux géant traînant derrière lui. Il semble un peu dérouté face à nos yeux ronds et demande :

"Bah quoi ? Je nous ai trouvé de quoi manger pour la semaine, Capitaine. Qu'est-ce que j'ai raté ?"


[---]


Suite à une soudaine rentrée de fond, l'expédition pour aller chercher cette donzelle va finalement être possible. Après en avoir discuté avec Cody, il pense que c'est jouable de faire l'aller-retour en cinq jours, et que ça vaut le coup de prendre le risque. Je finis par me laisser convaincre. Après tout on a toujours besoin de sang frais.
Petit problème cependant :



Huden tombe malade. Une sorte de parasite qui s'installe dans les muscles et lui fait affreusement mal, en plus de le ralentir. Comme si ça ne suffisait pas, il choppe également une intoxication alimentaire à cause de la nourriture de Cody. Je prends alors la décision de le laisser à la base se reposer, pendant que nous partirons à deux chercher la fille. À contrecœur cela dit.

Je dois dire que contre toute attente l'animal a un don incroyable pour s'attirer la sympathie des gens. Après un hiver passé avec lui à discuter au coin du feu, il a réussi à devenir comme indispensable. Et je crois que Cody pense pareil.



Spoiler: MontrerCacher
Arkuden Bro Inter-dimensionnel Confirmé. Sérieux, j'ai pas retouché la psychologie du gars, j'ai pris celle que le jeu m'a filé. Et le mec est juste trop doué pour se faire des potes. En une conversation il se tape des bonus de +30 en relation (et encore, là sur les screens c'est pas les exemples les plus abusé).
Bro4life.  jvsnif



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Putain mais j'avais dit que je voulais pas m'aventurer dans ce désert. Enfin ce n'est pas comme s'il y avait vraiment le choix. Au moins on est en plein milieu de l'hiver, et la température est parfaite pour marcher. Puis heureusement, nous finissons par tomber sur une route certes rudimentaire mais qui devrait nous permettre d'attendre notre destination bien plus vite que prévu. Et ça tombe bien parce que j'attrape un truc en mangeant de la viande crue, ce qui nous ralentit pas mal.

[---]

Appuyé sur un rocher, je bois une grande gorgée d'eau puis tends ma gourde à Cody qui l'attrape.

"On devrait arriver au point prévu d'ici une petite heure, Capitaine, me dit-il. Espérons qu'elle soit encore en vie.
- Ça me ferait chier d'avoir fait ça pour rien, oui. En tout cas, ouvre l'œil. Je ne voudrais pas qu'on tombe dans un vieux traquenard.
- J'ai les yeux grands ouverts en permanence, Capitaine. Rien à signaler jusqu'à présent.
- J'espère au moins qu'elle est jolie, sinon ça vaut pas le coup.
- Bon sang Capitaine...
- Ah ! Attends, un signal."

Je décroche la radio de ma ceinture et la porte à ma bouche.

"Je t'écoute, Huden.
- Capitaine j'ai un problème. On nous attaque.
- Merde. Combien d'opposants ?
- Un seul. Une fille avec une massue. Du Bustcam je dirais.
- Tu te sens de pouvoir la gérer vu ton état ?
- J'ai mal absolument partout, mais je peux encore soulever mon revolver, je pense.
- Ok, engage-la alors.
- Ne prends pas de risques inutiles, intervient Cody. Si elle se rapproche trop barricade toi à l'intérieur et laisse tomber la cabane.
- Euh...
- Il n'y a plus rien de valeur dedans de toute façon, explique-t-il.
- Ouais d'accord mais..."

Je suis interrompu par la voix d'Huden qui lance des menaces en Elpisien à travers la radio. Elles n'ont visiblement pas beaucoup d'effet puisque suivent rapidement trois coups de feu. Puis des bruits de pas paniqués et une porte qui se claque.

"Je l'ai touché une fois je crois ! Bon sang je me croyais plus précis... Elle tape contre la porte ! J'espère que vous avez construit solide Capitaine !
- Reste calme, elle va juste abîmer son arme.
- ...Ok elle s'éloigne. Je tente une autre sortie.
- Sois prudent, ordonne Cody.
- Eh oh, connasse !"

Trois autres coups retentissent. Nous restons là à attendre.

"Ok, son compte est bon.
- Bien joué Huden. Patrouille prudemment la zone histoire de vérifier qu'elle n'ait pas d'autres copains dans le coin que tes tirs n'aient attiré. Quand tu auras fait ça, vire le corps et va te reposer. Capitaine Kaytensson terminé."

Alors que je raccroche ma radio, je vois Cody me regarder d'un air bizarre.

"Qu'est-ce qu'il y a ?
- Vous venez de vous appeler ''Capitaine Kaytensson''. Ça m'a surpris.
- Oh. Oui, j'y ai longuement réfléchi. Hors de question de m'appeler Patel. Peu importe si c'est mon nom d'origine ou pas, il n'a tout simplement plus le même sens aujourd'hui. Kaytensson en revanche.... Le fils illégitime, la créature de Kayte dont il a perdu le contrôle et qui causera sa perte. J'aime bien la poésie du truc. Allez viens, on a une jouvencelle à sauver."

Je fais quelques pas avant qu'il ne m'interpelle :

"Attendez Capitaine. Du coup vous gardez ''Ulrik'' aussi ?"

Je m'accorde un instant de réflexion. "Edouard Kaytensson". Hum...

"Oui. Oui Ulrik c'est bien."

Kait

Oct 14, 2019, 12:15 am #14 Dernière édition: Oct 14, 2019, 07:35 am par Kait
"Eh bah voilà, comme sur des roulettes.
- ATTENTION CAPITAINE C'EST UN PIÈGE !"



"Bordel oui c'est une... Qu'est que c'est que ce truc ? Cody, abats-le."



Cody tire une unique balle dans l'animal qui explose aussitôt. C'était assez pathétique.

Je m'approche de la demoiselle. Elle est inconsciente, mais vivante, et relativement peu amochée. Il me faut reconnaître qu'elle est effectivement plutôt jolie, et paraît surtout très jeune. Une vingtaine d'année tout au plus. Et elle ne porte pas grand-chose à part une robe en peau de bête qui... enfin bref. Je rengaine mon sabre et m'agenouille à ses côtés pour la secouer doucement.



Elle ouvre de grands yeux marrons. Je tente ce que je peux en Elpisien :

"Ne paniquez pas. Nous sommes là pour vous sauver."

Elle recule en rampant, et nous jette un regard mêlant méfiance et interrogation. Elle semble un peu décontenancée devant nos dégaines à moi et Cody. Faut dire qu'on est un peu atypique quand même. Et faut dire que j'ai jamais eu beaucoup de patience.

"Bon écoutez, on s'est cassé le cul à venir vous chercher, alors vous allez pas commencer à nous faire le petit numéro de ''je vous fais pas confiance", ok ? On vous laisse deux heures pour vous reposer et on repart." Je me tourne vers Cody. "Toi, va voir ce qu'on peut tirer en nourriture du machin qu'on vient d'abattre. On risque d'en avoir besoin.
- Bien Capitaine", répond-t-il en français.

La fille finit par reprendre ses esprits. Elle secoue la tête.

«Pardonnez-moi, fait-elle. Toute aide est bonne à prendre après tout.
- Ah bah elle parle quand même.
- J'étais sous le choc. À vrai dire je me croyais morte. Je suis tombé à court de nourriture, alors j'ai tenté d'aller chasser quelque chose mais ça n'a pas très bien tourné.
- J'ai vu ça. C'était quoi comme animal ?
- Vous n'avez jamais vu de boomalope ?
- On vient de loin, ma grande.
- Oh. Ce sont des animaux précieux. Ils produisent un lait étrange qui peut servir de carburant pour alimenter des générateurs.
- Oh, vous n'êtes pas si arriérés que ça, finalement.
- Comment ça ?
- Non rien.
- En tout cas il nous faut partir vite ! Les Scies Rouges sont à mes trousses !
- Ecoute, vu le temps qu'on a mis pour arriver, ils t'auraient trouvé depuis longtemps s'ils étaient encore dans le coin. Reste calme. On va se reposer quelques temps, puis rentrer à la maison."

[---]



"Huden tu me reçois ?
- Cinq sur cinq Capitaine.
- Tu as patrouillé ?
- Affirmatif, Capitaine. Rien à signaler, la zone est vide.
- Très bien. De notre côté on a réussi à sauver ta donzelle, j'espère que tu es content.
- Ah chouette. Elle est jolie au moins ?" raille-t-il.
Je souffle du nez. "Oui ça va, on peut la garder.
- Comment s'appelle-t-elle ?
- Euh... à vrai dire je lui ai pas demandé. Mais on a un problème, j'ai besoin de ton attention.
- Je vous écoute.
- On risque de manquer de nourriture, malheureusement. Cependant j'ai repéré un petit village des Chomar à l'aller, où on pourrait se ravitailler. Le problème c'est qu'on a rien sur nous. Donc voilà ce que tu vas faire. Dans la réserve il y a un gros stock d'argent. Tu vas prendre environ cinq cents balles et tu partiras dès demain matin pour nous rejoindre là-bas. Compris ?
- Très bien Capitaine. Je fais mes affaires tout de suite.
- Kaytensson terminé."

Je replie l'antenne et me tourne vers le feu de camp. Cody est en train d'entretenir les flammes pour réchauffer la fille qui grelotte dans le froid du désert. Je m'approche et m'assoit en tailleur à côté d'elle.

"Euh, comment tu t'appelles en fait ? je demande.
- Irène. Irène Mosser.
- Irène donc. ... Pour ma part, je suis le Capitaine Ulrik Kaytensson. Et voici mon... second, le Lieutenant Cody.
- Tiens, j'ai été promu ? s'étonne ce dernier.
- Je sais pas, ça sonnait bien à l'oreille.
- Excusez-moi, intervient Irène, mais... de quoi êtes-vous le Capitaine exactement ?"

...

...

Petite futée.

"Ecoute c'est moi qui pose les questions ici, d'accord ? À la radio, j'ai cru comprendre que tu t'étais échappée des Scies Rouges. Tu peux m'en dire plus ?
- Si vous le désirez. Ils m'ont enlevé il y a environ quarante étés de ça, après avoir détruit ma maison et tué ma famille... Après ça ils m'ont forcé à travailler pour eux.
- Comment ça travailler ?
- Eh bien, c'était un peu étrange. En fait ils m'ont formé, appris un métier, ce genre de chose. J'étais bien partie pour devenir chirurgienne pour eux, en fait.
- Oh. À vrai dire, tu nous seras utile finalement. D'autres compétences ?
- ... J'étais apprentie sculptrice avant. J'ai continué à pratiquer durant ma captivité.
- Ça peut être utile ça ? je lance à Cody sans grande conviction.
- Ça peut rapporter de l'argent je pense, répond-t-il.
- Alors ça me suffira. Repose-toi, Irène Mosser. On a encore du chemin à faire."


[---]


"Huden, on est arrivé. Tu en es où ?
- J'ai du retard, Capitaine. Mon corps est en moins bon état que je le pensais. Je suis toujours dans les montagnes.
- Merde. Euh... Tu sais quoi, on annule l'opération. Rentre à la base. On va essayer de s'en sortir avec ce qu'on a. On a du cuir de boomalope qu'on peut revendre contre un peu de nourriture.
- ... Compris Capitaine. Désolé.
- Terminé."



Je négocie une petite quantité de pemmican avec les locaux Chomar. Ce n'est pas grand-chose, mais ça nous fera toujours tenir une demi-journée de plus. Nous nous remettons aussitôt en route, nous n'avons pas de temps à perdre.

[---]

Je m'entends étonnamment bien avec la petite Irène. Si elle n'est pas un monument d'intelligence, elle a cependant une vision du monde et une philosophie bien à elle, presque touchante. Le temps passe vite alors que nous discutons longuement des droits civiques. Pour le coup je suis irréprochable sur le sujet : lorsque j'étais aux commandes, tous les Patels avaient strictement les mêmes droits !
Enfin, ce qui me marque, c'est que c'est la personne la plus humaine avec qui j'ai eu la chance de discuter depuis... Plusieurs siècles. Ça change.
Nous sommes malheureusement interrompus dans notre conversation par Huden qui m'appelle paniqué.

"J'écoute ?
- Je viens de rentrer la cabane est en feu ! La bonne nouvelle c'est qu'il y a un putain d'orage donc l'incendie devrait pas durer. La mauvaise c'est qu'il y a la responsable de tout ça qui me fonce dessus ! Recule, enflure !"

Je l'entends vider son chargeur.

"Je l'ai eu, Capitaine."

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"Bien joué. Quels sont les dégâts ?
- Attendez, comment je vous envoie des images déjà ?
- Le bouton avec une caméra sur le côté.
- Une quoi ?
- Un espèce de... Comment dire...
- Oh, j'ai trouvé."



"La cabane est détruite, désolé Capitaine."



"Le cellier a été légèrement endommagé aussi. Enfin surtout la machine à froid.
- ... Bon. On arrive demain en principe. Essaye de faire en sorte qu'aucune autre catastrophe ne se produise.
- Vraiment désolé Cap--
- Kaytensson terminé."

Je suis à moitié en colère pour les dégâts. Le fait est que c'est principalement ma faute, c'était une idée à la con de faire sortir Huden vu son état, laissant la base sans surveillance. D'un autre côté, les dommages sont minimes. La bicoque n'était qu'une solution transitoire dans tous les cas. Les chambres à l'intérieur sont presque finies de toute façon. Nous reprenons notre marche sans un mot.

[---]



"Et voilà Irène ! C'est chez nous.
- C'est plutôt coquet si on excepte le bâtiment à demi-brûlé au milieu.
- On a eu quelques problèmes d'immobilier."

Lorsque nous approchons de la montagne, la porte s'ouvre sur Huden qui accourt de son petit pas de malade. Il a l'air sincèrement abattu.

"Capitaine, je... commence-t-il.
- Chut chut chut." Je lui mets mes mains sur ses épaules. "J'ai besoin d'un Archibald Huden à nouveau en bonne santé, ok ? Alors ferme ta gueule et va te reposer, d'accord ?" Je le vois hésiter, chercher une blague à sortir. "Tut tut ! Non. Au lit, hop hop."

"Vous êtes dur avec lui, Capitaine, proteste Cody alors que nous nous installons dans la salle à manger pour prendre notre premier repas depuis deux jours. Ce n'est pas vraiment de sa faute.
- Je sais Cody. Mais je veux que chacun de mes hommes donnent le meilleur d'eux-mêmes. Malmener un peu son égo est le meilleur moyen de le stimuler, crois-moi.
- Vous croyez vraiment avoir des compétences dans le domaine ?
- Qu'est-ce que tu insinues ?
- Pour être honnête vous n'avez jamais été extrêmement bon pour gérer le moral des troupes.
- Tu vas redescendre d'un ton, gamin.
- La seule raison pour laquelle les soldats vous obéissaient était la peur que vous instauriez et surtout leurs puces de contrôle dans le cerveau."

Mon couteau s'enfonce dans la table dans un bruit sourd.

"J'ai dit. Baisse d'un ton, Patel."

Il s'apprête à rétorquer mais c'est ce moment que choisit Irène pour faire irruption dans la pièce, les bras chargés de nourriture en tout genre.

"C'est l'heure de la fêêêêête ! s'écrit-elle.
- Euh, Irène, je suis pas sûr que ça soit le moment de...
- Oui, renchérit Cody, j'ai peur que nos réserves ne nous permettent pas...
- PARTYYYYYYYYYY !"



On ne peut pas vraiment dire que je sois un grand habitué des fêtes, mais je suis presque sûr que ça nécessite au moins un des éléments suivants en grande quantité : des gens ou de l'alcool. Là on est trois et tout ce qu'on a pour faire la fête c'est trois bouts de steaks en fin de date.

Mais finalement on finit par s'y faire. On rigole bien à la table en se racontant des histoires. Et puis...



... Et puis merde j'ai bien le droit de m'amuser moi aussi !
Je sais pas trop ce qu'il s'est passé. C'est arrivé si vite. On discutait tranquillement et tout d'un coup...

Il faut dire que cette fille est extrêmement persuasive. Oh et pourquoi j'essaye de me justifier, moi. Je fais ce que je veux, c'est moi qui commande.

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That escalated quickly.



74 de bonus relation en une seule discussion, c'est ce qu'on appelle se faire retourner le cerveau les enfants.  jvouch2



[---]




L'hiver s'achève enfin et le dur travail reprend. On doit tout d'abord détruire ce qu'il reste de nos plantations, touchées par une maladie. Je prends aussi la décision de démanteler ce qu'il reste de la cabane. On a assez de place à l'intérieur maintenant, et ça permettra d'agrandir nos champs.



Malheureusement nous ne sommes pas assez prudents et la structure fragilisée s'effondre sur Arch' et Cody. Rien de bien grave cela dit.



Pour les nouveaux champs, nous essayons de varier un peu notre alimentation. L'un contiendra des patates, tandis que l'autre... Irène m'a montré comment trouver des graines de ce qu'ils appellent des... euh, des feuilles à fumer. Je me dis que ça égayera nos prochaines fêtes, et qu'on pourra toujours revendre ça à la prochaine caravane.
À ce propos j'ai troqué une partie de nos réserves de cuir contre des vivres et une superbe veste en kevlar à des marchands d'Herinum. Ça a été l'occasion de faire connaissance, ils sont effectivement tout à fait sympathiques du moment qu'on a quelque chose à leur proposer en échange.

Le printemps se poursuit donc sans trop d'événements à part une attaque par une terrible horde de bouquetins en furie.



Disons simplement qu'on a réussi à gérer.


[---]


Je suis posé sur le lit, adossé au mur, un grand verre de... d'eau à la main, à défaut d'avoir quoi que ce soit d'autre en stock. Sous mon bras Irène est lovée contre moi, la tête posée sur mon torse. On ne peut pas vraiment dire que c'est compliqué pour moi en ce moment. Elle a l'air de partager mon avis.

"La vie est si paisible ici, murmure-t-elle. On est à des années lumières de ce que je vivais chez les Scies Rouges.
- Profite-en, ça ne va pas durer. On ne va pas pouvoir rester éternellement caché ici à attendre la mort. Il va falloir trouver des alliés, gagner en influence. La guerre sera probablement inévitable à un moment donné.
- Je n'arrive pas à comprendre pourquoi c'est si important.
- Je te l'ai déjà expliqué. Il y a des gens qui sont à mes trousses. Et quand ils viendront, ils nous extermineront tout simplement si nous ne sommes pas assez fort.
- Donc tu viens vraiment des étoiles ?
- Tu crois vraiment que je disais ça pour rigoler ?
- Non mais...
- Je sais, ça vous fait toujours tout drôle. Enfin, vivement qu'on devienne plus puissants. Je suis intrigué par ce Nota. C'est étrange mais j'ai comme hâte de l'affronter.
- Tu as l'air trop confiant à ce sujet. Il est terrible à ce qu'on dit.
- À ce qu'on dit ? Tu ne l'as jamais vu ?"
Elle paraît gênée. "À vrai dire, non. Même chez les Scies Rouges il n'apparaît pas beaucoup. Il faut dire qu'il y a des camps répartis un peu partout. Il doit y avoir un quartier général quelque part mais on ne m'y a jamais emmené.
- Tout ça a l'air si mystérieux." Je ris. "Je vais forcément être déçu quand je le verrai."

Pensif, je porte mon verre à ma bouche, les yeux dans le vague.

"Tu sais à quoi je pense ? lance Irène en levant les yeux vers moi.
- Hum hum ?
- On devrait se marier."

Je recrache l'intégralité du liquide sur mes draps et mon pantalon. Une partie passe par mes narines. Je tousse à cinq reprises. Lorsque je reprends enfin le contrôle, je me dégage de son étreinte.

"T'es sérieuse ? je demande sincèrement.
- Bah oui.
- Mais... putain on se connait depuis un mois !
- Et pourquoi attendre ? On s'aime énormément non ?
- Mais là n'est pas la question !
- Tu ne comprends pas, c'est juste que si on doit partir en guerre, je veux être à tes côtés...
- Mais quel rapport !
- Eh bien si on meurt sans être mariées on ne se retrouvera pas aux cieux.
- Alors j'ai plein de chose à dire à ça. La première c'est : qu'est-ce que c'est que cette religion à la con encore ? La deuxième c'est : c'est facile on a qu'à pas mourir. La troisième c'est : t'inquiète pas que vu mon pédigrée c'est pas aux cieux que je vais finir de toute façon.  
- Mais c'est dans notre culture ! plaide-t-elle. Il faut se marier vite pour sceller la protection mutuelle. D'autant plus quand l'union a déjà été consommée !
- Oui alors euh..."

Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel dans lequel je me suis fourré encore. Me disais bien qu'elle était trop mignonne pour que ça soit pas un traquenard. Je me lève du lit et balaye l'air de mes bras.

"Écoute c'est hors de question ! Je suis le Seigneur des Mers, je ne vais pas me... me marier. Fin de la discussion.
- Alors j'ai bien peur qu'on ne puisse plus continuer tous les deux, répond-t-elle les larmes aux yeux et la voix enrouée." Elle quitte le lit à son tour et marche rageusement vers la sortie. "Au revoir, Seigneur du Lac."



Que. Mais. Mais putain de. Mais. Pourquoi. Que. Oh et puis merde j'arrête tout.



Au moins j'aurais plus de place dans ma chambre. Gnx. Bonne femme à la con. Pas foutu de s'contrôler. Bien mieux comme ça. Ça me faisait perdre mon temps. De grands projets à faire moi. Des guerres à mener. Pas s'encombrer d'une sculptrice-chirurgienne à la con quoi. T'jours pareil. Que des conneries.

...


Je suis un Seigneur Pirate ! Personne ne m'échappe comme ça, merde ! J'vais leur montrer moi ce que c'est que d'être un Seigneur Pirate.

...





J'ai su être persuasif, et lui expliquer que son code d'honneur et de morale n'entrait plus en vigueur ici, et que ici c'est moi qui décide de ce genre de chose. De manière subtile bien sûr.
C'est pas ma faute, je suis tout simplement le meilleur.

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Trois heures. Ils sont restés séparé exactement trois heures.  stkblobnain
Et Ulrik l'a reconquis en lui racontant une blague de cul, en gros, si je comprends bien.  

Ma super histoire de vengeance et de survie en milieu hostile qui se transforme en L'amour est dans le pré. Je décide de pousser la difficulté au max, c'est fini les vacances là.  stkblobnain

NB: à noter que Ark est maintenant à +100 avec Ulrik et Cody, le bro inter-dimensionnel j'ai dis.



[---]


"Ulrik, debout !"

Je me réveille en sursaut. Irène est en train de me secouer vigoureusement.

"Qu'est-ce qui se passe ?
- Les Butscam ! Ils nous attaquent !"

Ah oui, j'avais oublié. Irène est un vrai oiseau de nuit. J'ai mis à profit cette particularité pour la faire monter la garde le plus possible. Et... et merde, on nous attaque !



En plein milieu de la nuit, ce sont vraiment des sauvages !
Cody et Arch' sont déjà dans l'entrée, armes à la main.

"Avec moi ! On va leur tendre une embuscade dans les rochers !"

Nous nous mettons en position à couvert dans un goulot d'étranglement. Le problème est que la zone est très boisée, ce qui va leur permettre de se planquer eux aussi. Tant pis, on y pensera pour la prochaine fois. L'ennemi approche.

"FEU !"



Les balles commencent à fuser. Cody est fidèle à lui-même, et fait mouche malgré l'obscurité. Une sauvage tombe, me laissant une ouverture. Je fonce à travers les arbres.



Je fais un rapide saut en avant pour me caler derrière un arbre et éviter la flèche d'un de mes adversaires qui vient s'enfoncer profondément dans le bois. Je lui cours dessus avant qu'il ait le temps de recharger. Je lui fauche le visage d'un coup net.


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Ce coup de grand maître Shaolin qui n'arrive qu'une fois par vie.  jvouch2
Ulrik meilleur Chevalier des Sept Couronnes confirmé.  jvouch


Le reste de leurs troupes prend la fuite devant ma fureur. Je rattrape une fugitive et la met à terre à son tour. J'essuie mon sabre contre un arbre.



"Qu'est-ce qu'on fait deux, Capitaine ? me demande Arch'.
- J'hésite. Le type-là a l'air d'être un bon guerrier, mais j'ai peur de l'avoir un peu trop abîmé."
Cody s'accroupit à côté de la fille. "Celle-là a l'air extrêmement jeune, Capitaine. On peut peut-être la garder.
- Tu as raison, on en tirera un bon prix au marché.
- ... Je pensais plutôt la soigner et la libérer histoire de négocier la paix avec son peuple.
- Ouais ça marche aussi. ... On verra combien nous proposeront les Chomar. Huden, occupe-toi de piquer les fringues de l'autre."

[---]


Il est temps de faire un petit bilan des travaux accomplis ces derniers mois.



Nous avons creusé plus profondément dans la montagne, et avons maintenant un début, et une réserve enfin distincte du frigo. Le tout est alimenté par des panneaux solaires et des batteries que j'ai finalement réussi à mettre au point. Je me suis aussi dit qu'en tant que Capitaine je ne pouvais pas avoir une simple chambre comme les autres, alors j'ai aussi ordonné l'excavation d'une suite en trois parties : un premier bureau pour faire sérieux, une vaste chambre et un petit balcon donnant sur le cours d'eau. Ça sera tout à fait charmant.

"Hein que ce sera charmant, Cody ! je l'interpelle dans la salle à manger. Allez tiens, prends une bière. On en a justement choppé trois dans le dernier raid. Tu l'as bien mérité après avoir passé une journée entière avec Arch' à creuser mes futurs quartiers.
- Non merci Capitaine. Je me contenterais de l'eau du lac.
- Oh, ce n'est pas parce que tu es un Stormpatel que tu ne peux pas rigoler de temps en temps ! Tu ne vas quand même pas laisser ton Capitaine boire tout seul ?
- Désolé Capitaine mais je n'ai pas envie.  
- Tu devrais, tu as une tête toute drôle. Bon bah à la tienne.
- Au fait, je voulais juste signaler qu'Archibald Huden et moi formons maintenant un couple."

Je me transforme littéralement en fontaine de bière. Cody en reçoit une bonne partie dans le visage. Il reste stoïque et sort un petit mouchoir de sa poche et s'essuie les joues.

"Que que quoi ?!
- Je ne comprends pas votre réaction Capitaine.
- Mais de enfin je que. Bordel, Cody. Tu es un Stormpatel. Tu ne peux pas te permettre de te laisser distraire par ce genre de futilité !
- Je vous trouve extrêmement mal placé pour dire ça, Capitaine.
- ... Mais ça n'a rien à voir, Irène est une... enfin. Arch' Huden ! On ne peut pas lui faire confiance !
- Vous m'avez dit il y a trois jours qu'Huden est un excellent élément et que vous lui confieriez votre vie.
- Ma vie mais pas mon... Écoute, tu n'as visiblement aucune idée de ce que tu es en train de faire, Cody.
- Il faut un début à tout.
- Tu es un Stormpatel ! C'est pas pour toi ces conneries, tu devrais les laisser à ceux qui sont plus...
- Humains ? C'est ça que vous alliez dire ?
- Non, enfin, ce que je veux dire c'est que...
- Je crois que nous en avons terminé là, Capitaine.
- REVIENS ICI CODY !"

La porte se claque. Je frappe la table de mon poing. Quand est-ce que ce foutu Patel va réapprendre à respecter ses supérieurs ?! Et qu'est-ce que c'est que ces conneries là ? Foutu Huden, il parasite les cerveaux de mes hommes avec sa langue pleine de vice ! Oui c'est ça, je vais devoir le buter. Ça me fait de la peine mais je vais devoir l'éclater contre une porte et puis merde vous savez quoi je m'en tape.
Après tout tant qu'ils se battent bien je m'en fous un peu au fond.

... Cody et Huden, sérieusement ?



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 stkblobnain  stkblobnain  stkblobnain

Mon gang de dangereux fugitifs qui ne ressemble plus à rien. Et je n'ai même pas envie d'essayer d'écrire une conversation RP permettant d'expliquer comment on séduit quelqu'un en blaguant sur le lien entre le sommeil cryogénique et le dualisme.  jvpf


[---]


"Capitaine, quelqu'un toque à la porte.
- Hein ?"

Je cours dehors et retrouve le reste de l'équipe faisant face à un inconnu qui reste à distance respectable, tenu en joue par Cody et Huden.



"Qu'est-ce qu'il veut ? je demande à Irène en Elpisien.
- L'asile, répond l'inconnu. Des hommes de Bindinithda me poursuivent.
- Quel motif ?
- Ils me croient complices des attaques sur leurs caravanes. Je n'y suis pour rien, monsieur, je vous l'assure.
- Ah c'est vrai qu'il ressemble à un de mes anciens associés tiens, remarque Arch'. C'est vraiment pas de chance de sa part.
- ... Bon. Tu sais te battre ?
- Je n'ai jamais touché une arme de ma vie.
- Alors va à l'intérieur. Huden, Cody, avec moi. Je suis sûr qu'on peut trouver un arrangement.
- Euh, Capitaine, proteste Arch', peut-être que je devrais...
- Ils sont déjà là, pas le temps."



"Messieurs ! j'accueille les arrivants. Messieurs nul besoin de se tirer dessus. Je suis sûr qu'on peut régler ça de façon civilisée !
- Vous venez de prendre la défense d'un fugitif qui doit être jugé selon les lois de Bindinithda, clame le chef des étrangers. Rendez-le nous, voilà la façon civilisée.
- Capitaine ! chuchote Arch'.
- Silence Huden !" Je reprends à haute voix. "Alors je comprends mais voyez-vous, il s'agit d'une erreur. Le type n'a rien fait de mal et...
- Capitaine !
- Putain mais Huden !
- Eh mais c'est le type qui dirigeait les attaques ! s'écrit tout à coup un des types en face.
- Voilà...
- Ah mais merde c'est vrai !"

J'avais complètement oublié ce détail. C'est fou ce que je peux être étourdi en ce moment.

"Ecoutez, je sais que ça a pas l'air terrible vu d'ici mais vraiment, nul besoin de... Non ok vous avez raison tirons-nous dessus."

Les premières détonations retentissent alors que nous courons tous nous mettre à couvert.



Un idiot tente de me prendre en duel. Très mauvaise idée. Une balle de Cody le fait chanceler, et je l'achève d'un coup de sabre au torse.



Le combat tourne rapidement à notre avantage. Les hommes en face perdent vite leur courage et décide d'aller mourir un autre jour, bien qu'Huden prend tout de même une certaine dérouillé par un ennemi un peu trop téméraire.
Ce dernier ne fait pas long feu lorsque moi et Cody lui tombons dessus.

Je tends ma main à Huden :

"Ça va aller ?
- Argh, je m'en sortirais.
- Tu feras gaffe tu t'es pris une massue dans la gueule.
- Ah ah, très malin."

Nous rejoignons Irène et l'autre type dans la cour.

"Voilà, problème réglé.
- Des fois j'ai l'impression que vous êtes immortels, fait-elle.
- Il faut dire que ça a longtemps été le cas." Je me tourne vers l'homme qu'on vient de secourir. "C'est quoi ton nom ?
- David Mills, monsieur.
- Profession ?
- Je suis un colon monsieur. Je peux tout faire, si vous me laissez rester.
- Ça tombe bien. Commence tout de suite. Cody te dira quoi faire."

On a encore une planète à soumettre après tout.

















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Encore une fois beaucoup de texte et pas beaucoup de gameplay.  jvpeur
Du coup je vous demande humblement votre avis : vous préférez quoi ?
La formule actuelle, avec beaucoup de séquences RP pour mettre en avant les personnages, ou bien j'essaye d'être un peu plus allusive sur certains trucs pour essayer de foutre plus d'événements par chapitre.

Dans tous les cas je vais être obligé d'être un peu moins détaillé sur certains trucs au fur et à mesure sinon cet AAR ne se terminera jamais (genre dans ce chapitre là j'ai à peine avancé de deux saisons). Mais en même temps j'aime bien écrire les petites scénettes et tout, à voir si j'arrive à rendre ça digeste.

PS : Nota, désolé mais ton avis ne compte pas sur ce coup-là. jvhap


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